1877

Le cocher

 

 

Un jour, à Rome, Don Bosco prit un fiacre. Il faisait un temps affreux, et, comme le cocher était complètement trempé, il aurait bien voulu lui donner un pourboire ; mais il se trouva n'avoir en poche que juste le prix de la course. Il témoigna son regret à son conducteur, et ajouta :

— Je prierai pour vous.

— Vous prierez pour moi ! Voilà qui me semble drôle : personne ne m'a jamais parlé ainsi.

— Je ne puis le croire !

— C'est pourtant vrai. Est-ce donc une chose si précieuse que la prière ?

— La prière ! Cela vaut mieux que tous les trésors du monde.

Comme le cocher souriait d'un air de doute, Don Bosco lui dit :

— Mon cher ami, depuis quand ne vous êtes-vous pas confessé.

— Moi ! Est-ce que je sais ! Je ne me rappelle seulement pas.

— Eh bien ! Venez me voir, votre journée finie ; je vous entendrai, et je vous assure que vous vous en trouverez bien.

Le soir même,  Don Bosco s'était déjà retiré dans sa chambre et mis au lit, lorsqu'arrive le cocher ; il demande à parler au Père.

— Mais il est trop tard : le Père est couché, il dort.

Le cocher insiste ; il affirme que le Père l'attend. On va annoncer cette visite à Don Bosco qui se lève en toute hâte. Il entend notre cocher en confession, l'embrasse tendrement, et, depuis, ils sont restés une paire d'amis.

C'est ainsi que l'affabilité Salésienne sait gagner les cœurs.