30 août
Bouquet spirituel: «Celui qui croira et qui sera baptisé, sera sauvé; mais celui qui ne croira pas sera condamné.» Mc 16, 16
SAINTE ROSE de LIMA
Vierge
(1586-1617)
Rose naquit à Lima, au Pérou, le 20 avril 1586, et reçut au Baptême le nom d´Isabelle. Sa mère, penchée sur son berceau, ayant cru apercevoir une rose épanouie sur son visage, s´écria: "Désormais, tu seras ma "Rose", changement de nom qui fut confirmé par la Sainte Vierge dans une vision qu´eut plus tard la jeune fille.
La vie de cette petite Sainte a été une suite ininterrompue de souffrances volontairement acceptées et héroïquement supportées. Dès son bas âge, Rose comprit que la vraie sainteté consiste avant tout à accomplir ses devoirs d´état. Une source de difficultés lui vint de concilier l´obéissance à ses parents avec la fidélité aux appels intérieurs dont le Ciel la favorisait. Elle s´ingénia à trouver le moyen d´obéir à la fois à Dieu et à sa mère. Décidée à ne chercher à plaire à personne qu´à Dieu, elle portait néanmoins une couronne de fleurs imposée par sa mère; mais elle sut y cacher à l´intérieure une aiguille qui faisait de cet ornement un instrument de supplice.
À l´exemple de sainte Catherine de Sienne, Rose se voua à une vie de pénitence. Dès son enfance, elle s´exerça au jeûne et put le pratiquer à un degré héroïque. Elle ne mangeait jamais de fruits. À six ans, elle jeûnait le vendredi et le samedi. À quinze ans, elle fit voeu de ne jamais manger de viande. Plus tard, elle ne mangea qu´une soupe faite de pain et d´eau, sans sel ni autre assaisonnement. Toutes les nuits, elle se frappait cruellement avec des chaînettes de fer, s´offrant à Dieu comme une victime sanglante pour l´Église, l´État, les âmes du purgatoire et les pécheurs. Non contente du lit de planches sur lequel elle reposa longtemps, elle se fit un lit avec des morceaux de bois liés avec des cordes; elle remplit les intervalles avec des fragments de tuiles et de vaisselle, les acuités tournées vers le haut. Rose coucha sur ce lit pendant les seize dernières années de sa vie.
La vraie sainteté ne réside pas dans la pénitence du corps, mais dans celle du coeur, qui est impossible sans l´humilité et l´obéissance. Toutes les austérités de Rose étaient soumises à l´obéissance; et elle était toujours prête à tout abandonner. On s´étonnera que ses directeurs aient pu approuver dans une si frêle enfant d´aussi cruelles macérations; mais il faut savoir que chaque fois que des confesseurs voulurent s´y opposer, il en furent empêchés par une lumière intérieure.
Toute la personne de Rose, défigurée par la pénitence, attirait l´attention du public et la faisait vénérer comme une Sainte. Désolée, elle eut recours à Dieu, afin que ses jeûnes n´altérassent pas les traits de son visage. Chose admirable! Elle reprit son embonpoint et ses vives couleurs; ses yeux se ranimèrent. Aussi arriva-t-il qu´après avoir jeûné tout un Carême au pain et à l´eau, elle rencontra des jeunes gens qui se moquèrent d´elle en disant: "Voyez cette religieuse si célèbre par sa pénitence! Elle revient sans doute d´un festin. C´est édifiant, vraiment, en ce saint temps!" Rose en remercia Dieu.
La charité de Rose pour le salut des âmes était en proportion de son amour pour Jésus-Christ. Elle ressentait une poignante douleur en pensant aux âmes qui se perdent après avoir été si chèrement achetées. Elle pleurait sur le sort des Chinois, des Turcs, et des nombreuses sectes hérétiques qui désolaient l´Europe.
Rose mourut le 24 août 1617, à l´âge de trente et un ans.
J.-M. Planchet, Nouvelle Vie des Saints, p. 345
SAINT FIACRE
Solitaire
(VIe siècle)
Saint Fiacre, fils d'un roi d'Écosse, vivait au VIè siècle; il fut élevé dans la science et la piété par des maîtres habiles. Jeune encore, il sentit son âme enflammée par l'amour de la solitude et le désir de ne vivre que pour Dieu. Il s'embarqua pour la France, à l'insu de son père, et se choisit, près de Meaux, un lieu retiré, dans une forêt, où l'évêque lui concéda une portion de terre.
Saint Fiacre y bâtit un couvent, qu'il consacra à la Sainte Vierge, à laquelle il avait voué dès son enfance, une dévotion singulière. Là il mena une vie angélique, tant par son application à Dieu que par la pratique de la plus rude mortification et le soin de subjuguer les moindres saillies des passions mauvaises. Sa sainteté ne manqua pas d'attirer en foule vers lui les pauvres et les pèlerins.
Fiacre mangeait peu et employait presque tout le produit du travail de ses mains à la subsistance de ses pieux visiteurs. On lui amenait des possédés et des malades, et il les délivrait ou les guérissait en grand nombre. Cependant le petit terrain qu'il occupait étant devenu insuffisant pour subvenir à tant d'aumônes et à une si généreuse hospitalité, Fiacre fut obligé d'implorer de l'évêque une nouvelle concession de terre, et le prélat lui permit de prendre et d'utiliser tout ce qu'il pourrait entourer d'un fossé dans l'espace d'une journée. Chose merveilleuse, Dieu vint au secours du travailleur: la terre se fendait d'elle-même comme par enchantement, et un seul jour suffit au Saint pour entourer une étendue considérable.
C'est sans doute à cause des travaux de jardinage dont il occupait les loisirs que lui laissaient la prière et le service de Dieu, que saint Fiacre est regardé comme le patron des jardiniers.
Tandis qu'il jouissait tranquillement des délices de la solitude, des envoyés écossais vinrent lui offrir la couronne royale, dont son frère s'était rendu indigne. Fiacre avait eu révélation de leur approche et obtint de Dieu, à force de larmes et de prière, de ne pas permettre qu'il sortît de sa chère solitude pour être exposé aux dangers des honneurs du monde. Il devint aussitôt semblable à un lépreux. Quand les ambassadeurs furent arrivés près de lui, ils ne purent voir sans horreur ce visage défiguré, et ils n'eurent plus aucun désir de le faire monter sur le trône de ses pères. Fiacre mourut dans son ermitage; il opéra de grands miracles après sa mort.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.