Emile BESSON.janvier 1959. A.S

ACHEVER LES SOUFFRANCES DU CHRIST

Ce qui manque encore aux souffrances du Christ, je le complète en ma chair. (Saint Paul aux Colossiens 1-24).
 

Manquerait-il donc quelque chose aux souffrances que le Christ a supportées pour la rédemption de l'humanité? Que sont, au regard des souffrances du Christ, les souffrances des hommes, des plus grands parmi les hommes? Pourraient-elles y ajouter quoi que ce soit? Les douleurs du Christ dépassent le monde, comme Sa nature le dépasse.

D'autre part, la souffrance est la conséquence du péché. La moindre des souffrances de Jésus est parfaite, puisqu'Il est, Lui, sans péché. Tous nous pouvons dire, comme le larron crucifié : Nous souffrons ce que nos fautes méritent, mais Lui n'a pas fait de mal.

Le Christ a souffert pour l'humanité esclave du mal ; Il a réellement pris sur Lui toutes les hontes, tous les crimes des hommes. Dieu Lui même est descendu dans le monde pour arracher Ses créatures à l'emprise de l'Adversaire.

Comment l'homme pourrait-il « compléter » une telle plénitude d'amour?

Ce grand Oeuvre la rédemption du monde, qui a rendu nécessaires les souffrances du Fils de l'Homme, le Christ l'a commencé dès l'instant où Il est descendu dans le Créé. Il ne sera achevé que lorsque toutes les créatures seront rentrées dans la Maison du Père.

C'est pourquoi Jésus sera toujours présent à ceux qui souffrent, qui luttent et qui pleurent ; d'une façon plus sensible à ceux qui portent leur souffrance dans l'obéissance à Dieu et qui la vivent dans la communion avec l'éternel Martyr. Jésus prend toutes leurs souffrances, Il les transfigure à l'image de Ses propres souffrances, de sorte que la souffrance humaine se perd dans la lumière divine.

Aucune larme n'est jamais perdue ; aucune souffrance n'est vaine. Toute souffrance est une spiritualisation ; toute souffrance - même celles qui sont subies avec révolte - rapproche la créature de Dieu. Le Maître de Sédir disait: « Si vous saviez ce que c'est que la souffrance, vous en demanderiez encore davantage ».

Saint Paul a dit . « Si l'être extérieur se détruit, l'être intérieur se renouvelle de jour en jour ». C'est bien ainsi que se résume notre vie. A l'extérieur, ce sont les larmes et la peine et la souffrance indéfinie ; mais, à l'intérieur, c'est la joie, la joie du coeur purifié, la joie de la certitude conquise, la joie de la communion avec le Seigneur souffrant et ressuscité, c'est la divine paix retrouvée : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ».

Jésus n'est pas venu par Ses souffrances nous dispenser de souffrir, ni par Sa mort nous dispenser de mourir; Il est venu nous apprendre à souffrir et à mourir.

En vérité toutes nos larmes tombent sur Son coeur ; toutes nos détresses, Il les connaît pour les avoir subies ; Il a eu faim, Il a eu soif, Il a été étranger et nu et malade et en prison.

En particulier que ceux qui sont éprouvés par la maladie ne se croient ni des inactifs ni des inutiles, car dans leur maladie ils trouvent le Christ qui a souffert et qui Se sert de leur épreuve pour les éclairer et leur donner une joie plus haute. Et, lorsqu'ils parlent, leur parole imprégnée de l'Esprit va plus loin et plus profond que les paroles de l'humaine sagesse et de l'humaine sympathie.

Au sommet de cette hiérarchie sont ceux qui ne souffrent pas seulement pour eux-mêmes, mais qui veulent travailler à l'avènement sur la terre de leur Roi et Seigneur. Ils ont les mêmes ennemis que le Christ a eus, ils rencontrent les mêmes obstacles, ils subissent la même passion. « jésus est en agonie jusqu'à la fin du monde; il ne faut pas dormir pendant ce temps là ».

Ce qui reste à souffrir après que jésus a souffert, voilà le travail de ces inconnus. Ils portent dans leur coeur, dans leur chair, la croix de leur Seigneur. Et ils peuvent dire: « Ce n'est plus moi qui souffre, c'est le Christ qui souffre et qui agit en moi ».