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DEUXIÈME HOMÉLIE.
Contre ceux qui demandent pourquoi le démon n'a pas été détruit. La malice du démon ne nous nuit en rien. Sur la pénitence.
ANALYSE. 1° Délicieux compliment adressé à l'évêque Flavien qui était présent. Résumé de la dernière homélie et allusion à une instruction aux catéchumènes. Pourquoi le diable n'a-t-il pas été anéanti? 2° La suppression du démon diminuerait le mérite des chrétiens courageux sans profiter aux faibles et aux lâches. La malice ne vient pas de sa nature, mais du mauvais usage qu'il fait de sa liberté. 3° Tandis que tout sert à l'homme de bonne volonté, tout nuit à celui qui ne veut pas le bien, celui-ci abuse de tout, de la création, de son corps, de la croix, de la prédication apostolique. 4° La lumière du monde, Jésus-
1. Isaac, ayant un jour désiré manger d'un mets accommodé par les mains de son fils, envoya celui-ci à la chasse loin de la maison aujourd'hui voici notre Isaac (1) qui souhaite, lui aussi, recevoir de nos mains l'aliment spirituel; mais il ne nous a pas fait quitter notre demeure, c'est lui qui accourt à notre table. Y a-t-il une meilleure preuve d'affection paternelle et une plus grande marque d'humilité ! Voulant nous témoigner par cette démarche son ardente charité, il n'a pas craint de s'abaisser jusque-là. Aussi, bien que l'instruction du matin ait affaibli la vigueur de notre voix et la force de nos pieds, nous avons oublié sur-le-champ notre lassitude à l'aspect de ce paternel visage, nous avons secoué notre fatigue, nous nous sommes relevés sous l'influence de cette joie inattendue; en voyant l'éclat de cette tête vénérable, nous avons senti notre âme inondée de lumière. Dressons donc avec allégresse la
1 L'évêque Flavien.
table du festin, afin que, après y avoir goûté, notre père nous bénisse tous. Ici, il n'y a ni ruse ni larcin, comme il y en eut jadis dans le fait de Jacob et d'Esaü; l'un avait reçu l'ordre, ce fut l'autre. qui l'exécuta; aujourd'hui, c'est moi qui ai mission de servir le banquet, et c'est moi qui le sers. O père, répandez sur nous la bénédiction spirituelle; obtenez-nous une grâce que nous souhaitons recevoir toujours, une grâce qui profitera non pas à vous seul, mais à moi et à tout ce peuple : priez notre commun Maître qu'il daigne conduire votre vie jusqu'aux extrêmes limites de cette vieillesse qu'il accorda à Isaac ; pour moi et pour tout le peuple, cette faveur sera plus précieuse et plus utile que la rosée du ciel et que la graisse de la terre. Mais il est l'heure d'apporter le festin. De quoi se composera-t-il? Des restes de ce que j'ai commencé tout dernièrement à exposer â votre charité : c'est du démon, oui, encore du (159) démon que nous allons parler, sujet que j'ai entamé ici il y a deux jours, sujet que j'ai traité encore ce matin pour initier aux mystères les catéchumènes et pour leur expliquer en quoi consiste renoncer et se livrer au démon. Je fais cela, non pas qu'il me soit agréable de parler du diable, mais parce que je dois vous donner sur son compte un enseignement solide et sûr. Il est notre adversaire et notre ennemi; or, c'est un avantage considérable que de connaître au juste la position de l'ennemi. Nous avons dit dernièrement que le démon ne triomphe de nous ni par violence, ni par tyrannie, ni par force ni par contrainte : s'il en était ainsi, nous serions tous perdus. En preuve, j'ai cité ces pourceaux sur lesquels le démon ne put rien tant que le Seigneur ne lui eut rien permis (Matth. VIII, 31) ; j'ai cité encore les boeufs et les brebis de Job que le démon n'eut pas le pouvoir de détruire tant qu'il n'eut pas reçu d'en-haut l'autorisation. Nous avons donc appris ce premier point, savoir qu'il ne vient à bout de nous ni par force ni par nécessité; nous y avons ajouté- cet autre point, savoir que, vainqueur parla ruse, il ne remporte pas néanmoins la victoire sur tous les hommes, et j'ai apporté encore l'exemple de Job contre lequel il dressa mille et mille machines de guerre sans parvenir à l'abattre; vaincu cette fois, il s'enfuit. Reste donc une seule question : laquelle? Ce n'est pas de force, dit-on, que le démon l'emporte sur nous, mais c'est par ruse c'est pourquoi mieux vaudrait qu'il fût détruit. Sans doute Job fut vainqueur dans la lutte; mais Adam donna dans le piège et fut renversé; si le démon eût pour une bonne fois disparu du milieu du monde, Adam lui-même n'eût pas succombé; mais, tant qu'il subsistera, vaincu dans une rencontre, il sera vainqueur dans cent autres; pour dix justes qui triompheront de lui, il surmontera et renversera dix mille pécheurs; tandis que, si Dieu l'eût anéanti, ces dix mille eux-mêmes n'eussent pas péri. Que répondrons-nous à cela ? Nous répondrons qu'il faut estimer à plus haut prix les vainqueurs que les vaincus, ceux-ci fussent-ils en multitude, et ceux-là en tout petit nombre: Un seul juste qui fait la volonté de Dieu a plus de valeur que mille pécheurs. (Eccli. XVI, 3.) Nous répondrons encore que, l'antagoniste disparaissant, le lutteur vigoureux a tout à perdre. En effet, si vous laissez debout l'antagoniste, les lâches athlètes auront à souffrir, non pas à cause des braves qui remporteront la victoire, mais à cause de leur lâcheté personnelle ; mais si vous enlevez l'antagoniste, les braves seront victimes pour les lâches, puisqu'ils ne pourront plus faire preuve de force et gagner la couronne. 2. Vous ne saisissez peut-être pas entièrement ma pensée : il faut donc l'exprimer plus clairement encore. Voici un athlète : deux autres sont près d'entrer en lutte avec lui ; mais l'un, esclave de son ventre, s'est négligé, ruiné, affaibli, énervé; l'autre est alerte, vigoureux, habitué à la palestre et à,tous les jeux gymniques ; il a fait ses preuves d'habileté en tout ce qui concerne son art. Si vous supprimez l'antagoniste, auquel des deux ferez-vous tort? Sera-ce au lâche et au paresseux, ou bien à ce brave qui a déjà subi tant de travaux? A celui-ci évidemment ! Si vous lui ôtez son adversaire, vous le lésez injustement en faveur d'un lâche; ce lâche au contraire n'a pas à se plaindre de ce que, en faveur du brave lutteur, l'antagoniste reste en lice : sa lâcheté personnelle l'a vaincu d'avance. Parlons d'une autre solution de la difficulté proposée; je veux que vous compreniez bien que l'existence du démon ne porte préjudice à personne, mais que partout les gens insouciants trouvent dans leur propre lâcheté la cause de leur perte. Que le diable soit absolument mauvais, d'accord ; toutefois il l'est par détermination libre et volontaire, nullement par nature. Qu'il ne soit pas mauvais par nature, j'en tire la preuve des noms mêmes qui le désignent. On l'appelle le diable, c'est-à-dire le calomniateur, parce qu'il calomnie toujours ; il calomnie l'homme devant Dieu : Est-ce gratuitement que Job vous honore, dit-il? Abaissez sur lui votre main, touchez ce qu'il possède; vous verrez s'il ne vous blasphémera pas en face (Job, I, 9) ; il calomnie Dieu devant l'homme : Ce feu est tombé du ciel, dit-il, et il a brûlé tes brebis. (Ibid. 46.) Il s'efforçait de persuader au patriarche que la guerre lui était déclarée par le ciel, il mettait aux prises le serviteur avec le maître, le maître avec le serviteur, ou plutôt il s'efforçait d'y parvenir, mais il n'en avait pas la puissance; aussi, quand vous voyez un autre serviteur révolté contre le maître, Adam contre Dieu, Adam qui ajoute foi à la calomnie du démon, sachez que ce dernier tire toute sa force, non pas d'une puissance qui lui soit propre, mais de la faiblesse et de l'imbécillité de sa dupe. (160) Voilà pourquoi on le nomme diable, c'est-à-dire calomniateur: faire des calomnies ou s'en abstenir n'est pas un élément de nature, c'est un acte qui a commencement et fin, que l'on commet et que l'on omet : tout cela ne joue aucunement le rôle de nature ou de substance. Je sais que cette digression sur la substance et les accidents est de compréhension difficile pour un grand nombre d'esprits; mais, comme d'autres sont capables d'entendre des choses plus subtiles, c'est à leur intention que j'ai parlé. Voulez-vous que nous passions à une autre dénomination du démon? et vous verrez que celle-là encore n'est pas un nom de substance ou de nature. On l'appelle le Malin; or la malignité n'est pas dans la nature; elle est dans le libre arbitre, dans la volonté; car tantôt elle y est, tantôt elle n'y est plus. Ne venez pas me dire que dans le démon elle demeure à perpétuité; car elle ne fut pas en lui dès l'origine, elle lui survint; c'est pourquoi on le nomme encore l'Apostat. Lui seul est appelé par excellence le Malin, quoiqu'une foule d'hommes aient aussi de la malignité. Pour quel motif? Parce que, n'ayant reçu de l'homme aucune injure, n'ayant à réclamer de lui ni peu ni beaucoup, mais le voyant comblé d'honneurs, il fut immédiatement jaloux de ses biens. Y a-t-il pire malignité que celle qui sans motif et sans raison déclare inimitié et guerre? Mais laissons de côté le démon ; interpellons les créatures pour qu'elles nous enseignent que le démon n'est pas la cause de nos péchés, quand nous voulons nous tenir en garde; afin qu'elles nous enseignent que la volonté molle, négligente et lâche, lors même que le démon n'existerait plus, tomberait et se jetterait elle-même dans tous les abîmes du vice. Le diable est mauvais, je le sais et chacun en convient; mais prêtez une attention diligente à ce que je vais dire maintenant : il s'agit, non pas d'une question banale , mais d'une question sur laquelle on parle partout, souvent et beaucoup, d'une question qui a suscité plus d'une lutte, plus d'une contestation non-seulement de fidèle à infidèle, mais de fidèle à fidèle: et c'est, hélas ! ce qui me remplit de douleur. 3. Que le diable soit mauvais, tout le monde en convient, ai-je dit : mais que dirons-nous de ce bel et merveilleux ensemble des créatures ? Qui sera assez criminel, assez stupide, assez maniaque pour calomnier la création ? Que dirons-nous d'elle ? Loin d'être mauvaise, elle est bonne et belle, elle est le signe visible de la sagesse, de la puissance et de la charité de Dieu. Ecoutez-donc en quels termes le prophète exprime son admiration pour elle; Combien vos oeuvres sont magnifiques, ô Seigneur ! vous avez fait toutes choses dans votre sagesse. (Psalm. CIII, 24.) Il n'entre pas dans le détail, mais. il s'incline en face de l'incompréhensible sagesse de Dieu. Entendez cet autre, qui nous dit combien nous servent utilement cette beauté et cette magnificence des oeuvres divines : Par la beauté et la grandeur des créatures nous voyons analogiquement leur auteur. (Sap. XIII, 5.) Et voici saint Paul qui nous dit : Ce qu'il y a d'invisible en Dieu est devenu visible depuis la création du monde par la connaissance que ses créatures nous en donnent. (Rom. I, 20.)
Mais pourquoi parler de la création tout entière ? Regardons nos membres : eux aussi, nous les trouverons cause de notre ruine, si nous n'y prenons garde; ce ne sera pas non plus le fait de leur nature; mais le fait de notre négligence. Examinez un peu, je vous prie : les yeux vous sont donnés pour que à l'aspect de la création vous rendiez gloire au Seigneur; mais, si vous n'en faites pas un bon emploi, ils deviendront pour vous les fauteurs (161) de l'adultère. La langue vous a été donnée pour que vous bénissiez et chantiez le Créateur; mais si vous ne la surveillez de près, elle deviendra pour vous l'organe du blasphème. Les mains vous ont été données pour que vous les tendiez vers Dieu par la prière ; mais, si vous n'êtes pas modéré en vos désirs, elles s'étendront à la rapine. Les pieds vous ont été donnés pour que vous couriez aux bonnes oeuvres; mais, si vous êtes négligent, ils vous conduiront aux actions mauvaises. Vous le voyez donc, tout nuit au lâche ; les remèdes même les plus salutaires ne font que l'envoyer à la mort: est-ce un effet de leur nature? Non, c'est l'effet de sa propre lâcheté. Dieu a créé le ciel afin que, en contemplant l'oeuvre, vous en adoriez l'auteur ; mais d'autres, laissant de côté le Créateur, ont adoré le ciel lui-même : ce fut par suite de leur imbécillité et de leur démence. A quoi bon tant parler de la création ! Où trouverons-nous mieux le salut que dans la croix? Et pourtant cette croix est devenue un scandale pour les lâches ! La parole de la croix est une folie pour ceux qui se perdent; mais pour ceux qui se sauvent elle est la force et la vertu de Dieu (I Cor. I , 18); et ailleurs nous lisons: Nous prêchons le
4. Si vous le voulez, appliquons au
5. J'ai dit tout cela, non pas pour décharger le diable de l'accusation, mais pour vous débarrasser vous-mêmes de votre lâcheté; il ne souhaite rien tant que de nous voir rejeter sur lui toute la cause de rios fautes, de telle façon que, leurrés d'un vain espoir, nous tombions peu à peu en toute espèce de péchés, nous accumulions sur nous des châtiments de plus en plus nombreux, et nous nous rendions indignes de toute indulgence en mettant sur lui la culpabilité : c'est précisément ce qui arriva pour Eve. Ne faisons pas ainsi : reconnaissons franchement ce que nous sommes et ce que sont les plaies de notre âme ; c'est le moyen d'y porter remède; celui quine connaît pas son mal ne prend nul souci de son infirmité. Nous avons beaucoup péché, je le sais fort bien moi-même; nous sommes tous sous le coup de la vengeance divine; mais nous n'avons pas été exclus du pardon, nous ne sommes pas déchus des droits du repentir; encore debouts dans l'arène, nous sommes au milieu du combat de la pénitence. Etes-vous un vieillard, arrivé déjà à la dernière issue de. la vie? Eh bien ! ne vous imaginez pas que vous ayez perdu la ressource du repentir, ne désespérez pas de votre salut : rappelez-vous le larron qui, sur la croix, trouva son affranchissement. Y eut-il quelque chose de plus rapide que cette heure dans laquelle il gagna la couronne ? Et pourtant cette heure a suffi pour le sauver ! Etes-vous un jeune homme? Eh bien ! ne vous fiez pas à votre jeunesse, ne comptez pas sur une vie à longue échéance, car le jour du Seigneur viendra tomate un voleur de la nuit. (I Thess. V, 2.) Dieu a rendu incertaine l'heure de votre mort afin de rendre certaines votre activité et votre ardeur. Ne croyez-vous pas ceux qui chaque jour sont enlevés prématurément? Aussi, un auteur sacré vous dit-il : Ne retardez pas de vous convertir au Seigneur, ne différez pas d'un jour à l'autre. (Eccli. V, 8.) Craignez qu'au milieu de vos hésitations vous ne soyez subitement frappé. C'est de la sorte qu'est encouragé le vieillard, de la sorte qu'est averti le jeune homme. Mais vous êtes en pleine santé, vous êtes riche, vous regorgez de biens, vous n'éprouvez aucun accident fâcheux ! Ecoutez pourtant ce que vous dit saint Paul : Lorsqu'on vous parlera de paix et de sûreté, c'est alors qu'un trépas inattendu vous surprendra. (I Thess. V, 3.) Les choses de ce monde sont grosses de bouleversements nous ne sommes pas maîtres de notre fin, nous le sommes de la vertu et nous avons dans le
6. Voulez-vous que je vous parle des voies de la pénitence? Elles sont nombreuses, elles sont variées et différentes; mais toutes conduisent au ciel. La première est l'accusation des péchés : Soyez le premier à déclarer vos fautes afin d'être justifié. (Isaïe, XLIII, 26.) C'est pourquoi le prophète s'écriait : J'ai dit : Je proclamerai contre moi mon injustice en face de Dieu; et voilà, Seigneur, que vous avez pardonné l'impiété de mon coeur. (Psalm. XXXI, 5.) Accusez donc, vous aussi, tous vos péchés : ce sera assez pour faire à Dieu votre apologie : celui qui condamne ses propres péchés devient plus lent à y retomber; éveillez donc votre conscience, cet accusateur domestique, afin de ne pas trouver un jour, au tribunal de Dieu, un accusateur public. Telle est la première voie de la pénitence, et la meilleure : la seconde, qui ne lui cède pas en mérite, consiste à oublier les injustices d'un ennemi, à dompter la colère, à pardonner les offenses de nos frères c'est ainsi que nous recevons nous-mêmes la remise des péchés que nous avons faits contre le commun Maître; tel est donc le second moyen d'expier le péché : Si vous remettez leurs dettes à vos propres débiteurs, le Père céleste vous fera remise à vous-mêmes. (Matth. VI, 14.) Voulez-vous apprendre la troisième voie de pénitence? C'est la prière fervente et diligente, la prière qui part du fond de l'âme. Ne savez-vous pas de quelle manière la veuve parvint à émouvoir un juge sans conscience? vous au contraire vous avez un Maître doux, clément, plein d'amour. Elle réclamait contre ses ennemis; vous, au lieu de plaider contre un adversaire, vous priez . pour votre salut. Si vous souhaitez de connaître la quatrième voie de pénitence, je nommerai l'aumône; elle possède une puissante et merveilleuse efficacité : Nabuchodonosor, qui s'était livré à des crimes de tout genre, à l'impiété complète, entendit Daniel lui dire : O roi, que mon avis trouve grâce devant vous; rachetez (163) vos péchés par. l'aumône et vos iniquités par la miséricorde envers les pauvres. (Dan. IV, 24.) Qu'y a-t-il de comparable à cette doue bonté? Après tant de péchés, après de telles désobéissances, Dieu promet à cet homme qui l'a outragé de lui pardonner, s'il montre de la charité à ses frères. Enfin une conduite mesurée et humble n'a pas un moindre pouvoir pour. détruire le péché dans son germe : j'en prends à témoin le publicain qui, n'ayant pas de bonnes actions à déclarer, offrit à leur place son humilité et déposa de la sorte le lourd fardeau de ses péchés. (Luc, XVIII, 13.) Voilà donc l'indication des cinq voies de pénitence : la première, accusation des péchés; la seconde, remise au prochain des offenses reçues; la troisième, prière fervente; la quatrième, aumône; la cinquième, humilité. Ne soyez donc pas oisif; cheminez chaque jour en ces voies ; elles sont faciles. Ne mettez pas en avant votre pauvreté comme excuse; fussiez-vous dans votre vie le plus pauvre parmi tous les hommes, vous pouvez néanmoins dompter la colère, pratiquer l'humilité, prier assidûment, accuser vos fautes : à tout cela la pauvreté ne fait aucun obstacle. Que dis-je ! même dans cette voie de pénitence où nous devons semer l'argent (je parle de l'aumône), oui, même en cette voie, la pauvreté n'est pas un obstacle, témoin la veuve, qui mit ses deux oboles dans le tronc. (Marc, XII, 42.) Puisque nous avons appris le moyen de guérir nos plaies, appliquons sans cesse les remèdes, afin que, après avoir recouvré la vraie santé, nous allions avec confiance prendre part au banquet sacré, nous accourions avec une gloire abondante au-devant du roi de gloire, Jésus-
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