DOCUMENTS A L'APPUI
PREUVES PAR LES TEXTES


   AVERTISSEMENT AU LECTEUR

    Cette partie n'avait pu être définitivement coordonnée par l'auteur, mais il avait laissé un plan méthodique, mentionnant les sources à consulter, ainsi que divers textes recueillis par lui-même.
    Cette documentation a été complétée en s'inspirant des indications et des références que le plan contenait. Les citations choisies ont été réparties en plusieurs groupes qui ne sauraient être nettement délimités, car ils se pénètrent mutuellement et ils reflètent les rayons d'une même lumière.
    Dans chaque groupe, les citations sont unies par le seul lien implicite d'une parenté plus ou moins étroite avec l'une des vérités contenues dans « Le Corps, le Cœur de l'Homme et l'Esprit ».
    Les commentaires ou réflexions de l'auteur ont été imprimés en italiques pour les distinguer du contexte.
Il appartiendra au lecteur de suppléer, par la méditation et l'étude, à l'imparfaite présentation de ce travail dont nous sommes entièrement responsable.
    Seul, en effet, le Dr. Marc Haven aurait pu, s'il était resté parmis nous, réunir ces matériaux en un corps de doctrine synthétique et harmonieux.

 Paul Servant.


PREUVES PAR LES TEXTES

    Il n'y a qu'une âme universelle et qui est l'Esprit de Dieu, c'est-à-dire l'Amour. L'espace, l'air, l'océan, la terre, les animaux, les plantes, les astres, les parfums, tout cela c'est l'Amour qui a pris toutes ces formes. (ÇAKYA-MUNI).

    Remarquez que le feu, l'air, l'eau et la terre sont l'origine et la racine du monde d'en haut et du monde d'en bas ; tous les mondes sont basés sur eux. (Zohar, II, 24a).

    Ether et matière sont une même chose sous des formes différentes et on ne peut les séparer. (LEBON. Evolution des Formes, p. 12).
 

 * * *

    Il n'y a qu'un Etre, il est infini. C'est-à-dire qu'on ne peut rien lui ôter, ni rien lui ajouter. Tous les êtres vivent donc en lui et par lui.

    L'essence de Dieu est spirituelle, c'est-à-dire une, sans étendue, sans durée et sans pesanteur. (MURE, Philosophie de l'Absolu, ch. IX, p. 128).

    La conception de l'Unité absolue de l'Etre humain et de l'Etre divin est la plus haute conception à laquelle l'homme puisse atteindre. (FICHTE, in 'TRINE. Le Bien suprême, p. 91).

    L'Idée d'Unité est fondamentale. Mais Dieu n'est pas un roi solitaire, relégué par delà la morale, dans une éternité silencieuse. Il est réel, essence et vie, fin et milieu, présent au sommet de l'être comme à son plus humble degré, se manifestant en une triple forme : Ciel, Nature et Humanité. (Victor COUSIN).

    L'Unité, la recherche, la réalisation de l'Unité en nous est le but et le moyen unique. (Cf. L.-C. de SAINT-MARTIN. Le Nouvel Homme, pp. 112 et 113).

    Dieu n'est pas seulement pour nous l'éternel, l'immobile, l'absolu, l'invisible ; il est aussi le Dieu vivant, présent, aimant et souffrant dans l'humanité. Il est celui de qui vous viennent, si vous êtes vraiment son disciple, les plus particulières, les plus précises, les plus actuelles inspirations. (GRATRY. Les sources, p. 30).
 

 * * *

    La connaissance de l'harmonie, qui unit toutes choses et qui a son prototype dans l'Esprit-saint, est la plus grande lumière, la plus grande puissance que possédait, et que possède encore en principe, l'homme.
    C'est pourquoi la musique fut considérée par les Chinois comme la plus divine des connaissances.
    Sse Kouéi (14e dynastie) fit, sur l'ordre de l'empereur, une guitare à cinq cordes pour remédier à des troubles profonds qui agitaient alors l'univers (tremblements de terre ou déluges ?...)
    Fo Hi et, plas tard, Confucius s'appliquèrent avant tout à l'étude de l'harmonie et à son perfectionnement. Confucius avait un respect particulier pour le Chi King ou Livre des Vers.
    Orphée, Amphion remuaient les pierres, bâtissaient des villes, charmaient les animaux au son de la lyre.
    Chez les Grecs, Pythagore et plusieurs sages comprirent les rapports de l'harmonie terrestre, humaine, avec celle des astres. Saül, David, Salomon les connurent pareillement.

    A partir du mystérieux Point suprême jusqu'au plus infime degré de la création, tout sert de vêtement à quelque chose, et cette autre chose sert de vêtement à une chose supérieure, et ainsi de suite. De sorte que le cerveau entouré d'une pelure sert lui-même de pelure à un cerveau supérieur ; tout est donc cerveau à ce qui lui est inférieur et pelure à ce qui lui est supérieur. (Zohar, 1, 19 b).

    Dans la série des œuvres de la nature, chaque être sert d'échelon, non pas seulement pour arriver au degré suivant, mais pour arriver au degré supérieur. (L.-C. de SAINT-MARTIN. Le Ministère de l'Homme-Esprit, p. 156).

    Aucun de nous ne vit pour soi-même et aucun de nous ne meurt pour soi-même. (Saint PAUL. Epître aux Romains, XIV, 7).

    C'est ainsi que je croyais percevoir les rapports du monde réel avec le monde des esprits. La terre, ses habitants et leur histoire étaient le théâtre où venaient s'accomplir les actions physiques qui préparaient l'existence et la situation des êtres immortels attachés à sa destinée. (Gérard de NERVAL. Le Rêve et la Vie, p. 82).

    Comment, me disais-je, ai-je pu exister si longtemps hors de la nature sans m'identifier à elle? Tout vit, tout agit, tout se correspond ; les rayons magnétiques émanés de moi-même ou des autres traversent sans obstacles la chaîne infinie des choses créées, c'est un réseau transparent qui couvre le monde et dont les fils déliés se communiquent de proche en proche aux planètes et aux étoiles. Captif en ce moment sur la terre, je m'entretiens avec le chœur des astres qui prend part à mes joies et à mes douleurs! (Gérard de NERVAL. Ibid., p. 104).
 

    Nous revivons dans nos fils comme nous avons vécu dans nos pères...
... rien n'est indifférent, rien n'est impuissant dans l'univers : un atome peut tout dissoudre, un atome peut tout sauver! (Gérard de NERVAL. Ibid., p. 105).

    Tout ce qui existe est un système déterminé en relations continuelles avec d'autres systèmes. Exister, c'est être continuellement par actions et réactions, en équilibre et en déséquilibre avec son milieu. Cela se fait par instinct et cet instinct varie et croit d'un système à l'autre. (MACH. Connaissance et Erreur).
    Cet instinct, ce mouvement ascensionnel fatal et continu, que l'auteur ne définit pas, est précisément le courant ascendant que nous indiquons et qui dans la souche (ou triangle inférieur) pousse sans cesse les forces élémentaires vers la porte inférieure de l'homme. C'est le « Tao » qui « traverse tous les êtres » comme l'enseignait le Yih-King il y a cinq ou six mille ans.

    Jadis Tchéou Hiong disait : « Les transports (de particules) des êtres défunts sous l'action de la terre sont imperceptibles ». Tout comme le changement quotidien d'un visage, d'un corps, de la peau, des cheveux d'un être qui a l'air de rester le même.
    Si invisible est ce travail que l'Univers reste toujours le même comme aspect. 

    Et que toutes les bêtes de la terre, tous les oiseaux des cieux, avec tout ce qui se meut sur la terre, et tous les poissons de la mer, vous craignent et vous redoutent : ils sont remis entre vos mains. (Genèse, IX, 2).

    Lorsqu'Adam se leva debout, toutes les créatures le craignaient et l'imitaient. (Zohar, III, 107 b).

    Tant que l'homme porte sur son visage l'empreinte d'Adam, il en impose à tous les animaux du monde. (Zohar, I, 13 b).

    Toutes les créatures portent l'image et l'empreinte de la Trinité divine de la même manière que la cire imprimée de quelque cachet reçoit et porte son empreinte et son caractère.
    Les créatures sont comme de la cire, scellées et cachetées du cachet divin, et parce que ce cachet éternel est en Trinité, elles ont toutes son empreinte et sa figure, tant celle du monde intelligible que celle du céleste et de l'élémentaire : chacune comme il a plu au principe de la déterminer.
    Mais ce caractère de la Trinité divine est plus parfaitement en l'homme qu'en toutes les autres créatures, parce qu'il est la plus accomplie. (VIDAL COMMÈNE. L'Harmonie du Monde).
 

    Nous avons reçu l'image de Dieu dans la substance vive de notre âme : c'est par là que nous pouvons par instants, et par la grâce du Saint-Esprit (pas par nous-mêmes) être unis à Dieu (l'Esprit) sans intermédiaire, tandis que par nos œuvres, nos facultés, nous ne pouvons être unis à Dieu que d'une autre et moindre façon, pat intermédiaire. (RUYSBROECK L'ADMIRABLE. Les sept Degrés d'Amour spirituel, ch. XII). 

    C'est en relation avec cette image éternelle de Dieu, - qui est le Fils de Dieu, - que nous avons tous été créés, car dans la partie la plus noble de notre âme, nous sommes miroirs vivants et éternels de Dieu ; nous y portons gravée son image.
    Elle est essentiellement et personnellement dans Chacun des hommes nous sommes Un en Lui. (RUYSBROECK L'ADMIRABLE. Miroir du Salut, ch. VIII).

 * * *

    Celui qui ne s'écarte pas de sa propre nature subsiste longtemps. (Tao Te King, ch. XXXIII).
    Sing (nature) c'est ce que reçoit l'homme en naissant. Chacun contient le Tao tout entier. (Yih King, § 1156).

    Tout ce qu'un homme apprend en ce monde, l'âme le savait déjà avant de venir ici-bas (Zohar, III, 61 b).

    Chacun a reçu de Dieu son don particulier, l'un d'une manière et l'autre d'une autre.
    Que chacun suive l'état que Dieu lui a donné en partage.

    Que chacun demeure dans la vocation dans laquelle il a été appelé (mandat). (Saint PAUL. 1ère Epître aux Corinthiens, ch. VII, V, 7, 17, 20).

    Le Christ n'a donné aucune loi aux hommes, si ce n'est la loi de leur nature. L'humanité (charité) est dans leur cœur, de naissance, et les pousse à ce développement. (BOEHME. De Signatura Rerum).
    Toute créature vivante est amoureuse et aimable si on la traite avec bénignité. (BOEHME. Ibid.).

    L'âme de l'homme naît bonne à son origine, puisqu'elle est marquée du sceau et faite à l'image de Dieu. (PASCAL).

    L'esprit croit naturellement et la volonté aime naturellement. (GRATRY).

    L'éducation de l'homme n'est autre chose que la voie et le moyen qui conduit l'homme, être intelligent, raisonnable et conscient, à exercer, à développer et à manifester l'élément de vie qu'il possède en lui. Elle a pour but d'amener, par la connaissance de cette loi éternelle et des préceptes qu'elle renferme, tout être intelligent, raisonnable et conscient à connaître sa véritable vocation (mandat) et à l'accomplir spontanément et librement. (FROEBEL, cité in TRINE. Le Bien suprême, p. 90).

    Le Ciel et la Terre n'ont pas de cœur, ils achèvent et transforment. L'homme saint seul a un cœur. (Yih King, § I 58).
    Le cœur de l'homme est le cœur du Ciel et de la Terre. (Li Ki, t. I, p, 521).
    Le cœur est double : Cœur humain (anima) sensibilité, perception. Cœur moral (animus), porte supérieure. (Yin Foû King, ch. III. Annales du Musée Guimet, t. 1, § 1880).

    La force et la vigueur résident au milieu du corps ; car c'est là qu'est le siège du cœur qui alimente tous les membres. Le cœur est uni au cerveau ... C'est ici (dans le Saint des Saints) que se trouve le cœur du monde... (Zohar, III, 161 a, - 161 b).

    Dieu a donné à l'homme en plus de l'intelligence une bien plus haute connaissance par laquelle il peut voir dans le cœur de toutes choses ce qu'elles sont : dans les créatures de la terre et dans les plantes, les pierres et les arbres, dans tout ce qui a du mouvement et même dans ce qui n'en a point, dans les astres et les éléments. (BOEHME. Les Trois Principes. Préface, p. VIII).

    Le Seigneur a fondé son temple dans le cœur de l'homme... (L.-C. DE SAINT-MARTIN. L'Homme de Désir, § 270).

    La vérité ne peut rien manifester dans le monde que par le cœur de l'homme, c'est par lui qu'elle veut établir son domaine. (L.-C. DE SAINT-MARTIN, L'Homme de Désir, § 43).
    ... Il y a deux portes dans le cœur de l'homme : l'une inférieure et par laquelle il peut donner à l'ennemi l'accès de la lumière élémentaire, dont il ne peut jouir que par cette voie ; l'autre, supérieure, et par laquelle il peut donner à l'esprit refermé en lui l'accès à la lumière divine qui ne peut ici-bas lui être communiquée que par ce canal. (L.-C. DE
SAINT-MARTIN. Le Nouvel Homme, p. 187).

    O toi qui habites dans les jardins, tes amis sont attentifs à écouter ta voix. (Cantique des Cantiques VIII, 13).
(Action d'un esprit sur les esprits de sa famille.)

    ... Une école plus élevée a toujours existé, à laquelle le dépôt de toute science a été confié, et cette école était la communauté intérieure et lumineuse du Seigneur, la société des élus qui s'est propagée sans interruption depuis le premier jour de la création jusqu'au temps présent ; ses membres, il est vrai, sont dispersés dans tout le monde, mais ils ont toujours été unis par un esprit et une vérité, et n'ont jamais eu qu'une connaissance, qu'une source de la vérité, qu'un seigneur, qu'un docteur et qu'un maître : qu'un docteur et qu'un maître dans lequel réside substantiellement la plénitude universelle de Dieu, et qui les initia lui seul dans les hauts mystères de la nature et dans ceux du monde spirituel.
    Cette communauté de la lumière était appelée de tous temps l'Eglise invisible et intérieure. (ECKARTSHAUSEN. La Nuée sur le Sanctuaire, p. 19).
    Dieu lui-même est le chef toujours présent. Le meilleur homme de son temps, le premier chef ne connaît pas lui-même tous ses membres ; mais, dans l'instant où le but de Dieu rend nécessaire qu'il apprenne à les connaître, il les trouve certainement dans le monde pour agir vers un but déterminé. Cette communauté n'a point de rideaux extérieurs. Celui qui est choisi pour agir devant Dieu est le premier ; il se montre aux autres sans présomption, et il est reçu par les autres sans envie. (Ibid., p. 39).
    ... Ainsi l'Eglise intérieure est une société de laquelle les membres sont dispersés dans tout le monde, mais qu'un esprit d'amour et de vérité lie dans l'intérieur. (Ibid., p. 23).

* * *

    La croyance à la réincarnation était répandue chez les Juifs du temps de Jésus, on le voit aux questions qu'ils lui posent sur l'âme d'Elie réincarné dans Jean-Baptiste. Et dans cet autre passage où Jésus demande : Que pense-t-on de moi ? Les uns disent que tu es Jérémie, répondent les apôtres, les autres Elie, etc...
    Donc, que ce fur par réincarnation ou par embryonnat, cohabitation, les Juifs considéraient comme établi que l'âme d'un ancêtre pouvait habiter un corps vivant.

    Voici le témoignage que Jean-Baptiste rendit lorsque les Juifs envoyèrent de Jérusalem des sacrificateurs et des lévites pour lui demander : « Qui es-tu ? » Il le déclara et ne le nia point ; il le déclara en disant : « Je ne suis point le Christ ».
    « Qui es-tu donc » lui demandèrent-ils ? « Es-tu Elie ? » Et il dit : « Je ne le suis point ». « Es-tu le prophète ? » Et il répondit : « Non ». (JEAN, I, V, 19-20-21-22).

    Le Saint, béni soit-il, plante les âmes ici-bas ; si elles prennent racine, c'est bien ; sinon il les arrache, même plusieurs fois, et les transplante, jusqu'à ce qu'elles prennent racine. (Zohar, 1, 187 b).

    Il y a 600.000 âmes d'Israélites, et ce nombre est fixe, ne change pas. Cf. Apocalypse : 144.000 justes.

    Les âmes supérieures (celles que le Saint, béni soit-il, a destinées à descendre en ce bas monde), ne peuvent descendre dans le Paradis qu'entourées d'une enveloppe ; et ce sont les âmes inférieures, celles qui ne peuvent jamais s'élever au-dessus du Paradis, qui leur servent d'enveloppes. (Zohar, II, 98 b).

    Lorsque quelques-unes de ces âmes sortent de cet état d'enfance, c'est-à-dire lorsqu'elles quittent leur corps, et qu'après s'être dévouées ici au vrai Ministère de l'Homme-Esprit, elles se trouvent, après la mort, dans la puissance de leurs facultés, il n'est pas étonnant qu'elles puissent communiquer quelques-uns de leurs trésors aux âmes encore incorporées, quoique celles-ci ne comprennent ni la raison, ni le moyen de cette communication, tout en en ressentant les effets. C'est ainsi que le corps d'un enfant en bas âge peut sentit les impressions salutaires qu'un corps jouissant de ses facultés lui peut occasionner, quoiqu'il n'en voie pas la source, ni ne la puisse connaître. (L.-C. DE SAINT-MARTIN. Le Ministère de l'Homme-Esprit, p. 301).

    Notre passé et notre avenir sont solidaires. Nous vivons dans notre race et notre race vit en nous. Cette idée me devint aussitôt sensible, et comme si les murs de la salle se fussent ouverts sut des perspectives infinies, il me semblait voit une chaîne non interrompue d'hommes et de femmes en qui j'étais et qui étaient moi-même ; les costumes de tous les peuples, les images de tous les pays apparaissaient distinctement à la fois, comme si mes facultés d'attention s'étaient multipliées sans se confondre, par un phénomène d'espace analogue à celui du temps qui concentre un siècle d'action dans une minute de rêve. Mon étonnement s'accrut en voyant que cette immense énumération se composait seulement des personnes qui se trouvaient dans la salle et dont j'avais vu les images se diviser et se combiner en mille aspects fugitifs.
    - Nous sommes sept, dis-je à mon oncle.
    - C'est en effet, dit-il, le nombre typique de chaque famille humaine, et, par extension, sept fois sept, et davantage ».
    Je ne puis espérer de faire comprendre cette réponse, qui pour moi-même est restée très obscure. La métaphysique ne me fournit pas de terme pour la perception qui me vint alors du rapport de ce nombre de personnes avec l'harmonie générale. On conçoit bien dans le père et la mère l'analogie des forces électriques de la nature, mais comment établir les centres individuels émanés d'eux, - dont ils émanent, comme une figure animique collective, dont la combinaison serait à la fois multiple et bornée? Autant vaudrait demander compte à la fleur du nombre de ses pétales ou des divisions de sa corolle..., au sol des figures qu'il trace, au soleil des couleurs qu'il produit. (Gérard DE NERVAL, Le Rêve et la Vie, p. 54).

    La charité est l'accomplissement de la Loi. (Saint PAUL. Epître aux Romains, XIII, 10).
    Que personne ne cherche son avantage particulier, mais que chacun cherche celui d'autrui. (Saint PAUL, 1ère Epître aux Corinthiens, X, 24).

    Lorsqu'un des membres souffre, tous les autres membres souffrent avec lui; et lorsqu'un des membres est honoré, tous les autres membres en ont de la joie. (Saint PAUL, Ier Epître aux Corinthiens, XII, 26).

    ... la croix, je veux dire la doctrine du sacrifice ... fait descendre la lumière du ciel, la répand sur la terre, ressuscite et relève vers le ciel l'esprit humain, si mort qu'il soit, lui rend tous ses mouvements et toutes ses forces, et la vie, et la marche, et l'élan. Elle réunit dans une lumière unique, à la fois divine et humaine, les trois mondes que l'homme veut connaître. (GRATRY. Discours sur le Devoir intellectuel des Chrétiens, joint aux Sources, p. 214).
    ... J'appelle sacrifice l'imitation du saint et salutaire sacrifice de la croix, où l'homme meurt pour renaître glorieux, où l'on meurt au temps pour revivre à l'éternité, à l'égoïsme pour revivre à l'amour. En un mot, j'appelle sacrifice, non pas ce qui anéantit, mais ce qui multiplie et glorifie. (GRATRY. Ibid., p. 216).

 * * *

    Remarquez que toute la nourriture des hommes vient d'en haut. La nourriture ordinaire est produite par la coopération du ciel et de la terre ; c'est une nourriture grossière et lourde. Mais la nourriture la plus délicate vient de la région de la Rigueur ; et c'est celle qui fut accordée à Israël à sa sortie d'Egypte. Ainsi la nourriture d'Israël dans le désert venait de la région supérieure appelée « Ciel » ; cette nourriture est tellement délicate qu'elle fortifie l'âme plus qu'elle ne fortifie le corps avec lequel elle n'a aucune affinité. Cette nourriture est appelée « pain des anges » parce que, dépourvus de corps, les anges n'ont qu'à fortifier leur esprit ». (Zohar, II, 61 b).

    Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui subsiste en la vie éternelle. (Evangile selon Saint Jean, VI, V, 27).
    Car le pain de Dieu est celui qui descend du Ciel et qui donne la vie au monde. (Ibid., VI, V, 33).

    ... Nous ne devrions jamais nous livrer à aucun des actes de notre vie temporelle que nous n'eussions auparavant réveillé en nous la faim divine, puisque cette faim divine devant nous procurer la vraie substance de vie, nous ne devons pas avoir d'autre
but, d'autre attrait, d'autre pensée que de ne jamais laisser passer cette faim divine, par laquelle seule peuvent se manifester en nous les merveilles de Dieu, mais au contraire de nous occuper sans cesse de la ranimer, afin qu'elle ait la délicieuse joie de se rassasier de la substance de vie. (L.-C. DE SAINT-MARTIN. Le Ministère de l'Homme-Esprit, p. 71).

    A nous de permettre à la Vie divine de nous remplir... (TRINE. Le Bien suprême, p. 89).

    Que seulement je fasse de ma vie une chose simple et droite, pareille à une flûte de roseau que tu puisses emplir de ta musique. (RABINDRANATH TAGORE. Offrande lyrique, VII, trad. André Gide).

    L'esprit du Seigneur s'agite dans tous les sens, il se plie et se replie jusqu'à ce qu'il trouve une issue, et qu'il puisse entrer dans le cœur de l'homme. (L.-C. DE SAINT-MARTIN. L'homme de Désir, § 45).

    Du point de vue absolu, éternellement vrai, dans tous les temps, dans tout individu, sans exception, qui se pénètre vivement de son unité avec Dieu, et qui réellement et entièrement abandonne toute sa vie individuelle à la vie divine qui est en lui, le Verbe devient chair, sans restriction et sans réserve, devient une existence personnelle et humaine, absolument de la même manière qu'en Jésus-Christ. (FICHTE, cité in TRINE. Le Bien suprême, p. 91).
 

* * *

    Les grands regardent la roture comme leur racine. Ce qui est élevé (estime) ce qui est en bas comme sa base. De là vient que les princes et les rois s'appellent eux-mêmes orphelins, hommes de peu, hommes dénués de valeur. Ne montrent-ils pas par là qu'ils
.regardent la roture comme leur véritable origine ? Et n'ont-ils pas raison ? (Tao Te King, ch. 39).

    La souche. Le rôle de l'homme sage.
        
Le prince éclaire (les autres) et n'est pas éclairé par eux, c'est-à-dire n'est pas l'esclave du torrent des forces élémentaires du triangle.
    Il est nourri (Iang).
    Il ne nourrit pas.
    Il est servi par eux (ordonne, harmonise) et ne les sert pas (ne leur obéit pas).
    S'il était éclairé (dirigé) par eux, il commettrait des erreurs, malheurs (marche en sens contraire individuel).
    S'il voulait les nourrir, il serait réduit à l'impuissance.
    S'il voulait leur obéir, il perdrait sa dignité, sa situation (dans le triangle, en hauteur, il redescendrait).
    Tandis que si tout est dans l'ordre, les cent familles (imitant, suivant) le prince, se gouvernent elles-mêmes.
    Ils lui fournissent (la force vitale) et l'ordre pacifique (ngan, la paix, l'amour, le foyer dans la maison).
    Ils le servent, lui obéissent et ils montent en honneur, d'eux-mêmes, dans la lumière (leur personnalité monte en dignité, gloire). (Li-Ki, ch. VII. Li-Iun, art. 2, § 15).

    Apprenant qu'un grave crime avait été commis, l'empereur Ting, fils de Tchou, s'écria : « C'est ma faute » et il se laissa mourir de faim. Les crimes des sujets n'étaient que la conséquence de l'incurie, de l'impiété ou de la maladresse des rois qui n'avaient pas su réformer les mœurs et les cœurs des hommes.
    D'autre part en se laissant mourir de faim au lieu de se suicider par le fer, très logiquement, Ting n'acceptait plus rien de la souche pour son corps, puisqu'il l'avait mal dirigée. Et il prenait sur lui le péché du monde - d'un homme au monde. (Li-Ki, t. I, p, 251).

    L'âme intelligente (Ing Pe) a pour support (Tsai) la force vitale (Sou-Tseu - Yeou).

    Le ciel, la terre et tous les corps célestes s'associent également à la formation de l'homme. Les anges aussi s'associent à sa formation : l'esprit du bien et du mal, pour que l'homme soit pétri des deux à la fois. Le soleil et la lune procurent à l'homme la lumière pendant le jour et la nuit. Les bêtes sauvages les animaux domestiques, les oiseaux et les poissons lui fournissent la nourriture. Tous les arbres et les plantes de la terre lui fournissent également la nourriture. (Zohar, III, 219 b).

    L'action de l'homme, son ministère, s'étend sur tous les êtres depuis les « oiseaux des cieux » jusqu'aux « poissons de l'abîme » (Cf. Zohar) et sa loi morale, celle qu'il a reçue du Ciel est celle-là même qui doit régler la vie de tous les êtres, des anges aux animaux, aux végétaux et aux minéraux. (Cf. Le Ministère de l'Homme-Esprit).

    L'homme saint est maître de l'homme inférieur (l'homme du torrent, l'homme de peu). L'homme saint pénètre tous les êtres. C'est lui qui a donné leur nom et leur mandat aux choses. (LAO TSEU. Tao Te King).

    L'homme d'une vertu supérieure est comme l'eau. L'eau excelle à faire du bien aux dix mille êtres et ne lutte point (combat pour dominer) . (LAO TSEU. Tao Te King, ch. VIII). 

    L'homme est un être chargé de continuer Dieu là où Dieu ne se fait plus connaître par lui-même. (L.-C. DE SAINT-MARTIN. Le Ministère de l'Homme-Esprit, p. 166).

    Vous allez apprendre à commander à toute la nature ; Dieu seul sera votre maître et les sages seuls seront vos égaux. Les suprêmes intelligences se feront gloire d'obéir à vos désirs ; les démons n'oseront se trouver où vous serez ; votre voix les fera trembler dans le puits de l'abîme, et tous les peuples invisibles, qui habitent les quatre éléments,
s'estimeront heureux d'être les ministres de vos plaisirs. (Abbé DE VILLARS. Le Comte de Gabalis, p. 16).

    Le devoir ne va pas seulement de l'homme a l'homme, mais bien aussi à toute la création a tout être, sans exception. Le devoir c'est d'aller au but et d'y mener toute la création. Et nous devons aller au but, qui est l'union des êtres entre eux et avec Dieu, « de toute notre âme et de tout notre cœur, de tout notre esprit et de toutes nos forces ». (MATTHIEU, XXII, 37). - (GRATRY. Aphorismes de la Science du Devoir, p. 303).

    Le problème de la vie consiste à faire pénétrer la poésie dans la prose, le spirituel dans le matériel, ce qui est élevé et bienfaisant dans ce qui est commun et égoïste... (TRINE. Le Bien suprême, p. 80).

    Ne pas se lasser, ne pas se refroidir, être patient, sympathique, bienveillant, épier la fleur qui naît, et le cœur qui s'ouvre, toujours espérer, toujours aimer, comme Dieu. (AMIEL).
 

 * * *

    Le sage ne permet pas au plus léger atome d'éther étranger de pénétrer et de se mélanger dans son cœur (Sans son contrôle). (Yin Foù King. PHILASTRE. Annales du Musée Guimet, t. 1, § 1880).

    Lorsque l'homme se souille de péchés, un mauvais esprit s'attache à lui. Lorsque l'homme veut se purifier, il doit commencer par briser ce mauvais esprit. Or, comme cet esprit ne se nourrit que d'orgueil, il n'y a qu'un seul moyen de le briser ; c'est de s'humilier... La vérité est que chaque péché de l'homme crée, outre un mauvais esprit, ce que le corps est à l'âme. (Zohar, III, 240 a - 240 b).

    Quiconque commet le péché est esclave du péché. Or, l'esclave ne demeure pas pour toujours ans la maison, mais le Fils y demeure pour toujours. Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres. (Evangile selon Saint JEAN, VIII, v. 34-3j).

    La charité (amour) de Dieu est répandue dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a tout donné. Mais nous ne la recevons pas et l'esprit du monde entre en nous. (Thomas à KEMPIS. Les trois Tabernacles, ch. XI). 
 

 * * *

    Jésus est le suprême modèle du nouvel homme, de l'Homme-Esprit, donc il est le sommet du triangle, l'âme de l'Adam universel, modèle montré et envoyé à l'homme pour qu'il ait un exemple, des preuves (2), et un moyen (en s'unissant au Fils) d'arriver à faire sabbatiser :


         1° Son corps,
         2° Son cœur et son âme,
         3° Sa famille (tranche horizontale su triangle),
         4° Sa souche (triangle descendant de lui),
5° L'Esprit même, comme le dit L.-C. de Saint-Martin, c'est-à-dire l'ensemble du grand triangle et le triangle supérieur à lui (renversé) qui représente ses ancêtres, les esprits gardiens, les anges qui sont sur sa route, s'il le veut, s'il s'y efforce.
    C'est à dater de Jésus que l'homme sut dire « notre Père ». Avant, l'Esprit pouvait inspirer des hommes, certes, et il l'a fait en tous temps, mais depuis Jésus-Christ, l'homme peut en montant, en s'unissant à Lui, ramener au Père les « dix mille êtres » comme disent les Chinois.
    Nul ne peut avoir un plus grand amour que de donner sa vie pour son prochain (ce que Jésus SEUL a fait). « Tout est consommé (3) par sa mort.

    Pour Jésus, il n'y avait de réalité que dans l'union consciente avec Dieu. Il parlait toujours de ce qu'il connaissait, de ce qu'il avait réalisé et vu lui-même. C'est ce que nous appelons « l'expérience pratique ». Il ne proclamait la vérité d'aucune loi ou d'aucun principe dont il ne pût être lui-même la démonstration pratique. (TRINE. Le Bien Suprême, p. 95).

    Car en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité. (Saint PAUL. Epître aux Colossiens, II, 9).

    Père, je veux que là où je suis ceux que tu m'as donnés (4) soient aussi avec moi, afin qu'ils voient ma gloire, la gloire que tu m'as donnée, parce que tu m'as aimé avant la fondation du monde. (Saint JEAN, XVII, V. 24).
 

(2)  Jésus-Christ pouvait donner des preuves de tout ce qu'il disait. Monsieur Philippe m'a souvent dit la même phrase, et me l'a prouvée : « Je peux te donner des preuves de tout ce que je te dis ». Et il l'a fait souvent. « Si une chose n'était pas et que je te dise qu'elle est, elle serait immédiatement », m'a-t-il dit encore.
(3)  UN est revenu à Un, en passant par QUATRE, la croix et NEUF, la totalité de la  nature.
(4) Or, nul de ceux que son Père lui  a donnés n'est perdu et son Père lui a tout donné ! (L.-M. L., Le Triomphe de l'Amour, t, II, p. 236).

    Il est la tête du corps, c'est-à-dire le Chef de l'Eglise. (Saint PAUL. Epître aux Colossiens, 1, 18).
    Car comme nous avons plusieurs membres en un seul corps et que tous les membres n'ont pas une même fonction, ainsi nous, quoique nous soyons plusieurs, nous sommes un seul corps en Christ, et nous sommes chacun en particulier les membres les uns des autres. (Saint PAUL. Epître aux Romains, XII, 4 et 5).

    Il (le saint, homme-esprit, vertueux) reçoit toutes les âmes de ceux qui appartiennent à Jésus-Christ, pour ses frères et membres de sa propre vie, car les enfants de Dieu ne font qu'un en Christ, qui est Christ en tous ; c'est pourquoi il les reçoit tous pour ses membres corporels en Christ ... (BOEHME. De la Vie supersensuelle, § 21).

 * * *

    Les Indiens (Hindous) disent de Manou qu'il possédait une puissance tellement grande sur la matière qu'elle allait jusqu'à l'action créatrice. C'est pour cela qu'il fut appelé Yu Chi, l'ordonnateur du monde.
    C'est ce que la Genèse dit d'Adam : lorsque le premier homme fut créé, Dieu ne lui dit point de se lamenter et de passer sa vie dans les larmes, il lui dit qu'il l'établissait sur tous les ouvrages de ses mains pour les cultiver et les élaborer, il lui dit de donner an nom aux animaux. Or donner an nom (Ming en chinois = nom, fonction, mandat) c'est préciser les limites et la fonction d'un être. C'est donc donner à l'homme des facultés innées pour le faire (Sing = nature) c'est-à-dire une âme à l'image du ternaire divin, puisque son exercice devait continuer et reproduire l'œuvre divine elle-même. Ce sont les trois facultés innées de l'homme: mémoire, intelligence et volonté, dit Ruysbroeck.
    Et c'est aussi tracer une route (Tao, en chinois) a l'homme, un chemin qu'il eût à suivre pour arriver au complet développement, a la pleine floraison de ces puissances innées.
    L'homme saint constitue avec le Ciel et la Terre une troisième puissance intermédiaire. (Yih King § 1139).
    L'homme saint parvient jusqu'à la cause mystérieuse de l'Esprit. (Yih King, § 1154).
    Celui qui me connaît, c'est le Ciel (CONFUCIUS in Tchoung Young, ch. XIV, § 37).

    Quand l'homme sait voir tous les êtres dans ce suprême Esprit et ce suprême Esprit dans tous les êtres, il ne peut plus dédaigner quoi que ce soit ; aucun mal ne peut l'atteindre, il est lumineux, put il sait, il prévoit, il domine tout, il ne voit que par lui seul et les êtres lui apparaissent tels qu'ils furent de toute éternité (et sont) toujours semblables à eux-mêmes. (Isa Upanishad, du Yadjour Veda).

    Les justes qui soutiennent le monde sont les colonnes du trône du Saint. (Zohar).

    L'homme spirituel juge de tout et n'est jugé par petsonne. (Saint PAUL. Epître aux Corinthiens, II, 15).
    Celui qui écoute ma parole et croit en celui qui m'a envoyé a la vie éternelle et il ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. (Evangile selon Saint JEAN, V, v, 24).
    Je vous dis cela afin que ma joie (esprit) demeure en vous et que votre joie soit parfaite (union avec le Tao, avec l'Esprit). (Evangile selon Saint JEAN, XV, v, II).

    Quand un homme se donne vraiment à Dieu et devient son disciple, Dieu le pousse à une œuvre, le salut du siècle où il vit. Dieu lui montre le monde malade, couché dans les ténèbres et la souffrance ; il lui donne le regard du Christ pour en sonder les plaies, et quelque chose du cœur du Christ pour les sentir ; puis il lui dit au fond du cœur : «Il
y a peu d'ouvriers ». (GRATRY. Les Sources, p.68)