Les Coopérateurs et Coopératrices

De Don Bosco

 

 

Lorsque Don Bosco commença, en 1841, à s'occuper des enfants pauvres et abandonnés, la Providence ne tarda pas à lui envoyer des aides qui s'associèrent à cette noble entreprise.

Quelques laïques vinrent se grouper autour de lui et donner leurs soins aux enfants. Les uns leur faisaient le catéchisme ou la classe ; d'autres cherchaient des patrons chrétiens à ceux qui étaient sans place.

Comme ce petit peuple était souvent déguenillé, de pieuses dames de Turin voulurent bien entreprendre la tâche de raccommoder leurs vêtements, et même de leur en faire de neufs.

Telle est l'origine de la pieuse association des Coopérateurs et Coopératrices de Don Bosco. Leur nombre dépasse aujourd'hui quatre-vingt mille, dont plus de treize mille en France.

L'institution faisant beaucoup de bien, Don Bosco voulut lui donner une forme régulière ; il traça, en 1858, un plan de règlement qu'il perfectionna en 1864 et 1868.

Ce règlement, soumis à S. S. Pie IX, fut définitivement adopté en 1874.

Cette institution des COOPÉRATEURS SALÉSIENS reçut, de l'immortel Pie IX, les encouragements les plus formels.

Il voulut que son nom fût inscrit en tête de la liste des Coopérateurs, et il commanda à la Congrégation des Rites de leur accorder toutes les indulgences que peuvent gagner les tertiaires des Ordres les plus favorisés.

Léon XIII, à peine élevé sur la chaire de Saint Pierre, voulut immédiatement devenir Coopérateur Salésien, comme l'avait été Pie IX. Étant inscrit comme Coopérateur, dit-il, je veux être le premier opérateur.

Voici, d'ailleurs, les paroles textuelles de Léon XIII à Don Bosco : « Chaque fois que vous parlerez aux Coopérateurs Salésiens, vous leur direz que je les bénis de tout mon cœur, que le but de la Société consiste à empêcher la ruine de la jeunesse, et qu'ils doivent ne former tous qu'un cœur et qu'une âme pour vous aider à atteindre le but que se propose cette Association de St.-François de sales. »

Et pour donner une preuve de l'importance qu'il attache à cette Œuvre, et de l'intérêt qu'il lui porte, notre Saint-Père le Pape Léon XIII a voulu nommer l'éminentissime cardinal Lorenzo Nina protecteur de la Société Salésienne (1879) ; actuellement, c'est le Cardinal Parocchi, Vicaire de Sa Sainteté.

 

Le regard puissant de Don Bosco, embrassant toutes les défaillances humaines et plongeant dans l'avenir, a vu, dans l'institution des Coopérateurs Salésiens, une œuvre de préservation, et même de régénération sociale, qui pourrait, un jour, s'étendre au monde entier.

Si le Souverain Pontife a daigné accorder à cette Association les plus insignes faveurs spirituelles, elle n'est cependant pas un tiers-ordre, dans le sens propre de ce mot. Les Coopérateurs et Coopératrices n'ont ni noviciat, ni profession, ni vœux. Il n'y a rien, dans leurs obligations, qui puisse gêner, le moins du monde, l'obéissance des Religieux et Religieuses, ni contrarier les liens de famille ou les relations de ceux qui vivent dans le monde. C'est seulement un encouragement puissant à la piété, à la charité, et à toutes les bonnes œuvres.

Une publication des plus intéressantes, le Bulletin Salésien, rédigée en plusieurs langues, a été fondée pour créer un lien entre les membres de cette Association.

Remarquons que le Bulletin Salésien n'est pas un journal auquel on ait la faculté de s'abonner à prix d'argent ; il est destiné exclusivement aux Coopérateurs et Coopératrices ; eux seuls peuvent le recevoir.

C'est ainsi que les Salésiens constituent une véritable famille, en union constante de prières.

On peut devenir coopérateur dès l'âge de seize ans. Sur sa demande, on reçoit un billet d'admission (Diplôme), délivré par un prêtre Salésien autorisé.

Dès lors, si l'on observe les règles de l'Association, on participe à toutes les faveurs, indulgences et grâces spirituelles qui lui sont accordées. On a part à toutes les Messes, prières, neuvaines, exercices spirituels, prédications, etc., et à toutes les œuvres de charité que les Salésiens font dans le monde entier.

Aucune pratique religieuse n'est exigée des Coopérateurs Salésiens, sauf chaque jour un Pater et un Ave en l'honneur de saint François de Sales, suivant l'intention du Souverain Pontife.

Mais il est recommandé de s'approcher souvent des sacrements de Pénitence et d'Eucharistie, de faire, lorsque cela est possible, une petite retraite chaque année, et chaque mois l'exercice de la bonne mort.

On leur recommande encore la modestie dans les vêtements, la frugalité dans la nourriture ; la simplicité dans l'ameublement, l'exactitude aux devoirs de leur état. Ils doivent veiller à ce que le repos et la sanctification du dimanche et des jours de fêtes soient exactement observés par ceux sur qui ils ont autorité.

Les membres de la Société Salésienne considèrent tous les Coopérateurs comme des frères en Jésus-Christ, et s'adressent à eux toutes les fois que leur concours peut être utile à la plus grande gloire de Dieu et au bien des âmes. Les Coopérateurs, s'ils en ont besoin, recourent avec la même liberté aux membres de la Société Salésienne, par exemple en cas de maladie ou pour obtenir une grâce. Des prières spéciales ont aussi lieu après la mort.

 

Les Coopérateurs et Coopératrices doivent, dans la limite de leurs aptitudes, favoriser les exercices du culte ; rechercher et soutenir les vocations religieuses, s'occuper de la diffusion des bons livres, exercer leur charité envers les enfants pauvres et abandonnés qui risquent ainsi de se perdre.

Naturellement, ils s'efforcent aussi de soutenir les Œuvres Salésiennes, soit en faisant une fois par mois, ou tout au moins une fois par an, une offrande selon leurs facultés ; soit en recueillant des dons et des aumônes par tous les moyens que leur suggèrera leur cœur charitable (1).

 

Nous croyons ne pouvoir mieux faire, en terminant, que de donner ici le Testament de Don Bosco à ses Coopérateurs.

Ces lignes touchantes écrites de la main même de Don Bosco, ont été retrouvées dans ses papiers ; nous les faisons précéder de la lettre par laquelle Don Rua, successeur de Don Bosco, a transmis aux Coopératerus Salésiens l'admirable Testament de leur Fondateur et Père bien-aimé :

 

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Bien chers Coopérateurs

et bien chères Coopératrices

 

Pour accomplir une des dernières volontés de notre à jamais regretté Don Bosco, je vous envoie la lettre ci-jointe, adressée par ce si bon Père aux Coopérateurs Salésiens et aux Coopératrices, comme le Testament de sa profonde reconnaissance et de son ardente charité.

J'aurais voulu aussi satisfaire un désir que de nombreux Coopérateurs m'ont exprimé, et vous expédier en même temps le portrait de Don Bosco après sa mort ; un retard fâcheux dans l'exécution de ce travail, me décide à ne pas vous faire attendre plus longtemps cette lettre, dont l'annonce a excité une pieuse impatience : je vous l'adresse telle que je l'ai trouvée dans les papiers de Don Bosco. Mais ce retard même amène une coïncidence qui me paraît singulièrement heureuse : ma lettre, vous transmettant le Testament de Don Bosco, porte la date du 24 Mai, fête de N.-D. Auxiliatrice. Vous le savez, c'est un jour qui fait époque dans la famille Salésienne ; et j'éprouve une particulière consolation à penser que notre bien-aimé Père Don Bosco, par une de ces attentions délicates qui lui étaient si familières, semble vouloir vous envoyer son message de l'éternité, le jour où ses enfants fêtent leur Mère du Ciel. Que la voix de notre douce Protectrice réponde dans vos âmes à la voix de son serviteur, et les paroles de notre Vénéré Père appelleront, sur vous, les grâces de choix que nous vous souhaitons.

Mes confrères et tous nos chers orphelins se joignent à moi pour vous offrir l'hommage de notre respectueux attachement ; soyez assurés que tous les jours nous prions du fond de l'âme le Seigneur de daigner, par l'intercession de N.-D. Auxiliatrice, répandre sur vous et sur vos familles les plus précieuses et les plus abondantes bénédictions.

 

Votre serviteur très reconnaissant.

MICHEL RUA, Prêtre.

 

Turin, 24 Mai 1888,

fête de N.-D. Auxiliatrice.

 

(1) Pour plus de renseignements, on doit se procurer une petite brochure qui existe dans toutes les Maisons Salésiennes, et intitulée : Coopérateurs Salésiens, ou moyen pratique de se rendre utile à la société en favorisant les bonnes mœurs.

On y trouvera l'énumération complète de toutes les indulgences qu'on peut acquérir, ainsi qu'un petit règlement de vie pour les Coopérateurs Salésiens.