Vous êtes sur le site de : livres-mystiques.com ©

VIE DE GEMMA GALGANI

 

 


CHAPITRE III



CARACTÈRE DE GEMMA. - SON ESPRIT DE PIÉTÉ.

(1888-1894)




Après les fêtes de sa première communion, Gemma reprit avec ardeur la vie scolaire. Maîtresses et élèves, qui s'étaient aperçues dès le début des rares dispositions de la nouvelle venue ne se lassaient point de l'admirer. La fillette s'étudiait cependant à dissimuler ses qualités pour rester inconnue, mais sans y réussir tant la candeur de sa belle âme transparaissait dans toute sa personne et surtout dans ses yeux.

« Gemma, Gemma, lui dit un jour une de ses maîtresses, si je ne lisais dans tes yeux je ne te connaîtrais pas. »

Bien que des plus jeunes de sa classe, elle inspirait un tel respect que toutes la traitaient comme leur aînée, « Elle était l'âme de l'école, atteste une autre maîtresse, et rien ne s'y faisait sans elle. Toutes ses compagnes la chérissaient et aimaient à l'associer à leurs fêtes et à leurs jeux ; cependant elle avait une nature peu expansive, la parole brève, l'action résolue et parfois les manières apparemment rudes. »

Telle elle apparaissait à l'extérieur ; mais ce n'était là que l'écorce, sa vraie nature était tout autre. Elle m'a avoué bien des fois qu'elle prenait à dessein des dehors quelque peu hérissés, en vue de se cacher et de crainte, en se répandant par les sens, de tomber dans la dissipation et l'offense de Dieu. Elle savait se dominer au point de laisser prendre pour un effet de notre pauvre nature ce qui était un fruit de sa vertu. Ainsi, en la voyant si grave et si avare de paroles quelqu'un la traita d'altière et d'orgueilleuse. « Que me parlez-vous d'orgueil ? répondit-elle, souriante ; je n'y pense même pas. Je ne parle guère parce que je ne sais que dire ; je ne sais non plus si je parlerais bien ou mal, et alors je me tais. » Lorsque, devenue plus grande, Gemma se souviendra d'avoir été taxée d'orgueil, elle écrira avec une touchante humilité « Oui, je n'avais que trop ce péché : Jésus jugera si c'était à mon insu ou non. J'ai été bien des fois en demander pardon à mes maîtresses, à mes compagnes, à la mère Supérieure ; puis, le soir et souvent la nuit, je pleurais en silence je ne me connaissais pas ce péché. » Oh !... que n'avons-nous tous d'autre orgueil que celui-la, d'où germe une si belle fleur d'humilité !

La vivacité formait le trait dominant du caractère de Gemma. Un observateur attentif découvrait bien vite en elle un tempérament ardent dont le sang facilement irritable, bouillonnait dans les veines. Sans une violence continuelle, cette enfant eût été, comme on dit, un vrai lutin ; tandis que par les ressources d'un esprit prompt et perspicace elle eût dominé tout le monde. Combien de fois ne l'ai-je pas vue étouffer, même au prix d'efforts musculaires, les premiers embrasements de la colère !

D'autres ont porté sur elle le même jugement. « Bien que d'une nature vive, dit un témoin, Gemma était paisible parce qu'elle triomphait touj ours d'elle-même. Loin de se troubler, de se disputer, si on lui cherchait querelle, si on la maltraitait même, elle répondait d'abord par un aimable regard, et puis par un sourire si doux que parfois son adversaire, désarmée, se jetait dans ses bras et la pressait affectueusement sur son cœur. »

Lorsqu'on lui attribuait un désordre survenu dans la maison, déclare un autre témoin, et qu'on l'en reprenait avec vivacité, Gemma écoutait en silence, et puis, qu'elle eût tort ou raison, disait d'une voix calme « Ne vous troublez pas ne vous emportez pas je serai sage, je vous l'assure, je ne le ferai plus. » Tellement cet ange savait se dominer.

Quant à l'apparente rudesse dont parle une de ses maîtresses, elle provenait du naturel franc et sincère qui distingua particulièrement cette enfant bénie. Pour elle oui était oui, et non, non ; blanc était blanc, et noir, noir. Pas de replis dans son cœur ; elle parlait et agissait suivant sa pensée, sans user de détours. Ce que dansle monde on appelle cérémonies, façons, elle l'ignorait. Attentive à observer les règles essentielles dela politesse. Gemma ne voulait pas savoir autre chose. Elle parlait donc franchement à tous sans distinction de personnes, et n'eût pas compris qu'on pût trouver à redire à cette sincérité. De fait, personne ne s'offensa jamais de son langage ni de ses manières.

D'ailleurs, lorsque la candide fillette voulait bien se prêter à une longue conversation - ce qui était rare - on serait resté de longues heures sous le charme de sa causerie. C'est ce qui arrivait à l'institution Guerra dont toutes les élèves avaient pour Gemma une telle affection qu'il y eût un deuil général le jour où, tombée malade, elle dut définitivement rentrer dans sa famille.

Cette singulière parcimonie de paroles, jointe à un recueillement habituel, la firent juger par quelques-uns d'un naturel timide ; tel autre la crut presque stupide. Gemma ne se préoccupait pas de ces appréciations, et si on lui en parlait elle disait humblement : « Qu'ai-je besoin de plaire au monde ? Stupide. je ne le suis que trop ; on me tient pour ce que je suis du reste, peu m'importe. »

Un jour qu'elle était souffrante, un médecin vint la voir. Étonné de son recueillement, de sa modestie, de sa répugnance à se laisser toucher il se crut, sans en douter, en présence d'une dévote fanatique et ne se gêna point, la visite terminée, pour essayer de la convaincre d'erreur par quelques arguments rapportés des salons mondains. Gemma, jusque-là silencieuse, riposte tout à coup ; elle refute un à un ces piètres arguments, avec une telle promptitude et une telle vigueur de parole que le galant homme se trouve sans réplique et se retire confus, au singulier étonnement des personnes présentes.

J'ai voulu moi-même, plus d'une fois, éprouver sa pénétration et sa logique par différents sophismes, mais je dois avouer que ses réparties subites et judicieuses lui ont toujours donné le dessus ; tant il est vrai que les hommes jugent suivant les apparences, mais que Dieu seul connaît parfaitement les cœurs. Revenons à l'institution Guerra. L'admiration des maîtresses pour leur élève est traduite en ces termes, extraits d'un long mémoire où nous avons déjà puisé : « Toutes les religieuses, y compris la supérieure qui fut sa maîtresse de cours supérieur en l'année scolaire 1891-1892, eurent une profonde estime et une vive affection pour cette chère enfant. Moi-même, qui écris ces lignes, j'eus l'occasion, en raison de ma charge, de la voir de plus près et d'admirer particulièrement sa solide piété et son ingénuité enfantine. Dès les premiers jours que je la connus, je la jugeai une âme bien chère à Dieu, mais cachée au monde.

« J'enseignais aux élèves à faire le matin un peu de méditation, et le soir quelques minutes d'examen de conscience ; or, j'observais que Gemma, déjà au courant de ces pieuses pratiques, les prenait plus à cœur. Je n'ai jamais pu savoir d'elle le temps précis qu'elle y consacrait ; de ses réponses évasives j'ai conclu qu'elle devait en donner beaucoup surtout à la méditation. Avide d'entendre la parole de Dieu, elle manifestait une joie extraordinaire les jours où l'aumônier venait expliquer le catéchisme. Même allégresse pour les prédications qui se font dans la chapelle de l'institution aux diverses fêtes de l'année. Elle voulait devenir une sainte à l'imitation de la Vénérable Bartolomea Capitanio ; et je lui rappelais souvent sa résolution par ces mots « Pensez-y, Gemma, vous devez être une gemme de prix. » (1)

Comme toute sainteté se forme au pied de la Croix, Dieu mit dans cette jeune âme un vif désir de connaître le grand mystère de notre Rédemption. Elle commença dès lors d'assiéger sa maîtresse (la même qui lui parlait de la Passion pendant sa retraite de première communion) et finit par obtenir, à force d'instances, la promesse de recevoir d'amples explications sur ce mystère, une heure durant, toutes les fois qu'elle aurait remporté en classe dix bons points, c'est-à-dire l'optime tant pour l'étude que pour l'ouvrage manuel. Quelle meilleure récompense pourrais-je espérer ; se disait-elle ; et redoublant de diligence elle réussit à partir de ce moment à mériter presque chaque jour l'optime, de sorte que l'heure de l'exercice convoité lui était ordinairement assurée. « Combien de fois, me disait-elle un jour, en réfléchissant à l'amour de Jésus qui a tant souffert pour nous, et à l'ingratitude dont nous le payons de retour, la maîtresse et moi nous pleurions ensemble ! »

La pieuse directrice lui indiquait de petites mortifications corporelles pour compenser un peu cette ingratitude des hommes, et lui faisait connaître divers instruments de pénitence. La fervente enfant se procura les uns et se fabriqua les autres ; mais elle eût beau insister, on ne lui permit pas d'en faire usage. Sur les conseils de la même directrice, elle remplaça les macérations de la chair par une rigoureuse mortification des yeux, de la langue, de tous les sens, et plus particulièrement de la volonté ; et en cela elle apparut vraiment admirable tout le reste de sa vie.

Au mois de mars 1888, il plut à Dieu d'appeler à Lui cette excellente maîtresse, sœur Camille Vagliensi, religieuse d'une grande sainteté de vie, et Gemma passa sous la direction de sœur Julie Sistini, belle âme de non moins de vertu, mais particulièrement douée de l'esprit de prière. « Sous cette maîtresse, m'a-t-elle raconté, je commençai à éprouver un grand besoin de prier. Chaque soir après la classe, à peine de retour à la maison, je m'enfermais dans une chambre pour réciter à genoux le rosaire entier ; la nuit, je me levais plusieurs fois pendant un quart d'heure environ, pour recommander à Jésus ma pauvre âme. »

C'est dans une telle ferveur d'esprit et dans la paix domestique que s'écoula le reste de l'année. De cette enfant ou pouvait dire ce que l'Évangile atteste du Sauveur adolescent, qu'en avançant en âge elle croissait en sagesse et en grâce devant Dieu et devant les hommes.

Mais le passage des justes sur la terre est ordinairement marqué par plus de tristesses que de joies, par plus de travaux que de paisibles loisirs et il est bien rare que le Seigneur ne les trempe dès leur jeunesse dans l'épreuve pour les accoutumer peu à peu aux grandes luttes de la vie spirituelle. Ainsi, nous l’avons vu, en a-t-il été de bonne heure pour Gemma qui perdit à l'âge de sept ans une mère telle que madame Galgani ; mais une tribulation beaucoup plus cruelle allait fondre maintenant sur son âme la désolation spirituelle, appelée par les docteurs ascétiques martyre intérieur. Jusqu'ici la pieuse enfant n'a goûté qu'aux consolations célestes et n'a connu que des attraits et des stimulants vers la vertu parfaite aujourd'hui, à son aversion sensible pour tout ce qui est du monde succèdent le dégoût, la tristesse et la répugnance à l'oraison. Elle ne sent presque plus son Jésus dont les amoureuses étreintes, soudain disparues, lui apparaissent comme des songes lointains : peine intolérable pour son cœur si peu habitué à ce délaissement, et qui se prolongera, non quelques jours, mais presque toute une année. Cette période d'extrême aridité ne sera point cependant pour elle un temps d'arrêt dans les voies intérieures, au contraire : sentant se dérober ce Dieu dont l'amour fait déjà le seul charme de sa vie, elle s'élance à sa recherche avec encore plus d'ardeur par le détachement progressif des affections terrestres, la fréquentation fervente de la sainte communion et la pratique assidue des vertus solides. Elle s'étudie à bien établir dans son cœur cette horreur du péché que nous y verrons croître sans cesse avec les années : et une douleur toujours plus intense pour ses petits défauts, qui lui paraissent des fautes graves dont elle demande pardon à tous, dans la crainte d'être pour tous un objet de scandale. Afin de mieux purifier son âme elle eût même voulu renouveler sa confession générale, mais son confesseur, bien convaincu de sa candeur, ne le lui permit point.

À vrai dire, ce genre de vie de la petite Gemma plaisait peu aux membres de sa famille, ignorants des grands desseins du ciel sur elle, et ils la reprenaient souvent de sa piété, à leur sens exagérée. On l'empêchait de se rendre à l'église à une heure matinale et de trop la fréquenter. Le soir on la voulait à la promenade, parée connue ses petites soeurs, etc. De semblables contrariétés emplissaient d'amertume le cœur de la pauvre enfant. La Providence vint à son aide. À la suite de la mort de son oncle, Maurice, survenue le 15 mars 1890, deux ans après celle de son grand-père, Charles, ses deux tantes Hélène et Élise vinrent habiter avec leur frère Henri Galgani. C'étaient deux femmes d'une grande piété, très affectionnées à leurs neveux. À leur arrivée, Gemma confiée à leurs soins recouvra une entière liberté.

Tous les matins avant la classe, elle assistait à leur côté à la première messe, et le soir visitait le Très Saint Sacrement ; ensemble elles priaient et s'entretenaient pieusement. La fervente enfant crut revenus les beaux jours où son admirable mère vivait encore. Désormais elle ne fut plus privée de la sainte communion, que son confesseur ne lui avait permise jusque-là que trois fois la semaine, et elle s'en approcha immanquablement chaque jour.

À mesure de ses progrès dans la vie spirituelle, Jésus lui devenait plus intime. « Il se faisait sentir toujours davantage à ma pauvre âme, avoue-t-elle ingénûment ; il me disait beaucoup de choses et me donnait à goûter plus fréquemment de très grandes consolations. »

Nous voici en 1891. Gemma, maintenant âgée de treize ans. Se trouve parvenue à un tel degré de vertu qu'il est à peine donné à d'autres de l'atteindre après un long temps d'efforts assidus. Cependant elle se croit presque stationnaire. À l'exemple de l'Apôtre, sans regarder aux progrès accomplis elle tient constamment les yeux fixés sur la perfection idéale à laquelle le Seigneur l'appelle, et elle travaille à grande haleine à l'acquérir. Cette année devait lui en offrir un moyen de choix.

Les Sœurs de l'institution Guerra ont coutume de faire donner à leurs élèves, tous les deux ans, un cours d'exercices spirituels. « Je ne pouvais croire, écrira plus tard Gemma, à pareille occasion de me rencontrer de nouveau avec Jésus. Cette fois, on me laissa seule, sans aide » ; c'est-à-dire sans l'assistance de ses maîtresses, jugée inutile pour une telle âme. « Je compris, continue-t-elle, que Jésus m'envoyait une occasion de bien me connaître moi-même et de me purifier davantage pour mieux lui plaire. » Aussi note-t-elle en ces termes cette retraite dans le carnet de ses plus chers souvenirs :


« Exercices de l'année 1891, pendant lesquels Gemma doit changer et se donner toute à Dieu. » On ne pouvait souhaiter de meilleures dispositions dans une fillette de treize ans. »

« Je me souviens, écrit-elle, que le prédicateur nous fit une méditation sur le péché. C'est alors que je compris vraiment combien j'étais digne du mépris de tous : je me voyais ingrate envers mon Dieu et toute couverte de péchés. Puis vint la méditation sur l'enfer ; je reconnus l'avoir mérité et je fis cette résolution : je formerai, même pendant le jour, des actes de contrition, surtout après quelque manquement. » Même pendant le jour : ces paroles laissent entendre que la sainte enfant consacrait à de tels actes une partie de ses nuits.

« Dans les derniers temps des exercices, reprend-elle, on considéra les exemples d'humilité, de douceur, d'obéissance et de patience de Jésus ; et de cette méditation je tirai deux résolutions : 1°- Faire chaque jour la visite à Jésus-Hostie, et lui parler plus du cœur que des lèvres ; 2°- veiller le plus possible à éviter des discours indifférents, et parler de choses célestes. »

Ah ! si les chrétiens d'âge mûr apportaient dans les exercices spirituels les mêmes dispositions que cette tendre enfant, quels fruits plus abondants de salut n'en retireraient-ils point !

Une telle application aux choses divines ne faisait point négliger à la pieuse élève les devoirs de classe. Au contraire, elle était notée parmi les plus laborieuses et remportait toujours les prix les plus honorables. À la fin de l'année scolaire 1893-94, elle obtint le grand prix d'or de religion qui ne se donne qu'aux élèves ayant atteint, durant tout le cours des leçons de doctrine chrétienne la note la plus élevée.

À l'approche des expositions de travaux scolaires, en usage dans l'institution, les maîtresses réussissaient quelquefois à vaincre la répugnance de l'humble enfant à paraître, et lui faisaient donner des poésies, des exercices de français, des devoirs d'arithmétique, etc. ; preuve indiscutable de ses succès en ces matières. On raconte que les siens, la voyant si absorbée dans l'étude, lui disaient parfois d'un ton de blâme « À quoi bon tant étudier ? Tu es déjà si savante, et cela ne te suffit pas ? »

Cependant une grande épreuve se préparait pour la chère enfant. Son frère Eugène, qui avait contracté la maladie de sa mère, touchait à la fin de sa vie. C'étaient deux âmes en parfaite communion d'idées et de sentiments, de sentiments de piété surtout. « Je l'aimais plus que tous les autres, disait Gemma, et les jours de vacances nous étions toujours ensemble, nous amusant à dresser des petits autels, et à faire des cérémonies religieuses. »

Eugène avait obtenu de son père l'autorisation d'entrer au séminaire ; déjà dans les Ordres mineurs, il se préparait au sous-diaconat lorsque le mal vint le terrasser. Dans une telle extrémité, ces deux cœurs pouvaient-ils se séparer ? Le bon frère lorsqu'il savait sa jeune sœur à la maison la voulait aussitôt près de son lit. Sans s'illusionner sur le danger réel de la contagion, Gemma, peu soucieuse de sa propre vie, se tenait jour et nuit au chevet du malade, le servait, le réconfortait, lui suggérant de pieuses pensées pour le préparer à une sainte mort. Le chaste jeune homme s'éteignit au mois de septembre 1894 dans des sentiments admirables.

Atteinte à son tour d'une maladie grave qui la tint alitée pendant plus de trois mois, la généreuse enfant vit ses jours menacés. Ce fut dans sa famille, devant la perspective d'un nouveau deuil, une consternation générale. On eut anxieusement recours à tous les moyens pour arracher à la mort au moins cette fille, cette sœur, cette nièce tant aimée. « Je ne puis exprimer, raconte Gemma, les soins dont j'étais l'objet de la part de tous, mais surtout de mon père que je voyais souvent pleurer et offrir à Jésus sa vie pour sauver la mienne. » Il semble que le ciel ait accepté le sacrifice du père affectueux, car il mourut au bout de deux ans, comme nous le verrons au prochain chapitre, tandis que sa fille échappait bientôt à tout danger. Cependant la lenteur de la convalescence la contraignit de dire un adieu définitif à ses chères maîtresses de l'Institution Guerra. Elle se résigna paisiblement à la volonté du Seigneur pour vivre uniquement au sein de sa famille.

Dieu sème ainsi de fleurs et d'épines les sentiers des élus. Il ne leur donne aucun bonheur sans le faire suivre bientôt de quelque amertume. Heureux celui qui accueille, ainsi que Gemma, les divers événements de la vie dans une égale conformité au bon plaisir divin.



 

(1) Voici en quels termes la Révérende Mère Guerra m'écrivait au sujet de Gemma, treize ans après sa sortie de l'Institution : « Mon pauvre cœur exulte en apprenant que votre révérendissime paternité travaille à glorifier une sainte de mes élèves, Gemma Galgani. Je l'ai eue environ deux ans dans les classes dont je m'occupais, et je puis attester que jamais l'occasion ne se présenta de me plaindre d'elle. Elle était fort silencieuse et toujours obéissante. - Sœur Hélène Guerra. »