1860

Les deux cousins

 

 

Don Bosco se trouvait aux Becchi, pendant l'automne de 1860. Un jour, on lui présenta un petit garçon, de dix ans environ, demeurant à Châteauneuf d'Asti.

Don Bosco le regarde, le caresse, lui sourit ; puis, avec le pouce, il trace gracieusement, sur ce front candide, un signe de croix, en disant :

— Continue à être sage ; un jour, tu seras prêtre et tu feras beaucoup de bien.

 

L'enfant parut ne pas se rendre compte de la portée de ces paroles, et les oublia très certainement. La pensée de se faire prêtre ne lui était pas venue une seule fois, quand, peu d'années après, il fut admis à l'Oratoire.

Alors seulement, la rencontre avec Don Bosco lui revint à l'esprit.

Avec lui, et le même jour, entra aussi un de ses cousins. Après qu'il se fut fait reconnaître par Don Bosco, il lui présenta son cousin, en demandant :

— Et lui, sera-t-il prêtre ?

 

Don Bosco, avant de répondre, enveloppa l'enfant ainsi visé, d'un regard de pénétrante bonté, puis :

— Non, dit-il, ton cousin ne sera pas prêtre ; il mettra bien la soutane, mais pour la quitter ensuite. Toutefois, il est appelé à faire beaucoup de bien dans le monde.

 

Faut-il appeler cela une prophétie ?

Il sera bon de le demander au théologien Ar***, curé de C***, paroisse du Piémont, dont le nom est connu au loin, à cause de l'homme d'État qui le portait. Cet excellent prêtre n'aurait qu'à ouvrir les yeux pour voir que jamais curé ne fut aimé comme il l'est de ses ouailles.

Quant à son cousin, après avoir quitté la soutane, il s'est fait un nom dans l'enseignement chrétien.