29 avril
Bouquet spirituel: «Il est nécessaire que le scandale arrive; mais malheur à l'homme par qui le scandale arrive!» Mt. 18, 7
SAINT JOSEPH-BENOÎT COTTOLENGO
Fondateur de la Piccola Casa de Turin
(1786-1842)
Joseph Cottolengo est le saint Vincent de Paul italien. Il est né en Piémont d'une famille pauvre de Turin. Aîné de 12 enfants, ce petit garçon vif qui a souvent du mal à ne pas s'emporter, se montre cependant très pieux et plein de coeur. Il partage son maigre déjeuner avec de plus pauvres et déjà, les mendiants prennent l'habitude d'accourir sur son passage.
A dix-huit ans, Joseph-Benoît entre au Séminaire où une éloquence naturelle le fait surnommer Cicéron; il s'efforce cependant de dissimuler humblement ses connaissances. En tête de ses cahiers, il écrit: "Je veux être saint."
Reçu docteur en théologie à Turin, il ne s'occupe que des indigents, leur donne tout ce qu'il possède et se constitue leur confesseur. Désintéressé, il se consacre entièrement à eux. Déjà, au faubourg de Val-d'Occo, il ouvre la Piccola Casa. Cette "Petite maison de la Providence", comme il l'appelait, fut l'origine d'une ville entière de plus de 7,000 pauvres, malades, orphelins, estropiés, simples d'esprit, pénitentes.
Pour cette oeuvre extraordinaire, saint Joseph-Benoît Cottolengo prenait à coeur d'enseigner ses auxiliaires à toute occasion. Il leur disait: "Ceux que vous devez le plus chérir, ce sont les plus abandonnés, les plus rebutants, les plus importuns. Tous sont des perles précieuses. Si vous compreniez bien quel personnage vous représentent les pauvres, vous les serviriez à genoux." Lui-même était un modèle de charité; son zèle ne connaissait point de bornes.
Pour cette oeuvre, toujours plus exigeante, le Saint fonda 14 sociétés qui sont aujourd'hui très répandues, surtout en Italie. Parmi ces fondations, il y en a quelques-unes qui sont purement contemplatives. Leur vie de prière doit attirer sur les autres la bénédiction du ciel, et compléter l'oeuvre de miséricorde corporelle par une oeuvre de miséricorde spirituelle, en priant pour ceux qui ont particulièrement besoin de secours, les mourants et les défunts.
Le Saint se confiait totalement à l'infinie bonté de Dieu, et comme le disait un de ses amis, il avait plus de confiance en Dieu que dans toute la ville de Turin. Quand on lui demandait quelle était la source de ses revenus, il répondait: "La Providence m'envoie tout." La confiance en Dieu ne faisait pas que le Saint se croisât les bras, pourtant. Il dormait quelques heures, souvent sur une chaise ou sur un banc, et retournait à son oeuvre quotidienne: prière et travail.
Le labeur, les veilles et les jeûnes hâtèrent la fin du saint fondateur. Que lui importe la mort, il a confié son oeuvre à la Providence. Pour rassurer ses auxiliaires alarmés: "Soyez tranquilles, dit-il, quand je serai au ciel, où l'on peut tout, je vous aiderai encore plus que maintenant. Je me pendrai au manteau de la Mère de Dieu et garderai les yeux fixés sur vous."
D'après W. Schamoni, Le Vrai Visage des Saints, p. 266; et d'un résumé O.D.M.
SAINT HUGUES de CLUNY
Abbé
(1024-1109)
Saint Hugues était originaire d'une noble et riche famille de Bourgogne. En vain son père lui fit donner une éducation toute militaire: les chevaux, les armes et la chasse n'avaient aucun charme pour l'enfant; son bonheur était de se retirer à l'écart, de visiter les églises et de lire nos saints livres.
A seize ans, Hugues alla frapper à la porte du monastère de Cluny: "Quel trésor, dit un des plus vénérables moines, reçoit ce jour le couvent de Cluny!"
A vingt-cinq ans, le jeune moine était prieur du monastère, et peu de temps après, le saint abbé Odilon étant mort, il fut porté en triomphe et malgré lui sur le trône abbatial. Les honneurs, loin d'être une épreuve pour sa vertu, devinrent le signal d'un accroissement dans la perfection.
Dès lors Hugues exerça dans l'Église entière, par la confiance que lui témoignèrent les Papes, une immense et très salutaire influence; il assista le Pape Étienne X sur son lit de mort; il fut vénéré et consulté par les Papes saint Grégoire VII, Urbain II et Pascal II, qui avaient été ses enfants, moines de Cluny, avant de monter sur le siège de saint Pierre.
Hugues fut toujours inébranlable dans la défense des droits de l'Église contre les princes de ce monde, et nul plus que lui ne combattit avec vigueur les abus qui avaient envahi le clergé à cette époque troublée.
Ayant reçu l'annonce surnaturelle de sa mort prochaine, il s'y prépara par un redoublement d'austérités et de ferveur. Malgré ses quatre-vingt-cinq ans, il porta jusqu'au bout, pendant le Carême de 1109, le poids du travail et des pénitences monastiques. Le Jeudi Saint, il se rendit au chapitre et fit distribuer aux pauvres les aumônes ordinaires, lava les pieds de ses frères et fit couler leurs larmes dans une exhortation touchante sur l'Évangile.
Il assista à tous les offices du Vendredi saint et du Samedi saint, et put encore célébrer la solennité de Pâques; mais le soir, épuisé, il dut se mettre au lit et reçut le saint Viatique:
"Reconnaissez-vous, lui dit-on, le Corps sacré du Sauveur?
-- Oui, répondit-il, je Le reconnais et je L'adore!"
Il mourut étendu sur la cendre et le cilice. "A l'heure où les derniers rayons du soleil s'éteignent à l'horizon, écrit son biographe, s'éteignit aussi ce grand soleil de l'Ordre monastique." Hugues avait été lié avec saint Udalric, saint Pierre Damien, saint Bruno et un bon nombre d'autres Saints. Sous son autorité, l'Ordre de Cluny comptait plus de trente mille moines.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.