les derniers jours de don BOSCO

 

 

La Maladie

(Extrait du Bulletin Salésien)

 

 

Le Journal de la maladie de Don Bosco, préparé sur la demande de nos chers Coopérateurs, est un extrait de la relation complète des mois de décembre et de janvier, recueillie avec une minutieuse sollicitude par Don Viglietti, secrétaire du vénéré malade, et par les autres Confrères, qui ont toujours fidèlement noté les moindres choses dont ils étaient les heureux témoins. Nous nommons, au cours de notre récit, avec les Supérieurs majeurs, un certain nombre d'autres Salésiens moins connus ; nos lecteurs comprendront ce scrupule d'exactitude, qui fortifie singulièrement les moindres faits contenus dans ce Journal.

 

Quatre périodes bien distinctes ont marqué les deux derniers mois de cette vie si riche en précieux enseignements : Premières tristesses - Angoisses - Espérances - Deuil.

Nous rangeons sous ces différents titres les jours qui nous ont apporté leurs joies ou leurs épreuves.

 

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1887

I - Premières tristesses

 

2 décembre

 

Don Bosco craint de devoir renoncer bientôt à célébrer la sainte Messe. Il la dit dans son oratoire privé, contigu à sa chambre. Il se fatigue beaucoup ; sa voix, à peine perceptible, est affaiblie encore par l'émotion profonde qui s'empare de lui par moments. Celui qui, depuis trois ans, l'assiste à l'autel, a la douleur de constater que notre vénéré Père va peu à peu s'affaiblissant. Depuis un peu de temps déjà, il ne pouvait plus dire le Dominus vobiscum ; mais voilà un grand mois qu'un prêtre distribue la communion aux rares personnes admises dans la chapelle, pendant que Don Bosco s'assied un instant : il ne peut pas davantage réciter, après la Messe, les 3 Ave Maria et les Oremus : il est réduit à suivre mentalement la prière.

 

Quelquefois, cependant, quand le temps le permet, il sort en voiture pour obéir au médecin ; souvent même, appuyé au bras de quelqu'un, il fait quelques pas. Autour de lui on espère.

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3 décembre

JOIE DANS LES SOUFFRANCES

 

La nuit n'a pas été bonne.

Ce matin, ne pouvant célébrer,  Don Bosco assiste à la Messe et fait la Communion.

Les paroles Ecce Agnus Dei lui font verser de douces larmes d'amour à Jésus-Hostie. Il est heureux.

Il écoute la lecture du journal avec la gaieté charmante qui lui est habituelle, sans épargner à son mal les plus aimables plaisanteries.

 

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4 décembre

don bosco et don cerruti

 

Le soir, vers 6h. 1/2, il fit appeler Don Cerruti (1), qui, à peine entré, l'entend lui dire :

— Je n'ai rien de grave à te communiquer : je désire seulement causer un peu avec toi, afin de me mettre entièrement au courant des choses de l'Oratoire.

Depuis que Don Cerruti se trouvait à Turin, c'était la première fois que Don Bosco, de son propre mouvement, l'appelait auprès de lui pour un entretien de ce genre : il fut vivement impressionné.

 

La conversation dura longtemps ; l'infatigable Don Bosco voulut être instruit à fond ; à la fin, il donna un conseil à son interlocuteur et lui confia une mission.

Il lui demanda ensuite des nouvelles de sa santé, avec une nuance toute particulière de paternelle affection : Soigne-toi ; c'est moi, Don Bosco, qui te le dis, qui te l'ordonne. Fais pour toi ce que tu ferais pour Don, Bosco.

À ces mots, Don Cerruti fut impuissant à comprimer son émotion. Le bon Père alors lui prenant les mains : Courage, cher Don Cerruti, lui dit-il, au paradis nous nous réjouirons : je le veux.

Don Cerruti se retira les yeux pleins de larmes.

 

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6 décembre

les forces diminuent

DÉPART des missionnaires pour quito

 

Depuis quatre ou cinq jours, Don Bosco va déclinant d'une manière sensible. Hier soir, un peu de fièvre et douleurs de tête. Aujourd'hui il s'est levé à 8 heures. Voilà une semaine qu'il ne peut célébrer : il assiste chaque matin à la Messe et fait régulièrement la Communion.

Ce soir, en dépit de son état souffrant, il a voulu descendre à l'église pour présider la cérémonie des adieux aux missionnaires.

Soutenu par son secrétaire Don Viglietti et par l'abbé Festa, il prit place dans le Sanctuaire pendant le sermon de Don Bonetti.

Mais la prédication la plus touchante et la plus efficace c'est le pauvre Don Bosco qui la faisait, en se traînant jusque dans l'église pour bénir les apôtres de l'Équateur. L'assistance entière se tenait debout pour voir le bon Père.

Après la bénédiction du T. S. Sacrement, Mgr. Leto adressa quelques mots aux -missionnaires, leur donna l'adieu et les bénit. Puis la scène devint émouvante au dernier point.

Les missionnaires passant un à un devant Don Bosco, le saluaient et lui baisaient la main. Personne ne pouvait retenir ses larmes.

Les chers voyageurs reçurent les fraternels embrassements de la communauté, puis traversèrent l'église pour s'acheminer vers la gare. Sur leur passage, la foule s'agenouille et leur donne les témoignages de la plus touchante vénération.

Quand le passage fut libre, les fidèles se précipitèrent dans le chœur et se pressant autour de Don Bosco, imploraient sa bénédiction, gémissaient sur son état de santé et dans l'enthousiasme de leur foi, lui donnaient le nom de saint.

Le bon Père traversa la cour au milieu des acclamations des enfants ; puis, brisé par la fatigue et l'émotion, il se retira dans son appartement.

 

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7 décembre

ARRIVÉE DE MONSEIGNEUR CAGLIERO

 

Hier nous faisait connaître les tristesses de la séparation : aujourd'hui nous apporte les joies du retour. Les missionnaires de Quito nous avaient à peine quittés, que Mgr. Cagliero arrivait d'Amérique.

À deux heures de l'après-midi, il était au milieu de nous. Les enfants ne savaient plus comment témoigner leur joie. De nombreuses et délicates inscriptions disaient à l'Évêque salésien des choses du cœur ; les bannières flottant partout, les acclamations de tout ce petit monde et les joyeux saluts de la fanfare rendaient à l'Oratoire la physionomie des jours d'antan, où Don Bosco vivait au milieu de continuelles ovations.

La première entrevue de Monseigneur et de Don Bosco offrit un spectacle attendrissant.

Le bon vieillard reçut dans sa chambre son fils bien-aimé ; il l'embrassa avec effusion, le pressant sur son cœur, et fondant en larmes. Après avoir baisé l'anneau pastoral, il put enfin prononcer quelques mots :

— Comment va ta santé ?

Ce furent ses premières paroles. Cette question était du reste celle qu'il faisait toujours avant toutes les autres.

Avec Mgr. Cagliero arrivèrent également trois personnagesdu Chili et deux missionnaires : Don Riccardi et Don Cassinis.

Le voyage s'était accompli dans les meilleures conditions.

 

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8 décembre

SOUFFRIR EN AIMANT

L'ÉVÊQUE DE LIÈGE

LES NOCES D'OR

 

L'Immaculée Conception ! Quel sacrifice pour le pauvre Don Bosco que de ne pouvoir dire la sainte Messe ! Il entendit celle de son secrétaire et fit la sainte Communion.

La bonne humeur ne l'abandonne pas ; à toutes les questions au sujet de sa santé, il affirme qu'il va très bien. Il plaisante agréablement ses douleurs, et parlant de son dos que la maladie courbe de plus en plus, il répète ces vers de la chanson piémontaise :

Oh schina, povra schina,

T'as fini d' porté bascina.

 

Oh ! échine, pauvre échine,

Tu as fini de porter des fardeaux.

 

Il s'ingéniait constamment à nous mettre un peu de joie au cœur, cherchant à nous faire oublier que son état s'aggravait tout les jours.

Ce soir, il est d'une faiblesse extrême : deux prêtres ont grand peine à le conduire au réfectoire. Il n'a rien pris depuis deux jours.

Nous ne pouvions nous défendre d'une vraie tristesse dont il lisait l'expression sur tous les visages. Et ce bon Père, employant sa petite ruse de paternelle affection, se met à débiter en dialecte piémontais des vers qu'il avait composés pour encourager ses pauvres jambes, quand elles refusaient de faire leur devoir :

 

Oh gambe, povre gambe,

Che sie drite, che sie strambe,

Seve sempre '1 confort

Fina a tant qu' i sia nen mort.

Oh jambes, pauvres jambes,

Que vous soyez droites, que vous soyez tordues,

Vous devrez toujours me soutenir

Tant que je ne serai point mort.

 

Hier soir, l'Oratoire avait l'honneur de donner l'hospitalité à S. G. Mgr. Doutreloux, évêque de Liège, venu à Turin tout exprès pour obtenir en faveur de sa ville épiscopale une fondation Salésienne ardemment et depuis longtemps sollicitée.

Le Chapitre, réuni autour de Don Bosco le soir même de l'arrivée de Monseigneur de Liège, ne voyait d'autre solution à donner qu'un délai illimité ; et notre vénéré Fondateur lui-même, paraissait à peu près complètement de cet avis.

 

Le lendemain, 8 décembre, jour de l'Immaculée Conception, à la profonde surprise de tous, Don Bosco donne sa parole à son illustre visiteur, en fixant l'époque où les Salésiens se rendront à Liège. Quel est le mystère d'un changement d'avis si radical et si prompt, chez un homme qui eut toujours les déterminations prudentes, mais immuables ?

Faut-il en chercher la raison dans une échappée sur des vues ordinairement cachés aux conseils humains ? Dieu le sait.

 

Pour se rendre au réfectoire, Don Bosco, après s'être défendu contre les plus aimables instances, dut enfin s'appuyer sur le bras du vénérable Prélat. Cette pieuse attention, par laquelle Monseigneur de Liège se plaçait si délicatement au nombre des enfants privilégiés de la famille Salésienne, émut vivement notre bien-aimé Père ; il trouva, pour témoigner sa gratitude, un de ces mots dont il eut toujours le secret.

À la fin du repas, Sa Grandeur voulait de nouveau accompagner Don Bosco. Cette fois la tentative échoua ; et nous eûmes le ravissant spectacle d'une lutte où l'humilité du prêtre l'emporta enfin sur la tendresse toute filiale du prélat : l'édification commune n'y perdit rien.

Le soir, Don Bosco ne fit que paraitre au souper et se leva bientôt pour regagner sa chambre :

— Prenez courage, lui dit quelqu'un, il faut que nous voyions vos noces d'or.

En entendant ces paroles, Don Bosco s'arrête sur le pas de la porte, se retourne lentement, et, les yeux fixés sur son interlocuteur, répond : Oui, oui : on verra ! Les noces d'or ! Grosse affaire, grosse affaire !

 

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9 décembre

PRÉMICES DE LA TERRE DE FEU

 

Dans la matinée, Monseigneur Cagliero présente à notre vénéré Père deux Filles de Notre-Dame Auxiliatrice : sœur Angèle Valese, de Lu, supérieure en Patagonie, et sœur Thérèse Mazzarello, venue de l'Uruguay. Après dix ans d'absence, elles pouvaient saluer de nouveau leur patrie et Don Bosco, leur bien-aimé Fondateur. Elles avaient amené une petite fille de douze ans que le missionnaire Salésien Don Fagnano avait recueillie avec d'autres sauvages, au cours de sa première expédition dans la Terre de Feu.

Monseigneur Cagliero la présenta lui-même, en disant :

— Voici, bien-aimé Don Bosco, les prémices que vous offrent vos fils ex ultimis finibus terrae.

La chère petite, agenouillée aux pieds du bon vieillard, se mit à dire avec un accent encore à demi-barbare :

— Je vous remercie, bien-aimé Père, d'avoir envoyé vos missionnaires pour mon salut et celui de mes frères ! En nous faisant chrétiens, ils nous ont ouvert les portes du Ciel.

Don Bosco, souriant à travers les larmes de bonheur qui inondaient son visage, bénit tendrement ce premier fruit du zèle de ses fils dans ces régions éloignées, où il vit continuellement par la pensée et les saints désirs.

 

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10 décembre

MARIE NOUS GUIDE

 

Don Bosco n'a pu fermer l'œil cette nuit. La veille il avait dit à Don Durando qui l'accompagnait :

— Quelle mauvaise nuit il me faudra passer ! Patience ! Que la volonté de Dieu soit faite !

Il est à bout de forces. Nous l'entendons s'écrier :

— Jusqu'ici nous avons toujours marché à coup sûr : nous ne pouvons pas faire fausse route : c'est Marie qui nous guide.

 

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11 décembre

UNE CHÈRE VISITE

 

L'arrivée d'un ancien élève apporte à Don Bosco une grande consolation. Il paraît rajeunir à mesure qu'il évoque à son souvenir les noms des condisciples de son cher visiteur, les aventures de l’époque, et surtout la protection manifeste de Dieu sur ses Œuvres naissantes. Il l'invite à venir passer les fêtes de Noël avec son vieux maître, et le prie d'amener son fils.

 

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12 décembre

LA CUEILLETTE

 

Beaucoup de nos Coopérateurs ont pu voir, lors de leur passage à Turin, la vigne disposée en espalier le long de la galerie où Don Bosco se promenait, et passait une partie de sa journée, dans les derniers temps de sa vie.

Cette année, une de ces pensées gracieuses et délicates qui lui étaient familières, lui fit différer la modeste vendange de son espalier, jusqu'à l'arrivée de Monseigneur Cagliero. Et ces jours-ci, le bon Père, assis dans sa galerie, prend un vif plaisir à voir ses fils, habilement dirigés par l'Évêque de Patagonie, procéder à la cueillette qui est consommée séance tenante par les vendangeurs. Un autre Évêque étranger et deux Frères des écoles chrétiennes, dont un Provincial d'Amérique, prêtent à l'entreprise leurs concours aussi actif que dévoué.

 

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14 décembre

ENCORE UN PEU DE TEMPS...

 

Depuis un certain temps, notre vénéré Fondateur tient à réunir souvent et à garder le plus possible auprès de lui les anciens de sa famille religieuse ; il est profondément affecté quand le devoir ou la charité lui ravissent quelqu'un d'entre eux.

Don Francesia termine ce soir une prédication et annonce une nouvelle absence ; notre bien-aimé Père, douloureusement surpris, s'écrie :

— Je n'ai que peu de temps à rester avec vous : il faut que nous cherchions à le passer ensemble tout entier.

 

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15 décembre

À PLUS TARD LES ÉCONOMIES

 

Voilà maintenant deux grandes semaines que le pauvre Don Bosco est dans l'impuissance absolue de célébrer la sainte Messe ; il l'entend tous les jours et fait la sainte Communion.

Apprenant que plusieurs familles d'Alassio souffrent encore par suite du tremblement de terre de l'an dernier, il veut, à tout prix, les soulager. À cet effet, il pria Don Cerruti d'écrire à Don Rocca, directeur du Collège d'Alassio, pour l'informer que Don Bosco l'autorise à prendre toutes les mesures opportunes en de semblables conjonctures, en lui recommandant la famille V***

— Nous ferons des économies une autre fois, concluait-il ; pour le moment, portons secours au prochain.

 

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16 décembre

VIEUX SOUVENIRS

LE CARDINAL ALIMONDA

 

Ce soir, le vénéré malade a pu sortir en voiture avec Don Rua et Don Viglietti, secrétaire.

Pendant la promenade, Don Bosco cite quantité de passages d'auteurs latins et italiens ; après avoir récité des pièces parfois fort longues, il les analyse avec charme et en fait ressortir les beautés, au point de vue moral et religieux. Ses deux interlocuteurs ne peuvent dissimuler leur surprise en présence d'une mémoire aussi heureuse et d'une remarquable ténacité. Il est au moins inutile de dire que depuis cinquante ans et plus, Don Bosco n'avait jamais eu le loisir de renouer le moindre commerce littéraire avec ses classiques préférés.

On se préparait à regagner l'Oratoire quand on aperçut, sous les arcades du cours Vittorio Emmanuele II, le cardinal Alimonda. Le vénérable Archevêque s'approche aussitôt en s'écriant : Oh Don Bosco, Don Bosco ! Il monte ensuite dans la voiture, presse dans ses bras l'humble prêtre et l'embrasse tendrement. Une foule respectueuse s'amasse en un instant et contemple le spectacle de singulière édification offert par ces deux vétérans des saintes luttes.

— Comme ils s'aiment ! disait le peuple.

Quand le Cardinal se sépara de son ami, après l'avoir accompagné assez loin, Don Rua et Don Viglietti reprirent leur place dans la voiture et l'on s'achemina vers la maison.

Arrivé sur le palier du second étage, Don Bosco, exténué de fatigue, se retourne vers Don Rua pour lui dire : C'est la dernière fois que je suis capable de gravir ces marches.

 

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17 décembre

 « C'EST LA DERNIÈRE FOIS QUE JE POURRAI LES CONFESSER. »

 

Le bon Père est très abattu. Depuis plusieurs années, les infirmités lui défendent de confesser tous les matins, comme il l'a fait pendant presque un demi-siècle ; mais il veut encore consacrer à ce ministère, qui est si vraiment le sien, le soir du mercredi et du samedi. Aujourd'hui, l'antichambre contient une trentaine de pénitents, élèves des classes supérieures, et par conséquent en âge d'examiner sérieusement leur vocation. L'abbé Festa, second secrétaire, leur représenta vainement que l'état de Don Bosco était trop peu satisfaisant pour qu'il pût les entendre : ils se montrèrent décidés à pénétrer, quand même, auprès de leur Père.

Celui-ci, prévenu par l'abbé Festa, trouva d'abord la tâche au-dessus de ces forces ; mais, après un instant de réflexion, il répondit, comme se parlant à lui-même : Et cependant c'est la dernière fois que je pourrai les confesser !

Le secrétaire, sans s'arrêter à cette réponse, objectait la fièvre et l'oppression dont souffrait le bien-aimé malade, et conseillait même de renvoyer les enfants pour cette fois. Mais Don Bosco, profondément ému, répéta :

— Et cependant c'est la dernière fois ; dis-leur donc de venir.

Et il les confessa.

Ce sont vraiment les dernières confessions qu'il ait entendues.

 

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18 décembre

APPRÉHENSIONS

 

Ces jours derniers ont marqué une aggravation notable dans l'état de Don Bosco. Il ne peut plus marcher : on le traîne sur un fauteuil à roulettes.

Pour inaugurer une petite exposition des objets apportés de la Patagonie par Mgr. Cagliero et destinés au Souverain Pontife, notre vénéré Père avait invité à dîner quelques bienfaiteurs. Il s'entretient avec eux et leur donne des témoignages de particulière affection. Et de retour dans sa chambre, il dit à un de ses meilleurs amis, M. l'abbé Reffo :

— Mon bien cher, je t'ai toujours aimé et je t'aimerai toujours ; je touche au terme de mes jours : prie pour moi ; de mon côté je prierai toujours pour toi.

 

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19 décembre

« JE DÉSIRE ALLER BIENTÔT EN PARADIS. »

 

Le vénérable malade reçoit la visite de plusieurs personnages du Chili, se rendant à Rome pour les fêtes Jubilaires.

L'un d'eux, le voyant si souffrant et si oppressé, lui dit :

— Nous prions beaucoup le Seigneur de vous débarrasser de vos infirmités et de vous conserver longtemps encore à notre vénération.

Don Bosco répondit :

— Je désire aller bientôt en Paradis : de là, je pourrai travailler bien mieux pour notre Pieuse Société et pour mes fils : je pourrai bien mieux les protéger. Sur la terre, je ne puis plus rien pour eux.

 

 

(1) Directeur des études pour toute la Société.