Vous êtes sur le site de : livres-mystiques.com ©


VIE DE GEMMA GALGANI



CHAPITRE XXIV



UN NOUVEAU MONASTÈRE DE RELIGIEUSES PASSIONISTES,



Une âme si éprise des biens célestes devait se trouver mal àl'aise dans le monde. « Oh comment ferai-je, disait-elle, pour vivre dans le monde, où tout m'ennuie ! Qu'on me relire, qu'on me retire du monde ; je n'ose plus y rester. » « Je vous en conjure, au nom de Jésus, écrivait-elle à son directeur, venez me renfermer dans un cloître ; le monde n'est pas fait pour moi. »

Dans presque toutes ses lettres revenait l'ardente expression de son désir, que le Seigneur déclarait d'ailleurs conforme à sa volonté, et dont il lui avait Lui-même donné l'assurance de voir l'accomplissement, lorsque les personnes chargées de l'exécution de ses desseins voudraient se mettre à l'ouvre. (1)

Pendant plusieurs années la pieuse vierge vécut dans une vaine attente ; mais loin de faiblir à l'épreuve du temps, ses aspirations, surtout vers la fin de sa vie, devenaient angoissantes, quand it plut au Seigneur de lui faire clairement comprendre qu'il était désormais inutile d'en espérer la réalisation. Elle abandonna dès lors toute instance, ne tolérant en son âme que des pensées et des mouvements en parfaite harmonie avec le bon plaisir divin.

Sa première impulsion surnaturelle vers la vie claustrale daterait de l'année 1899, et de cette maladie mortelle dont elle dut au Sacré-Cœur la prodigieuse guérison. Voici du moins le fait attesté après sa mort par Lætitia Bartucelli, ancienne servante de la famille Galgani.

« Me rendant la nuit près de la malade, dit-elle, je trouvai sa chambre tout illuminée, et une personne à côté de son lit. Glacée de peur, car je crus à une apparition de son père, mort peu auparavant dans cette même chambre et dans ce même lit, je courus avertir la tante de Gemma. Mais elle me jugea victime d'une illusion et je dus m’en retourner, seule et tremblante, dans la chambre. Rien n'y avait changé ; la même personne, une dame, était toujours là. Je n'osai fixer les veux sur elle et je reculai, pleine d'épouvante. Cependant commee j'entendais parler, malgré la peur je me plaçai derrière la porte pour écouter. » La dame disait : « Gemma, tu avais une fois l'intention d'entrer en religion ; voudrais-tu encore la réaliser ? - Certainement oui, répondit Gemma, si la Madone daignait me venir en aide ; je suis si pauvre et si malade » - La dame reprit : « Si ton admission dans un monastère devenait impossible, il ne manquerait pas de personnes pour te secourir dans le monde. - Bien, bien, ajouta Gemma, que la volonté de Dieu s'accomplisse. » La vision disparut et j'entrai dans la chambre. La malade avoua que la Madone était venue la visiter, mais elle me défendit de rien dire, de son vivant, de ce que j'avais vu et entendu. Deux jours après elle était guérie.

La jeune fille sollicita vainement, on l'a vu au chapitre VI, son admission parmi les Visitandines. Dans la suite, son confesseur forma le projet de la présenter aux Capucines, puis aux Carmélites, puis à deux autres Congrégations. Gemma ne cessait de répéter : « J'irai si on le desire ; mais mon cœur me dit que Jésus ne me veut pas là. On aura beau faire, on ne réussira pas. Jésus ne parait pas de cet avis. » et en effet, tantôt pour une raison, tantôt pour une autre, les démarches échouaient.

Il était un Institut cependant dont toute l'âme de la jeune vierge se sentait éprise celui des religieuses passionistes, qu'elle avail appris à connaître par la lecture de la vie du Bienheureux Gabriel. Ce serviteur de Dieu lui avait même, parait-il, donné bon espoir d'en faire un jour partie ; et depuis, n'ayant plus d'autre désir, elle ne cessa de soupirer aux pieds de Dieu pour sa réalisation. Mais le seul couvent italien de religieuses passionistes se trouvait dans la ville de Corneto, à deux cents soixante quinze kilomètres de Lucques. Que faire ?

Après avoir mûrement réfléchi et pris conseil, elle résolut avec trois de ses compagnes d'aller s'y retremper dans les exercices d'une retraite, et une demande collective fut envoyée dans ce but.

La réponse causa une vive deception. La supérieure, femme de cœur cependant, et d'une grande élévation d'esprit, disait d'un ton résolu. « Que les trois viennent, mais sans Gemma et qu'elles se gardent de l'amener, car nous n'en recevrions aucune. »

La révérende mère, ayant entendu parler de Gemma en sens divers, la prenait sans doute pour une de ces filles hystériques ou hallucinées dont les communautés n'ont jamais à se louer.

La sainte enfant apprit la décision avec une peine cruelle, mais sans aigreur, et comme on en murmurait fort dans son entourage, elle se récria : « Pourquoi parler ainsi ? Ne dites pas de mal de la mère Présidente (2) ; moi, je l'aime beaucoup, et lorsque j'entrerai en paradis, la mère Présidente sera la premiere que j'irai saluer. » Un autre jour, elle disait à une amie : « J'ai vu en songe la mere Présidente. Elle me regardait d'un air très sévère. Je l'aime beaucoup et elle ne m'aime pas du tout. »

Cependant, fermement convaincue de sa vocation, Gemma n'abandonna pas tout espoir. Après son échec près de la supérieure de Corneto, elle se lia d'amitié avec une vénérable mère du même couvent, à laquelle elle écrivit des lettres d'une haute mysticité, invariablement terminées par quelque expression sentie et parfois ingénue de son ardent désir : « Prenez-moi au couvent avec vous. J'aurai une bonne conduite, soyez-en sûre. Donnez-moi cette joie, Je n'ai pas le sou, je suis très pauvre ; mais je tâcherai de me rendre utile comme sœur converse. Je sais travailler, croyez-le ; je sais balayer, faire la vaisselle, aider à la cuisine, et mes forces me permettent n'importe quelle besogne fatigante. Prenez-moi pour faire plaisir à Jésus. » Et encore : « Je sais que le père (son directeur) est à Corneto. Dites-lui bien des choses de ma part ; dites-lui de me mettre au couvent avec vous. Je serai toujours obéissante et n'agirai jamais à ma tête. Je serai très ouverte et ferai ce que vous voudrez. Je me trouve bien mal dans le monde, ma mère. Dites au père de prier beaucoup, et puis de se décider, car sous peu il ne sera plus temps. »

Je recevais moi-même directement les mêmes sollicitations empreintes encore de plus d'abandon. « Vite, père, écoutez Jésus ; si non, il ne sera plus temps. » On verra plus loin le sens de ces mots cent fois répétés il ne sera plus temps.

On commençait alors à parler de la fondation d'un couvent de religieuses passionistes dans la ville de Lucques. Quelle allégresse pour Gemma, qui crut enfin toucher à l'accomplissement de son vœu le plus cher Elle stimulait tous ceux qui travaillaient à la pieuse entreprise à se confier dans le Seigneur, à ne pas se laisser abattre par les difficultés, à y puiser au contraire un renouveau d'ardeur. « Jésus veut la fondation, disaitelle, et ce que Jésus veut réussira certainement. Que l'on se hâte de mettre la main à l'œuvre. »

Ceux qui jugeaient les choses avec une prudence peut-être trop humaine, et j'étais du nombre, peu convaincus par ces seuls arguments, persistaient à temporiser. Comment en effet, raisonnaient-ils, fonder sans un denier un couvent de clôture papale ? Il fallait acheter une maison, l'aménager, la meubler. Où trouver ensuite le nécessaire pour la subsistance des soeurs ?

Après deux ans de recherches assidues, à peine avait-on réuni deux mille francs, alors que la curie archiépiscopale de Lucques exigeait, par religieuse, un dépôt de deux cents écus, et que les sœurs de Corneto n'entendaient autoriser aucune des leurs à tenter la fondation, sans la garantie préalable de son entretien.

Gemma n'en continuait pas moins ses instances. « Attention à vous, père. m'écrivait-elle : Jésus est très mécontent de votre peu de confiance : comme s'il ne pouvait en un instant pourvoir à tout ! Que l'on commence, et l'on verra ce que Jésus sait faire. » Et elle-même, accompagnée de son inséparable mère adoptive, parcourait les rues de la ville, en quête d'une maison convenable, ou du moins d'un terrain de construction.

Eu mars 1901, comme si la fondation ne laissait aucun doute, elle écrivait à la religieuse de Corneto, son amie : J'ai eu tant de plaisir à vous entendre répéter que Jésus veut le nouveau couvent Oui, Jésus le veut, et bientôt il vous donnera cette consolation. Et encore : « D'après Monseigneur (3), pour aboutir à quelque chose il faut venir parler à l'archevêque. Aujourd'hui nous avons recueilli jusqu'à huit mille francs, et, en outre, plusieurs vastes maisons sont à vendre ou à louer, au gré des supérieurs. Mais si ceux-ci dorment ! Enfin, ayons bon espoir. Que Jésus daigne me cacher, moi aussi, dans quelque coin. »

Elle ajoutait à mon endroit : « Si notre bon père se décidait à faire la volonté de Jésus, qu'il connaît bien, l'œuvre serait vite terminée. Prions Jésus de lui donnee la grâce de vaincre ses hésitations. Remontez-lui vous-même le courage ; il en a besoin. Enlevez-lui toute crainte. Pauvre père, n'ayez peur de rien. »

Ainsi harcelé, j'étais sur les épines et je suppliais la divine Majesté, au milieu d’insurmontables difficultés de m'ouvrir une issue ; mais les mois s'écoulaient sans amener de changement.

Pendant ce temps, pour mieux exciter sa servante à la prière et à l'action en faveur de la sainte entreprise, le Seigneur lui montrait sa haute estime des religieuses de la Passion, la gloire qui lui reviendrait de l'établissement du nouveau monastère, et le grand bien qui s'y ferait. Dans une vision, après avoir déclaré que la justice du Père céleste demandait des victimes, Jésus ajoutait : « Que de fois je l'ai retenu en lui présentant des âmes chères et des victimes fortes ! Maintenant encore, pour l'apaiser je lui offre des victimes, mais elles sont peu. - Qui sont-elles ? interrogea Gemma. - Les filles de ma Passion. Si tu savais combien de fois, à leur considération, j'ai vu se calmer mon Père. » Et le Sauveur concluait : « Écris immédiatement à ton père (son directeur) de se rendre à Rome et de parler de mon désir au Pape ; qu'il lui dise qu'un grand châtiment est imminent, et qu'il faut des victimes. »

L'idée fixe du nouveau monastère, toujours liée à l'espoir d'y trouver un paisible refuge, poursuivait la jeune vierge jusque dans l'extase. « Jésus, l'entendait-on s'écrier, le confesseur me dit d'insister près de vous pour la fondation, qu'il souhaite vivement voir se réaliser. C'est vous qui m'avez mis aussi au cœur ce grand désir. C'est à Vous d'y penser, à Vous qui tenez ce que vous promettez : n'est-ce pas ? Donc, Jésus, pensez-y, et hâtez-vous. »

Du reste, la sainte enfant avait reçu du Bienheureux Gabriel, de la céleste Mère et du Seigneur toute assurance sur l'heureuse issue de l'œuvre. Ils lui avaient révélé sur la manière dont on la mènerait à bonne fin, les détails les plus précis, qui se réalisèrent ponctuellement après sa mort. « La fondation, annonça-t-elle, se terminera à peu de distance de la béatification du Vénérable Gabriel. Contribueront à l'établir : le souverain Pontife, l'Évêque, un Consulteur général et le Général lui-même des Passionistes, gagné et pressé par le Consulteur, le Provincial de la province romaine et un autre père que ce dernier enverra à Lucques pour tout organiser. En vue d'empêcher l'œuvre, le démon livrera de formidables et continuels assauts, au point qu'on la croira impossible. Mais une fois accomplie, ses propres adversaires lui seront favorables et ne dissimuleront pas leur satisfaction. »

Une dernière prédiction de la servante de Dieu dut bien meurtrir son cœur. « Qu'on se décide, insistait-elle, parce que bientôt il ne sera plus temps. Jésus n'attend plus. Il a dit qu'il me prendrait avec lui, si dans six mois la fondation n'était pas commencée. La céleste Mère m'a guérie de cette maladie dangereuse (dont il sera question au chapitre suivant), mais à la condition que le couvent se fasse. Si l'on ne commence de suite, elle m'enverra une rechute et me prendra avec elle. »

Finalement, Dieu fit connaître à Gemma que la condition ne serait pas remplie, et force lui fut de se résigner. « Ce matin, écrivait-elle, ce que j'ai éprouvé, je ne saurais l'exprimer. Je dirai seulement que j'ai senti une grande envie de pleurer. Pour être plus libre je me suis retirée dans ma chambre, où j'ai versé bien des larmes. Enfin j'ai poussé ce cri Fiat voluntas tua. Mes larmes cependant n'étaient pas des larmes de douleur, mais de pure résignation. »

Le fiat était prononcé ; désormais Gemma ne pensera pas à la vie claustrale, n'en dira plus un mot ; elle s'occupera uniquement de se bien préparer à la mort, qui surviendra, selon sa prophétie, au bout de six mois. Dieu se contenta de son désir et de son sacrifice accepté avec tant de générosité. D'ailleurs elle avait émis déjà par dévotion privée les vœux de la profession monastique. Religieuse et Passioniste, elle l'était éminemment de cœur et d'esprit, celle qui portait le crucifix si profondément gravé dans son cœur, et les sanglants stigmates de la Passion, empreints dans sa chair. Elle pouvait donc, sans aucun regret dire adieu à ce monde, avec l'intime joie d'y avoir admirablement rempli sa destinée.

À peine la jeune vierge eût-elle exhalé le dernier soupir que les remords me prirent, et certes il y avait de quoi. Les remords provoquèrent le réveil, et sans plus tarder je m'occupai activement de la fondation du monastère. Me souvenant de l'ordre qu'un an auparavant me transmettait la chère enfant de la part du Seigneur, « de me rendre à Rome et de parler au Souverain Pontife », je pris le chemin de la Ville éternelle et fus reçu en audience par le saint Pape Pie X, nouvellement élevé au siège du Pierre. Il m'entendit avec intérêt, sourit au projet de l'œuvre, prit la plume et de sa main auguste y donna sa haute approbation. Le précieux document était ainsi conçu :

« Nous bénissons avec une paternelle affection la fondation du nouveau monastère de religieuses passionistes dans la ville de Lucques ; notre vénérable frère l'archevêque Nicolas Ghilardi, qui la favorise louablement ; la révérente mère Marie-Joseph du Cœur de Jésus, qu'il en faudra nommer la première supérieure ; tous les bienfaiteurs qui ont concouru ou concourront à l'établir ; et les religieuses présentes et futures qui en feront partie. »

« Nous voulons que ces pieuses vierges, dans leurs oraisons, leurs pénitences, leurs pratiques de dévotion et autres exercices prescrits par la Régie de leur Institut, se proposent, comme but spécial de leur communauté de s'offrir en victimes au Seigneur pour les besoins spirituels et temporels de la sainte Église et du Souverain Pontife. »


Du Vatican, le 2 octobre 1903.


PIE X, PP.


Jésus venait de parler au cœur de son Vicaire et de lui faire déclarer solennellement, comme l'avait encore annoncé Gemma sur la foi d'une vision, que les religieuses du nouveau monastère devraient s'offrir en victimes d'expiation pour le bien de l'Église.

Cette feuille vénérée en main, je me présentai à Lucques, puis à Corneto : partout elle me fraya les voies. Deux autres lettres pontificales à l'archevêque de la première ville et à l'évêque de la seconde vinrent, peu après, assurer le succès de mes démarches, et la fondation fut décidée.

Qu'on le remarque bien, le Souverain Pontife voulut désigner lui-même la supérieure du nouveau monastère, et son choix tomba précisément sur la religieuse à laquelle Gemma avait écrit : « Jésus vous donnera cette consolation. (4) »

Cependant la question pécuniaire retardait encore les derniers arrangements, lorsque une troisième lettre du Pape à l'administrateur apostolique du diocèse de Lucques, pendant la vacance du siège, leva toute difficulté. Deux religieuses de chœur et une sœur converse partirent aussitôt du couvent de Corneto pour la ville de Lucques ; c'était au mois de mars 1905, deux ans après la mort de la servante de Dieu.

En vain l'ennemi de tout bien s'efforça-t-il de soulever mille obstacles, et même de véritables persécutions de toutes parts, l'œuvre prospéra ; et là où tant d'autres communautés depuis longtemps établies dans la cité avaient peine, le plus souvent, à recruter leurs novices, la nouvelle venue prit un rapide accroissement.

Jusqu'au 31 juillet 1908, les religieuses passionistes occupèrent un logement provisoire, n'ayant pu, contre toute prévision humaine, entrer en possession de leur monastère acquis déjà depuis un certain temps. Ce jour-là seulement, qui fut un vendredi, suivant la prédiction de Gemma, les anciens propriétaires leur firent la remise des clefs.

La servante de Dieu avait également annoncé, on s'en souvient, que la fondation se terminerait à peu de distance de la solennelle béatification du Vénérable Gabriel de l'Addolorata ; or, celle-ci venait d'avoir lieu le 31 mai précédent.

Lorsque sainte Rose de Viterbe se vit refuser l'entrée du couvent des Franciscaines de sa ville natale, elle prononça ces paroles prophétiques : « Elles ne me veulent pas vivante, mais elles m'auront morte. » Gemma, qui se trouva dans une situation identique, après avoir fait entendre le généreux fiat de la résignation, s'écria également : « Les religieuses passionistes ne veulent pas de moi, et pourtant je veux être parmi elles, et j'y serai après ma mort. » Cette prédiction aura, nous l'espérons, son accomplissement si la sainte Église, de son jugement infaillible, reconnaît un jour la sainteté de la nouvelle servante de Dieu. Alors, les filles de saint Paul de la Croix de Lucques, heureuses de posséder sa dépouille mortelle sous l'autel de leur chapelle, diront à la postérité que la véritable fondatrice et patronne de leur monastère est la séraphique vierge Gemma Galgani. (5)




(1) la prophétie, onle voit, était conditionnelle. Le Seigneur entretenait ainsi clans sa servante ces vifs désirs de la vie religieuse, qui ont hâté certainement, si non mérité, la fondation d’un monastère de religieuses passionnistes à Lucques.

(2) C'est le nom de la supérieure chez les religieuses passionistes.

(3) Monseigneur l'évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Lucques.

(4) Voir page 288. (moitié de ce chapitre)

(5) Il existe un monastère de religieuses passionnistes à Mamers (Sarthe), rue Nationale, 60 ; un autre à Thielt (Belgique), fondé par les religieuses de Mamers et pouvant leur servir de refuge en cas d'expulsion