16 janvier
Bouquet spirituel: Bienheureux ceux qui sont doux, car ils posséderont la terre. Mt. 5, 4
SAINT MARCEL
Pape et martyr
+ 310
Romain d'origine, Marcel fut choisi le 21 mai 308, pour succéder à saint Marcellin, martyrisé deux mois auparavant. (Il siégea sous le règne de Maxence, cinq ans, six mois et vingt-et-un jours.)
Devenu Pape, saint Marcel n'oublia point les exemples de vertus et de courage de son prédécesseur. Il obtint d'une pieuse matrone nommée Priscille, un endroit favorable pour y rétablir les catacombes nouvelles, et pour pouvoir y célébrer les divins mystères à l'abri des profanations des païens. Les vingt-cinq titres de la ville de Rome furent érigés en autant de paroisses distinctes, afin que les secours de la religion fussent plus facilement distribués aux fidèles. A la faveur d'une trève dans la persécution, Marcel s'efforça de rétablir la discipline que les troubles précédents avaient altérée. Sa juste sévérité pour les chrétiens qui avaient apostasié durant la persécution lui attira beaucoup de difficultés.
L'Église subissait alors la plus violente des dix persécutions. Dioclétien venait d'abdiquer en 305, après avoir divisé ses États en quatre parties, dont chacune avait à sa tête un César. Maxence, devenu César de Rome en 306, ne pouvait épargner le chef de l'Église universelle. L'activité du Saint Pontife pour la réorganisation du culte sacré au milieu de la persécution qui partout faisait rage, était aux yeux du cruel persécuteur, un grief de plus.
Maxence le fit arrêter par ses soldats et comparaître à son tribunal, où il lui ordonna de renoncer à sa charge et de sacrifier aux idoles. Mais ce fut en vain: saint Marcel répondit hardiment qu'il ne pouvait désister un poste où Dieu Lui-même l'avait placé et que la foi lui était plus chère que la vie. Le tyran, exaspéré par la résistance du Saint à ses promesses comme à ses menaces, le fit flageller cruellement. Il ne le condamna point pourtant à la mort; pour humilier davantage l'Église et les fidèles, il l'astreignit à servir comme esclave dans les écuries impériales.
Le Pontife passa de longs jours dans cette dure captivité, ne cessant dans la prière et le jeûne, d'implorer la miséricorde du Seigneur. Après neuf mois de détention, les clercs de Rome qui avaient négocié secrètement son rachat avec les officiers subalternes, vinrent pendant la nuit et le délivrèrent. Une pieuse chrétienne nommée Lucine, qui depuis dix-neuf ans avait persévéré dans la viduité, donna asile au Pontife. Sa maison devint dès lors un titre paroissial de Rome, sous le nom de Marcel, où les fidèles se réunissaient en secret.
Maxence en fut informé, fit de nouveau arrêter Marcel, et le condamna une seconde fois à servir comme palefrenier dans un haras établi sur l'emplacement même de l'église. Saint Marcel, Pape, mourut au milieu de ces vils animaux, à peine vêtu d'un cilice. La bienheureuse Lucine l'ensevelit dans la catacombe de Priscille, sur la voie Salaria. Les reliques de ce Souverain Pontife reposent dans l'ancienne église de son nom, illustrée par son martyre. Il fut le dernier des Papes persécutés par le paganisme.
Abbeville F. Paillart, édition 1900, p. 16-17
BSE STÉPHANIE QUINZANI
Vierge du Tiers-Ordre de Saint-Dominique
(1457-1530)
Cette fille de saint Dominique naquit le 5 février 1457, à Orzinovi, petit village situé près de Brescia, en Italie. Son père, Lorenzo Quinzani alla bientôt s´établir à Soncino pour se mettre sous la conduite du dominicain Mathieu Carreri, célèbre maître de la vie intérieure. Celui-ci avait remarqué la petite Stéphanie et prédit à la jeune enfant qu´elle serait son héritière. L´enfant ne comprit rien à ces paroles, mais, quelques années plus tard, quand le bienheureux Matthieu mourut, la Sainte se sentit frappée au coeur d´une blessure très douloureuse. Au même instant, le défunt lui apparut et lui apprit que cette blessure était l´héritage qu´il lui avait promis.
La souffrance devait être le partage de la bienheureuse Stéphanie; elle était destinée par Dieu à prendre rang parmi ces âmes privilégiées que Sa divine sagesse conduit hors des voies communes et élève par des moyens extraordinaires jusqu´aux plus hauts sommets de la vie mystique.
Chez la bienheureuse, la grâce prévint la nature. A l´âge de sept ans, elle fit voeu de pauvreté, de virginité et d´obéissance. Notre-Seigneur voulut aussitôt lui montrer combien sa générosité Lui avait été agréable. Il lui apparut accompagné de Sa Très Sainte Mère, et de plusieurs autres Saints et lui donna le titre d´épouse et comme gage de cette alliance, lui remit un anneau précieux. Vers l´âge de dix à onze ans, elle sentit un vif attrait pour la souffrance. Elle comprit qu´elle devait suivre le Christ, son Époux, sur le chemin du Calvaire. Aussi se mit-elle à pratiquer une rigoureuse mortification. Les épreuves ne lui furent pas épargnées et le démon lui suscita de terribles tentations contre la sainte vertu. Pour en triompher, la jeune fille eut recours à un remède énergique: elle se précipita avec un courage intrépide dans un amas d´épines et s´y roula jusqu´à ce que la douleur eût calmé les efforts de la tentation.
A l´âge de quinze ans, un Vendredi-Saint, alors qu´elle méditait avec larmes sur les souffrances de son Sauveur, elle reçut de Jésus-Christ l´impression des sacrés stigmates et Il lui déclara que désormais elle aurait part à toutes Ses douleurs et que dans chacun de ses membres elle porterait une partie de ce que Lui-même avait souffert. A partir de ce moment, chaque semaine, le vendredi, elle semblait reproduire dans son corps et dans son âme les mystères de la sanglante Passion. On la voyait dans une sorte d´agonie pendant laquelle il lui sortait de tous les pores une sueur mêlée de sang. Puis on eût dit qu´on la déchirait de coups de fouet. Enfin, sa tête portait comme l´empreinte du couronnement d´épines. A ces souffrances corporelles venaient s´ajouter d´indicibles angoisses morales. Pendant quarante ans, la Bienheureuse dut passer à travers des ténèbres, des sécheresses, des impuissances et des délaissements terribles. Et ce martyre de l´âme était si effroyable qu´elle eût succombé sous la rigueur des épreuves, si des faveurs extraordinaires n´étaient venues la soutenir.
Selon son plus grand désir et la promesse qu´elle avait faite en son jeune âge, elle revêtit l´habit du Tiers-Ordre de Saint-Dominique. Elle établit un monastère à Soncino et entreprit de bâtir un couvent sous le vocable de saint Paul. Dieu lui vint en aide, et, dès l´année 1519, une trentaine de jeunes filles des plus nobles familles y travaillaient sous sa direction à acquérir la perfection religieuse.
Elle mourut le 2 janvier 1530 à l´âge de soixante-treize ans en prononçant les paroles du Divin Crucifié dont elle avait été la fidèle imitatrice: "Seigneur, je remets mon âme entre Vos mains."
Causeries du dimanche
SAINT HONORAT
Évêque d'Arles
(mort en 429)
Saint Honorat naquit dans les Gaules, d'une famille illustre, mais païenne. Dieu mit de bonne heure en cet enfant prédestiné le désir du baptême, et il s'y prépara par toutes les vertus qui font l'ornement de la jeunesse. Il dut tout à la grâce et à son heureux naturel, car il avait contre lui ses parents, ses amis et le milieu corrupteur dans lequel il lui fallait vivre. Jusqu'après son baptême, son père chercha par tous les moyens possibles à le détourner de la vie chrétienne; mais, au milieu de toutes les séductions, l'invincible jeune homme se disait: "Cette vie plaît, mais elle trompe." Dès lors, Honorat vit comme un moine, le jeûne amaigrit son visage, la prière occupe ses journées.
Après quelques années d'incertitudes sur sa vraie vocation, il aborde l'île de Lérins, sur les côtes de la Provence; les serpents la rendaient inhabitable, mais ils disparaissent sous ses pas, et cette île aride et déserte devient un jardin délicieux, embaumé des fleurs de la science et de la sainteté. Par Honorat, l'Occident a trouvé aussi en lui sa Thébaïde; Lérins devient une pépinière de savants, d'évêques et de saints.
A la mort de son évêque, l'église d'Arles réclame un vertueux Pontife, et la voix populaire appelle Honorat sur ce siège illustre. C'est là qu'il se surpasse lui-même et retrace en sa vie, toute de zèle et de saintes oeuvres, l'image du pasteur selon le Coeur de Dieu, dont la charité n'a d'égal que le courage inflexible à défendre les intérêts de Jésus-Christ. Saint Hilaire d'Arles, son disciple et son successeur, nous a laissé de lui un magnifique éloge. Retenons-en cette belle parole: "Si l'on voulait représenter la charité sous une figure humaine, il faudrait faire le portrait d'Honorat."
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.