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CONCLUSION
CHAPITRE PREMIER
CE QUE SERA LA JÉRUSALEM OU ISRAËL CONVERTI
SERA RAMENÉ
I. Cette Jérusalem n'est autre que l'Église de Jésus-Christ, dans laquelle on entre par le saint baptême. -II. Comment il s'est fait que, durant les trois premiers siècles de l'ère chrétienne, plusieurs Pères ont cru au retour des Juifs dans la Judée. - III. Leur retour dans l'Église par la foi conforme aux biens spirituels uniquement promis dans le Nouveau Testament. - IV. Une médaille symbolique frappée par les Sionistes destinée à recevoir une réalisation plus haute que leurs espérances.
I
Plus d'une fois elle a été nommée dans le cours de cet écrit, la Jérusalem où Israël converti sera ramené. Elle n'est autre que l'Église de Jésus-Christ, 1'Église catholique, apostolique et romaine. C'est elle qui est la vraie Terre promise en ce monde. Les Juifs, une fois introduits, y régneront avec Jésus-Christ sur leurs passions mais non sur les peuples de la terre : Mon royaume n'est pas de ce monde (1). Se trouvant dispersés parmi les peuples comme on les y voit depuis tant de siècles, rien ne les distinguera plus, puisqu'ils ne sont restés distingués que par la circoncision et par les rites mosaïques. Or, cette double marque étant abolie, tout se mêlera et se confondra par l'unité du culte, par les mariages, les cérémonies et les lois communes en chaque nation.
C'est cette entrée d'Israël dans l'Église que Jérémie annonçait en ces consolantes paroles : Je leur donnerai un même cour et une même voie, afin qu'ils me craignent tous les jours, et qu'ils soient heureux, eux et leurs enfants après eux. Je ferai avec eux une alliance éternelle, et je ne cesserai pas de leur faire du bien, et je mettrai. nia crainte dans leur cour, afin qu'ils ne se retirent pas de moi. Et je me réjouirai à leur sujet, lorsque je leur aurai fait du bien ; et je les établirai dans cette terre, dans la vérité, de tout mon cour et de toute mon âme (2). Quelle promesse ! Je les établirai dans cette terre, dans la vérité, non pour un temps et avec une apparence de réconciliation, mais avec effusion de cœur et pour toujours.
Les restes d'Israël seront donc un jour rappelés, ramenés à leur patrie, à leur terre, qui n'est autre que l'héritage spirituel de la foi. La main du Dieu des armées opérera cette merveille ; elle les amènera à Jérusalem, c'est-à-dire dans le sein de l'Église. Elle les y fera habiter par un inviolable attachement à sa doctrine, à ses sacrements, à sa hiérarchie, à sa société visible et catholique. Ils deviendront le peuple de Dieu après avoir été dépouillés de ce glorieux titre, et le Seigneur sera leur Dieu, non en leur donnant des ombres et des figures, mais en leur faisant part de la vérité et de la justice, de la vérité d'un culte vraiment digne de Dieu, et de la justice intérieure qui sanctifie réellement l'homme.
Ne sait-on pas que nous tous qui appartenons à Jésus-Christ, nous avons été transférés de l'empire du démon dans le royaume de Jésus-Christ (3) ? Et cela ne s'est point fait par le mouvement de nos pieds, mais par le seul mouvement du cœur. Il en sera de même des Juifs : la terre de l'ennemi dans laquelle ils sont, c'est l'empire du démon ; ils en sortiront par la foi. La terre d'Israël dans laquelle ils reviendront, c'est l'Église de Jésus-Christ ; ils y rentreront comme nous sommes entrés, par le saint baptême.
II
Si l'opinion du retour des Juifs dans leur ancienne terre, c'est-à-dire dans la Judée, a été soutenue durant les trois premiers siècles du christianisme, ce n'a été que par certains Pères. Saint Justin, qui l'avait embrassée, déclare expressément que les sentiments sur ce point étaient partagés ; et, après avoir dit que plusieurs pensaient comme lui, il avoue que plusieurs qui étaient très orthodoxes, n'admettaient point cette opinion : « Tu as eu ma confidence, dit-il, parlant à Tryphon, que moi et beaucoup d'autres avons ce sentiment, de telle sorte que nous avons comme l'évidence qu'il en sera ainsi ; mais je dois te faire connaître que, d'autre part, un grand nombre, qui sont de cette race de chrétiens, sectateurs de la sainte et pure doctrine, ne veulent pas l'admettre (4) ». Ce partage de sentiments subsista tant que durèrent les persécutions. Elles ne laissaient point le loisir d'étudier à fond les prophéties, pour discerner de quel côté se trouvait la véritable interprétation touchant des événements futurs qui n'intéressaient point alors la plus grande partie des fidèles. Mais, la paix ayant été rendue à l'Église, on étudia avec plus de soin les prophéties ; et comme on les étudiait avec piété, la lumière se répandit sur ceux qui s'appliquèrent à cette étude. Dès le IIIe siècle, cette fausse opinion fut avantageusement réfutée par saint Denys d'Alexandrie ; au IVe, saint Jérôme, en conservant tous les égards dus aux saints martyrs qui s'y étaient laissé engager, la combattit très vivement ; au Ve, saint Augustin acheva de la rejeter ; et depuis ce temps tous les Pères et les Docteurs les plus éclairés ont reconnu que cette opinion n'était qu'une pure illusion, qui se dissipait dès qu'on en venait à l'examen des preuves alléguées de part et d'autre.
III
C'est donc son retour à l'Église, Jérusalem spirituelle, et non un retour dans la Jérusalem terrestre de la Palestine, que le peuple juif peut et doit espérer. L'Évangile n'est venu apporter et n'a promis que des biens spirituels. Ce n'est pas seulement pour les chrétiens des premiers siècles, mais aussi pour les Juifs convertis des derniers âges que saint Paul a écrit ces lignes : Béni soit le Dieu et Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle pour les choses célestes, dans le Christ (5).
Toute bénédiction spirituelle pour les choses célestes ! Voilà exprimée en quelques mots précis la différence qui existe entre les deux Testaments, entre la Loi et l'Evangile.
Dans l'Ancien Testament, Dieu promettait des biens temporels, il accordait des choses terrestres, une Palestine où coulaient le lait et le miel. Qu'on lise le Lévitique, chapitre XXVI ; le Deutéronome, chapitres VII, 13 ; XXIV, 28. On n'y trouvera comme promis aux Juifs que des biens terrestres.
Dans le Nouveau Testament, au contraire, ce ne sont que des biens spirituels que Dieu annonce. Qu'on lise tout l'Évangile, toutes les épîtres des Apôtres : nulle part on n'y rencontrera la promesse d'une terre à posséder ou la promesse de biens terrestres à recevoir. Partout c'est la promesse du ciel dans l'avenir, la promesse de biens spirituels dans le présent :
Bienheureux les pauvres de gré, car le royaume des cieux est à eux.
Bienheureux les doux, car ils posséderont la terre.
Bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.
Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Bienheureux ceux qui ont le cour pur, car ils verront Dieu.
Bienheureux les pacifiques, car ils seront appelés enfants de Dieu.
Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, car le royaume des cieux est à eux (6).
Cette charte du royaume messianique, promulguée par Jésus sur la Montagne, s'appliquera aux Juifs quand ils entreront dans l'Église, ainsi qu'elle s'est appliquée, dans tous les siècles, à tous les peuples chrétiens. C'est vers la Jérusalem céleste qu'ils lèveront les yeux, selon que les Patriarches, leurs pères, leur en ont donné l'exemple, en ne cherchant point ici-bas une cité permanente.
IV
À l'occasion des congrès sionistes tenus à Bâle, une médaille a été frappée, comme symbole des espérances juives. Elle porte sur la face l'image d'une jeune femme debout, la main étendue vers le soleil qui se lève à l'horizon. À ses pieds, les pèlerins d'Israël, le bâton à la main, lui demandent de leur servir de guide. Au revers, la médaille porte l'inscription suivante, tirée d'Ézéchiel : Je prendrai les enfants de Juda parmi les nations et je les rendrai à leur terre.
Un jour, qui n'est peut-être pas éloigné, cette médaille symbolique sera réalisée, mais dans un sens plus élevé que celui conçu et espéré par les Sionistes
Le Soleil de justice, qui s'est levé à l'horizon, Jésus-Christ, aura, dans sa miséricorde, éclairé de ses divins rayons les yeux si longtemps obscurcis d'Israël.
La jeune femme à laquelle ces pèlerins errants, le bâton à la main, demandent de leur servir de guide, sans toutefois mentionner son nom, ils la connaîtront et avec amour, ils lui diront, se rappelant l'oracle d'Isaïe (7) : Vous êtes la Vierge-Mère, vous êtes la Vierge Marie !
C'est Elle qui, de sa main maternelle, aura pris les enfants de Juda parmi les Nations,
Et c'est à leur terre qu'Elle les aura rendus, en les rendant à l'Église !
(1) Joan., XVIII, 36.
(2) « Et. plantabo cos in terra ista in veritate, in toto corde meo et in tota anima mea. » (Jérémie, XXXII, 39-41.)
(3) Coloss., I, 13.
(4) « Tibi et antea confessus sum, me et multos alios hæc sentire, ita ut omnino perspectum habeamus sic futurum ; at multos rursus, eosque ex illo Christianorum genere, quod piam et puram sequitur sententiam, id non agnoscere, tibi significari. » (S. Just., Dial. cum Tryphone, p. 177.)
(5) Éphés., I, 3.
(6) Matth., V, 3-10.
(7) Isaïe, VII, 14.