page précédente page principale page suivante

6 septembre

Bouquet spirituel: «Si par l'Esprit vous faites mourir les oeuvres de la chair, vous vivrez.» Rom. 8, 13

Ste Rosalie de Palerme

SAINTE ROSALIE
Vierge, à Palerme
(1130-1160)

Sainte Rosalie, du sang royal de Charlemagne, naquit à Palerme, en Sicile, d'un chevalier français et d'une parente de Roger, roi de Sicile. La Sainte Vierge lui apparut et lui conseilla de se retirer du monde. Rosalie, à quatorze ans, quitta le palais de son père sans avertir personne, n'emportant qu'un crucifix et des instruments de pénitence. Deux anges la conduisirent sur une montagne voisine de la ville. Dans une grotte inconnue et enveloppée de neige pendant plusieurs mois, Rosalie passa quelques années, partageant son temps entre l'oraison, la prière et la pénitence. Des racines crues faisaient sa nourriture; l'eau du rocher lui servait de boisson. Souvent elle recevait la visite des Anges, et le Sauveur Lui-même venait parfois S'entretenir avec elle. On voit encore dans cette grotte une petite fontaine qu'elle creusa pour réunir les eaux qui suintaient à travers les fissures de la roche; on voit aussi une sorte d'autel grossier et un long morceau de marbre où elle prenait son repas, un siège taillé dans le roc et une vigne très ancienne, qu'on croit avoir été plantée par elle.

Aussitôt après sa disparition, sa famille la fit rechercher dans toute la Sicile. Les anges avertirent Rosalie qu'elle serait bientôt découverte, si elle ne changeait de demeure; elle prit aussitôt son crucifix et le peu d'objets qu'elle avait avec elle et suivit ses guides célestes; ils la conduisirent sur le mont Pellegrino, où ils lui indiquèrent une grotte obscure et humide qui lui servit de retraite pendant les dix-huit dernières années de sa vie.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.


SAINT ÉLEUTHÈRE
Abbé à Rome
(+ vers 585)

La simplicité de coeur et l'esprit de componction furent les vertus qui caractérisèrent principalement saint Éleuthère. Il fut élu abbé du monastère de Saint-Marc, près de Spolète, et favorisé du don des miracles.

A la prière de certaines religieuses qui se trouvaient dans le voisinage, il prit dans son monastère un enfant qu'il avait délivré du démon. Il lui arriva de dire un jour à ce sujet: "Il est clair que le démon a voulu se moquer de ces bonnes filles; car depuis que cet enfant est parmi les serviteurs de Dieu, l'esprit infernal n'ose plus approcher de lui." Ces paroles semblaient annoncer de la vanité de sa part; aussi le démon entra-t-il de nouveau dans l'enfant, pour le tourmenter comme auparavant. Éleuthère avoua humblement sa faute, et, se mettant à pleurer, il dit à ses religieux qui voulaient le consoler: "Pas un de nous ne touchera un morceau de pain avant que cet enfant ne soit délivré du démon!" Toute la communauté se mit donc en prière, jusqu'à ce que l'esprit malin eût laissé l'enfant en repos; et depuis ce temps le démon n'osa plus s'emparer de lui.

Saint Grégoire le Grand ressentait une vive douleur de ne pouvoir jeûner le Samedi saint, à cause d'une extrême faiblesse de poitrine. Il engagea Éleuthère, qui était alors à Rome, à venir prier avec lui, afin qu'il pût se réunir aux fidèles dans la pratique d'un jeûne aussi solennel. Éleuthère pria avec beaucoup de larmes, et Grégoire fut en état de satisfaire sa dévotion, comme il le désirait avec tant d'ardeur. Le saint Pape raconta lui-même ce miracle comme suit: "Un jour, étant dans mon abbaye, je souffrais tellement d'un mal d'estomac, que je me croyais sur le point de mourir. Or le Samedi saint, jour pendant lequel tout le monde doit jeûner, ma maladie ne me le permettant pas, je fis appeler Éleuthère dans mon oratoire, le priant de m'obtenir, par son intercession, de pouvoir jeûner ce jour-là. Le Saint se mit aussitôt en prières; lorsqu'il m'eût donné sa bénédiction, je sentis que mon mal et mon appétit avaient disparu, et que mes forces me permettraient de prolonger mon abstinence jusqu'au lendemain."

Et saint Grégoire dit encore de lui: "Il a longtemps demeuré à Rome, dans mon abbaye, où il mourut. Ses disciples disent qu'il avait ressuscité un mort. Or c'était un homme si simple et d'une pénitence si grande, qu'il ne faut pas douter que Dieu tout-puissant n'ait beaucoup accordé à ses pleurs et à son humilité!"

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.