Considérations sur la Passion
Saint Alphonse-Marie de Liguori
(suite)
CHAPITRE I
SUR LA PASSION DE JÉSUS-CHRIST EN GÉNÉRAL
- I -
Nécessité d'un Rédempteur et sa qualité
- Incarnation du Verbe, sa vie - Erreur des Juifs - Prophéties
Adam pèche, il se révolte contre Dieu et comme il est le premier homme, père de tous les hommes, il entraîne dans sa perte le genre humain tout entier. L'injure ayant été faite à Dieu, ni Adam ni les autres hommes, par tous les sacrifices, même celui de leur propre vie ne pouvaient offrir à la Majestée divine offensée une satisfaction digne pour l'apaiser pleinement. Il fallait qu'une personne divine satisfit à la divine Justice. C'est pourquoi le Fils de Dieu, touché de compassion pour les hommes et poussé par les entrailles de sa miséricorde, consentit à se revêtir de la chair humaine et à mourir pour les hommes, afin d'offrir ainsi à Dieu une satisfaction complète pour tous leurs péchés et de leur rendre la grâce qu'ils avaient perdue.
Notre tendre Rédempteur vint donc sur la terre et voulut, en se faisant homme, remédier à tous les maux que le péché avaient apportés aux hommes; il voulut, non seulement par ses leçons, mais encore par les exemples de sa sainte vie, amener les hommes à observer les commandements de Dieu et à gagner par ce moyen la vie éternelle. À cette fin, Jésus-Christ renonça à tous les honneurs, à tous les plaisirs et à toutes les richesses, dont il aurait pu jouir ici-bas et qui lui appartenaient, puisqu'il était le Maître de l'univers. Il choisit une vie humble, pauvre et pleine de tribulations, au point de mourir de douleur sur une croix.
Ce fut une erreur des Juifs de penser que le Messie devait venir en ce monde pour triompher de tous ses ennemis par la force des armes, et qu'après avoir établi sa domination sur toute la terre, il rendrait ses partisans riches et glorieux. Si le Messie se fût montré tel que les Juifs se le figuraient, un prince triomphant et honoré de tous les hommes comme souverain du monde entier, il n'aurait pas été le Rédempteur que Dieu avait promis et que les Prophètes avaient annoncé. C'est ce que Jésus-Christ a nettement déclaré lui-même, lorsqu'il répondit à Pilate que son royaume n'était point de ce monde (Jn 18, 36). Saint Fulgence a donc raison de reprocher à Hérode la crainte qu'il avait d'être privé de son royaume par l'Enfant de Bethléem, ce doux Sauveur n'étant pas venu pour vaincre les rois par la guerre, mais pour les attirer à lui par sa mort.
Les Juifs tombèrent dans une double erreur par rapport au Rédempteur qu'ils attendaient. D'abord, ils voulurent entendre des biens terrestres et temporels ce que les Prophètes avaient dit des biens spirituels et éternels dont le Messie devait enrichir son peuple. Voici quelles devaient être les richesses du salut promis : la foi, la connaissance des vertus et la crainte de Dieu. Le Seigneur promettait encore aux pénitents le remède, aux pécheurs le pardon, aux esclaces du démons la liberté (Is 33, 6; 61,1). Les Juifs se trompèrent en outre en appliquant au premier avènement du Sauveur les prophéties qui regardent le second, quand il viendra juger le monde à la fin des siècles. David, il est vrai, a prédit du Messie qu'il doit vaincre les princes de la terre et abattre l'orgueil d'un grand nombre (Ps 109, 5). Jérémie annonce pareillement que l'épée du Seigneur ravagera toute la terre (Jr 12,12). Mais tout cela se rapporte au dernier avènement de Jésus-Christ, lorsqu'il paraîtra comme Juge, pour condamner les méchants.
Quant au premier avènement de Notre-Seigneur, où il devait consommer l'oeuvre de notre rédemption, les Prophètes ont annoncé, de la manière la plus claire, qu'il vivrait ici-bas dans la pauvreté et l'humiliation. Zacharie a prédit qu'il serait pauvre, et qu'on le verrait monté sur un ânon (Za 9, 9). Cette prophétie se vérifia particulièrement lorsque Jésus-Christ fit son entrée solennelle dans Jérusalem et qu'il y fut reçu avec honneur comme le Messie désiré, ainsi que saint Jean le rapporte, en ne manquant pas de rappeler la prédiction de Zacharie (Jn 12, 14). Nous savons d'ailleurs qu'il fut pauvre dès sa naissance, qui eut lieu dans une grotte et dans une ville obscure, Bethléem, suivant la prophétie de Michée (Mi 5, 1), prophétie notée par saint Mathieu (Mt 2, 6) et par saint Jean (Jn 7, 42). De plus, Osée a prédit que le Fils de Dieu se trouverait en Égypte (Os 11, 1), ce qui se vérifia lorsque Jésus Enfant fut porté dans cette contrée, où il demeura au milieu d'un peuple étranger, y étant donc nécessairement fort pauvre (Mt 2, 13-15). De retour en Judée, il continua de vivre dans la pauvreté; il avait lui-même prédit par la bouche de David que toute sa vie devait être pauvre et pleine de travaux (Ps 87, 16).
Dieu ne pouvait voir sa justice pleinement satisfaite par tous les sacrifices que les hommes lui eussent offerts, y compris celui de leur vie. Il permit donc que son propre Fils prit un corps humain et s'offrit comme une victime digne de le réconcilier avec les hommes et de leur obtenir le salut (He 10, 5). Le Fils unique de Dieu consentit à s'immoler pour nous; il descendit sur la terre pour accomplir ce sacrifice par sa mort, et opérer ainsi la rédemption des hommes d'une manière parfaite selon la volonté de son Père (He 10, 7).
" À quoi servirait de vous frapper davantage ? " dit le Seigneur en s'adressant aux pécheurs (Is 1, 5). Il nous fait entendre par là que, quel que soit le châtiment de ceux qui l'outragent, leur supplice ne peut réparer son honneur blessé; c'est pourquoi il charge son propre Fils de satisfaire pour les péchés des hommes, le Fils de Dieu étant seul capable de donner une digne compensation à la Justice divine. Après cela, le Seigneur déclare qu'il a frappé Jésus-Christ comme la victime destinée à expier nos fautes (Is 53, 8). Il ne s'est pas contenté d'une satisfaction légère, mais il a voulu voir cette victime consumée dans les tourments (Is 53, 10).
Ô mon Jésus ! victime d'amour consumée de douleur sur la croix pour expier mes péch1s, je voudrais mourir de regret, quand je pense que je vous ai tant de fois méprisé, après avoir été tant aimé de vous ! Ah ! ne permettez pas que je continue de répondre par l'ingratitude à tant de bonté ! Attirez-moi tout à vous; faites-le Seigneur, par les mérites de ce sang que vous avez répandu pour moi.
- II -
Figures de l'Ancien Testament - Autre prophéties -
Reconnaissance due au Père et au Fils
Lorsque le Verbe divin s'offrit pour racheter les hommes, deux voies se présentèrent à lui pour y parvenir, l'une de plaisir et de gloire, l'autre de souffrance et d'opprobre. Cependant, comme il voulait venir sur la terre, non seulement pour délivrer l'homme de la mort éternelle, mais encore pour se concilier l'amour de tous les coeurs, il renonçau au plaisir et à la gloire et choisit les souffrances et les opprobres (He 12,12). Afin donc de satisfaire pour nous à la Justice divine, et de nous enflammer en même temps de son saint amour, il voulut se charger de toutes nos dettes et, en mourant sur la croix, nous obtenir la grâce de la vie bienheureuse. C'est ce qu'Isaïe exprime clairement quand il dit que le Sauveur a pris sur lui les peines que nous avons méritées. (Is. 53, 4).
L'Ancien Testament contient deux figures expresses de ce mystère. La première est la cérémonie annuelle du Bouc Émissaire (Lv 16, 5). Le Grand Prêtre le chargeait, avec imprécation, de tous les péchés du peuple; après quoi, on l'envoyait dans un désert comme étant devenu l'objet de la colère de Dieu. Ce bouc représentait notre Rédempteur, qui daigna se charger de nos fautes, et devenir la malédiction même, suivant l'expression de saint Paul (Ga 3, 13), afin de nous obtenir la bénédiction divine. L'Apôtre dit ailleurs : " Celui qui n'avait pas connu le péché, il l'a fait péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu" (2 Co 5, 21). Comme l'expliquent saint Ambroise et saint Augustin, cela signifie que celui qui était l'innocence même a paru devant Dieu comme s'il eût été le péché même. En d'autres mots, il prit les dehors du pêcheur et voulut subir les peines dues à tous les pécheurs, afin d'obtenir leur pardon et de les rendre justes auprès de Dieu. La seconde figure du sacrifice que Jésus a offert pour nous à son Père éternel sur la croix est celle du Serpent d'Airain (Nb 21, 8) élevé sur un poteau. Les Hébreux mordus par les serpents, dont le venin brûlant causait la mort, n'avaient qu'à le regarder pour être guéris. Notre Sauveur a donné lui-même l'explication de cette figure, en ces termes: "Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l'homme soit élevé; afin que tout homme qui croit en lui, ne périsse point, mais obtienne la vie éternelle" (Jn 3, 14-15).
Observons ici avec quelle clarté la mort ignominieuse de Jésus-Christ est prédite dans le deuxième chapitre du livre de la Sagesse. Quoique les paroles de ce chapitre puissent s'entendre de la mort de tout homme de bien, selon saint Cyprien, saint Jérôme et beaucoup d'autres Pères, elles conviennent principalement à la mort du Sauveur. On y lit : "S'il est véritablement le Fils de Dieu, Dieu prendra sa défense et le délivrera" (Sg 2, 18). Ces paroles cadrent parfaitement avec ce que disaient les Juifs pendant que Jésus était en croix : "Il met sa confiance en Dieu ; si donc Dieu l'aime, qu'il le délivre maintenant; car il a dit: Je suis le Fils de Dieu" (Mt 27, 43). Le Sage continue: "Interrogeons-le par l'outrage et le tourment (de la croix); éprouvons sa patience; condamnons-le à la mort la plus infâme" (Sg 2, 19-20). Les Juifs choisirent pour Christ la mort de la croix, comme la plus ignominieuse, afin que son fût à jamais couvert d'infamie et entièrement oublié des hommes, ainsi que Jérémie l'avait prédit (Jr 11, 19). Comment dont les Juifs peuvent-il nier aujourd'hui que Jésus-Christ ait été le Messie promis, la vie lui ayant été ôtée par le supplice le plus infamant, exactement comme les prophètes l'avaient annoncé?
Jésus accepta une telle mort, parce qu'il mourait pour expier nos péchés. C'est pour cela qu'il voulut d'abord, comme s'il eût été un pécheur, être circoncis, être racheté lorsqu'il fut présenté dans le temple, recevoir le baptême de pénitence de la main de saint Jean-Baptiste. Il voulut enfin, dans sa passion, être cloué à la croix, pour expier l'abus que nous avons fait de notre liberté. Il voulut expier notre avarice par sa nudité, notre orgueil par ses humiliations, notre envie de dominer par sa soumission aux bourreaux, nos mauvaises pensées par sa couronne d'épines, notre intempérance par le fiel qu'il goûta, et nos plaisirs sensuels par les souffrances de son corps. Après un tel bienfait, nous devrions sans cesse, avec des larmes d'attendrissement, rendre grâces au Père éternel, qui nous a aimés au point de livrer à la mort son Fils innocent pour nous délivrer de l'enfer, et qui, en nous donnant son Fils unique, nous a tout donné (Rm 8, 32). Ainsi parle saint Paul, et comme Notre-Seigneur l'a déclaré lui-même, tout cela est l'effet de l'amour de Dieu son Père envers nous (Jn 3, 16). Aussi la Sainte Église s'écrie-t-elle dans son office du Samedi-Saint : " Merveilleuse condescendance de ta grâce ! Imprévisible choix de ton amour ! Pour racheter l'esclave, tu livres le Fils." Si nous croyons et confessons cette vérité, comment pouvons-nous vivre sans brûler d'amour envers un Dieu si aimant et si aimable ?Ô Dieu éternel ! ne regardez pas mon âme souillée de péchés; regardez votre Fils innocent suspendu à une croix et vous offrant ses souffrances et ses humiliations afin que vous ayez pitié de moi. Ô Dieu infiniment aimable et véritablement Ami de mon âme., pour l'amour de ce Fils qui vous est si cher, faites-moi miséricorde ! La miséricorde que je vous demande, c'est que vous me donniez votre saint amour. Ah ! tirez-moi de la fange de mes iniquités, et faites que je sois tout à vous ! Ô Feu brûlanmt, consumez tout ce qui se trouve d'impur dans mon âme et qui l'empêche d'être entièrement à vous !
- III -
La Mort de Jésus-Christ est notre salut;
elle est un enseignement et un exemple, un motif de confiance et d'amour
En somme, tout ce que nous pouvons avoir de bien et d'espérance de salut, nous le devons aux mérites de Jésus-Christ, ainsi que saint Pierre le déclare expressément: "Il n'y a pas sous le ciel d'autre nom donné aux hommes pour lequel il nous faille d'être sauvés" (Ac 4, 12). Les théologiens concluent de là, avec saint Thomas, qu'après la promulgation de l'Évangile, nous devons croire explicitement, non seulement de nécessité de précepte, mais encore de nécessité de moyen, que nous ne pouvons nous sauver que par la médiation de notre Rédempteur.
Tout le fondement de notre salut est donc dans la rédemption des hommes opérée sur la terre par le Verbe divin. Il faut observer en outre que, quoique toutes les actions de Jésus-Christ en ce comme, comme émanant d'une personne divine, fussent d'un prix infini, en sorte que la moindre eût suffit pour expier tous les péchés des hommes, néanmoins la mort de Jésus-Christ fut le grand sacrifice par lequel notre rédemption s'est accomplie. C'est pour cela que, dans les saintes Écritures, la rédemption des hommes est principalement attribuée à la mort de notre Sauveur sur la croix (Ph 2, 8). Ainsi, l'Apôtre dit qu'en recevant la Sainte Eucharistie, nous devons nous souvenir de la mort du Seigneur (1 Co 11, 26). Pourquoi parle-t-il de la mort, et non de l'incarnation, de la naissance, de la résurrection ? Il parle de la mort, parce que ce supplice, le plus douloureux et le plus humiliant que Jésus-Christ ait souffert, est celui par lequel il a consommé l'oeuvre de notre rédemption.
Saint Paul disait encore qu'il ne prétendait pas savoir autre chose que Jésus crucifié (1 Co 2, 2). L'Apôtre n'ignorait pas que Jésus-Christ est né dans une grotte, qu'il a vécu trente années dans la maison d'un pauvre artisan, qu'il est ressuscité après sa mort, et qu'il est monté au ciel ; pourquoi donc proteste-t-il que tout sa science consiste à connaître Jésus crucifié ? C'est que la mort soufferte par Jésus-Christ sur la croix était ce qui l'excitait le plus vivement à aimer ce divin Sauveur, et à pratiquer l'obéissance envers Dieu, la charité envers le prochain, la patience dans les adversités, vertus spécialement exercées et enseignées par Notre-Seigneur sur la croix, comme du haut d'une chaire élevée pour nous instruire, suivant la pensée du Docteur Angélique et de saint Augustin.
Tâchons donc, âmes fidèles, d'imiter l'Épouse des Cantiques, qui goûtait, disait-elle un doux repos aux pieds de son Bien-Aimé (Ct 2, 3). Mettons-nous fréquemment devant les yeux, surtout le vendredi, Jésus mourant sur la croix; arrêtons-nous quelque temps aux pieds de ce divin Sauveurm et contemplons avec attendrissement les souffrances qu'il endure et l'amour qu'il nous témoigne dans son agonie sur ce lit de douleur. Puissions-nous dire aussi que nous nous sommes reposés reposés à l'ombre de la croix. Oh ! quel heureux repos pour les âmes qui aiment Dieu, au milieu du tumulte de ce monde, des tentations de l'enfer et des craintes qu'on éprouve à la pensée des jugements de Dieu, que de considérer, dans la solitude et le silence, notre tendre Rédempteur agonisant sur la croix, où l'on voit son sang divin couler de tous ses membres percés et déchirés par les fouets, les épines et les clous ! Comme, à l'aspect de Jésus crucifié, notre esprit se dégage de tout désir des honneurs mondains, des biens terrestes et des plaisirs sensuels ! Alors émane de la croix un souffle céleste, qui nous détache doucement des choses de la terre. Ce souffle allume en nous un saint désir de souffrir et de mourir pour l'amour de celui qui a voulu souffrir et mourir pour l'amour de nous.
Si Jésus-Christ, au lieu d'être ce qu'il est, Fils de Dieu et vrai Dieu, notre Créateur et notre souverain Maître, n'était simplement qu'un homme, ah! qui serait insensible à la vue de ce jeune homme de sang noble, innocent et saint, expirant dans les tourments sur un gibet infâme, pour expier, non ses propres fautes, mais les crimes de ses ennemis eux-mêmes, et pour les délivrer par ce moyen de la mort qu'ils ont méritée ? Comment donc un Dieu n'obtient-il pas les affections de tous les coeurs, en mourant dans un abîme d'humiliation et de douleur pour l'amour de ses créatures? Comment, après cela, ces créatures peuvent-elles encore aimer autre chose que ce Dieu ? comment peuvent-elles penser à autre chose qu'à se montrer reconnaissantes envers ce tendre bienfaiteur ?
Que ne connais-tu le mystère de la croix ! disait saint André au tyran qui voulait lui faire renier Jésus-Christ parce que Jésus a été crucifié comme un malfaiteur. Oh ! si tu comprenais l'amour que Jésus-Christ t'a porté en daignant mourir sur la croix pour expier tes péchés et t'obtenir une félicité éternelle, sans doute, loin de chercher à me persuader de le renier, tu renoncerais toi-même à tout ce que tu possèdes et espères ici-bas, pour obéir et plaire à un Dieu qui t'a tant aimé ! Telle fut en effet la conduite d'un si grand nombre de Martyrs et d'autres Saints qui ont tout quitté pour Jésus-Christ. Ô honte pour nous ! combien de jeunes vierges ont refusé la main des grands, des princes, avec les richesses et tous les délices de la terre, et se sont empressées de sacrifier leur vie pour répondre par quelque marque de retour à l'amour que leur a témoigné ce Dieu crucifié ! D'où vient donc qu'il y a tant de chrétiens sur qui la passion de Jésus-Christ fait peu d'impression ? Cela provient de ce qu'ils ne s'appliquent point à considérer combien Jésus-Christ a souffert pour l'amour de nous.
Ah ! mon doux Rédempteur, j'ai été moi-même du nombre de ces ingrats ! Vous avez sacrifié votre vie sur une croix pour ne pas me voir perdu; et moi, j'ai tant de fois consenti à vous perdre, vous qui êtes un bien infini, en perdant votre grâce! Maintenat le démon, en m'offrant le tableau de mes péchés, voudrait me faire croire que mon salut est devenu trop difficile; mais, en vous voyant crucifié pour moi, mon Jésus, j'ai la confiance que vous ne me rejetterez pas de votre présence, si je me repens de vous avoir offensé et si je veux vous aimer. Oui, je m'en repens, Seigneur, et je désire vous aimer de tout mon coeur. Je déteste ces plaisirs maudits qui m'ont fait perdre votre grâce. Je vous aime, ô Amabilité infinie, et je suis résolu de vous aimer toujours ! Le souvenir de mes péchés ne servira qu'à m'enflammer d'un plus grand amour pour vous, qui avez daigné me chercher quand je vous fuyais. Non, mon Jésus, je ne veux plus me séparer de vous ni cesser jamais de vous aimer !
Ô Refuge des pécheurs, tendre Marie, vous qui avez eu tant de part aux douleurs votre divin Fils dans sa passion, priez-le qu'il me pardonne et qu'il m'accorde la grâce de l'aimer !