XIII. - FORMULE MAGISTRALE

     Si tu veux produire un grand mouvement, ure grande chose !

     Sache réunir les éléments, les forces, les idées les plus disparates... et mets-les en opposition !

     Exemple : Si tu mets du feu avec du feu, tout continue à brûler.

     Mais, si tu mets du feu avec de l'eau, tu produis l'ébullition, le feu et l'eau se changeront en vapeur, etc.... oppose l'air au feu, tu produiras la flamme.

     Oppose le feu à la terre, tu libéreras les principes vitaux qui amèneront des désordres psychiques. Oppose l'eau à la terre, tu obtiendras l'activité des principes qu'elle renferme, etc...

     Mais que tout ceci soit fait en parties égales et en proportions de forces.

     Conclusions : Si tu veux produire un mouvement, ne crains pas l'opposition franche, car l'opposition simulée n'est que charlatanisme.

     Un adversaire sincère et franc est un ami.
 

XIV. - LE MYSTÈRE DU TRAVAIL

     Tout travail nécessite un effort !

     L'effort ne pourrait avoir lier, sans la présence d'une force, qui passe par nous pour réaliser.

     Le vrai travail n'est donc pas dans l'oeuvre même, mais seulement dans la somme des efforts que nous avons faits pour concevoir, désirer et faire passer en oeuvre, ce qui était seulement en nous à l'état d'idée.

     C'est extérioriser l'interne.

     Tout ceci a pour but, spirituellement, de développer en nous des facultés atrophiées par le sommeil de l'âme, ou par suite d'une faute, qui par réaction a produit en nous une perturbation psychique ou une inertie.

     Le difficile, c'est de gagner le pain de l'âme, car il est écrit : « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front. »

     Plus nous avons de difficultés, plus notre âme s'élève, devient forte, s'ennoblit des vertus mêmes dont elle s'est alimentée ; c'est ainsi que le Ciel nous envoie au fur et à mesure tout ce dont nous avons besoin, et c'est là notre salaire.
 

XV. - À CHAQUE JOUR SUFFIT SON MAL

     En fait, il n'est permis à aucune tentation, aucune peine, aucune ténèbre, aucun doute, enfin à aucun des esprits infernaux de nous tenter, si nous n'avons à côté de nous une force équivalente en bien, pour nous soutenir ; sans quoi, l'enfer aurait sur nous la victoire assurée ! Par contre, la loi de nos plans exigeant la réciprocité, il vient à nous une force de mal toujours égale à la force de bien que nous recevons, et c'est juste, car ainsi nous sommes libres.

     En face du danger, nous n'avons qu'à faire appel à Dieu, si nous voulons qu'aussitôt une bonne influence soit près de nous pour nous aider. C'est donc nous qui décidons de la victoire du bien ou du mal, et notre geste correspond aux paroles de la prière « que votre règne arrive ». Celui qui lutte en priant réalise ce passage du Pater en esprit et en vérité.

     Le paresseux qui, connaissant cette loi, n'accepte pas courageusement la lutte, tombe dans l'inertie et devient le jouet des forces fatales. Il est alors ballotté, rejeté en tous sens, jusqu'à ce qu'il prenne enfin l'initiative de secouer sa torpeur et d'opter pour une cause.
 

XVI. - LE HASARD

     Le hasard n'est pas une abstraction, il existe bien puisque, dans leur imagination, les hommes l'ont conçu, mais il n'est pas ce que l'on croit.

     Rien n'est oublié !

     Ce que l'on suppose venir par hasard, n'est autre que l'éclosion d'une graine oubliée dans le jardin du coeur ; l'homme a perdu le souvenir de tel ou tel geste, et voilà qu'il en surgit quelque chose que l'on attribue au hasard ! ...

     Le hasard n'est autre que le réparateur de l'oubli. Sa tâche est de faire surgir ce qui avait été oublié et qui doit arriver quand même, à son heure !
 

XVII. - LA DESTINÉE

     Il existe une loi pour tous et une mesure pour chacun.

     Si l'homme savait, il serait sage ! Mais pour savoir, il faudrait qu'il n'obscurcît pas le miroir (conscience) que le Ciel lui a donné ; il faudrait que coûte que coûte il servît la Vérité, et ne dissimulât rien ! ( sauf le bien qu'il fait aux autres afin de ne pas les humilier).

     Une fois le miroir obscurci, c'est le doute avec toutes ses chimères et ses terreurs folles, qui font de l'homme une pauvre victime pantelante dans le Chaos.

     Chacun de nous a d'abord une purification à subir, puis une tâche à remplir vis-à-vis de l'humanité.

     L'homme, ici-bas ne possédant rien en propre, ne pourrait rien faire, si la Providence, en bonne Mère, n'avait pourvu à l'avance à tout ce dont il aurait besoin, pour remplir sa tâche ; ce qui fait qu'en venant ici, l'être est muni de tout le nécessaire pour accomplir sa destinée et s'acquitter de sa mission : libre à lui de gaspiller ou d'économiser : intelligence, temps, argent, santé, etc., il a reçu tout ce qu'il lui faut pour aller jusqu'au bout de sa route.

     Ce qui lui rendra la vie d'ici-bas malheureuse, jusqu'à être parfois insupportable, c'est l'abus qu'il fera de ses réserves, dont il finira par manquer.

     Tout homme (normalement) a un moment dans sa vie pour faire le bien, je dirais même aussi dans chaque journée, dans chaque heure. S'il en profite : tant mieux.

     Tout homme a une époque de réussite, d'apogée dans sa vie, c'est cette heure qu'il faut savoir reconnaître et employer ; car une fois passée, c'est fini...

     Ceux qui prétendent n'avoir jamais eu cette heure, prouvent qu'ils n'y ont pas été attentifs ; car, comme ici-bas tout croît et décroît, il y a donc un moment de l'existence où chacun de nous s'est trouvé à un sommet (si peu élevé soit-il en apparence).

     Le Ciel ayant mis en chacun de nous des vertus particulières, n'oublions pas qu'elles doivent se développer et porter des fruits, qui seront d'autant plus beaux, que nous les aurons fait croître en les nourrissant de toute notre bonne volonté mise en action dans ce but. N'oublions pas qu'un jour vient pour tous, où il faut produire, sans quoi on nous reprendra ce qu'on nous avait prêté.
 

XVIII. - LA COLÈRE ET L'EXALTATION

     La colère est mauvaise, parce qu'elle produit une saignée de nos forces astrales, et celles-ci sèment des ténèbres dans notre ambiance.

     L'exaltation pour une bonne cause produit un effet d'autant plus fort que ce mouvement a été vécu et soutenu ; son action se répercute, jusqu'à un certain point, sous forme de vibrations.

     Si jusque-là le courant rencontre un être sur lequel il a produit une impression favorable, ce courant reprend alors des forces et peut continue ainsi indéfiniment.

     Si, au contraire, il est dirigé en un sens où il ne trouve aucun être pour le dynamiser, alors il s'épuise.

     Dans la colère, ce mouvement ou courant, peut parfois agir de la même façon, mais bien entendu en sens inverse ; alors il sème la mort sur son passage.

     Ces courants ont pu être observés dans les grandes agitations populaires. Ils ont commencé dans des coins obscurs, se sont groupés à l'insu de leurs auteurs, jusqu'à devenir des forces qui peu à peu ont provoqué les révolutions, les guerres, etc...

     Tout homme donc qui pratique l'injustice, qui fait souffrir des êtres, sert de canal à l'émission de cette force, qui ira se dynamisant par les blasphèmes des opprimés, jusqu'au jour où étant assez puissante et ayant acquis une « suffisante amplitude », elle éclatera, semant la terreur, le carnage et la mort dans le centre qui l'attirera par des sentiments de même nature.

     Fais attention, frère, veille ! car le vibrion auquel tu donnes naissance, bien souvent sans y prendre garde, peut devenir un jour une force qui se retournera contre toi et aussi contre celui qui t'aura poussé à l'émettre. C'est pourquoi, il vaut mieux pardonner que faire naître la haine, qui est un des plus grands fléaux de l'humanité.

     Quelqu'un qui apporterait dans une région des germes de choléra, ne mériterait-il pas d'être jeté hors du pays ?... Réfléchissons donc aux conséquences de notre acte lorsque, pour une futilité, nous nous mettons en colère.
 

XIX. - LA ROUTE PERSONNELLE

     Les législateurs, les philosophes et tous les auteurs de systèmes, sont tous de braves gens qui désirent que vous marchiez avec eux ; allez-y donc, mais souvenez-vous que vous avez reçu de Dieu votre libre arbitre, ne le cédez à personne et conservez un entier contrôle sur tous vos actes. Pardonnez plutôt que de faire naître la haine qu'il faut à tout prix purifier par la flamme de l'Amour. Saluez avec respect tous les systèmes, puisqu'ils sont les fruits des travaux de vos frères, mais, n'oubliez pas que vous devez chercher la Vérité avant tout, et surtout la pratiquer selon ce que le Maître vous a donné pour la comprendre personnellement et non selon Pierre ou Paul. Sans quoi vous perdriez votre valeur personnelle et ce qui y est attaché.

     Oui, groupez-vous, mais conservez chacun votre liberté et votre responsabilité ; ne devenez pas un rouage réglé par une main humaine : orientez votre conduite d'après ce que vous comprenez, en marchant droit devant votre conscience.
 

XX. - LES PARADIS

     Tout être de bonne foi qui travaille et aspire à un « Idéal », finit par l'atteindre. L'idéal réalisé constitue ce que l'on pourrait appeler un « Paradis ».

     Nombreux sont les paradis, mais ils ne sont pas tous définitifs.

     L'être qui a atteint le summum de son idéal, n'a pas fini pour cela ; il s'y repose un temps, mais comme son âme est immense, une fois ce bien-être, cet idéal atteints, il aspire à mieux et la loi de progression le pousse à conquérir ce mieux, qui devient pour lui un nouvel « Idéal ».

     N'ayons donc aucune crainte, car s'il y a des déserts sur notre route, il y a aussi des oasis et de quoi nous désaltérer tous. Les rêves les plus extravagants peuvent se réaliser avec de la persévérance, du travail et du temps.