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APPENDICE PAR LE TRADUCTEUR

NOTICE

SUR BERNARD OVERBERG (1). 1754- 1826

Bernard Overberg, l'humble et pieux restaurateur de l'enseignement primaire en Westphalie, naquit le 1er mai 1754, à Hoeckel, près de Voltlage, an pays d'Osnabruck, en Westphalie, de parents pauvres, mais profondément chrétiens. Il était d'une complexion si chétive qu'il ne marcha pas avant cinq ans; et lorsque ses parents l'envoyèrent à l'école, il avait l'intelligence si lente qu'il usa cinq abécédaires avant de savoir lire. Cependant la haute idée qu'il conçut à l'âge de neuf ans de la grandeur du ministère ecclésiast ique, lui donna le désir d'être prêtre; et depuis lors il fit de rapides progrès dans les études élémentaires. Au bout de six mois, non seulement il lisait couramment, mais encore il aidait son maître à exercer dans la lecture ses plus jeunes camarades, et il avançait à grands pas dans l'étude de la religion. Après des humanités commencées tardivement, car la pauvreté de ses parents fut longtemps un obstacle à sa vocation, mais signalées par de grands succès qu'il devait surtout à son application persévérante, il commença à Munster ses études de philosophie et dé théologie. Nommé aussitôt après son ordination vicaire dans un village peu éloigné de la ville, il donna à l'éducation de la jeunesse une attention toute spéciale. Son curé lui ayant, sur sa demande, abando nné le soin d'instruire les enfants, son amour pour eux et pour le divin Maître, lui fit obtenir des résultats vraiment merveilleux. Dans le court espace de trois ans, il était devenu un catéchiste si accompli que le bruit de sa réputation arriva aux oreilles du baron de Furstenberg, ministre et vicaire-général du prince électeur, et qu'il crut rendre un service considérable au pays en confiant au jeune vicaire les modestes mais importantes fonctions de professeur à l'école normale qu'il avait établie à Munster. L'instruction élémentaire laissait, à cette époque, beaucoup à désirer en Westphalie. Overberg commença par s'occuper de former les futurs instituteurs dont la direction lui était plus particulièrement confiée.

" Overberg, nous dit son excellent biographe; cherchait avant tout à éveiller et à forme r dans ses élèves ce qui constitue proprement l'homme, c'est-à-dire l'intelligence. Tout ce qu'il y a de grand et de beau dans la sphère de l'activité et du savoir, c'est l'intelligence qui le produit; elle imprime au corps même un caractère particulier de noblesse et lui donne toutes ses facultés et ses aptitudes. Or, l'intelligence humaine, étant d'origine divine, ne peut être réveillée et nourrie que par un principe de même nature, un principe divin, mis en rapport avec l'humanité. Voilà pourquoi, dès qu'il voulut former l'esprit de l'enfance, l'esprit qui doit vérifier et diriger toutes les occupations, même les plus vulgaires, notre professeur comprit sans peine que la hase première de ses leçons devait être l'enseignement religieux , approfondi et vivant, présenté sous la forme simple et divinement puissante du christianisme. L'histoire des révélations de Dieu à l'homme, la religion, par conséquent, dans le sens complet du mot, était le principe et la fin, le but invariable des leçons d'Overberg. Aussi, lorsque la lumière de la science supérieure et divine, qui remplissait cette âme pleine d'amour, venait à déborder et s'allumait dans l'un de ses élèves, les exercices de la lecture, de l'Ecriture, du calcul, de l'arpentage. acquéraient pour eux une haute signification spirituelle et stimulaient singulièrement toutes leurs facultés. En effet, ces diverses matières, tout imprégnées de l'amour de Dieu et du prochain en sortait de la bouche de l'excellent professeur; développaient avant tout l'esprit de la science véritable, formaient la pensée, éclairaient le jugement et donnaient à la volonté un empire raisonné sur les forces de l'ame entière."

Après avoir recueilli dans le cercle restreint de l'école Normale où il s'était d'abord renfermé, des résultats qui dépassaient toutes les espérances que l'on avait pu concevoir, Overberg osa entreprendre une œuvre de beaucoup plus difficile, celle de réformer les vieux instituteurs dont le manque de culture et les habitudes de routine paralysaient la bonne volonté. L'entreprise semblait irréalisable ; elle n'effraya pas cependant le jeune professeur qui venait d'être nommé inspecteur des écoles de village. Afin de se préparer à subir l'examen auquel le ministre venait de les soumettre, un certain nombre d'instituteurs consentirent à quitter la chaire pour les bancs et à passer le temps de leurs vacances à l’école Normale. Charmé des premiers résultats obtenus, le baron de Furstenberg seconda Overberg de tout son pouvoir ; tous les maîtres d'école, passant successivement par les mains du pieux instituteur, reçurent de lui ces leçons de pédagogie, dictées en même temps par le coeur et par la foi, qu'il savait rendre accessibles aux intelligences les plus simples et les plus grossières; et, au bout de quelques années, la Westphalie, où l'instruction primaire était antérieurement si négligée, méritait d'être citée pour la bonne direction donnée à ses écoles.

Cependant l'école normale de Munster et l'inspection des écoles n'occupaient pas tout le temps d'Overberg. Il en trouvait encore pour écrire ses beaux livres si populaires en Allemagne et qui s'adressaient ceux-ci aux maîtres et ceux-là aux enfants ; pour faire, dans plusieurs églises ou chapelles de la ville, des cours de catéchisme et d'instructions familières, destinés d'abord aux enfants et aux jeunes gens, mais auxquels assistaient en foule les gens du monde et les jeunes théologiens, les uns pour compléter leurs connaissances religieuses et pour s'édifier, les autres pour apprendre à la meilleure de toutes les écoles le grand art de développer et d'enseigner la doctrine chrétienne; enfin, il dirigeait un nombre considérable de personnes de tout âge et de toute condition, qui, non-seulement de la ville et des environs, mais d'une distance de dix et quinze lieues, venaient lui demander des avis et des consolations.

En 1813, une mission de confiance dont il fut investi par son évêque le mit en relation avec la soeur Emmerich; ainsi qu'on l'a vu dans la première partie de cet opuscule, il fit partie de la commission envoyée de Munster à Dulmen pour faire une première enquête sur l'état de la malade. A partir de cette époque, il alla chaque année passer quelques jours auprès de la soeur et resta toujours son ami, son directeur et son bon ange. Il lui présenta, dans l'un de ces voyages, la princesse Galitzin, fille de l'illustre princesse du même nom, morte en 1806.

Cependant, en 1809, l'évêque de Munster avait appelé Overberg à travailler sur un plus grand théâtre, en lui confiant la direction du grand séminaire, sans toutefois l'arracher à sa chère école normale; le grand séminaire, c'était encore l'éducation de la jeunesse, mais dans des conditions plus difficiles et avec une responsabilité plus grande. " Il y fut reçu, nous dit son biographe, comme un père et un guide par tous les aspirants à l'état ecclésiastique. En le voyant et en l'entendant pour la première fois, on sentait que la bienveillance affectueuse qui rayonnait sur son visage, que la dignité répandue sur sa hau te stature courbée par le travail et par de nombreux combats, que la sagesse à la fois si douce et si humble qui coulait de chacune de ses paroles, avaient une source surhumaine, et l'on était pénétré de vénération et d'amour pour, cet homme prodigieux. " Il mourut dans les sentiments de la piété la plus vive, le 9 novembre 1826. Ses funérailles eurent lieu le 12 novembre. Jamais Munster n'avait vu un convoi aussi considérable, un deuil plus spontané et plus sincère. Malgré le mauvais temps, la route du séminaire au cimetière était couverte de gens venus pour payer au défunt leur part d'affliction et de regrets. Du reste, les habitants de la ville ne furent pas les seuls à pleurer Overberg. Sa perte fit verser dans tout le pays d'abondantes larmes de douleur, d'amour et de reconnaissance, et, depuis lors, sa mémoire n'a pas cessé d'y ê tre l'o bjet d'un culte tout particulier.

Nous renvoyons le lecteur, pour plus de détails, à l'intéressante biographie d'Overberg par son ami M. de Schubert; bien qu'écrite par un protestant, elle ne renferme rien qu'un catholique ne pût avouer. Elle a été traduite en français par M. Léon Boré, 2° édit. Paris, 1843, in-18.


(1) On s'est borné dans cette Notice a abréger la Vie d'Overberg, par M. de Schubert.

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