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23 avril

Bouquet spirituel: «Tout est possible à celui qui croit.» Mc 9, 22

Saint Pierre Chanel

SAINT PIERRE CHANEL
Premier martyr en Océanie
(1803-1841)

Pierre-Louis-Marie Chanel naquit le 12 juillet 1803, à Cuet dans l'Ain, village du diocèse de Lyon. Il était le cinquième d'une famille de huit enfants. De sept à douze ans, il travaillait comme berger. Un jour, un prêtre le remarqua et se chargea de le faire instruire.

Après ses humanités au séminaire de Meximieux et ses études théologiques au grand séminaire de Brou, il reçut l'onction sacerdotale, le 15 juillet 1827. Il exerça d'abord le ministère pastoral à Ambérieu, comme vicaire, puis à Crozet, en qualité de curé. Mû par un désir de plus grande perfection, il entra dans la Société de Marie en 1831 et enseigna pendant cinq ans au petit séminaire de Belley.

En 1836, il sollicita la faveur d'être appliqué à l'apostolat des missions d'Océanie. Le 24 décembre, il s'embarquait au Havre avec Mgr Pompallier et au bout de dix mois de navigation, ils abordaient à l'île de Futuna.

Pendant que l'évêque continuait sa route vers la Nouvelle-Zélande, le Père Chanel s'établissait à Futuna avec deux compagnons. Pendant les deux premières années de leur installation, ce fut le chef de la peuplade, le roitelet Niuliki, qui les hébergea et leur fournit des vivres. Les missionnaires employèrent ce temps à apprendre la langue du pays et se bornèrent à baptiser les enfants moribonds. Dès qu'il se sentit capable de prêcher, le Père Chanel commença le travail d'évangélisation.

Après de très durs débuts, l'apôtre réussit à répandre l'Évangile chez les indigènes où régnait encore l'anthropophagie. Il rendait tous les services possibles, soignait les blessés, empêchait souvent la guerre entre les idolâtres; on l'appelait: l'homme à l'excellent coeur. Lorsque Niuliki, roi et pontife à la fois, vit le mouvement des conversions au christianisme prendre de l'ampleur, il cessa d'envoyer des vivres aux missionnaires et alla s'établir dans un autre village.

Pour subsister, les missionnaires furent réduits à défricher un champ de manioc. Pour les forcer à fuir le pays, on mangeait leurs fruits et leur récolte. Réduits à la plus extrême pauvreté, les Pères durent manger leur chien pour ne pas mourir de faim. Menacé de mort, le Père Chanel répond: «La religion est implantée dans l'île, elle ne s'y perdra point par ma mort, car elle n'est pas l'ouvrage des hommes, mais elle vient de Dieu.»

Les zélés missionnaires continuèrent à réunir leurs catéchumènes tous les dimanches et malgré tout, le petit groupe ne cessa de s'accroître. Le propre fils du roi, touché par la grâce et par les enseignements des missionnaires se déclara publiquement chrétien. Cette conversion acheva d'exaspérer Niuliki et le décida à en finir avec la religion chrétienne à Futuna.

Le 28 avril 1841, à la pointe du jour, une horde sauvage, conduite par le gendre de Niuliki et armée de lances, de massues, de haches, envahit la maison des missionnaires en un moment où le Père Chanel était seul. Les indigènes pénétrèrent dans le jardin où se trouvait le missionnaire, l'assommèrent à coups de bâton et de massue, puis se livrèrent au pillage. Leur carnage terminé, voyant que le Père respirait encore, Musumusu, le gendre du roi, l'acheva d'un coup de hachette sur la nuque. C'est ainsi que, sans une plainte, sans un soupir, le Père Chanel rendit son âme à Dieu.

Peu d'années après ce drame, toute l'île de Futuna était chrétienne, y compris les assassins du saint martyr. Sa Sainteté Pie XII a canonisé solennellement Pierre Chanel, le 13 juin 1954.

J.M. Planchet, Vie des Saints, édition 1946, p. 438-439; Résumé O.D.M.


SAINT GEORGES
Soldat, martyr, patron des militaires
(280-303)

Saint Georges naquit à Lydda, en Palestine; son éducation fut toute chrétienne. Il suivit la carrière des armes comme son père, et bientôt sa beauté, sa distinction, son courage, l'élevèrent à la dignité de tribun militaire dans la garde impériale.

Dioclétien ayant rallumé la persécution contre les chrétiens, l'indignation de Georges éclata en face même du tyran, devant lequel il exalta la grandeur du Dieu véritable et confondit l'impuissance des fausses divinités. Sa noble audace lui mérita le reproche d'ingratitude et des menaces de mort.

Georges profita de ses derniers jours de liberté pour distribuer ses biens aux pauvres et affranchir ses esclaves. Ainsi préparé aux combats du Christ, le tribun aborde l'empereur lui-même et plaide devant lui la cause des chrétiens.

"Jeune homme, lui répond Dioclétien, songe à ton avenir!
-- "Je suis chrétien, dit Georges, je n'ambitionne ni ne regrette rien dans ce monde; rien ne saurait ébranler ma foi." Il est alors battu de verges, puis il subit l'affreux supplice de la roue, après lequel un ange descend du Ciel pour guérir ses blessures.

Quelques jours après, le martyr reparaît plein de vie en présence de l'empereur, qui le croyait mort; il lui reproche de nouveau sa cruauté et l'engage à reconnaître le vrai Dieu. Trois jours il est abandonné sur un lit de chaux vive; on lui met ensuite des chaussures de fer rougies au feu, on lui fait avaler un poison très violent.

Georges, par la grâce de Dieu, subit toutes ces épreuves sans en ressentir aucun mal; plusieurs païens même se convertissent à la vue de tant de merveilles. Reconduit de nouveau dans sa prison, l'athlète invincible de la foi vit en songe Jésus-Christ descendre vers lui:
"Georges, lui dit-Il en lui présentant une couronne de pierres précieuses, voilà la récompense que Je te réserve au Ciel; ne crains rien, Je combattrai avec toi demain, et tu remporteras sur le démon une victoire définitive."

Le jour suivant, Dioclétien tâcha d'ébranler le martyr par des flatteries: "Conduisez-moi devant vos dieux," dit Georges. On l'y conduit, croyant qu'il va enfin sacrifier. Parvenu devant la statue d'Apollon, il fait le signe de la Croix et dit: "Veux-tu que je te fasse des sacrifices comme à Dieu?" La voix du démon répond: "Je ne suis pas Dieu; il n'y a de Dieu que Celui que tu prêches." Et en même temps la statue tombe en poussière. Le peuple s'enfuit épouvanté, et l'empereur vaincu, humilié et furieux, fait trancher la tête au martyr.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.