5° Raisons pour lesquelles l'idée d'une mystification colossale de Brentano doit être rejetée.

 

Nous en avons fini avec toutes les attaques dirigées contre l'œuvre commune d'Anne-Catherine et de Brentano. Que ressort-il de cette longue discussion ? – Deux faits à notre avis :

1° Toutes les critiques des ennemis d'Anne-Catherine et de Brentano n'ont pu fournir d'explication naturelle aux visions. Après comme avant la discussion l'authenticité des visions ne peut être mise en doute et la sincérité d'Anne-Catherine est hors de cause.

2° Aucune des accusations portées contre l'honnêteté littéraire de Brentano n'a pu se soutenir jusqu'au bout et il sort -vainqueur de cette lutte où ses ennemis ont pu employer contre lui non seulement l'arme empoisonnée de la calomnie, mais encore le témoignage de ses meilleurs amis et presque toute l'histoire de sa vie passée.

 

Ce sera le résultat capital de cette étude sur la collaboration d'Anne-Catherine et de Brentano que nous aurons pu y défendre la sincérité, la loyauté parfaite des deux collaborateurs.

Et nous le demandons, à la suite de cette étude peut-on croire à la mystification colossale imaginée soi-disant par Brentano ? Combien cette idée était peu soutenable, nous ne l'avons pas encore assez dit, occupés que nous étions à parer les coups des adversaires. Mais maintenant que nous nous sommes débarrassés d'eux, nous allons voir rapidement les raisons et les faits qui font de cette prétendue mystification une idée absurde.

Rappelons d'abord les convictions religieuses de Brentano dans la deuxième partie de sa vie. Nous savons quelle était sa détresse morale avant sa conversion, et quel soulagement et quelle paix profonde lui a apportés son retour à la foi de son enfance. C'est avec toutes les forces de son esprit et de son cœur qu'il s'est attaché à cette religion qui venait de le tirer du désespoir dans lequel d'autres Romantiques comme Henri de Kleist, avaient sombré lamentablement. Aussi dans toute la suite de sa vie, il est resté ferme, inébranlable dans sa foi reconquise et il a travaillé uniquement au relèvement de la religion catholique. – Avec quel zèle et quelle ardeur, nous le savons !

Il suffit pour se rendre compte de la fermeté de ses convictions dans cette deuxième partie de sa vie de relire ses lettres datées de Dülmen, de Coblentz, de Francfort, d'Aschaffenbourg et de Munich. Il suffit de se rappeler sa vie auprès de Dietz, auprès de Melchior Diepenbrock, auprès de Gœrres ; il suffit de revoir en esprit ses voyages à Paris, à Nancy, en Alsace, en Suisse et dans le Tyrol, voyages entrepris tous dans un but de propagande religieuse ; il suffit enfin de jeter un coup d'œil sur la liste de ses travaux dans la deuxième partie de sa vie pour voir comment Brentano était devenu vraiment un homme nouveau, n'ayant plus qu'une pensée au cœur, celle de réparer son passé et de faire rayonner partout autour de lui la pure lumière de l'Évangile telle que l'Église catholique l'a recueillie auprès du Divin Maître et telle qu'elle l'a conservée et transmise intégralement à toutes les générations.

Personne n'a jamais eu plus de respect pour son Église que Brentano converti. Les leçons qu'il a reçues d'Anne-Catherine à Dülmen, les merveilles qu'il y a contemplées, les exemples de soumission absolue à la hiérarchie ecclésiastique que lui a donnés la pieuse nonne ont attaché définitivement, sans retour, le Pèlerin à toutes les institutions catholiques et son dévouement pour elles était sans bornes. Telles paroles de Brentano qui scandalisent Rieks et que celui-ci cite pour montrer que Brentano est un fantasque presque dément, nous prouvent tout simplement que, dans la deuxième partie de sa vie, le Pèlerin avait ce que nous appelons en France la foi du charbonnier, ce que le grand catholique français Pasteur appelait la foi de la paysanne bretonne. « Laissez-moi donc tranquille, disait Brentano au professeur Sepp en 1833, une goutte d'eau bénite m'est plus précieuse que toute la philosophie de Schelling. »

 

Et c'est ce même homme si profondément croyant, fils si respectueux et si soumis de son Église, si zélé à son service, qui se serait mis à écrire des apocryphes ! ? Cette idée ne peut se soutenir, on le comprend.

Mais pénétrons plus avant dans son âme.

Les fortes convictions de Brentano étaient puissamment entretenues en lui par le sentiment profond de la mission qu'il avait à remplir. Tout de suite après sa conversion, nous le savons, Brentano avait reçu une mission, mission qu'il avait implorée de Dieu au temps de sa détresse morale, mission qu'il considérait comme sacrée, – toute sa correspondance dans la deuxième partie de sa vie en est la preuve. Cette mission, il s'y est attaché malgré tous les obstacles qu'il a rencontrés sur son chemin, il lui a fait les plus grands sacrifices et il a continué à la remplir inlassablement pendant vingt-quatre ans, c'est-à-dire jusqu'à son dernier souffle. Et c'est précisément tout son labeur en vue de cette mission qu'on veut transformer en une vaste mystification !

Menteuse toute sa correspondance de 1818 à 1842 ! Hypocrite toute sa conduite dans le même temps ! Tous ses actes de charité secrets, sa vie ascétique, son cilice en laiton, ses nombreux travaux pour l'Église et même sa mort si édifiante, tout cela n'avait qu'une raison d'être : la volonté implacable de Brentano de faire accepter par le monde une mystification colossale, but suprême de sa vie ! Combien tout cela est ridicule !

Entrons encore plus dans le détail.

Rappelons le séjour de Brentano à Dülmen. Il a passé là cinq années de sa vie, et quelles années ! A l'âge de quarante ans il est venu s'ensevelir à Dülmen, lorsqu'il était en pleine possession de son génie, lorsque sa réputation littéraire était solidement établie ! Pour venir s'enterrer dans ce trou de campagne où il ne pouvait fréquenter que des paysans sans culture littéraire et où il n'avait même pas la ressource d'une bibliothèque, il a sacrifié sa réputation d'écrivain, il a sacrifié sa manière de vivre si indépendante, il a quitté Berlin où il se plaisait tant, il a quitté ses amis, il a quitté Louise !

 

Mais qu'est-ce qui pouvait bien l'attirer à Dülmen pour expliquer d’aussi grands sacrifices ?

Il venait s'asseoir au chevet d'une pauvre femme qui souffrait horriblement et il venait s'exposer à être méconnu et humilié par l'entourage même de cette pauvre malade !

Tout cela, nous dira Rieks, pour satisfaire un caprice littéraire ! Ne pouvons-nous répondre avec le Père Schmœger : « Il n'y a pas de caprice ou de satisfaction littéraire qui tienne là où il s'agit de passer de longues années au chevet d'une pauvre malheureuse qui gémit sans secours sur son lit de douleur, dans des souffrances sans nom, – pour obtenir d'elle, bien souvent au prix de sensibles humiliations les plus minces données. »

Une seule explication à la conduite de Brentano est 'possible : Brentano avait l'intention droite et ferme de recueillir les visions d'Anne-Catherine parce qu'il les tenait pour un don de Dieu.

S'il avait eu l'intention d'y mêler ses inventions poétiques personnelles, il ne serait certainement pas resté cinq ans à Dülmen. Un séjour de quelques semaines lui aurait suffi amplement pour se documenter.

Et pourquoi aussi plus tard, prend-il tant de soins pour conserver ses notes et les publier ? Il refuse d'aller à Rome pour n'avoir pas à s'en séparer. Il n'ose les confier à des personnes cependant sûres alors qu'il a laissé les manuscrits de ses œuvres profanes entre les mains de Bœhmer à Francfort. Il ne se fie qu'à lui-même pour l'interprétation de ses manuscrits de Dülmen. Vieux et malade, il reste courbé, dit-il, sur ce trésor de feuilles volantes et les protège au milieu du tourbillon du monde, – Soins bien inutiles si Brentano avait l'intention de falsifier lui-même ses notes !

Non, il n'avait pas l'intention de les falsifier celui qui déplore si amèrement la « perte irréparable des trésors célestes » quand Anne-Catherine a oublié quelques parties de ses visions par suite de dérangements qu'on aurait pu éviter. Il n'a pas l'intention de les falsifier puisqu'il laisse dans ses manuscrits toutes les lacunes qu'Anne-Catherine laisse dans ses communications et toutes les lacunes produites par son manque de mémoire à lui. Il sait s'accuser dans ce dernier cas, comme il sait élever des doutes sur l'exactitude de ses récits quand il n'est pas bien certain d'avoir compris la visionnaire. En veut-on un exemple. Ouvrons la Vie de la Sainte Vierge, page 125 ; nous lisons : « Anne-Catherine a voulu dire sans doute Taanach et non Thanath, – peut-être même l'a-t-elle dit et a-t-elle été mal comprise par le Secrétaire qui, à cette époque, n'avait aucune connaissance de la géographie de la Palestine. – Ceci arrivait d'autant plus facilement que dans ses souffrances ou dans l'extase elle parlait souvent le patois du Münsterland et prononçait les noms d'une façon peu claire ou même les confondait l'un avec l'autre. »

Il n'est pas difficile de trouver encore bien d'autres preuves de l'honnêteté littéraire de Brentano dans la notation des visions. Rappelons seulement avec quel soin il faisait corriger sa rédaction par Anne-Catherine. Nous avons à ce sujet le témoignage de Louise Hensel et celui d'une nièce d'Anne-Catherine. Il est revenu jusqu'à trois fois dans la même journée soumettre son travail à la visionnaire et lui demander des éclaircissements, des explications et des précisions.

 

Aussi que pense Anne-Catherine de son secrétaire ? – Nous l'avons déjà dit : « Jamais homme n'a mieux rempli sa tâche, s'écrie-t-elle. Il n'écrit pas ainsi de lui-même ; il a reçu des grâces spéciales dans ce but. » Et la visionnaire à qui tous les objets bénits apparaissent brillants déclare que l'écriture du Pèlerin est lumineuse.

Et que dit Brentano lui-même de sa manière de prendre des notes, déjà dès le début de son séjour près d'Anne-Catherine ? – En mai 1819, il se dispose à retourner à Dülmen. Son frère Christian lui écrit pour le retenir. Tout l'entourage d'Anne-Catherine, on le sait, est hostile au Pèlerin. Néanmoins Brentano veut retourner où le devoir l'appelle et il écrit à Christian : « Mon cher frère, il est impossible de dire tout ce qui a été perdu là-bas jusqu'à ce jour. – Ne crois pas qu'une aveugle passion m'induise en erreur... » Puis il parle de sa façon de travailler et il dit à ce sujet : « Jamais je n'ai travaillé d'une façon plus réfléchie et plus circonspecte (ich habe nie besonnener gearbeitet) ; – oui, comme un critique opiniâtre, j'étudie chaque tableau de la visionnaire jusque dans sa forme et jusque dans sa couleur. Y mettre quoi que ce soit de moi, je ne le puis, car je n'entends rien que des choses qui me sont parfaitement inconnues. (In sie (les visions) hineintragen konnte ich Nichts, denn ich hœrte Nichts, als mir unbekannte Dinge). » Enfin il ajoute : « Vraiment, si ce n'était pas autre chose que tout ce que j'ai lu ou entendu dire jusqu'ici à propos de semblables révélations, je ne me déciderais pas à reprendre la misérable vie que je mène là-bas. »

 

Nous le demandons en bonne foi, ne voit-on pas dans cette lettre privée d'un frère à son frère, l'accent de la plus grande sincérité ? Et ce court fragment de lettre ne justifie-t-il pas toutes nos assertions sur l'honnêteté littéraire de Brentano dans la notation des visions ?

Pourtant nous allons encore aller plus loin. Si l'on se défie des assertions de Brentano et d'Anne-Catherine, nous demanderons pourquoi Sailer, Droste-Vischering et Overberg ont-ils constamment donné à Brentano tous les pouvoirs qui lui étaient nécessaires pour recueillir les visions ? Pourquoi Overberg lui a-t-il confirmé ces pouvoirs à deux reprises différentes, une première fois à son retour de Berlin quand l'entourage d'Anne-Catherine repoussait le Pèlerin, une seconde fois après une vive altercation que celui-ci avait eue avec le Père Limberg, le confesseur d'Anne-Catherine ? Il n'y a que Rieks pour prétendre que le vénérable Overberg, un des plus célèbres pédagogues du XIXe siècle, homme admirable par son caractère et son intelligence comme par sa piété, il n'y a que Rieks pour affirmer qu'Overberg était un naïf. Et qui a jamais mis en doute la gravité, l'intelligence, la sûreté de jugement d'un Sailer et d'un Droste-Vischering ? Or ce sont ces hommes d'église qui surveillaient le Pèlerin. S'il s'était permis le moindre écart, Droste-Vischering, le futur cardinal de Cologne qui devait plus tard souffrir la persécution parce qu'il défendait avec une énergie indomptable la pure doctrine catholique, si Brentano s'était permis le moindre écart, disons-nous, Droste-Vischering aurait-il accepté ses services équivoques ? Ne l'aurait-il pas au contraire immédiatement, remercié ?

 

Brentano était bien loin de falsifier le récit des visions, c'est ce que prouvent encore et surtout ses manuscrits. Grâce aux commentaires que le Pèlerin a écrits en marge du compte rendu des visions, le père Schmœger a pu suivre facilement Brentano dans toutes ses pensées et dans tout son travail. Nous savons que Brentano n'a jamais voulu effacer de ses manuscrits tout ce qui pouvait lui être défavorable et qu'il a laissé subsister même toutes les remarques désobligeantes qu'il avait écrites dans un moment de colère : il voulait laisser à la postérité un témoignage exact des conditions dans lesquelles il avait rempli sa mission. Le Père Schmœger, des lors, connaît « son Brentano par cœur » pourrait-on dire en se servant d'une expression vulgaire. Or il a écrit à propos de Brentano :

« La plupart des données renfermées dans les visions paraissaient aussi étranges, aussi extraordinaires et aussi nouvelles au Pèlerin qu'au lecteur. Mais ceci ne l'empêchait pas de les donner exactement comme il les avait entendues. Il ne s'est raidi contre aucune donnée quand même elle aurait paru en désaccord complet avec sa manière de voir et de penser. Il acceptait toutes les communications avec reconnaissance, comme un mineur qui, sans s'y attendre, tombe sur un filon et le suit joyeusement dans l'espoir de trouver de l'or pur. – Dans la première rédaction, le Pèlerin a ajouté des points d'interrogation et des points d'exclamation à la plupart des visions et particulièrement aux plus beaux passages des visions de l'Ancien Testament : il n'y comprenait rien. Mais il a rendu ce qu'il  avait entendu avec la plus grande fidélité. »

Ce dernier témoignage dans la bouche d'un homme qui connaît si bien Brentano, ce témoignage si favorable au Pèlerin et qui concorde si bien avec ce que Brentano dit lui-même de sa manière de prendre des notes, ce témoignage nous semble d'un certain poids et c'est pour cette raison que nous l'avons reproduit.

Mais aucun témoignage humain en faveur de Brentano et d'Anne-Catherine n'aura jamais la valeur et la puissance du témoignage que portent sur la sincérité des deux collaborateurs les ouvrages issus de leur collaboration. Il y a dans ces ouvrages une masse de données scientifiques et religieuses si profondes que le lecteur en reste confondu et reconnaît l'origine surnaturelle de ces données.

Si grandes qu'aient pu être l'imagination et la science de Brentano, elles ne suffisent pas pour expliquer le contenu de ces livres prodigieux.

Les données surnaturelles qui s'y trouvent dépassent de beaucoup son imagination. C'est le surnaturel qui se manifestait dans la personne et dans les connaissances d'Anne-Catherine, nous dit en substance le Père Schmœger, qui avait enchaîné cet homme de génie au chevet de la stigmatisée visionnaire. Et plus il s'est mêlé à la vie surnaturelle d'Anne-Catherine, plus il a senti le surnaturel l'envelopper lui-même. Il a reconnu bien vite que les visions prenaient leur source dans une lumière avec laquelle ses lumières terrestres ne pouvaient rivaliser et que la région où Anne-Catherine vivait en esprit n'était pas accessible aux envolées les plus hardies de son imagination. Aussi nulle peine ne fut trop grande pour lui pour décrire aussi fidèlement que possible tout ce qui lui était rapporté de cette lumière.

Quant à la science de Brentano, elle était plutôt mince quoi qu'en aient dit ses ennemis. Dans sa jeunesse il s'était occupé uniquement de littérature. Ses études avaient été très mal dirigées, nous l'avons vu. II avait passé de longues années à faire de la comptabilité et des lettres commerciales. À l'Université où il est resté très peu de temps il n'a guère été qu'un étudiant amateur et il ne s'est jamais occupé de science pure.

Il ne fait pas la moindre difficulté pour confesser son ignorance non seulement en ce qui concerne les choses mystérieuses qui lui sont révélées sur la religion, mais encore en ce qui concerne la science profane qu'il aurait pu étudier dans le monde. Il s'étonne de toutes ces données scientifiques que lui communique incessamment Anne-Catherine, la pauvre paysanne presque illettrée. « A ma honte, écrit-il dans ses notes, je dois dire que je ne sais absolument rien de toutes ces choses. Qu'on se représente cette pauvre paysanne qui voit de ses yeux dans tous ses us et coutumes le monde antique romain disparu depuis si longtemps, et qui peut le décrire ! »

 

Les noms hébreux qu'Anne-Catherine lui dictait, il les écrivait sans en comprendre le sens. C'est en 1840 et 1841 seulement que le professeur Haneberg lui a montré à Munich que tous ces mots écrits de confiance étaient les termes exacts employés par les Juifs pour désigner les sacrifices ou les usages décrits dans les visions.

Un jour la voyante lui dit : « Un ange apparaît à Joachim et lui donne un billet sur lequel je reconnais les trois noms : Hélia, Hanna, Mirjam. » Plus tard, le Pèlerin écrit en marge de cette vision : « Au début je ne savais pas que ces mots sont tout simplement d'autres formes des noms Joachim, Anne et Marie. »

Toutes ces remarques du Pèlerin ne prouvent-elles pas combien la science de Brentano était minime en somme. Et en même temps ne montrent-elles pas sa bonne foi et sa fidélité dans la notation des visions ?

Il nous resterait une dernière preuve à faire valoir en faveur de l'authenticité des visions et en faveur de la sincérité d'Anne-Catherine et de Brentano, ce serait de montrer la concordance des données des visions avec l'état exact des choses dont elles parlent et avec les résultats des recherches scientifiques faites jusqu'à ce jour. Nous allons nous en occuper dans un deuxième ouvrage. Qu'il nous soit permis ici de donner simplement les témoignages récents de quelques savants.

« Brentano avec toutes les ressources scientifiques, historiques, géographiques dont il disposait n'aurait jamais été en état d'écrire les visions renfermées dans ses manuscrits et publiées par le Père Schmœger, quand bien même il aurait dépassé un Ritter et un Humboldt en expérience, en génie et en science... Où est le topographe, où est l'ethnographe à Berlin ou dans tout l'Empire allemand qui pourrait nous promettre de nous donner une œuvre approchant de celle-là ? » (Article du Docteur Ed. Tr. dans le Deutcher Hausschatz, 10e année, p.383, - cité par le Père Wegener.)

Le chanoine Urbas à Laibach, après s'être livré à une étude approfondie des visions d'Anne-Catherine, écrit en 1884 : « Anne-Catherine Emmerich en savait plus long sur la Terre Sainte et sur les usages des Juifs que tous les géographes et tous les archéologues du monde. »

Le Docteur Grotemeyer, savant orientaliste qui fit paraître en 1900 et 1902 des Études sur les Visions d’Anne-Catherine termine sa première brochure sur le livre de Judith et sur l'Entrée solennelle de Jésus à Jérusalem par ces paroles : « Si nos lecteurs sans prévention veulent bien reconnaître l'exactitude des résultats auxquels nous sommes arrivés à l'aide des visions d'Anne-Catherine ils ne pourront manquer d'avoir la conviction que la pauvre nonne, malade et ignorante n'a pas puisé ses communications dans son propre fonds, mais qu'elle les doit à un don du Ciel. C'est ce don céleste qui lui a permis de ramener au jour des faits dont le souvenir était perdu depuis bien des siècles. »

En 1896 déjà, ce même savant avait posé cette question : « Parmi tous les exégètes de notre temps, en est-il un seul qui possède une connaissance de la Palestine à l'époque de Jésus, – je ne dirai pas aussi sûre et aussi étendue que celle qui se révèle dans les visions d'Anne-Catherine –, mais qui puisse simplement s'en approcher ? » « Les quelques erreurs isolées et les quelques contradictions qu'on trouve dans ces visions doivent être rejetées sur la faiblesse humaine et l'on doit songer que la pauvre voyante en était réduite à reproduire de mémoire tout ce qu'elle avait vu » ajoute le Docteur Grotemeyer,

Si ces témoignages prouvent l'authenticité des visions et la science surnaturelle d'Anne-Catherine, ils prouvent également à notre avis l'honnêteté de Brentano dans la notation des visions. Il est bien certain que si Brentano avait falsifié les visions, les données scientifiques qu'elles renferment ne pourraient plus si bien concorder avec les résultats des recherches scientifiques les plus récentes.