La religion de combat par l’abbé Joseph Lémann

Livre Quatrième

Chapitre Sixième

De l’influence des catholiques sur les gloires de leurs patries



- I. Comme quoi les catholiques ne doivent pas supporter l’injure d’être considérés comme une quantité négligeable dans tout ce qui peut être glorieux pour la patrie.
– II. Ce qu’est la gloire; elle implique un écoulement de l’éclat infini de la Divinité. Le christianisme en a popularisé l’acquisition par l’usage plus répandu des couronnes. Les gloires des patries chrétiennes, les couronnes de la France.
– III. Rôle de médiation qui appartient aux femmes; médiatrices de gloire: de quelle manière. Côté de la mission de Jeanne d’Arc accessible aux femmes françaises.
– IV. Autre service national qu’elles doivent rendre: continuer la France par le cœur.
– V. Visée qui s’impose aux hommes de bien: ressaisir la prépondérance dans les affaires et les gloires de la patrie. Premier moyen de réussite – l’infiltration de l’esprit chrétien. Encouragement dans la manière dont le Christ demeure le maître de ses ennemis.
– VI. Second moyen: être prêts et unis pour une occasion propice. Le saut sur la locomotive et le parallélisme des rails.

I

L’insolence s’est abouchée avec la perfidie; ensemble elles ont formé ce dessein: Enlevons les patries aux catholiques. Alors qu’ont-elles imaginé? Elles se sont plaintes d’une contrariété essentielle que la patrie des cieux causait à la patrie de la terre: «La cité mystique trouble, dans ses intérêts, la cité réelle. Elle énerve les aptitudes des citoyens. Elle affaiblit l’homme en divisant ses vues. Nous gagnerons à nous débarrasser de l’imaginaire, pour mieux servir et fortifier la véritable.»

Partant de cette prétendue opposition et passant aux personnes, la perfidie et l’insolence ont ajouté: «Les catholiques doivent être considérés désormais comme une quantité négligeable, dans les affaires et les gloires de la patrie.»

Elle est jolie, l’expression! Les catholiques, quantité négligeable quand il s’agit de la France, c’est comme si les israélites pouvaient être réputés semblablement quantité négligeable lorsqu’il s’agit de la Bible… La Bible revendique les israélites, et la France les catholiques! La prévision de l’antagonisme que la méchanceté inventerait entre les deux patries est une des choses qui ont le plus attristé et alarmé la grande âme du Père Lacordaire à la fin de sa vie. Il écrivait à des jeunes gens: «On vous dira que l’amour de l’Église est incompatible avec l’amour de la patrie, que tôt ou tard vous aurez à choisir entre l’une ou l’autre, et que vous ne demeurerez un membre fidèle de la première qu’en devenant un fils dénaturé de la seconde. J’attache un grand prix à ne pas vous laisser cet écueil en perspective, parce que l’amour de la patrie est avec l’amour de l’Église le sentiment le plus sacré du cœur de l’homme, et que, s’il était possible que l’un fût ennemi de l’autre, ce serait, à mes yeux, le plus profond déchirement que la Providence eût ménagé à notre épreuve d’ici-bas; mais il n’en est rien. La patrie est notre église du temps, comme l’Église est notre patrie de l’éternité, et, si l’orbite de celle-ci est plus vaste que l’orbite de celle-là, elles ont toutes deux le même centre, qui est Dieu; le même intérêt, qui est la justice; le même asile, qui est la conscience; les mêmes citoyens, qui sont le corps et l’âme de leurs enfants.»

On ne saurait démontrer d’une façon plus claire et plus brillante l’indissoluble alliance des deux patries. Que les catholiques repoussent donc de toutes leurs énergies et de toutes leurs indignations ce rôle de quantité négligeable qu’on leur assigne!

On ne s’entend guère, entre conservateurs, sur la question des gouvernements; mais l’entente peut se faire sur celle des gloires. Essayons -la, dans ses grandes lignes.

II

Qu’est-ce que la gloire? Consiste-t-elle dans le concert des louanges unies à l’estime? dans les applaudissements de la foule? Elle est cela, mais plus que cela; car souvent les louanges procèdent de la flatterie, de l’adulation, d’un enthousiasme éphémère; et si les applaudissements populaires créaient la gloire, quand les voix de la foule sont tombées, la gloire passerait comme un vent du soir qui tombe aussi. Elle est donc plus que des louanges, que des applaudissements.

Consiste-t-elle dans la célébrité, le renom au loin, à travers les espaces et les temps? Elle est cela, mais plus que cela; car la célébrité est contestable, elle s’attache aux mauvaises actions aussi bien qu’aux bonnes; Mandrin est célèbre comme Bayard est célèbre; et la gloire qui serait contestable, ou établie sur des bases contraires à la morale, cesserait de porter ce beau nom. Elle doit être pure et brillante comme le disque du soleil; que l’œil y découvre une tache, et son prestige diminue, et même cesse soudainement. Que d’hommes sur lesquels la gloire ne tient pas! Elle est donc plus que de la célébrité, que du renom.

Consiste-t-elle alors dans les objets eux-mêmes qui ont servi à son lever, comme l’horizon sert au lever du soleil? et doit-on dire avec le savant qu’elle réside dans les découvertes de la science? avec le poète, qu’elle réside dans les vers? avec l’artiste, qu’elle s’identifie avec la toile ou la pierre animée? avec le navigateur, qu’elle se découvre avec des continents? et avec les guerriers, qu’elle éclate dans les exploits des batailles et la conquête des royaumes? Elle est encore tout cela, mais plus que tout cela – car si la peinture a immortalisé Raphaël, et la science Newton, et la poésie Corneille, et la navigation Christophe Colomb, et les champs de batailles Alexandre et Napoléon, que de génies sont demeurés inconnus, parce qu’ils ont été mal servis par leurs œuvres, remarquables et peu remarquées! Indépendante dans ses libéralités, la gloire n’accompagne pas toujours la mémoire de ceux qui avaient usé leur vie à la chercher, tandis qu’elle vient s’asseoir sur la tombe modeste de quelqu’un qui l’avait fuie.

Ô gloire, belle indépendante, qu’es-tu donc? Elle répond: Je m’exprime, sans doute, par l’estime, les louanges et les applaudissements; je dure par la célébrité; je me sers de la science, de la poésie, de la peinture, de la navigation, des exploits dans les batailles, je me sers de tout cela, comme de matériaux glorifiants; mais je suis moi-même plus que tout cela, mieux que tout cela: je suis un don de la Divinité qui est la gloire essentielle dans son foyer éblouissant et qui daigne faire descendre dans les œuvres et les actions des humains tantôt un rayon, tantôt une étincelle, de son éclat infini. Méditez cette réponse, elle est vraie; Bossuet n’a-t-il pas dit: Celui qui règne dans les cieux, à qui seul appartient la gloire, la majesté et l’indépendance… Une étincelle descend de ce foyer éblouissant, et par elle, une oeuvre, une action humaine, devient glorieuse; La Divinité est donc vraiment la source et la sanction de toutes les gloires.

Cela est si vrai, que le Christianisme, en illuminant et en précisant la notion de Dieu, a illuminé et précisé la notion de la gloire: illumination et précision qui se sont faites d’une manière charmante et populaire, par la coulée, en quelque sorte, de la gloire dans l’idée et l’usage des couronnes. Le Christianisme, en effet, qui est la forme complète et définitive de la Religion, est venu proposer à chaque homme la gloire éternelle auprès de Dieu sous la forme d’une couronne à conquérir. Il s’est plu à mettre sous tous les yeux ces paroles des Livres saints: Heureux celui qui souffre patiemment, parce que, lorsque sa vertu aura été éprouvée, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l’aiment. Lorsque le Prince des pasteurs paraîtra, vous remporterez dans la gloire une couronne qui ne se flétrira jamais. Soyez fidèle jusqu’à la mort, et je vous donnerai la couronne de vie. Qu’un autre ne prenne pas votre couronne. Que c’est beau! et comme cette révélation de la béatitude sous la forme d’une couronne à conquérir auprès de Dieu satisfaisait bien les besoins de notre nature!

Tous, en effet, n’avons-nous pas fait des rêves de gloire? Le christianisme s’est offert à réaliser nos aspirations dans ce qu’elles avaient de légitime, par l’usage des couronnes qu’il a universalisé. Dès le jeune âge, les récompenses dans les écoles chrétiennes sont accompagnées de couronnes, pour inaugurer chez l’adolescent le désir de la vraie gloire. La première communion et la vocation religieuse ont, chacune, leur couronne de lis ou de roses blanches, pour exprimer la gloire de la pureté. Le mariage a la sienne en fleurs d’oranger, pour symboliser la bonne odeur ou le renom d’un foyer chrétien. Cet usage, l’antiquité l’avait réservé aux divinités de l’Olympe, aux rois et aux triomphateurs. Mais le christianisme l’a tellement popularisé, que les ducs, les marquis, les comtes, les barons, ont voulu avoir leurs couronnes. Les cités, les corporations, les états de toutes sortes, en ont mis sur leurs blasons. Après avoir brillé partout durant la vie, mélancoliques, elles ornent les tombes!

Par cet usage universel, le besoin de gloire dont notre nature a soif a donc été délicieusement stimulé, dirigé; et par sa dernière évolution, qui est la couronne qui ne se flétrit pas ou la récompense éternelle, le Dieu du christianisme nous a, de beaucoup, amoindri la crainte de passer par la mort. «Comme il fallait, tôt, ou tard, sortir de la vie, la Providence a mis au delà du terme un charme qui nous attire, afin de diminuer nos terreurs du tombeau. Quand une mère veut faire franchir une barrière à son enfant, elle lui tend de l’autre côté un objet agréable, pour l’engager à passer. De même, pour engager le chrétien à franchir le tombeau, la Religion lui présente de l’autre côté une couronne.»

La transition aux gloires nationales ne sera pas difficile. Si la gloire, pour un individu, relève de Dieu, à plus forte raison les gloires d’une nation en relèvent elles. En effet, qu’est-ce qui rend une nation glorieuse? N’est-ce pas le succès des batailles, s’il y a la guerre et le succès des entreprises, si la paix règne. Or, ces succès ne dépendent-ils pas de la Providence? Les événements qui forment comme le tissu des gloires nationales ne se déroulent-ils pas du pied du Trône éternel? et s’ils ont pour point de départ le libre arbitre de l’homme, n’ont-ils pas pour soutien et consécration le bon plaisir et la faveur de Dieu? Aussi un prince et un pays qui voudraient arriver à la gloire tout en rejetant la Divinité, tenteraient-ils l’absurde? Jusqu’à la fin des temps, on dira la renommée de Néron, la célébrité d’Attila, mais on ne dira jamais la gloire de Néron ou d’Attila, parce que leur férocité a bravé le ciel. On dira la gloire d’Alexandre, parce qu’Alexandre le Grand, en entrant dans le Temple de Jérusalem, s’est abaissé devant la majesté de Jéhovah. Si au lieu d’ouvrir les temples fermés par la Terreur, Napoléon avait fait la guerre à Dieu, ses cent batailles gagnées n’eussent jamais suffi à établir sa gloire. Les gloires nationales exigent donc, sur elles, un reflet de la Divinité: mais principalement, lorsqu’il s’agit d’une nation devenue chrétienne. Toute nation qui a eu l’honneur et le bonheur d’être acquise par le Christ de Dieu n’occupe une place dans la gloire qu’à la condition d’en offrir une, dans ses hauts faits, au Christ, de Dieu. Lui, en retour, récompense la nation qui pense ainsi à lui, en obtenant, pour elle, dans la gloire même, cette bonne mesure dont parle l’Évangile: Confertam, et coagitatam, et supereffluentem, une mesure de gloire pressée, entassée, et qui déborde. D’où vient que la France, l’Italie, l’Angleterre, l’Espagne, le Portugal, l’Autriche, ont été, depuis quinze siècles, les nations les plus illustres de la terre, sur les champs de batailles, dans les arts, dans les sciences, dans la navigation, les plus illustres en tout, sinon, de ce que, le Désiré des nations étant devenu le Bien-aimé de ces nations, leurs aptitudes naturelles, transfigurées par son Évangile, guidées par son Église, bénies par sa grâce, sont devenues les ouvrières, sans rivales, de la civilisation.

Leurs gloires, brillantes devant l’histoire, trouveront encore leur sanction dans l’éternité. Le Père Lacordaire a dit très justement, à propos des couronnes de la France: «… L’arianisme défait, le mahométisme défait, le protestantisme défait, un trône assuré au souverain pontificat, voilà les quatre couronnes de la France, couronnes qui ne se flétriront pas dans l’éternité. De même que le prêtre, les apôtres, les docteurs, les vierges, les martyrs, ont dans le ciel leur signe distinctif, parce que rien ne se perd de ce qui est fait pour le Seigneur, et que nous retrouvons près de lui la gloire que nous lui rendons sur la terre, pourquoi les peuples fidèles, les peuples serviteurs de Dieu, ne conserveraient-ils pas à jamais le signe de leurs services et de leurs vertus? Les liens de famille ne sont pas brisés dans le ciel; Jésus-Christ, en élevant sa mère au-dessus des saints et des anges, nous a fait voir que la piété filiale est une vertu de l’éternité. Pourquoi les liens des nations seraient-ils rompus? Pourquoi ne reconnaîtrions-nous pas nos chevaliers, nos rois, nos prêtres, nos pontifes, à un caractère qui rappelât leurs travaux communs pour le Seigneur et pour son Christ? Oui, j’aime à le croire, sur leur robe nuptiale, lavée dans le sang de l’Agneau, brilleront, ineffaçables et merveilleusement tissées, les quatre couronnes de la France.»

Eh bien, c’est parce que nous croyons, nous catholiques, que le nombre des couronnes de la France n’est pas arrêté ni complet, et c’est parce que nous voulons, nous catholiques français, qu’au jour des éternelles récompenses les couronnes remportées par la France soient les plus nombreuses et les plus brillantes: c’est pour ces motifs du temps et de l’éternité que nous ne nous désintéresserons jamais des gloires nationales, mais que nous leur imprimerons le reflet et le sceau du Christ, qui est l’ineffaçable Splendeur! Quand le Fils de l’homme apparaîtra sur les nuées avec une grande majesté, et que les peuples, comme l’insinue saint Paul, seront entraînés à sa rencontre, si une mappemonde doit se former, dans les airs, autour de son auguste Personne par les hommages de toutes les nations, nous voulons que, dans cette sublime géographie transportée de la terre aux cieux, la place d’honneur appartienne encore à la nation française!

III

Dans cette revendication du droit chrétien sur les gloires d’un pays, quel est le rôle des femmes, et pourquoi les nommons-nous les premières? Puisque Dieu est le dispensateur de la gloire, le premier service national que peuvent rendre à leur patrie des femmes chrétiennes consiste à faire que Dieu soit favorable à cette chère patrie. Ce rôle de médiation leur convient, leur revient; elles savent si bien se faire heureuses médiatrices pour le pardon et l’indulgence; pourquoi leur bonheur serait-il moins grand quand il s’agit de la gloire? La mission de Jeanne d’Arc peut être continuée par les femmes françaises, sous un aspect qui leur est parfaitement accessible. Le voici:

Qu’était-ce que Jeanne d’Arc? Dieu a voulu dire un jour au monde sa pensée sur la France; il a voulu la dire à la France elle-même. Depuis Clovis et Charlemagne, les nations de l’Europe savaient bien que la France était la préférée; les Souverains Pontifes l’avaient donné à entendre dans des éloges qui sont restés célèbres: mais Dieu ne l’avait pas dit lui-même. Or, un jour, l’aveu divin fit explosion, et Jeanne d’Arc fut la révélation de la pensée de Dieu: «Ô France, je vais te dire ce que je pense de toi!» Et alors, appelant saint Michel et ses anges, le Seigneur forme cette merveilleuse créature qui allait être l’expression de sa pensée et de son amour. Il lui donne d’abord ce brillant reflet des champs et des vallons de Lorraine qui la rendit simple, vive et fraîche comme l’aurore libératrice des ténèbres, et colorée comme l’arc-en-ciel, signe de clémence. Tous les dons départis à la femme ont répondu à l’appel du souverain Artiste: la délicatesse, la bonté, «Jeanne était si bonne fille!» la douceur, la sensibilité «souvent Jeanne a pleuré»; quelles perles dans chacune de ses larmes! Toutes les nuances exquises dont sont susceptibles la pureté et la magnanimité sont distribuées dans son âme, droite comme une tige de lis et ouverte à tous les héroïsmes. Parce qu’en France on est épris de la bravoure, elle sera brave jusqu’à la témérité. L’esprit français pétille en elle. Par les voix qu’elle entend, elle semble appartenir à quelque demeure éthérée; et par les conseils qu’elle donne, elle confond l’expérience des vieux capitaines. Comme le cheval ajoute à la beauté humaine et guerrière, le Tout-Puissant la fait monter à cheval. Qu’elle était belle alors, message vivant du Dieu vivant! avec sa cuirasse éclatante, son baudrier d’or, tenant haut sa bannière victorieuse, le visage illuminé par toutes les joies du succès et toutes les grâces d’une pudeur céleste. Il est dit de Judith, libératrice des Hébreux, «qu’après avoir repris les vêtements précieux et magnifiques de sa joie pour aller trouver Holopherne, elle, déjà si belle, reçut de Dieu même un nouvel éclat, parce que toute sa parure n’avait pour principe aucun mauvais désir, mais la vertu. Le Seigneur, dit l’Écriture, lui augmenta encore sa beauté, afin de la faire paraître aux yeux de tous dans un lustre incomparable.» Le Seigneur fit de même, il fit mieux, pour Jeanne d’Arc, libératrice de la France. Après lui avoir prodigué tous les attraits possibles: attraits de la jeunesse, du charme, de l’innocence, de l’esprit, de la bravoure, du succès, du merveilleux et du prodige, il les rehausse par un suprême coup de pinceau; trempé dans la pourpre du Golgotha, le pinceau fait d’elle la beauté en douleur, dans une douleur incomparable, une martyre!

Voilà ce que fut Jeanne d’Arc! Elle fut la révélation de la pensée de Dieu sur la France: par elle, Dieu a dit son amour! Il a été prononcé, sur le divin Rédempteur, cette fameuse formule appréciative, trouvée par saint Léon le Grand: Reconnais, ô chrétien, ce que tu vaux, puisque pour te sauver il a fallu un tel Rédempteur; il est permis, en se gardant bien d’établir un parallèle, de recourir toutefois à la même formule: Reconnais, ô France, ce que tu vaux, puisqu’il t’a fallu une telle libératrice!

Pour en revenir au rôle de médiatrices qui appartient plus particulièrement aux femmes, il y a un côté de la mission de Jeanne d’Arc qui demeure accessible à leur patriotisme. Il consiste à enchaîner la pensée de Dieu sur la France. Jeanne d’Arc fut la révélation de sa pensée, l’expression de son amour: Françaises, enchaînez la pensée de Dieu; car enchaîner la pensée, c’est obliger à aimer! Et qu’est-ce qui enchaîne la pensée de Dieu? La prière, d’abord. Quand vous priez avec larmes et gémissements, Dieu se laisse toucher: si, offensé, il se disposait à partir, il abandonne son départ, captif du repentir.

Qu’est-ce qui enchaîne encore la pensée de Dieu? La pureté.

L’Écriture le déclare: le Seigneur se complaît au milieu des lis; un cœur pur le retient. Ô Françaises, si jamais le Dieu des armées nous manquait, la faute en serait aux mœurs, dont vous tenez le sceptre et qui, devenues mauvaises, auraient jeté Dieu hors des frontières, ces frontières que Jeanne d’Arc a couvertes et sanctifiées! Ô Françaises, faites Dieu votre captif par la prière et par la pureté; ce sera un grand service national. De Jeanne d’Arc il ne reste que sa bannière, qui conduisait à la victoire; relique suffisante pour abriter de ses plis votre prière et votre pureté, qui, elles aussi, prépareront des victoires.

IV


Les femmes françaises ont encore un autre moyen de servir et de seconder les gloires de leur patrie. Une riche diversité de gloires appartient, sans doute, à la France; mais, de toutes, la plus radieuse, la plus douce, la plus enviée, celle qui forme son lustre caractéristique, c’est d’être la nation qui montre le plus de cœur, qui aime davantage et qui, entre les nations, est aussi la plus aimée.

Ô France, tu as reçu de la Providence des dons et des qualités qui sont incomparables. Le territoire qui te forme est superbe par sa configuration, sa fertilité et ses ressources. Les idées que l’on trouve auprès de toi débordent de vie et d’expansion. La langue qui se parle chez toi étincelle de clarté et de précision. Mais de tous ces avantages, aucun ne vaut ton cœur: tu aimes, et tu es aimée. Tu es la nation sympathique par excellence, tu possèdes cette royauté du charme que le monde subit sans discuter. Elle a eu mille fois raison, cette noble étrangère, enfant de la Russie, qui a dit «qu’elle avait deviné la France, au sortir du berceau…» Les âmes tendres se devinent les unes les autres, et toutes les belles âmes te devinent, ô France! Or, l’intervention des femmes chrétiennes n’est-elle pas réclamée par ce charme, par cet amour? Oui, vraiment, et leur intervention doit consister à continuer la France par le cœur.

Continuer la France! Il y en a qui veulent, non la continuer, mais la refaire. Hélas! c’est la grande erreur nationale depuis cent ans. Comme si Dieu et les siècles n’avaient pas bien fait la France! Comme si la divine Providence s’y était mal pris dans les privilèges qu’elle lui a prodigués! Comme si Charlemagne et saint Louis, Henri IV et Louis XIV, la reine Blanche et Jeanne d’Arc, s’y étaient mal pris à leur tour et avaient manqué de tact et de patriotisme! Ô vous qui avez la prétention de recommencer la France, non, vous ne la refaites pas, vous la défaites: les malaises profonds de toutes les classes et les inquiétudes mortelles des honnêtes gens vous avertissent que votre orgueil aboutit, non à l’être, mais au néant. D’autres, mieux inspirés, veulent bien la continuer, sans distinction de siècles: mais la continuer surtout par les armes. Or la gloire des champs de bataille, si utile lorsqu’elle est contenue entre les bornes de la justice et de l’humanité, ne semble-t-elle pas se colorer d’une teinte de sang si vaste qu’elle n’est plus à envier? L’Écriture dit, pour les astres du firmament, qu’à l’approche de la fin du monde ils doivent se changer en sang: la gloire des champs de bataille, dégénérant demain en carnage, ne préparerait-elle pas, par une atmosphère horrible, cette couleur sanguinolente? Le changement des épées et des lances en socs de charrue et en instruments de labour est également annoncé dans l’Écriture; ah! comme cette transformation l’emporterait sur toutes les découvertes que l’on fait dans l’art de faucher les vies et sur toutes les transformations d’armement! Quelle est donc la vraie, comme aussi la plus sûre continuation de la France?

N’est-ce pas celle qui regarde son cœur? et, en cet office, que n’obtiendrait point, dans une décision d’ensemble, l’énergique et triomphante influence des femmes chrétiennes? Continuer la France par le cœur, voici en quoi cela consiste pour vous, ô Françaises:

C’est, avant tout, garder pour la France le cœur de vos enfants. Un évêque disait à ses diocésains de Vendée, rangés autour de la grotte de Lourdes: «Nos adversaires sont des jouisseurs. Nous, soyons austères. Soyez austères dans l’éducation de vos enfants. Il ne faut pas de dégénérés! Il n’en faut ni dans les grandes familles qui ont un long passé de gloire, ni dans les petites qui ont un long passé de vertu! Nous voulons une race forte, comme vos pères. Soyons austères dans toute notre vie. Lorsque nous nous interrogerons, lorsque nous poserons la main sur notre cœur, écoutons-en les battements et nous pourrons vérifier si nous rendons un son de sensualité, de plaisir, ou un son divin.» Ô ma lectrice, il faut que, façonné par vous, le cœur de votre enfant rende le son divin: le seul qui soit aussi celui de France! La continuation de la France par le cœur consiste encore, ô Françaises, dans le don de vous-mêmes pour tout ce qui est beau, grand, magnanime. Le christianisme est la religion du don de soi, depuis que le Père céleste nous a donné son Fils notre Jésus adoré, et que Jésus nous a donné sa parole, son sang, sa divine chair, sa mère, son ciel, tout ce qu’il avait. Calquée sur le cœur de son Dieu, la France n’a jamais reculé devant le don d’elle-même, et la Française, entre toutes les femmes, a été la première dans les rôles d’héroïsme et d’abnégation: mère de famille admirable, soeur de charité sans rivale. Donnez-vous donc pour l’accomplissement de tout ce qui est beau et bon, au foyer comme au loin, selon la direction du souffle de Dieu. Donnez-vous pour neutraliser les âmes qui se vendent! Le don de soi et la vente de soi, les âmes qui se donnent, ce sont là deux lignées qui se dessinent fortement, et les peuples devront opter pour l’une ou pour l’autre. La vente de soi en Europe dépasse en proportions celle de la chair humaine, en Afrique: les gouvernements encouragent l’une et ne répriment l’autre que faiblement. Une quantité innombrable de personnes ne s’appartiennent plus, elles tiennent ce langage: Nous avons fait un pacte avec la mort, nous avons contracté une alliance avec l’enfer. Lorsque les maux déborderont comme des torrents, ils ne viendront point jusqu’à nous, parce que nous avons établi notre confiance dans le mensonge, et que le mensonge nous a protégés. Hélas! oui, le mensonge maçonnique a promis de protéger des foules d’hommes et de femmes qui se sont vendus. Et de ce côté, c’est la honte de la France qui continue, avec sa ruine! Mais vous, ô chrétiennes, à cette horrible vente, vous opposerez le don de vous-mêmes, pour toutes les belles causes à servir: et de votre côté, ce sera la gloire de la France qui reprendra son cours et qui l’emportera sur la honte! Femmes chrétiennes, abandonnez aux mondaines et aux frivoles les couronnes de fleurs, et soyez vous-mêmes, par vos vertus, l’impérissable couronne de la France!

V

S’il est dans la condition des femmes de préparer valeureusement, par leurs prières, par l’éducation de leurs enfants, par leurs vertus, les gloires de leur patrie, il est du devoir des hommes catholiques de s’exposer à toutes les fatigues et à tous les périls pour ressaisir la prépondérance dans la continuation de ces gloires. Nous soulignons le mot de prépondérance; Il ne suffit pas, en effet, que les catholiques aient leur part d’influence à côté de libres penseurs, de déistes, de protestants ou d’israélites devenus députés, sénateurs, préfets, ministres, généraux. Non, une part d’influence ne suffit pas aux catholiques, quand il s’agit des gloires de la France, de l’Italie, de l’Espagne, de la Belgique, de l’Allemagne. Le rôle qui leur sied, la visée qui s’impose à eux, c’est la prépondérance. Aux autres, en vertu des lois libérales qui régissent la patrie peut échoir une certaine influence; mais des catholiques, doit venir l’impulsion, la vie. – C’est bon à dire! objecteront d’honnêtes Français découragés. Mais comment rêver la prépondérance, alors qu’il nous reste à peine une part exiguë d’influence?

– Nous sommes loin de nier les difficultés qui hérissent le recouvrement du pouvoir. Mais la prépondérance peut, Dieu aidant, se ressaisir par deux voies sûres: D’abord, par l’activité et la pénétration de l’esprit chrétien. Nulle mesure de nos adversaires n’est capable de l’intercepter. C’est une infiltration victorieuse dont le Christ lui-même nous est garant. En effet, ô catholiques, avez-vous pris garde à la manière dont le règne du Christ, accepté de ses amis, s’impose à ses ennemis? Jésus-Christ, repoussé par eux, reste leur maître en les enserrant au moyen du temps et de l’espace qui sont ses tributaires. Chose admirable, le temps et l’espace sont devenus tributaires du Christ: ce qui fait que ses ennemis, plongés dans le temps et dans l’espace, sont, en quelque sorte, apportés aux pieds du Fils de Dieu et font partie du tribut, malgré eux.

Comprenez-le, pour le temps:

Le temps, depuis bientôt vingt siècles, porte la marque de Jésus-Christ: c’est peut-être le plus beau témoignage de sa royauté. En effet, le temps se déroule en s’appelant «siècles de l’ère chrétienne». Chez les grandes nations civilisées, et même dans le monde entier, on dit: l’année tant, depuis la venue de Jésus-Christ; l’année 800 depuis lui; l’année 1890 depuis lui. L’histoire s’écrit sous la domination irrécusable de ce point de départ. Toutes les lettres particulières, c’est-à-dire le commerce épistolaire, datent de la sorte; les affaires datent de la sorte; dans l’immense circulation de la vie des peuples, il n’y a pas d’autre manière de dater. En un mot, la chronologie est chrétienne, le calendrier est chrétien. Avant Jésus-Christ, on datait en prenant pour point de départ la création du monde ou, encore, la fondation de Rome; depuis lui, tout se date en partant de sa naissance: son, berceau de Bethléem a été un nouveau berceau des temps! c’est la sujétion du temps au Christ-Roi. Je le répète, cette sujétion du temps, cette empreinte qu’il porte dans les orbes immenses qu’il déroule, est peut-être le plus saisissant témoignage de la royauté de Celui qui est venu. Il n’y a que le maître du temps qui ait pu faire ainsi recommencer les temps. Cette sujétion des siècles est tellement remarquable, tellement royale, tellement révélatrice de la Divinité, que, lorsque la Révolution éclata, adversaire haineuse de la royauté de Jésus-Christ, elle entreprit tout d’abord de rendre au temps son indépendance, de l’affranchir du tribut qu’il payait depuis dix-huit siècles. Un décret de la Convention parut qui signifiait qu’on ne continuerait plus l’ère chrétienne, mais qu’à l’avenir on daterait en partant de la fondation de la République française. Eh bien, le temps est demeuré fidèle tributaire; il n’a pas voulu se prêter à cette révolte, à cette révolution. Il a couché dans la tombe les hardis novateurs, et lui a repris sa place auprès du berceau de Jésus-Christ. La même démonstration serait aisée pour l’espace qui, nonobstant tous les efforts du mal, est demeuré fidèle tributaire du Christ. Parsemé, marqueté d’églises, de croix, d’usages chrétiens, de fêtes chrétiennes, l’espace dégage un arôme de vie, une atmosphère épurée qui enveloppe, pénètre, les ennemis du Christ non moins que ses amis, et les couvre de bienfaits à leur insu.

Le Christ englobe donc et vivifie ses ennemis, malgré eux. On a très justement assimilé la création à un cercle. Sous un point de vue, Dieu en est la circonférence; sous un autre point de vue, il en est le centre. Comme centre, il attire: c’est ce que fait sa miséricorde; comme circonférence, il contient: c’est ce que fait son immensité. La liberté des êtres intelligents et libres consiste à pouvoir s’éloigner ou du centre, mais alors ils vont nécessairement donner contre la circonférence; ou de la circonférence, mais alors ils tombent nécessairement au centre; et le centre, c’est Dieu; la circonférence, c’est encore Dieu; ils ne le fuient d’un côté que pour le rencontrer de l’autre; toujours, quoi qu’ils fassent, ils sont sous la main divine. Oui, par le temps, par l’espace, par sa miséricorde, par son immensité, le Christ, qui est Dieu, enferme tous ses ennemis; il les enserre, il les enclave. Eh bien, les catholiques jouissent de ce même pouvoir par l’esprit chrétien.

Cet esprit, où Dieu lui-même agit, n’a-t-il pas une puissance triomphante que ni le vent, comme vitesse, ni la foudre, comme éclat, ni l’huile, comme douceur, ne sauraient atteindre? Rien ne résiste à l’esprit chrétien; tôt ou tard on se soumet à sa sagesse et à son amour, tant sa force est trempée de suavité!

S’il vous est impossible de vous débarrasser du Christ, ô vous qui détenez les gloires de la France, il vous sera impossible, également, de vous débarrasser de l’esprit chrétien, de nous par conséquent! Mais rassurez-vous: notre coopération, en étant très pénétrante, se montrera pleine de respect et d’onction. Elle ressemble encore à la sève, dans le jardin de la nature. La sève, en circulant partout, en forçant toutes les entrées des tiges et des racines, respecte toutes les variétés des boutons et des semences: elle fait épanouir le chardon non moins que le lis, l’oignon d’Égypte aussi bien que la rose de Jéricho. Ainsi se montre respectueuse et libérale la vitalité catholique: elle pénètre toutes les formes de gouvernements, les républiques aussi bien que les monarchies. Prenez-en votre parti, libres penseurs, déistes, israélites, protestants, nous sommes la sève catholique, et nous vous ferons fleurir et produire des fruits malgré vous!

Connaissez donc votre force, ô catholiques, et en usez! Elle est là. On cherche souvent à vous stimuler par l’argument de votre nombre: deux cents millions de catholiques! Votre force est moins dans le nombre des chrétiens que dans l’esprit chrétien. Lui est la fronde de David qui l’emporta, pour abattre le Philistin, sur toutes les pièces de l’armure de Saül. C’est lui qui doit vous exciter à aller de l’avant, à vous mêler à tout ce qui est honneur et patrie, à ne négliger aucun devoir civique, à n’abandonner aucune position, à ne vous démettre d’aucune fonction, mais à vous y tenir avec le souffle qui anima le jeune pâtre contre le Philistin. Soyez un certain nombre, soyez tous, avec ce souffle, avec cet esprit, avec cette sève, et le temps et l’espace, tributaires du Fils de Dieu, verront refleurir votre prépondérance.

VI

Qu’est-ce qui contribuera encore à rapatrier les gloires auprès des catholiques? Cet autre moyen: se tenir prêts et unis pour une occasion favorable. C’est la leçon de l’expérience, que l’occasion perdue ne peut se ressaisir. Voilà pourquoi les Anciens représentaient l’occasion sous la forme d’une déesse n’ayant de cheveux que sur le devant de la tête, faisant entendre par ce symbole qu’il faut la vite saisir et ne pas la laisser échapper. Toutefois, quand elle échappe, le regret et le dépit sont moins vivement ressentis depuis la Loi de grâce: car la miséricorde divine en Jésus-Christ répare tout, les retards aussi bien que les fautes, et le temps, devenu tributaire du Christ, fait naître, et apporte à ses enfants des occasions renouvelées. Ayons l’humilité de le reconnaître, ce ne sont pas les occasions qui ont manqué aux conservateurs, mais bien les conservateurs qui n’étaient jamais prêts, aux différentes époques où les occasions se sont offertes. Toutes les fois que les gloires françaises, semblables à des volées d’aigles ou de colombes, recherchaient le côté droit de la France, comme lieu de leur repos et de leur sûreté, ici dans un parlement, là dans un château, là-bas dans un évêché, plus loin au bivouac d’un capitaine ces Français de la droite ont-ils été prêts à les accueillir? Agissaient-ils de concert? Avaient-ils généreusement foulé aux pieds de misérables questions de clocher ou de personnalité? Hélas! ils n’ont jamais été prêts, parce que l’entente ne s’était pas établie; Et la volée passait ailleurs!

Aussi longtemps que ne s’établira pas une entente solide, entretenue deux ans, cinq ans, dix ans, par un désintéressement, magnanime, les occasions propices auront beau se multiplier, elles s’évanouiront en brillants éclairs.

Naguère, une voix chevaleresque et chaude, digne d’être écoutée, parce qu’elle sortait d’une poitrine trouée par les balles, prononçait cette harangue dans une assemblée de jeunes gens: «Au sujet du rôle qui vous appartient dans cette lutte suprême, on a comparé la société moderne à un convoi emporté à toute vapeur vers des pays nouveaux, et lointains. Puis, s’adressant à la jeunesse, on lui a dit: Le passé est mort, nous ne lui avons déjà que trop donné de larmes inutiles. Il est temps de quitter le deuil. C’est vers l’avenir qu’il faut porter vos regards, votre pensée et votre essor! Voilà le train qui passe! Il est encore à votre portée; mais bientôt il aura disparu pour toujours; vous n’avez pas un instant à perdre; jeunes gens, montez dans le train.

«Superbe image, Messieurs, et conseil excellent! Mais j’estime que le conseil et l’image seront heureusement complétés en y ajoutant ceci: «Monter dans le train, ce n’est pas s’étendre dans un wagon bien capitonné, pour se laisser emporter je ne sais où, par je ne sais quoi, dans un demi-sommeil égoïste, lâche et stupide. Monter dans le train, pour des esprits clairvoyants, pour des cœurs bien placés, c’est sauter bravement sur la locomotive pour la conduire au salut social, ou pour l’arrêter, coûte que coûte, sur le chemin de la perdition…» Ce saut intrépide sur la locomotive est sublime, c’est la saisie de l’occasion, si périlleuse, si difficile soit-elle! Mais elle ne suffit pas pour le salut de la société française; qu’on nous permette, à notre tour, d’achever complètement la comparaison: Dans l’image de ce train qui passe, l’éloquent soldat, montrant la locomotive, a dit: «Emparez-vous de sa direction!» Résultat considérable, mais insuffisant, car il faut aussi songer aux rails qui constituent proprement le chemin de fer. Qu’est-ce qui forme les rails? Deux parallèles de fer. Leur surface est unie, et l’immense parcours de l’une est sans cesse en harmonie avec l’immense parcours de l’autre, puisqu’elles sont parallèles; ce sont des lignes fraternelles. Or, dans la société française, parmi les conservateurs, où est la surface unie en politique? où sont les parallèles? Montrez-moi les parallèles, une longue traînée de rails? Depuis trop longtemps, les conservateurs ne présentaient que des divergences: divergences d’idées, divergences de mesures, divergences de langage. Rétablissez les parallèles: et quand le brave soldat sautera sur la locomotive, le train, servi par les lignes de l’unité, emportera dans les profondeurs de l’avenir les gloires délivrées de la France!



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