Cinquième partie : VOCATIONS DE RELIGIEUX

 

 

I

La désobéissance de Sœur Théodore

 

En 1927, s'endormait dans le Seigneur une vénérée religieuse garde-malade du couvent de la Marne, au diocèse de Besançon.

« J'ai eu la faveur, écrivait Sœur Marie-Fulbert, d'avoir ma Sœur Théodore, cette parfaite religieuse, comme supérieure à Gray (Haute-Saône). Elle y exerça le supériorat pendant trente-cinq ans. Elle est morte, nous laissant le parfum d'une vie très édifiante, avec l'exemple d'une humilité profonde et d'une très austère pauvreté. »

Or Sœur Théodore était une ancienne pénitente de saint Jean-Marie Vianney.

 

Elle ne se sentait aucun goût pour le monde. Elle aspirait vaguement à prendre le voile.

« Suis-je appelée à la vie religieuse ? demanda-t-elle au serviteur de Dieu.

— Oui, ma fille », répondit, sans l'ombre d'une hésitation, le Curé d'Ars. Et il précisa : « Allez chez les Sœurs de Grandfontaine, dans le Doubs. » – Grandfontaine fut en effet le berceau de la communauté. Puis le saint se mit à décrire le costume de ces religieuses gardes-malades.

Cependant la jeune fille ne se laissa pas convaincre. Elle se croyait destinée au cloître. Elle entra dans une congrégation à demi-clôture, et y fut « malheureuse comme les pierres ! » Ce n'est pas qu'elle manquât de piété et de courage... Mais partout, en tous ses exercices, il lui semblait entendre le Curé d'Ars, qui lui reprochait sa désobéissance.

 

Vaincue par ces appels obstinés, elle vint enfin à Grandfontaine frapper à la porte de la communauté naissante. Et quand on lui ouvrit, « elle reconnut le costume si parfaitement décrit par M. Vianney et qu'elle voyait pour la première fois ».

Entre ces nouveaux murs, son cœur s'épanouit. Elle se trouvait dans sa véritable vocation. Elle fut heureuse (1).

 

(1) D'après la lettre de Sœur Marie-Fulbert adressée à Mgr Convert, de la Marne (par Montferrand, Doubs), le 31 mai 1937.