19 août
Bouquet spirituel: «Et Moi-même Je Me sanctifie pour eux, afin qu'ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité.» Jn 17, 19
SAINT JEAN EUDES
Fondateur de la Congrégation de Jésus et de Marie
(1601-1680)
Jean Eudes, né le 14 novembre 1601, dans le petit village normand de Ri, était l´aîné de six enfants; l´historien Eudes de Mézerai était son frère. Son père, Isaac, qui avait été arrêté au seuil du sacerdoce par des devoirs impérieux, possédait une science religieuse au-dessus de la moyenne; aussi en fit-il largement bénéficier ses enfants.
Aucun ne profita mieux de cette éducation que Jean. Il n´était encore qu´un enfant quand, un jour, ayant reçu un soufflet d´un de ses camarades, il se mit à genoux, et tendit l´autre joue, selon le conseil évangélique. À quatorze ans, il faisait le voeu de chasteté et montrait déjà cette ténacité de volonté qui sera sa note caractéristique. Au collège de Caen, sa dévotion envers Marie le poussa à se passer naïvement un anneau de fiançailles au doigt. Ses études terminées, il se décida à entrer dans l´état ecclésiastique. Pour le faire avec plus de perfection, il se mit sous la direction du Père de Bérulle, entra à l´Oratoire et fut ordonné prêtre à Paris, le 24 décembre 1625.
Le nouveau prêtre inaugura son ministère en se dévouant au soulagement des populations de Normandie alors décimées par la peste. Il poussa si loin le dévouement envers les pestiférés qu´il ne se trouva personne à Caen pour oser lui prêter asile, et que pendant plusieurs semaines il en fut réduit à se loger hors de la ville, dans un grand tonneau.
Mais l´oeuvre principale du Père Eudes fut l´oeuvre des missions. Au sortir des guerres religieuses, en France, l´ignorance de la religion et le relâchement des moeurs étaient extrêmes. Pour y porter remède, le Père Eudes parcourut la Normandie, la Bourgogne, l´Île de France et maints autres lieux; son éloquence populaire, servie par un bel organe, et accompagnée d´une sainteté authentique, exerça un ascendant considérable sur toutes les classes de la société. Depuis saint Vincent Ferrier on n´avait point vu de missionnaire qui exerçât une telle action sur les foules.
Dans le but de travailler au relèvement du Clergé, "le plus grand ennemi de l´Église", selon lui, le Père Eudes ouvrit à Caen un séminaire qui fut l´embryon d´une nouvelle famille religieuse, consacrée aux Coeurs de Jésus et de Marie, et appelée "Congrégation de Jésus et de Marie" (Eudistes). Le succès vint aussitôt: les diocèses de Normandie furent bientôt pourvus de prêtres instruits et vertueux. Le Père Eudes ajouta à la formation du clergé les missions dans les campagnes.
En même temps, il fondait à Caen un Institut pour assurer la persévérance des "Repenties". Selon l´usage du temps, chaque maison était indépendante; à la mort du Père Eudes, il y en avait quatre; à la veille de la Révolution, il y en avait huit. En 1835, la supérieure du Refuge d´Angers, sainte Marie-Madeleine Pelletier, femme "de taille à gouverner un royaume", obtint que les nouvelles maisons fondées par son monastère restassent sous la dépendance de la Maison-Mère et donna à sa Congrégation le nom de "Bon-Pasteur". Cette branche a eu un grand succès, et possède des ramifications dans les cinq parties du monde.
Une des gloires du Père Eudes est d´avoir été le précurseur de la dévotion aux Coeurs de Jésus et de Marie. Quarante ans avant les apparitions de Paray-le-Monial, il faisait célébrer par ses prêtres l´Office solennel de ces très saints Coeurs et s´en faisait l´Apôtre dans ses missions. Aussi Léon XIII a appelé le Père Eudes "Auteur du culte liturgique des SS. Coeurs de Jésus et de Marie"; et Pie X, en le béatifiant, a dit qu´il devait être regardé comme "Père, Docteur et Apôtre" de cette dévotion.
Arrivé à un âge avancé, le saint fondateur déposa sa charge de Supérieur et mourut saintement le 19 août 1680.
J.-M. Planchet, Nouvelle Vie des Saints, p. 332
SAINT LOUIS
Évêque de Toulouse
(1274-1297)
Saint Louis, évêque de Toulouse, petit-neveu de saint Louis, roi de France, fils de Charles le Boiteux, roi de Naples et de Jérusalem, naquit à Brignoles, en Provence. Il parut, dès son enfance, n'avoir d'inclination que pour la vertu. Ses récréations même se rapportaient à Dieu; il n'en choisissait que de sérieuses et ne s'y livrait que pour donner à son corps l'exercice nécessaire et conserver la vigueur de son esprit. Sa promenade ordinaire consistait à visiter les églises et les monastères. A l'âge de sept ans, il pratiquait déjà la pénitence, et souvent il couchait sur une natte étendue auprès de son lit. Il fut tout particulièrement remarquable par sa pureté angélique, qui ne se ressentit en rien de la mollesse des cours ni des séductions du monde.
Sa charité pour les pauvres était extraordinaire. Un jour qu'il sortait des cuisines du palais, son père, prévenu par des valets malveillants, lui demanda ce qu'il portait sous son manteau. Louis, tremblant, ouvre le manteau qui ne contenait qu'un bouquet de fleurs magnifiques, bien qu'on fût en hiver. A l'âge de quatorze ans, il fut envoyé comme otage, avec deux de ses frères, au roi d'Aragon, qui retenait son père prisonnier. Pendant ses sept ans de captivité, il répandit autour de lui le parfum de la patience, de la résignation, de la modestie la plus parfaite et fut l'ange consolateur de ses compagnons d'infortune. Une fois libre, Louis s'abandonna aux pieux excès de la charité qu'il avait tant aimée dès son enfance. Il chérissait surtout les lépreux, les recherchait, les embrassait tendrement, et baisait leurs horribles plaies.
Dans une maladie mortelle, il fit voeu d'embrasser la vie religieuse, s'il guérissait. Il guérit en effet, refusa les offres séduisantes d'un mariage royal, renonça même au trône de son père et s'enrôla sous la bannière du séraphique François d'Assise. A peine avait-il consommé son sacrifice, que Dieu l'appela à de plus hautes destinées; à vingt-deux ans il fut nommé, par le Pape, évêque de Toulouse. Son amour pour les pauvres devint plus héroïque que jamais. Un jour qu'il sortait de consoler une pauvre malade fort misérable, ses serviteurs lui firent remarquer que son vêtement était couvert de vermine: "Ce sont là, dit-il en souriant, les perles des pauvres."
Dieu voulut seulement montrer à la terre ce saint pontife. A son dernier soupir, une belle rose sortit de sa bouche, et un saint religieux vit les anges emporter son âme vers les Cieux.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.