LA RÉALISATION

  Je vous adresse avec joie mon salut et mes souhaits d'une bonne année encore d'études et d'action en commun. Que la durée miraculeuse de votre effort soit pour vous le plus grand soutien et la meilleure preuve de l'invisible, très active et très douce présence qui vous a gardés et soutenus. Certes, mon travail et les efforts que vous avez dû exercer sur vous-même et les circonstances, ne furent pas inutiles ; mais, sans la prière qu'aurions-nous fait ? vous et moi ! Toutes les réunions humaines, toutes les réunions mixtes d'hommes et de femmes surtout, portent en elles-mêmes le germe terrible de leur dissolution et de leur mort. Sans Jésus but de nos efforts, sans Son aide continuelle, vous n'auriez pu rester unis pendant les trois années qui se sont écoulées depuis mon départ. Que notre première pensée, au début de cette nouvelle activité, soit donc de remercier ensemble le Christ et son Prêtre sur terre des grâces dont ils nous ont comblés.

  Je pense que vous avez tous relu avant de vous réunir mes lettres de l'année dernière. Fortifiés par les paroles mêmes que Jésus a prononcées autrefois, réellement, sur la terre et dont chacune donne naissance à un ange de lumière et d'amour ; nous pourrons, cette fois, en demandant constamment de rester humbles, essayer de pénétrer plus avant dans les mystères de la Vie Principe. De plus en plus, c'est à votre coeur que je parlerai. Car notre mental ne pourrait soutenir la moindre vibration de la lumière évoquée. Sans perdre un instant de vue, notre Seigneur et notre ami surnaturel, concentrant notre amour et toutes nos puissances sur Son image humaine évoquée, prenant sur son coeur immense, universel, l'appui nécessaire, Lui demandant d'accomplir en nous, en petit, Sa promesse de nous faire connaître un jour son Père, nous tenterons de recevoir des rayons plus nets et plus précis de la vie en son essence surnaturelle. Je prendrai comme guide les paroles de Jean. Je ne veux pas récrire un commentaire cent fois écrit, et bien mieux que je ne saurais le faire, mais contemplant, en prière, une parole, je vous répéterai ce que mon ami m'en dira dans le secret de mon coeur. Rien de personnel donc dans ce que vous recevrez cette année. Plus que jamais, il vous faudra prier pour comprendre et ceux d'entre vous qui prieront et agiront le mieux seront ceux qui sauront tirer le plus de fruits des lumières que je me contenterai d'indiquer. Mes lettres, cette année seront donc très probablement pour vous, plutôt un sujet, un but de travail intérieur et extérieur qu'une joie facile, une compréhension harmonieuse et sans grands efforts. 

 Enfin, si notre groupe résiste aux attaques de l'adversaire ; si calmes, confiants, pleins d'espoir vous revenez encore en 1924 j'espère que l'heure aura sonné d'une réalisation plus précise et plus complète des promesses de Jésus.

  Agissez donc, mes amis, dans les mois qui vont suivre, travaillez dans la vie. Consolez et guérissez. Discrets, allez partout où l'on vous signalera la douleur. N'ayez aucune timidité, aucune hésitation ; partout vous serez accompagnés : je vous atteste que j'en reçois en cette minute la solennelle promesse.

  Allez donc sans crainte, le Ciel vous garde.

LA VIE ÉTERNELLE 

  J'aurais pu, l'année dernière, vous écrire en prenant pour base le début de l'Évangile de Jean, mais j'ai préféré vous fortifier d'abord, à la lumière définitive des paroles mêmes de Jésus prononcées un instant avant de souffrir.

  Pour ceux d'entre vous qui auront su par l'acte, faire parvenir jusqu'à leur conscience de veille, le germe de vie éternelle reçu en leur coeur, mes lettres passées les rendront capables de pénétrer plus avant les mystères et les secrets du Christ, s'il le veut bien. Je ne me fais, bien entendu, et ils ne doivent se faire aucune illusion. Bien rares ont été dans le passé les créatures d'élection qui ont pu d'un coup d'aile franchir les abîmes du créé et parvenir aux confins de la vie absolue, sans perdre le contrôle de leur raison et la direction de leur personnalité physique.

  Il est très certain que, débutants et faibles comme nous le sommes tous ; malgré le calme que nos efforts et les grâces du Ciel ont pu donner à notre cerveau, bien peu de lumière véritable parviendra jusqu'à notre conscience matérielle. Mais notre vie intérieure en recevra davantage ; et, comme notre esprit profite de tous les travaux du coeur et de l'intelligence de ses organismes terrestres, notre étude, cette année, servira à le rapprocher du but. Et celui qui recevra plus tard la connaissance de la vie créatrice, sera préparé, éclairé, mieux disposé. Une soif plus grande de la vérité se fera sentir en notre âme ; elle tendra vers le Père universel avec une force plus grande, et toutes ses puissances recevront une nourriture plus subtile. Jésus d'un sourire et d'un regard l'appellera plus près de lui. 

  Les anges du Père, du Fils et de l'Esprit, pourront parvenir jusqu'à elle et la servir. Une lumière plus pure l'entourera. Puis, à son tour, elle rendra, à notre pauvre coeur, à nos sensibilités, à nos instincts mêmes et jusqu'à notre mental, ce qu'elle en aura reçu. Ainsi guidés par le Christ lui-même qui nous a choisis et dont nous avons fini par entendre les appels séculaires, très sûrs que nous ne pouvons rien comprendre, ni rien réaliser sans Lui ; faisant un effort pour descendre encore plus profondément dans l'humilité salvatrice ; nous considérant comme les derniers venus, comme les plus petits enfants du Maître, nous allons, mes amis, si nous pouvons tous réaliser cet état intérieur, nous trouver dans les meilleures conditions pour obtenir de Jésus qu'il nous donne cette année une connaissance plus intime de son Père. Plus que jamais nous ferons taire tout raisonnement et nous ouvrirons nos yeux et nos oreilles intérieures. Par cet échange mystérieux allant de notre coeur à notre âme et à notre esprit, et revenant ensuite de notre esprit à notre coeur, nous aurons vraiment fait un travail utile dont l'humble lumière illuminera notre vie et jusqu'à nos actions les plus matérielles. 

LE SURNATUREL 


 


 Ainsi que je vous l'ai dit, ce n'est pas un commentaire que j'essaye de faire après tant de Maîtres. Selon ma manière habituelle, je voudrais seulement vous faciliter le travail intérieur et extérieur dont je vous ai entretenus dans ma première lettre, vous répéter tout faut ce que mon coeur ressentira des lumières définitives et surnaturelles qui abondent dans tout notre Evangile et plus encore dans celui de Jean. Depuis que nous tentons ensemble de nous préparer par l'effort personnel, indispensable à l'enseignement progressif que le Ciel voudra donner à nos coeurs, j'ai attiré. toute votre attention sur l'image adorable de notre Christ, sur son image humaine en apparence semblable à celle de tous les hommes. Je vous ai fait voir souvent sa stature élevée, ses cheveux dorés, ses yeux si beaux, au regard insondable. Nous avons contemplé notre amidans ses oeuvres solitaires, dans ses veilles nocturnes sur la montagne, ou sur les bords du lac de Génésareth. Notre coeur s'est ému à Son geste et à Sa Voix souveraine commandant au mal, à la maladie, à la Mort. Ses paroles parvenues jusqu'à nous, nous les avons aimées d'un tel amour que les anges se sont rapprochés de nous ; nous avons tout rapporté à Lui ; son image s'est installée ,en nos demeures intérieures et, pour beaucoup d'entre nous, Sa présence est devenue presque permanente. 

  Mais Jésus, ne l'oublions jamais, n'est que la forme la plus compréhensible de l'insondable et incommensurable Pouvoir créateur, de la Vie enfin. en son essence incompréhensible. La promesse la plus extraordinaire du Christ est que si nous suivons exactement ses commandements ; si notre coeur un jour, arrive à ne plus battre que pour Lui, son Père, se fera connaître à nous et fera en nous sa demeure.

  L'heure me semble donc venue, en prenant un point d'appui sur ce que nous avons compris du Verbe devenu Chair, et sur l'enthousiasme développé en nous par ses dernières paroles prononcées comme Christ, de préparer en nous-mêmes la mystérieuse demeure, le réceptacle infime, mais pur, oie viendront se reposer, en réponse à cette promesse de Jésus, les premiers et faibles rayons de la Lumière divine, renfermant en eux le germe de cette merveilleuse connaissance, de cette miraculeuse union promise à notre âme. Désormais notre coeur devra être le tremplin d'un élan plus gland encore, d'un humilité plus profonde, afin que notre effort nous porte plus près, toujours plus près de la Vie.

  Ce travail constituera seulement notre part indispensable à l'aboutissement de l' oeuvre du Père en nous. Sans Sa grâce, notre. effort serait nul ; mais sans notre effort, sans notre tentative sincère de réalisation des commandements de Jésus, les grâces du Père ne viendraient pas jusqu'à nous.

  Mettons-nous donc courageusement au travail ; notre but est le plus beau qui puisse nous être présenté. Le mental est en l'homme si grand, si important, que la métaphysique et le raisonnement philosophique se sont emparés même des paroles de Jean. On les a discutées de toutes manières. Les théologiens n'y ont vu que des arguments propres à faire triompher telle ou telle conception de leur intelligence, tel ou tel dogme du protestantisme ou du catholicisme romain, religions extérieures qui étaient loin de la pensée de l'Évangéliste.

  Pénétré de la Lumière ineffable et de la Parole, qui dit-il était Dieu, son coeur humain, entièrement transformé et ne vivant que pour et par la Vie Eternelle, dont il était porteur, l'Évangéliste vivait surnaturellement et il ne faut à mon avis, chercher dans son Evangile que le surnaturel, et cela à une profondeur telle que chacune des expressions dont il se sert renferme des mystères complètement insolubles pour nous actuellement.

  Nous devrons donc nous contenter de l'aspect le plus extérieur de ces lois secrètes de la vie, mais j'espère que même ce frémissement presque éteint de la Lumière véritable, sera pour nous tous le ferment nécessaire pour le moment. Puissent nos Anges Gardiens et les Esprits de tous ceux que nous avons pu aider, pour obéir à Jésus, nous entourer, et dissiper nos ténèbres, puisque celles-ci, enfin, veulent bien commencer de ressentir la soif de la Lumière.

LE PRECURSEUR 

  Dès nos premiers pas cette année vers un but que nous savons ne pouvoir atteindre, mais dont la recherche constitue cependant notre travail intérieur le plus important, nous allons pouvoir prendre notre élan en nous appuyant sur le coeur d'une créature humaine tellement haute et d'apparence si humble que seuls de très rares passants sur les grands chemins de la Terre, ont pu être attirés vers elle et la deviner. Aussi cette petite compréhension que nous avons de l'immensité d'un être comme Jean le Baptiste, n'a-t-il pas été indispensable que Jésus notre seigneur et le sien, nous la donne tout d'abord ! Dès maintenant, nous voyons donc que selon sa parole, nous ne pouvons rien sans le Christ ; Lui seul nous conduira peu à peu jusqu'à Lui et nous facilitera notre tâche en permettant que notre route croise successivement celles de guides et de maîtres spirituels de plus en plus hauts. - Jean fut désigné par le Ciel «  pour être témoin de la Lumière ». Aussi si nous écoutons un instant la voix de notre coeur et si notre mental est silencieux, verrons-nous de suite pourquoi Jésus affirme que Jean était le plus grand parmi les enfants des hommes. Ainsi, notre coeur sera étonné de la gloire extraordinaire qui entoure cet être merveilleux dont les Paroles prendront pour nous une énorme et définitive importance.

  Si vraiment il doit, comme je le pense, répéter pour chacun de nous ce qu'il est venu faire sur cette Terre ; si c'est son aide qui doit nous permettre notre travail de cette année, comprenons-le davantage. Parfois notre esprit s'élève vers des pays surnaturels dont la splendeur dépasse tout ce que nos yeux terrestres ont pu contempler. Là, dans le rayonnement immédiat du principe, un esprit pur entre les purs, reçut le glaive radieux dont les éclats resplendissants lui assuraient la Force, partout où il passerait D'un seul élan, il rompit les terribles anneaux du formidable fleuve fluidique qui enserrait la terre toute entière et la séparait du reste de l'univers ( enseignement oral ). Des archanges en gardèrent les portes et le passage fut désormais ouvert entre la Terre et le Ciel. Puis dans sa course incessante celui qui avait déjà sous le nom d'Élie, rempli le monde de merveilles et attiré les âmes, sema les germes invisibles du repentir. Il ensemença les coeurs humains de ceux qui devaient le suivre dans le désert, recevoir la parole préparatoire et le baptême d'eau ; Il pénétra partout ; dans le sein de la Terre et dans les profondeurs des mers, et sur les sommets inaccessibles des plus hautes montagnes, et jusqu'aux confins les plus reculés du monde et toujours de son coeur incandescent, s'écoulaient sans relâche, s'écoulaient inépuisables, les semences vivantes dit remords et. du repentir.

  Puis cet esprit pur entre les purs vint prendre possession du corps humain qui lui avait été préparé. Et les ombres de la Terre l'engloutirent : tout souvenir fut éteint, et il ne resta plus dans l'enfant vêtu de « poil de chameau » qu'une flamme inextinguible, une force qui le poussait vers le désert et la parole. Et Jean croisa un jour le chemin où passait Jésus enfant Qui dira le mystère ineffable des regards échangés par lesquels cette créature communia avec son Créateur ? Qui dira tout ce que renferma
l'impressionnant silence de la courte entrevue ? Notre âme s'efface devant de telles grandeurs : adorons et travaillons en
silence.

  Pour flous qui essayons de mieux comprendra Jean-Baptiste, rendons-nous compte seulement que cette sublime mission n'est pas terminée. 

  Jean est toujours et sera toujours l'infatigable, semeur du repentir; c'est lui qui rend possible Ie trésor inespéré des larmes ; lui dont le travail finit par adoucir nos coeurs durs comme le roc, lui qui semblable à Moïse fait jaillir de notre insensibilité, l'eau très sainte du remords. 

  Que se dresse, mes amis, dans votre âme, l'image énigmatique du témoin de 1a Lumière. Que vos yeux contemple la silhouette amaigrie, le regard de feu de celui qui crie dans le désert de nos coeurs d'hommes depuis tant de siècles : « Préparez le chemin du Seigneur ». Grâce à Lui qui vous baptisa d'eau, vous pourrez aspirer à rencontrer enfin celui qui vient après Jean et baptise de feu et d'esprit.

L'INEFFABLE 

  Je vous ai dit souvent que, plus on essaye de vivre dans le centre, plus on tente de s'approcher de l'unité, plus tout en nous se simplifie : la pensée, la parole, le geste, l'acte. Cette unité, cette simplicité, Jean, l'apôtre du surnaturel, les atteint au maximum. Son évangile, d'un seul coup, nous transporte au centre même de la vie ; ses lettres très rares nous ; affirment que cette vie a été rendue manifeste, tangible, et que les apôtres se déclarent témoins de cette merveille : la vie a été manifestée et nous l'avons vue. Ces deux lignes contiennent tout. Les idées qui peuvent être enfermées dans n'importe quel livre, ne sont-elles pas toutes en principe dans ces quelques mots ? Et tout l'Évangile n'est-il pas contenu dans cette première phrase : le Verbe était en Dieu et tout a été fait par Lui ; Il était en Dieu et est devenu chair, et nous avons contemplé sa gloire, car il a habité parmi nous ? Et ce Verbe était la vie, et cette vie totale, incommensurable, incompréhensible, contenait aussi la Lumière infinie, absolue, réservée aux hommes...

  Ici, tout se tait, tout disparaît ; notre mental doit se tenir dans un total silence, une nudité parfaite devant les splendeurs l'inconnaissable. 

  Tout au fond de l'abîme de l'humilité, en regardant en nous-mêmes, apercevons une petite lueur bien faible, mais immuable sur laquelle la mort n'a pas de prise ; fixons nos regards sur cette étincelle de la vie éternelle. En vérité, c'est là, seulement là, dans tout notre être, que ces premières paroles de Jean, peuvent signifier quelque chose. Tout le reste en nous n'est que ténèbres, et l'heure n'a pas sonné encore, où ces ténèbres auront faim de la Lumière qui est la vie.

  Ainsi, contemplons en silence, cet unique sanctuaire où peut pénétrer un rayon de la parole, qui était dans le Principe en Dieu et qui était Dieu. Si l'intellect en nous a pendant quelques instants cessé d'agir sur nos cellules cérébrales ; si notre concentration active par l'attention, passive par la prière ardente et par l'amour, a été suffisante ; voici ce que nous pourrions saisir la vie Absolue, Eternelle, doit dans son essence nous rester cachée, car personne n'a jamais vu Dieu, c'est-à-dire, personne n'a eu connaissance complète, de l'absolu, de l'infini créateur, mais cette vie éternelle, contenait en soi, une force, dont seul, l'amour peut dans le chair, nous laisser deviner la nature ; cette force, l'Évangile l'appelle : le Fils unique.

  Ainsi, nous savons, que notre compréhension toute élémentaire qu'elle soit, est certaine ; nous savons que cette force émanée du principe est une et qu'elleest amour. Ainsi  notre amour à nouset notre unité, vers laquelle nous nous hâtons et dont nous nous rapprochons chaque jour, sont donc le reflet pur de ce mouvement de l'absolu. Ainsi, je vous l'atteste, ceux d'entre vous qui sentiront ce que je viens d'écrire, s'installer tout doucement en eux dans l'ineffable silence de la prière, ceux-là pourront vraiment se dire : « Je contemple et je sais, et j'adore une lueur faible mais réelle de ce qu'est  Lui-même notre Père qui est dans les cieux ; et cette science est un peu de mon Seigneur  et Ami éternel, Jésus, le Christ de gloire, de douleur,  et d'amour ; et, la pureté commençante de la petite  étincelle que je vois briller faiblement en moi, c'est en vérité, un peu de ma mère divine, Marie,  la Vierge de lumière qui naît en mon coeur. 

  Ainsi, mes amis, vous aurez monté le premier échelon de l'échelle de Jacob ; vous aurez, par la grâce de Jésus, par son permanent sacrifice, par son universelle bonté, commencé de préparer le tabernacle très pur, où viendra quelque jour se réaliser sa promesse : « Mon Père vous aimera et fera en vous sa demeure »

L'APPEL SÉCULAIRE

  Vous avons déjà vu l'année dernière, que la première oeuvre de Jésus, fut de rechercher, de reconnaître et d'appeler à Lui, ceux qu'il avait envoyés sur la Terre, pour être ses amis, ses premiers disciples, ses collaborateurs.

  Tous ceux qui considèrent l'Évangile comme un code de morale, ou l'histoire simplement humaine de la formation d'une religion, ne voient pas là, motif à s'émouvoir. Leur coeur reste insensible et leur mental ne perçoit rien de particulier, qu'une vocation, comme ils disent. Mais pour nous et pour tous les êtres qui liront l'Évangile avec le coeur, qui se laisseront pénétrer par sa vraie lumière, comment ne pas être convaincu que le Christ avait connu, préparé toutes ces créatures privilégiées.    Comment ne pas voir nettement que si elles le reconnurent et suivirent, sans hésitation, c'est que leur vie sur la Terre n'avait d'autre but, d'autres causes que cette merveilleuse collaboration suivie, pour beaucoup, du martyre ? Ne sentez-vous pas vous aussi, bien profondément que les rares rencontres de Jean et de Jésus, avaient été conçues selon la règle, le poids et la mesure exacte ? Que la phrase de Jean : « Voici l'Agneau de Dieu » est un signal, un appel aussi ? Que ces mots et non d'autres devaient être prononcés ? Par eux, Jean n'offrait-il pas au Christ l'humanité toute entière, sous la :orme d'André ? Et cette émouvante présentation, vous pouvez l'étudier, l'imaginer dans le Ciel, hors du temps.

 Puis beaucoup d'entre vous, tous même, un jour, pourront, en prêtant l'oreille, entendre en eux, cette mystérieuse parole.

  La voix profonde du précurseur retentira dans le silence et leur dira : « Voici l'Agneau de Dieu, voici .." le premier rayon de l'amour. Comprenez, mes amis, quelles lumières vous pouvez recevoir de l'Évangile, si vous apprenez à v reconnaître cette majestueuse Universalité ? Combien vivront en vous d'une vie intense, Jean, André, Simon, Philippe, Nathanaël, les premières créatures que Jésus d'un regard Pénétra pour toujours ?

  Puis, après cette communion rapide, redescendant sur la terre, quel élan naîtra progressivement en nos coeurs ! Quel désir profond de devenir humbles, puisque l'humilité seule, vous permettra les rencontres successives des soldats, des laboureurs, des amis, véritables de Dieu qui vous diront aussi : « Que cherchez-vous ? »

  Avec quelle joie, vous leur demanderez leur demeure et quelle émotion lorsque de nouveau retentiront les mêmes paroles que Jésus prononça. Venez et voyez...  Et ce seul mot, clé sublime qui  ouvritles âmes d' André et de Simon brisera aussi les dernières barrières entre la vie en vous et votre mental : volis irez, et vous verrez ce qu'est le moindre rayon véritable venu du Ciel. 

  Comme Nathanaël, vous reconnaîtrez votre Maître à la moindre preuve de ses pouvoirs, et Lui vous dira encore : « Tu verras de bien plus grandes choses. Un jour tu contempleras le Ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre vers le Fils de l'Homme.»

L' OEUVRE DE JEAN-BAPTISTE

  Je voudrais développer un peu aujourd'hui ce que je vous disais dans ma première lettre. Tout ce qui vient du Ciel doit être examiné avant, pendant, et après sa réalisation. Ainsi, la mission de Jean le Baptiste est triple. Votre coeur dans une méditation profonde peut apercevoir, comme un éclair, la préparation du prodigieux labeur. En un contact indicible le Verbe appelle à Lui cet esprit très pur, fleur inouïe d'une plante dont les racines ne se pourraient trouver qu'en une autre terre, une autre race. Une union mystérieuse, un colloque bref, une pénétration complète de cette créature par son créateur, et tout est dit. Désormais le Précurseur est né Quittant les palais resplendissants de la lumière, il descend de sphère en sphère, répandant partout les germes, les graines qu'il récoltera et fera fructifier sur la terre.

  Il traverse les déserts effrayants de la création et partout sa voix retentit proclamant l'approche de l'heure sainte qui sonne tour à tour pour les innombrables mondes, pensées de Dieu : celle de la venue complète et définitive de la vie. Il brise ensuite ainsi que je vous le disais plus haut, la terrible barrière fluidique qui enserrait la Terre, il prend un corps matériel et se prépare à répéter sur terre ses actes primordiaux. Il termine et achève le travail commencé sur les âmes donne ses amis à ..Jésus, prépare leurs âmes à Le comprendre, et, pour purifier à jamais la vie secrète des baptêmes, fait sur son Maître les gestes rituels, bien qu'il s'en reconnaisse indigne. Puis, quittant volontairement son corps par le martyre, il reprend dans les mondes surnaturels sa mission ininterrompue. C'est encore Lui maintenant qui prépare pour le Christ nos coeurs et nos âmes ; lui à qui Jésus  nous confie, lui qui cultive avec amour la petite fleur secrète dont la croissance est si pénible parmi les ronces, les pierres et l'ivraie. C'est à Lui enfin qu'est due notre première larme de repentance.

  Aussi notre coeur lui doit une reconnaissance infinie.

  Appuyons-nous donc sur Jeanmes anis, pour aider nos pas encore chancelants et si faibles. Nous ne pourrons trouver de meilleur guide. 

  C'est par la même constatation que s'éclaircit pour nous l'oeuvre de tous les êtres privilégiés dont nous lisons les noms dans ]'Evangile. Cette règle est générale. Comprenons donc que les paroles de Jean sur Jésus peuvent illuminer notre vision intérieure si elle se porte, avant le temps et l'espace, sur la préparation du Christianisme dans les pays de l'Esprit et sur la continuation actuelle des efforts et des labeurs due s'impose le Christs pour rappeler à Lui, l' immense majorité, que dis-je ? finalement

  La totalité des créatures. Que de lumières par exemple, dans ces simples paroles de Jean se rapportant à Jésus : Je ne le connaissais pas ; mais je suis venu baptiser d'eau pour qu'Il soit connu d'Israël

  Ainsi aucun être ne connaît le Verbe, même les plus grands. Ainsi comme le Ciel permit à Jean de reconnaître par une marque sensible et sans erreur « Celui qui baptise d'Esprit », le jour viendra pour nous, il est presque venu, où le signe s'imposant à notre mental même, nous rendra capable de reconnaître Jésus en notre âme d'abord, en notre coeur, puis, en réalité physique, quand l'Heure bénie de cette rencontre lointaine aura sonné.

  Je pourrais vous en dire plus long à ce sujet, mais je désire vous demander un travail personnel, et avec ces quelques indications vous pouvez méditer.

LA LUMIÈRE ET LES TÉNÈBRES 

  Que notre coeur reçoive aujourd'hui encore plus d'amour ; qu'il oublie davantage les réflexions du mental et prenne pour base la toute petite notion acquise jusqu'ici ; nous allons tenter de faire uni pas en avant.

  La Vie Créatrice Infinie est donc, unité, amour, lumière. Elle s'est manifestée toute entière en uncorps de chair. Elle est devenue, en apparence, un être semblable à nous. Ainsi nous apprenons encore qu'en elle-même, tout est un être, et que, dans le centre, dans le Ciel, il n'y a plus de symboles ou de forces. Ce que nous appellerons ainsi sur la Terre, sera une personne dans le Ciel. L'humilité, la faiblesse de l'intelligence voient donc plus juste que la plus haute philosophie. Vous le saviez déjà, mais vous le réalisez encore plus nettement et plus clairement. 

  Constatons donc, mes amis, que grâce à notre petitesse, à notre recherche de l'humilité, au travail que nous avons fait pour calmer les besoins factices de notre cerveau, et surtout grâce à la tendresse de Celui au nom duquel nous sommes réunis, nous avons pu d'un élan nous approcher plus près de l'inconnaissable que le philosophe le plus génial ou le plus grand savant

  Mais ce que je vous donne, n'est qu'une base à votre effort. C'est une graine que vous seuls pouvez faire fructifier Répétez donc souvent dans votre prière : « Par une grâce imméritée et un don spécial, en aimant l'Évangile, en laissant ses enseignements parvenir jusqu'à mon coeur, je sais, je suis certain que vous, Notre Père, vous êtes Vie, Unité, Amour, Lumière, et ces mots atteignent en moi leur signification la plus intense, et si vous le voulez, je comprendrai un jour ce que vous êtes en votre surnaturelle essence. Vous êtes « Lumière » et tout appelle cette lumière en mon être, au lieu de la rejeter comme fait .le monde. Ainsi, Père très sain, vous me préparez en cet instant à recevoir un jour la réelle connaissance de vous-même et cette science alors me donnera le, privilège de devenir votre enfant

  Voyons maintenant la vie éternelle en action clans le monde, n-gais pas encore sur 1a Terre. Tout d'abord l'Evangéliste est affirmatif. Cette lumière qui luit dans les ténèbres a créé et pénétré de suite sa création. Il n'y a qu'une lumière et qu'une ténèbres et cette ténèbres a été créée volontairement pour servir de point d'appui là la lumière et, comme une lueur très faible nous pourrions apercevoir ici l'origine tant cherchée du mal... mais n'insistons pas trop... Cela pourrait être dangereux actuellement. Tout ce qui avait, été créé appartenait à cette lumière, elle était chez les siens et les siens l'ont repoussée. Ainsi, nous assistons, dès le début et avant même que la création passe du non-être à l'existence, à la mise en pratique du libre arbitre. La liberté fut donnée en germe à toutes les créatures ; nous trouvons donc dans les ténèbres la première réalisation de ce don du Ciel. Ainsi notre volonté est dès son principe faussement orientée. Elle a comme origine les ténèbres. Comprenons de suite que nous pourrons la purifier seulement en la déposant aux pieds du Christ ; et pour quelles raisons, tant que nous agissons en prenant, notre appui sur elle, nous risquons l'erreur. Telle est également la source très pure de l'abandon à la volonté universelle de Dieu. 

  Reprenons... Tous les êtres ne repoussèrent pas la lumière, il y eut un certain nombre qui l'acceptèrent ou mieux qui vinrent sur la Terre pour la répandre. Ceux-là ne sont nés, dit l'Évangile, ni du sang, ni de la chair, ni de la volonté de l'Homme.

  Ceux-là comprirent dès l'origine et avant même de s'incarner la Lumière et la Vie. Le plus grand d'entre eux, Jean, fut envoyé pour préparer les hommes susceptibles de les reconnaître sur Terre, parce que d'abord leur esprit l'avait entrevue dans le Ciel.

  La parole devenue chair, le Fils unique de Dieu, celui dont l'évangéliste a écrit «que sa puissance était absolue » et dont la venue sur la Terre a pour but de nous faire connaître Dieu. Ainsi l'Evangile que nous étudions est l'Évangile des âmes. Jean se tient presque toujours dans le Ciel. Les faits mêmes qu'il raconte nous pouvons les considérer comme se passant dans les différents états de vie préparatoire des existences terrestres.

  Le précurseur, c'est sa mission dans les déserts cosmiques que l'évangéliste nous raconte surtout ; c'est en l'absolu qu'il contemple et tente de nous expliquer la Vie Principe et la Lumière Divine, et les ténèbres dont il parle, c'est également en dehors de notre terre, qu'il convient de les étudier et d'essayer d'y discerner les premiers obstacles qu'elles opposèrent à la Vie. Il est bien certain qu'ensuite tout se réalisa physiquement : Jean prit un corps de chair et parla sur la Terre : les ténèbres furent manifestées et la lumière des hommes devint tangible à ceux qui purent la pressentir dans les yeux très purs du Sauveur. Je veux seulement établir que si nous désirons pénétrer plus profondément les enseignements de l'Évangile de Jean, nous devons tenir compte qu'il est bien l'Évangile de l'Esprit dans le sens indiqué plus haut et non dans l'interprétation théologique. 

LA DOUBLE NAISSANCE 

  Je laisserai, dans cette familière correspondance spirituelle avec des amis, mon coeur s'enflammer aux paroles mêmes de Jésus et aux faits les plus émouvants. Je vous signalerai donc seulement aujourd'hui l'épisode des Noces de Cana et des
Marchands du Temple. Les interprétations ou significations simples sur le rôle de la Vierge divine auprès du Christ ou sur
les intentions du Sauveur au Temple, je vous les laisse à faire. Mais, en réalité- l'eau changée en vin, les noces, l'action
spontanée de la Mère, se rapportent à des cérémonies spirituelles, à des plans de vie tellement éloignés de nous ; ce sont des mouvements cosmiques tellement incompréhensibles pour nous actuellement, qu'il convient de n'en pas trop chercher d'explications. Contentez-vous d'y voir une preuve de plus du fait que l'évangile de Jean se rapporte vraiment hors du temps et de l'espace à l'insondable pouvoir créateur.

  Jésus dans sa conversation avec Nicodème, nous indique, par contre, nettement la voie du royaume. Il est indispensable de naître « d'Eau et d'Esprit ».

  Toute l'évolution est comprise entre ces deux naissances. J'attirerai d'abord votre attention sur ce fait que l'incarnation sur une terre, une planète quelconque et l'enveloppement matériel de notre principe supérieur, refuge de notre conscience, sont indiqués ici comme étant indispensables pour entrer au Ciel. Tous les mystères des différents baptêmes nous sont révélés. Nous lisons clairement dans ce passage les atroces douleurs de l'engloutissement répété dans la chair, le lent et dur travail de notre esprit pour parvenir à la connaissance complète de tous les organismes mis successivement à son service, la faim naissante de la vérité et de la lumière, la lente, douloureuse création de notre futur corps glorieux, car de notre esprit enfin triomphant. Telle est, en quelques mots, la première partie de notre oeuvre, synthétisée par ces paroles : « Il faut que vous naissiez d'eau ». 

  Puis après ces naissances d'eau, il est indispensable que nous naissions de nouveau et cette fois d'esprit.

  Nul ne sait d'où vient le vent subtil ni où il va, ainsi en est-il de l'homme recréé pour ainsi dire par ce cette nouvelle naissance.

  Tout en lui est incompréhensible et surnaturel. Ses origines, ses buts, ses moyens nous échappent. Il vient parmi les ombres terribles de la terre apporter un rayon du Ciel. Sa présence subite confère aux pauvres humains ses frères, la joie, et la force : son regard où se discerne une flamme jamais vue, leur communique seul le pouvoir de vivre et l'espoir divin du royaume. 

  Répétons-le ici : cet être merveilleux et littéralement incompréhensible, il a fallu d'abord qu'il naisse d'eau et de la chair. Par là il est notre frère aîné, et notre réconfort suprême, car en vérité, il vient d'où nous venons et nous allons où il se trouve. Ainsi il est unmoment de cette existence extraordinaire que nous pouvons saisir, c'est celui où les baptêmes d'eau cessent d'être nécessaires pour une créature humaine. C'est un anneau de cette chaîne sublime qui se perd d'un côté dans unpassé de rêve, de l'autre dans uninsondable avenir. A ce moment précis dans sa cette ascension, l'esprit de cette créature commence de recevoir les préliminaires des sacrements spirituels, son âme et ses différents corps sont lentement préparés et quelques lueurs de ces travaux parviennent parfois jusqu'à sa conscience matérielle sous les formes de visions ou de songes. L'Esprit Saint lentement pénètre cet être qu'il incendiera unjour tout entier. A un certain moment l'on pourra entrevoir encore quelque chose de cette préparation à la naissance spirituelle : c'est lorsque dans les Pays Surnaturels le futur missionné acceptera pour la première fois la possibilité du sacrifice total, celui de son bonheur reconquis. Il nous est permis de recevoir parfois en nos coeurs quelques reflets très lointains de ce mystère qui se déroule pourtant dans des mondes où rien de nous ne peut parvenir encore. Alors nous commençons tous de sentir pénétrer en nos âmes pendant uncourt instant, la compréhension plus ou moins forte de ce qu'est un tel effort surhumain, et en même, temps comme un vague et obscur désir, une faim momentanée du sacrifice, pour le Christ et les hommes. 

  C'est là, mes amis, un de ces signes dont je vous ai souvent parlé. Ils sont la preuve qu'en nous s'éveille, en dehors du mental, quelque chose de vivant capable de refléter des lumières vraies, bien que faibles et fugitives ; et nous pouvons croire que cette vie commençante est déjà assez forte pour nous permettre de calmer les révoltes de notre être inférieur. Elle nous rend capable de sentir combien réelles et profondes sont les paroles de Jésus lorsqu' Il nous parle des choses de la Terre c'est-à-dire qui ont matériellement leur accomplissement nécessaire, et aussi des choses du Ciel qui se déroulent entièrement. dans le centre

  Jésus du reste nous entretient de suite de ces « choses du Ciel », complètement incompréhensibles pour notre raison et que saisit cependant tout coeur en qui le Christ a déposé, comme un don merveilleux, la croyance à sa divinité. Il affirme que le Père a tellement aimé le monde qu'il a été jusqu'à lui donner son fils unique, c'est-à-dire jusqu'à projeter dans sa création sa Vie Principe, jusqu'à limiter ce qui était sans limites, et soumettre volontairement à ses créatures le temps et l'espace et la douleur, le pouvoir créateur Lui-même.

  Le but de ces actes insondables pour nous dans leur détermination et dans leur réalisation, fut d'après notre Maître d'assurer la Vie Eternelle à toutes les créatures qui feraient l'effort nécessaire pour croire ; il fut aussi de sauver le monde, et de l'aider à remonter à ses origines par les routes mêmes qu'il avait suivies pour s'en éloigner. 

  Dans cette croyance en Jésus fils unique du Père, dans cette compréhension de la vie, et cette Harmonisation entre le créé et Dieu, est seul le salut.

  Les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, il est donc nécessaire que librement ils arrivent à la rechercher ainsi que la vérité qu'elle renferme ; il faut que cet effort se fasse en toute liberté puisque leur premier choix a été fait librement.

  C'est ici le lieu de vous souvenir que l'Évangile de Jean est surtout centrale. Alors vous pourrez par la méditation contempler des scènes merveilleuses dont les paroles de Jésus et de Jean sont, sur terre, le reflet très pur.

  Fidèle à mon principe de vous faire cette année travailler davantage, je me contente de vous signaler surtout ces phrases de Jean : « Il faut qu'il croisse et que je diminue. - Le Père aime le fils et il a remis toute chose entre ses mains ».

LA SAMARITAINE 


 


  Je me rends compte que je vous entraîne jusqu'à des hauteurs vertigineuses et j'éprouve le besoin de vous redire combien la vraie mystique a raison de tendre toujours à l'équilibre parfait de tout notre être. Aussi laissez-moi vous le répéter encore : l'acte seul peut faire grandir normalement la fleur des extases. Rien ne vaut pour calmer notre cerveau, une marche fatigante vers un ami dans la peine ; rien n'est meilleur pour que notre mental puisse supporter la lumière fulgurante dont notre coeur se nourrit, que la réception parfois un peu brusque ou le mépris par quoi un frère aveugle nous remercie de nos peines ; rien ne nous équilibrera mieux en un mot que l'effort matériel du travailleur christique... Je vous le recommande ; dans la lecture de mes lettres, ne perdez jamais de vue cette observation rigoureusement vraie.

  Nous suivrons aujourd'hui, si vous le voulez bien notre Maître auprès de la fontaine attendant « celle qui devait venir » chercher près de Lui l'eau régénératrice. Nous ne tenterons même pas d'analyser cet épisode tant de fois étudié par les savants ; nous le lirons ensemble en prière, et nous essayerons d'y trouver quelques lumières nouvelles en nous laissant  émouvoir par l'ange des paroles divines. Nulle part peut-être l'évangéliste n'a si clairement décrit les mystères de la rencontre miraculeuse entre l'âme humaine et le Verbe, dans le plan central du monde, et par analogie, merveille plus complète encore, la rencontre de l'être humain total et de Jésus sur la Terre. Ainsi notre âme à l'heure, fixée se trouvera dans le prolongement d'un des rayons de lumière vivante qui s'échappent sans cesse du coeur incandescent du Verbe. Elle se réveillera, sera revivifiée ; et le Christ lui laissera entrevoir qu'elle devra désormais laisser toutes les fausses lumières pour la vraie, l'unique ; abandonner tous les reflets pour les réalités dont seul Il est le gardien et le maître. II lui fera voir s'écoulant éternellement de son coeur l'eau merveilleuse qui rassasie à jamais toutes les soifs. Puis le Verbe jugera notre âme et lui montrera nettement ses erreurs. Dès lors, purifiée, elle n'aura plus qu'un but : entraîner par son enthousiasme et son amour beaucoup d'âmes vers ce bonheur inouï. Les mystères des appartements spirituels sont même indiqués par ce fait que la Samaritaine va vers les habitants de son village, son rôle se borne là... Puis, toute la bonté du Christ, tout son amour et aussi tous les efforts de notre âme, tendront à préparer sur Terre le répétition de ce qui s'est passé dans le Ciel afin que la flamme dont. notre centre a été embrasé, se communique peu à peu à nos organismes subtils, à nos corps matériels, et jusqu'à nos cellules cérébrales elles-mêmes, car il faut que tout en nous reconnaisse sans erreur, d'abord l'être de lumière qui nous donnera la dernière et définitive bénédiction, et ensuite le Verbe lui même, tel qu'il apparût aux disciples, il y a plus de 2000 ans. Certes, comme la Samaritaine attendait le Messie, notre esprit savait de toute éternité qu'un jour viendrait vers lui « Celui qui l'instruirait de toutes choses et lui montrerait le chemin qui conduit aux cimes » ; et si nous transposons au spirituel toutes les paroles de Jésus et de cette femme, nous contemplerons vraiment en nous-mêmes les reflets les plus nets et les plus sûrs qui puissent nous parvenir du surnaturel. 

  Mais je vous ai dit que cet extraordinaire récit nous révélerait également bien des choses sur notre rencontre, en vérité, certaine avec le Christ sur la Terre, au moment où tout en nous sera assez complètement transformé pour que le Père le permette. La Samaritaine n'est venue sur notre plan, que pour se trouver au rendez-vous fixé par le Verbe, pour agir et parler conformément aux ordres que son Esprit avait reçu. Le lieu même en avait été désigné pour des raisons secrètes. Ainsi en dehors de tout le créé, hors du temps et de l'espace, dès que Jésus aura donné à notre âme l'eau mystérieuse et vivifiante qui lui permettra de ne plus s'égarer dans les Palais sombres du mal, l'heure sera fixée où devra se produire la rencontre matérielle du Christ sous une forme ou sous une autre. Mais jusqu'à la fin, nous resterons libres et il dépend de nous, que cette heure soit retardée ou avancée. Le lieu, les circonstances ont été nettement déterminés et nous ressentirons probablement aussi les quelques hésitations de la Samaritaine. Comme Jésus lui parle 1e premier, c'est Lui qui attirera notre attention et nous adressera les définitives paroles dont la puissance finira l'oeuvre commencée depuis tant de siècles et ouvrira totalement: notre coeur. Le Christ se révélera entièrement, nous fera voir tous les chemins que nous avons suivis dans le mal ; II nous montrera le livre où sont inscrits tous nos actes bons ou mauvais et se fera connaître à nous. II nous donnera cette eau qui jaillit jusqu'à la Vie Eternelle, qui est feu et esprit, et qui fera de nous des êtres régénérés. Alors tomberont les derniers voiles, et comme la Samaritaine, nous reconnaîtrons celui dont le regard de plus en plus visible vint tant de fois aux heures sombres nous redonner le courage et la force perdue. Alors Jésus nous admettra parmi les vrais adorateurs de son Père en Esprit et oit vérité et nous n'aurons plus d'autre but que d'aider les hommes. 

  Qui de vous maintenant, mes amis, ne voit, qu'à cette heure nous recevrons la plénitude des baptêmes du feu ? Qui ne pressent que nous devons d'abord entendre parler du Maître très saint qui seul peut nous préparer sur la terre, puis le connaître et le comprendre ? C'est lui seul qui peut rendre certaine la réalisation de la promesse du Christ et c'est Jésus seul de qui nous recevrons vraiment et totalement ces sacrements spirituels qui nous feront « Enfant de Dieu ».

  Tels sont, mes amis, les merveilleux enseignements que nous pouvons tirer de l'Évangile parce que nous sommes de pauvres enfants bien simples. Si nous avions étudié le passage au point de vue mental, il nous aurait appris fort peu de choses.

  Jamais peut-être je n'ai pu vous donner un exemple si net de mes affirmations répétées à ce sujet.

MON PÈRE AGIT CONTINUELLEMENT

  La vie éternelle n'a jamais laissé les hommes ni aucun être sans secours. Aussi loin que nous portions nos regards dans le passé, nous ne voyons que lutte, travail, souffrance, mais aussi, toujours à côté du mal, le remède efficace, l'aide puissante. Dès les premiers pas chancelants de l'humanité, de grands êtres sont visibles, dans l'ombre, la guidant, lui enseignant à vaincre, à mourir. Le minéral, émanation de la matière primordiale sortie du feu, trouve les moules où il pourra se développer ; la plante naissante enfonce ses racines dans la terre nourricière qui, ainsi, évolue ; elle projette ses rameaux dans l'atmosphère vivante et les rayons du soleil, qui apprennent ainsi la sacrifice ;l'animal trouve partout sa nourriture et l'homme, enfin, reconnaît peu à peu son royaume, non pas tout seul par la contemplation de la nature, mais par le permanent sacrifice, l'aide journalière et progressive des « frères aînés ». Et, quand le minéral, le végétal, l'animal ou le soleil sont impuissants à le guérir, interviennent, dès lors, les forces surnaturelles. Ainsi, sur toutes les terres, avant la venue définitive et totale de la " Vie principe ", avant la grande aide absolue qui pour nous a pris le nom de Jésus, on peut constater de multiples réservoirs de forces célestes. Le puits de Béthesda en Judée en était un. Nous pourrions remarquer ici combien fréquemment l'eau de Béthesda à Bénarès et à Lourdes, reçoit en elle les émanations vivantes de l'amour du Père, qui, par leur action sur la force vitale guérit souvent et soulage toujours les maux de l'humanité Pour nous, nous savons que l'eau est le symbole de la Vierge céleste, en toutes ses manifestations et cela ne nous étonne pas (enseignement oral). 

  Ainsi, jusqu'à Jésus, les anges messagers de Dieu, venaient communiquer aux eaux de Béthesda le pouvoir momentané de guérison. Mais, dès que paraît notre Christ, aucun intermédiaire matériel n'est plus nécessaire que lorsqu' Il le jugera bon. Sa parole et sa volonté souveraine agissent pleinement et commandent. Elles ne détruisent rien et transforment la maladie en une autre créature plus évoluée à qui un rôle différent est donné dans le monde. Ainsi, partout où se trouve le Ciel, l'équilibre se manifeste et le Bien absolu. Le malade est libéré et la maladie transmuée en un être plus pur. Seuls, Jésus et ceux de ses amis à qui Il remet ses pouvoirs, peuvent réaliser cela, et obtenir cette merveilleuse harmonie.

  Quant aux Juifs, nous les voyons comme toujours, amoureux des formes, incapables de comprendre le Christ et de soupçonner son identité réelle. Ils sont cependant nécessaires dans la mission de Jésus Ils représentent le Prince de ce monde, l'adversaire à qui Dieu a voulu laisser la possession de tous les pouvoirs matériels. Leur esprit vit encore au coeur d'hommes très nombreux, religieux ou non, esclaves de la lettre et aveugles à toutes les manifestations de l'Esprit. 

  En guérissant le paralytique le jour de Sabbat, Jésus a pourtant, semble-t-il, résolu d'avance tous les problèmes de théologie à ce sujet et affirmé que les rites extérieurs sont faits pour l'homme, mais que ce dernier ne leur est pas pour toujours assujetti.

  Il faut accepter ce qui est ; tant que le monde n'aura pas reçu la visite du Consolateur et que le royaume ne sera pas établi matériellement, toujours le petit enfant serviteur libre de Jésus verra se dresser devant lui les mêmes adversaires irréductibles. Pour nous, laissant de côté les apparences et tendant vers les réalités du Ciel, pour nous qui, tout en respectant absolument les rituels extérieurs des religions, savons qu'ils constituent seulement. une préparation aux sacrements spirituels, remercions notre Maître de nous avoir permis de comprendre les paroles de Jésus étudiées antérieurement et celles si belles que nous lisons aujourd'hui : « Mon Père agit continuellement et moi j'agis aussi ». 

  La Vie Infinie qui se libère du temps et de l'espace puisqu'elle est leur créatrice, ne peut, en effet cesser d'agir et lorsque le Père qui a la vie en Lui-même se manifeste visiblement et tangiblement dans l'une quelconque de ses créations, Il emporte avec lui les mêmes prérogatives. Son action visible ou invisible est donc incessante et au fur et à mesure due sa vie grandit en l'homme, il en est de même pour lui. Jésus donc participe, Il nous le dit nettement, aux lois du centre et n'est pas soumis à celles de la Terre. Rien ne pouvait mieux déclencher les attaques, du reste prévues et voulues par Dieu. Ces difficultés constituent et sont encore la seule base Solide pour l'action du Ciel ou pour les actes inspirés par Lui.

  Ne nous étonnons donc plus si la douleur est toujours présente dans les résultats que nous obtenons. Telle est la loi que Jésus avoulu le premier subir afin de la rendre supportable pour nous tous. Notre Maître nous apprend encore ici combien nous devons déposer sans restriction à ses pieds, notre volonté propre puisque Lui-même ne fait rien seul. Notre main visiblement répète et exécute ce que notre cerveau conçoit. C'est là un reflet très net de ce qui se passe en l'incompréhensible pouvoir :créateur. Tout acte, toute pensée du Père se reflétait exactement en l'organisme très pur de .Jésus, et il l'accomplissait à son tour. Toute parole, donc, tout geste, la moindre émotion passagère du Sauveur, le plus rapide de ses regards, les plus petits changements dans son attitude, tout traduisait aux yeux humains un mouvement de l'infini. Aussi, - Jésus peut-il, donner la vie à qui lui plaît, car cette vie sort du coeur même de Dieu qui est le Verbe. Ainsi, tout jugement, c'est le Christ qui le rend parce qu'Il est le« fils de l'homme ». Le Père ne juge personne directement. 

  Etudions, mes amis, laissons-nous plus profondément émouvoir et pénétrer par ces extraordinaires affirmations, paroles très exactes de Jésus. Son identité est telle avec le Père qu'Il affirme avoir comme Lui et complètement, la vie en Lui-même. N'est-ce pas nous dire clairement qu'Il est le Père manifeste, Philippe, celui qui m'a vu a vu mon Père, dira-t-il plus tard. Eh bien ! ces affirmations si précises ne nous semblent telles que parce que d'abord notre Maître a déposé en nous le don gratuit de les comprendre à fond ; sans cela notre mental aurait vite fait de les déformer. J'ai eu et vous aurez des exemples de cela. Comme un rayon invincible du vrai, ce don de croire déposé en notre âme a pénétré notre intelligence à tel point que même pour notre conscience matérielle, la vérité éclate à la lecture des pages évangéliques et sa lumière nous pénètre tout entier.

  Remercions donc pour cette merveille notre Père et notre Christ et Celui qui depuis tant de siècles intercède pour nous.

LE MIRACLE DES PAINS 


 


  Nous lisons aujourd'hui l'histoire de la multiplication des pains. C'est encore au-delà de notre portée actuelle que se passe cette cérémonie. Son vrai sens est surnaturel ; et ce geste du Verbe retentit au centre de la nature essentielle, après avoir ébranlé le Ciel même et le pays des âmes. Cette multiplication est avant tout celle des forces surnaturelles données à quelques êtres choisis. Analogiquement, quelque peu de ces lumières peuvent parvenir jusqu'à notre coeur et le nourrir. Ainsi, le règne végétal dont l'Esprit, sur l'ordre du Christ, participe à la réalisation du miracle, est vraiment l'image, le reflet de forces qui au commandement du Verbe, agirent de la même façon là-haut. Mais -ce qui pour la foule fut du pain, s'appelle dans ces régions fermées pour nous, la substance de la volonté du Père. Des relations mystérieuses et étroites s'établirent entre elle et la matière ; des courants de forces spéciales parvinrent du reste jusqu'à la Terre au moment où, sous le regard de Jésus s'accomplit le miracle. N'oublions jamais que tous les personnages de l'Évangile furent des êtres très particuliers ; la foule même, les cinq mille personnes qui s'assirent sur le gazon, constituaient une base nécessaire au développement de l'idée chrétienne. Aussi, en s'alimentant de ce pain, reçurent-elles toutes quelque peu de ce qui s'était auparavant accompli dans le Ciel. C'est ce que Jésus indique en disant: « Travaillez pour avoir un aliment qui se conserve jusque dans la vie éternelle , et pour ce faire, le Christ leur demande uniquement de croire en Lui. C'est la seule oeuvre qu'Il exige d'eux. Toute action en effet qui ne part pas de cette croyance au Christ Dieu, ne peut avoir de prolongement ailleurs que sur la Terre. L'oeuvre unique, la plus importante, c'est donc d'accomplir au maximum, le travail intérieur nécessaire pour que notre Maître, un jour béni entre tous, nous accorda ce don merveilleux de connaître son origine vraie et de ne plus avoir aucun doute sur son identité véritable. Et, pour mieux nous faire comprendre cela, Jésus, au grand scandale de tous ceux qui étaient du mauvais côté, s'écrie : « Je suis le pain de Vie. Je suis moi-même cet aliment dont la conquête vous assurera la vie éternelle. Que ma pensée et mes commandements, s'assimilent à votre nature humaine, pénètrent tout en vous, et ce sera vraiment ma vie, mon sang, mon corps qui s'incorporeront à votre vie, à votre sang, qui transformeront votre corps périssable et grossier en un corps spirituel immortel et pur. Mais seuls, ceux que le Père me donne, ceux qu'Il a choisis pour cela, peuvent me comprendre. Tout homme qui me voit et me comprend dans la mesure où  je me laisse deviner, tout homme qui sait que je  suis la Vie, possède déjà en lui la Vie Éternelle et je le ressusciterai au dernier jour. Je l'unirai pour  toujours à son corps sublimisé, spiritualisé, à un  organisme ou tout sera lueur, où tout pourra pénétrer  dans le Ciel » ( évangile de St Jean ).

  Plus nous avançons dans notre compréhension intime par l'amour des hardes éternelles que l'Évangile nous a conservées, et plus, nous sommes frappés de leur harmonie complète. Ne retrouvons-nous pas ici, par exemple, les mêmes lumières que le Christ développera dans ses adieux et dans sa dernière prière. Je pense que vous serez comme moi, très intéressés par cette constatation . Et dans l'Evangile de Jean, plus qu'en tous les autres, nous trouverons cette unité splendide des déclarations du Christ.

  Ainsi nous voyons ici l'assurance que le Père a choisi tous, ceux qui viennent au Christ. Est-ce à dire qu'il y ait là une prédestination quelconque ? un amour plus grand de Dieu pour certains de ses enfants ? Non, mais mettant en action leur liberté, les créatures s'ouvrent plus ou moins vite au triple rayon que le Ciel envoie sans arrêt vers elles.

  Dès qu'un homme a librement consenti à recevoir en lui l'appel séculaire, le Père le met à part et le prépare lentement à rencontrer sur la terre, le Christ Jésus. Il est donc en effet choisi, mais parce qu'en toute liberté, il a accompli l'indispensable effort; personnel. Il ne peut pas y avoir de doute à ce sujet car notre Maître dit clairement : « Quiconque a écouté le Père et a été instruit par Lui, vient à Moi ». Ainsi, tout devient vraiment clair et coin- préhensible. La vie contenant en elle-même l'intégrale vérité, a été rendue manifeste ici bas. Le Père, Vie essentielle et absolue, convie de toute éternité tous les êtres à revenir en Lui. Dès que soit appel est entendu par un homme, il l'envoie à la forme visible de lui-même, le Christ en action sur la terre. et, par l'union finale en Jésus, l'enfant perdu est retrouvé, la créature rentre dans le sein du Père. 

  Comme nous comprenons bien, maintenant, que le seul chemin net, précis, et sans voile, c'est l'Evangile, le seul Maître Jésus ! Ne regrettons pas néanmoins les longues et pénibles heures passées à chercher dans les ténèbres de la mort, un faible rayon de vie : car ainsi c'est librement que nous reprenons le chemin de l'Éternelle Patrie.

JE NE FAIT RIEN DE MOI- MEME 

  Jésus est le seul qui puisse vraiment dire: Je ne fais rien de moi-même, et je cherche non ma volonté mais celle du Père, parce qu'il est le seul dont la volonté n'aie jamais participé à aucune ténèbres, et soitidentique à la volonté de Dieu : parce qu'il est vraiment la réalisation de cette volonté même. En lui, la vie humaine et tous ses pouvoirs sont absorbés par la vie divine ; en Lui seul tout est pur, absolument ; tout est vérité ; tout est vie. Jésus seul a atteint le fond de l'humilité, car il est le seul être qui aime absolument le Père, le seul que l'orgueil n'aie jamais effleuré, alors qu'il constitue le fond même de notre moi. Ainsi, une créature ne peut franchir l'abîme qui le sépare de Jésus, pas même sa mère terrestre, ni son principe la Vierge de lumière. C'est le Verbe, c'est le Christ qui a uniquement le pouvoir de venir jusqu'à sa créature et de l'amener progressivement jusqu'à Lui. C'est Jésus qui est la Vérité, et lui seul en est le chemin. A ceux donc qui ne peuvent croire et qui cherchent dans l'ombre les fausses lumières de la philosophie ou du spiritisme, répétez, mes amis, ces paroles vivantes de notre Maître : « Comment espérez-vous, comment pouvez-vous espérer croire, vous qui tirez votre gloire les uns des autres et qui ne recherchez pas celle qui vient de Dieu seul ? » Que tous fassent donc tous leurs efforts pour comprendre Jésus, venir à Jésus ; quand ils auront abandonné leurs curiosités enfantines pour l'amour du Christ, quand ils auront vraiment, de tout leur coeur, cherché le Royaume et la Justice, tout le reste leur sera donné par surcroît. Les voiles, un à un tomberont, et la nature essentielle leur apparaîtra dans sa divine beauté ; les secrets les plus merveilleux leur seront livrés et c'est le Christ, Lui-même, qui les leur enseignera et leur rendra claires toutes les ombres. Oh ! pauvres hommes ! jusqu'à quand faudra-t-il vous redire les parole éternelles : « Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie ». Quelle tristesse et quel amour dans cette phrase ! Quelle douleur impossible à comprendre s'emparait du coeur de Jésus, pendant qu'il la prononçait ! Et voici ; des siècles ont passé et toujours notre Christ douloureux doit nous les redire sans cesse. « Malheureux êtes-vous, vous ne voulez pas venir à moi ». Partageons cette douleur immense, mes amis, dans la mesure où nous la pouvons comprendre. Si nous ne l'éprouvons aucunement : c'est que nous n'avons pas encore suffisamment ressenti en nous-mêmes l'amour absolu de Jésus pour nous. 

  Peut-être n'est-il pas inutile que j'insiste et que je vous donne ici quelques conseils pratiques basés sur le passage que vous devez avoir sous les yeux en lisant ma lettre.

  Vous vous trouverez certainement tôt ou tard dans des milieux spirites. Oh ! dites-leur bien que si de vaines expériences sujettes à caution les ont convertis, c'est qu'ils avaient en eux d'abord les germes de la foi : et la preuve, c'est que d'autres n'en ont pas été émus et sont restés sceptiques. 

  Redites bien à tous ces pauvres frères : « Si vous avez besoin de tant de choses pour croire il l'éternité de la vie, à la continuité de la conscience, c'est parce que vous avez oublié de regarder en vous-même, si vous l'aviez fait vous y auriez retrouvé le trésor d'amour vivant que tons les hommes portent en eux ; vous êtes sortis de vous, vous vous êtes dispersés, vous avez oublié Dieu, et dans sa bonté toujours en éveil, le Père s'est servi de ces moyens pour vous rappeler à lui ».

  « N'oubliez jamais qu'en Dieu et son Verbe seulement vous trouveriez la vie et l'intégrale vérité. Ah ! si vous avez le courage de laisser pour un temps toutes ces vaines recherches, comme Jésus vous récompensera " Notre effort sera souvent inutile en apparence, mais... patience... nul ne sait le chemin mystérieux etsubtil que suivra votre pensée. C'est un germe qui tôt ou tard donnera fleurs et fruits. 

LE PAIN VIVANT

  Nous allons étudier aujourd'hui un passage de notre livre où Jésus nous révèle le plus profond mystère de son énigmatique personnalité; le plus extraordinaire secret de son enseignement. Pour le comprendre, vous aurez besoin de toute votre attention et du plus pur élan de votre coeur vers l'Esprit saint. 

  « Je suis le Pain vivant descendu du Ciel, celui qui me mange vivra par moi, parce que je vis par mon Père qui m'a envoyé. »

  Comprenons ceci, dès le début : par la précision plus que familière, presque brutale, de ces paroles, celui qui me mange, Jésus voulait séparer nettement les faux disciples, qui pourraient trop aisément se laisser scandaliser, des amis sincères qui, ayant reconnu en leur coeur de lumière, le Christ et le Seigneur, étaient capables de tout entendre et tout comprendre de Lui. A qui irions-nous ? tu as les paroles de vie éternelle. - Et les déclarations du Christ ont joué et joueront encore le même rôle. Par ces affirmations, et pour ainsi dire automatiquement, les êtres que le Père n'aura pas encore choisis, se retireront et se scandaliseront ; et les autres comprendront et adoreront en silence la grande vérité enseignée ici

  Puis, Jésus affirme que « Ses paroles sont Esprit et Vie », que la chair ne sert de rien, c'est-à-dire que prises à la lettre, elles peuvent donner seulement le sens extérieur de ses instructions.

  Essayons de comprendre aussi profondément qu'il nous sera possible la pensée de Jésus. - Le but suprême de tous les efforts que notre Seigneur nous demande, leur résultat définitif est pour notre corps le remplacement de la vie matérielle par la vie éternelle, la substitution progressive des principes purs aux principes de corruption, la transmutation de chaque cellule impropre à supporter la lumière du Ciel en une cellule pire et apte à se développer, et à vivre dans ce que Jésus appelle le royaume de son Père ; c'est la transformation complète de notre corps corruptible en un corps revêtu d'incorruptibilité de notre organisme mortel en organisme immortel (St Paul ). Or, c'est Jésus, le grand, le seul transformateur, c'est Lui seul qui dirige cette merveilleuse alchimie et la rend possible ; c'est Sa vie qui, peu à peu, purifie la nôtre, et pénètre en nous si complètement qu'un jour Il demeurera en nous et nous en Lui. Eh bien ! peut-on trouver de cette étroite union un symbole plus exact que: celui de la nourriture matérielle ? Le morceau de pain que nous mangeons, le vin que nous buvons se transforment entièrement. Les cellules végétales deviennent cellules humaines. Elles sont, en vérité, transmuées en notre chair et en notre sang. Manger la chair et boire le sang du Christ, c'est donc s'assimiler complètement sa loi, c'est lui obéir en toute chose d'une manière si intense et si vive, que sa vie éternelle vienne lentement s'incorporer à la nôtre et la pénétrer de plus en plus étroitement. Ainsi, à chaque pardon, à chaque sacrifice de notre égoïsme, à chaque effort vers la charité, vers l'espérance et vers la foi ; une cellule corrompue sera remplacée par une étincelle de la vie même de Jésus, c'est-à-dire de ce qui nous la rend tangible, soit corps et son sang. Ainsi, apparaît la merveilleuse splendeur de cette affirmation précise : « Celui qui boit mon sang et mange ma chair aura la Vie Eternelle, car ma chair est la nourriture par excellence et mon sang le plus pur breuvage que je puisse offrir aux hommes ; ils la contiennent cette Vie Eternelle à laquelle vous aspirez ; ils sont, en vérité, cette vie puisque je suis moi-même la vie ». 

Remercions ensemble, celui qui nous a permis de comprendre cette lumière et nous a donné la force de dire à Jésus comme autrefois les vrais disciples. Bien loin de nous en aller, ô Christ, nous savons que tu as les paroles de Vie Eternelle. Où irions-nous. pour les trouver en dehors de toi ? - Heureux, bien heureux sommes-nous, pauvres enfants de la Terre, que le Père a désignés pour comprendre,pour aimer, pour servir. Mais n'oublions jamais, mes amis, la coupe d'amertume que notre Ami surnaturel a bue pour nous au jardin terrible. La vraie communion avec Jésus est dans la douleur, avant qu'elle s'accomplisse dans la joie et dans la gloire. 

LE BLÉ ET LA VIGNE

  Ainsi donc, toutes ces paroles mystérieuses ont pénétré en nous ; nous avons compris les affirmations précises du Christ ; leur esprit, leur vie centrale ont surtout une importance énorme ; leur sens symbolique extérieur a deux buts : écarter les hommes trop prompts à se laisser effrayer par des mots et donner à notre mental la nourriture nécessaire, à condition bien entendu, qu'il soit déjà préparé par la lumière reçue de notre coeur. Or, comme les enseignements de Jésus, sont vrais dans l'Absolu, même ce symbole extérieur est réel. Mais laissons la lettre voyons l'esprit : cherchons à contempler les anges radieux de la parole ; laissons notre cour se fixer sur leur cour ; la lumière spirituelle, l'esprit, la vie des mots, vont nous apparaître encore plus purs. Ce que nous avons compris s'appliquera non seulement aulx disciples, aux anus, à la foule vivant au temps die Jésus, non seulement aux minéraux, aux végétaux:, aux animaux, aux hommes, aux esprits, aux archanges, mais à toutes les créations du Père se développant dans le temps et dans l'espace. 

  Nous comprendrons qu'elles peuvent atteindre leur maximum d'évolution seulement lorsqu'elles se sont laissées pénétrer par un rayon du Verbe. Quand une communion, une union aussi parfaite que possible s'est établie : alors chacune d'elle vit enfin pleinement, atteint la vie éternelle. Tout ce qui est créé subit cette loi. De sorte que l'affirmation du Christ : « Seule la créature qui se nourrit de moi peut vivre éternellement » est vraie depuis le centre saint et inaccessible du royaume, jusqu'aux confins de la matière la plus grossière. De sorte que, partout où les êtres refuseront de se nourrir consciemment du corps et du sang de Jésus, ou ne voudront pas Le suivre et répondre à ses appels, partout régneront les ténèbres, la faiblesse et la mort. Au contraire, dans toutes les régions spirituelles et matérielles où la majorité des créatures recherchera avec ardeur Celui qui « a les paroles de Vie Eternelle », là où elles auront soif et faim de son sang et de son corps précieux, là se développeront l'harmonie, la lumière et la vie. 

  Considérons maintenant la vie végétale et sur notre monde, et parmi les manifestations de cette vie, les plus pures : le blé et la vigne. Nous comprendrons facilement qu'en ces végétaux se trouvent au maximum cette faim et cette soif de la vie du Verbe ; nous verrons combien leur appel a été entendu, nous aurons la preuve qu'en elles surtout coulent à flot la vie et la bénédiction du Christ. De là, leur excellence et l'emploi qui en a été fait dans tous les temps pour symboliser et réaliser l'union des hommes avec leur idéal le plus parfait ; de là le choix de Jésus, après tous ceux qu'Il avait envoyés sur la Terre pour préparer Sa venue, afin de nous faire comprendre la nécessité et les moyens de notre union avec Lui. Ainsi, je vous ai amenés actuellement à pouvoir comprendre que si un homme s'est donné au Christ de tout son coeur, de toutes ses forces vives ; s'il a réalisé au maximum par l'acte les enseignements de son Maître, si pour Lui seul il vit et respire ; en brisant avec amour et foi un peu de pain ; en buvant quelques gouttes de vin ; cet homme communie réellement, mange le corps et boit le sang du Christ. La communion rituélique est donc en même temps un symbole et une réalité. Le prêtre ajoute seulement à un état de chose existant la consécration mystérieuse qui unit tous ceux qui suivent le même culte en une chaîne puissante et sûre : Je ne crois pas inutile en traitant d'enseignements si importants de bien vous faire comprendre que je me place ici à un point de vue général, puisque j'ai reçu l'ordre de me tenir en dehors de toutes les églises extérieures. Ajoutons aussi que si vous avez tous le droit et le devoir de prier en recevant et en prenant vos repas, et de réaliser nettement que par cet acte, vous communiez réellement avec la vie universelle, vous devez éviter soigneusement tout essai rituel solitaire ou en commun au pain et au vin tant que vous n'en aurez pas reçu expressément la permission. Ce rituel est réservé uniquement à l'Église. Evitez aussi de parler de ces choses sacrées autrement qu'entre vous et sans discuter. Il ne faut pas que le scandale arrive par l'un de vous.

  Pour terminer ce chapitre nous devons encore essayer de comprendre l'enseignement caché sous ces paroles : « Ce que je viens de dire vous scandalise ? « Que sera-ce donc quand vous verrez monter le  fils de l'homme où Il était auparavant ? » La grande révélation contenue dans ces paroles est la suivante : Nous sommes une lumière entourée d'ombres ; nous sommes un principe vivant et éternel enfermé dans une matière corruptible. Une preuve que notre lumière commencera de s'évader des ténèbres et que notre esprit immortel se dégagera de son ou de ses enveloppes, nous est donnée lorsque à travers les barrières des mots nous pouvons deviner la vie véritable qu'ils contiennent. A partir du moment où nous ne nous laissons pas effrayer par une terminologie, où nous écoutons seulement l'esprit sans être influencé par la lettre morte, par la chair qui selon l'expression de Jésus ne sert de rien, le Maître nous prépare lentement à contempler des merveilles de plus en plus grandes, de plus en plus éloignées de notre vie matérielle. Il est évident que le plus terrible mystère sera la rentrée du Fils de l'homme dans le Ciel. Le plus lointain reflet de cette vision serait mortel pour nous. Ainsi l'être qui recule devant l'affirmation de Jésus « Celui qui me mange aura seul la vie éternelle ne pourra pas être instruit pour le moment, ni habitué aux visions splendides du Ciel et de ses lois. Pour nous au contraire, et pour tous les hommes à qui Jésus aura fait la grâce de comprendre cela : notre Maître fortifiera chaque jour notre coeur de Lumière pour qu'il puisse suivre la lente évolution de notre esprit d'abord, puis contempler des images progressivement parfaites de Jésus, jusqu'à l'heure de notre rencontre avec Lui face à face sur la Terre. A partir de ce moment nous serons assez forts pour que le Christ puisse nous amener au but et pour qu'un jour nous soyons aptes à supporter cette extraordinaire splendeur : Voir le fils de l'homme descendre sans cesse du sein des cieux sur la terre et remonter s'asseoir à la droite de Dieu ( Voir dans les Actes la Vision d'Étienneet dans Aprèsle Départ du Maître, -Beaudelot, éditeur-). Retenons que le scandale est une secousse intérieure qui peut être utile et devenir le point de départ d'une conversion, niais ceux-là qui sont chargés d'une telle oeuvre leur chemin est à éviter soigneusement. Il faut que le scandale arrive, a dit Jésus, mais malheur à celui qui le provoque. Leur chef spirituel doit être Judas.

LA LUMIÈRE DANS LES TÉNÈBRES

  Une des choses que les adeptes inconscients du Prince de ce Monde ne peuvent jamais admettre, c'est la réalité de l'humilité du vrai disciple du Christ et son désir sincère d'agir dans l'ombre et non à grand renfort de réclame comme ils le font.

  Pour nous, si peu que nous ayons saisi de l'enseignement secret de Jésus, nous comprenons aisément combien il est nécessaire et logique que l'ami de Dieu fasse sentir son influence dans un milieu restreint et choisi, car la lumière doit purifier notre moi avant de l'atteindre et de l'éclairer progressivement. Également, nous saisissons un peu les causes pour lesquelles, du plus petit au plus grand, celui qui vient réellement de la Patrie, n'est pas compris de ses parents ni de sa famille terrestre. C'est cette loi que rappelle notre Christ lorsqu'il répond à ses frères et à leurs insinuations : « S'il est vrai que tu fasses des choses si merveilleuses, montres-toi donc au monde ! » Et les frères de Jésus, ajoute l'Évangile, ne croyaient pas en Lui. Il est d'enseignement secret et traditionnel, que Marie, sa mère, ignorait aussi, dans sa conscience extérieure, la suprême grandeur de son fils et son identité véritable ; elle connut seulement et fort bien, ses pouvoirs ; et son amour maternel constitua pour elle une assez vive lumière pour qu'elle comprît au moins toute l'humanité extraordinaire de Jésus. La volonté du Père est ici d'une sagesse compréhensible et bien qu'aucun être ne la puisse saisir entièrement, nous pouvons cependant admettre que la vie essentielle et le souffle de l'esprit ne veulent atteindre les cours humains que peu à peu et au fur et à mesure qu'ils seront prêts. Ainsi s'explique que relativement peu de créatures en dehors des disciples, reçurent de Jésus la connaissance et la vie autrement qu'en germes qu'elles durent ensuite cultiver. Mais tous ceux sur lesquels se posa son regard insondable, et qu'illumina à jamais Son sourire radieux, allèrent et iront à coup sûr vers Lui, tôt ou tard, comme le fer se fixe à l'aimant.

  Ainsi, en considérant ce qui précède, nous devinons les motifs pour lesquels les guérisons extraordinaires d'un ami de Dieu, n'attirent autour de Lui qu'un très petit nombre de malades aptes à recevoir le minimum de ses dons. Seuls, les pauvres, les humbles, les petits, ceux qui laissèrent loin derrière eux l'in gratitude ont pu et pourront reconnaître leur maître et leur ami séculaire sous la forme qu'il prendra pour se présenter à eux.

  C'est pour toutes ces causes que Jésus refuse de se rendre ouvertement au Temple et qu'il y va plus tard à l'heure voulue, mais secrètement et, très probablement même, invisible à tous, sauf pendant qu'il parle. II fallait en effet que certaines paroles fussent dites, mais il était nécessaire que le Prince de la Haine, n'eût pas le temps de se manifester. C'est pourquoi, Jésus ayant tout dit, disparaît aussi mystérieusement qu'Il était venu. 

  Voyons maintenant ce que le Ciel nous permettra de saisir de la vie surnaturelle de ces divins enseignements.

  Pour cela, une seule chose est nécessaire, faire la volonté de Dieu. Reprenons ici une image qui vous est familière. La volonté du Père, vous ai-je dit souvent, c'est Sa vie même répandue à flots dans sa création, absorbant et annihilant le temps et l'espace pour tous les êtres qui s'harmoniseront entièrement avec elle. C'est là, entre parenthèses la source très pure et très secrète d'un des pouvoirs les plus mystérieux des Apôtres. Or, cette vie du Père c'est encore Jésus, et Jésus est la vérité totale. Lors donc qu'un homme sera parvenu à faire complètement la volonté centrale, la connaissance, la, science complète pénétreront en lui, et à la lettre il n'aurait plus besoin d'autre nourriture. Ainsi, celui-là ne jugera plus sur les apparences, mais sa justice sera celle du Maître. Il ne travaillera plus pour sa gloire, mais pour celle de Dieu.

 Cependant Jésus qu'on cherchait partout pour l'arrêter, continuait de parler ouvertement au peuple et personne ne put mettre la main sur Lui car ce n'était pas l'heure.

  Et, montèrent de nouveau vers le Ciel les affirmations incomprises : « Je retournerai bientôt vers  Celui qui m'a envoyé ; vous me chercherez alors « et vous ne me trouverez pas ! » Combien ces paroles dépassent le temps ! Elles viennent nous rappeler qu'il faut saisir le moment où le Ciel nous parle, pour fixer notre coeur sur celui de notre ami ; pour nous laisser pénétrer par son vivant rayonnement et, vite, demander pour nos infinis besoins. Si non, quand nous chercherons Jésus, Il sera remonté vers le Père et l'heure bénie peut tarder à revenir. En particulier, l'aveuglement de ceux qui entendirent parler directement le Christ, dut avoir des conséquences bien graves, parce qu'ils ne surent pas comprendre à quel moment de leur existence particulièrement solennel, ils étaient arrivés. Contempler la troublante- humanité de Jésus, sans que rien ne tressaille en soi ; recevoir sans que son coeur ne batte plus fort, ce regard qui commande à tout sur la Terre, et dans les cieux ; entendre sans rien y comprendre les définitives paroles, quelle torture pour un être au moment où il sait et se souvient ! Si cela nous est arrivé sans que nous en ayons conscience, notre seule consolation est de penser que notre heure n'était pas venue. Aussi pas de regrets en nous, niais un ferme espoir que rien ne pourra abattre la volonté d'un effort ininterrompu dans l'accomplissement journalier de ce que nous avons compris de la loi du Ciel, afin qu'un jour nous devenions semblables au disciple dont parle Jésus. Si quelqu'un croit en moi, il sortira de son coeur des fleuves d'eau vivante ». Rendons-nous bien compte que la lutte commencée aux temps du Christ, continue et ne se terminera que par Sa victoire complète. Et, vous aussi, mes amis, quand vous vous laisserez aller à votre joie intérieure devant quelque intellectuel, attendez-vous à ce qu'il vous réponde dédaigneusement : Quelque chose de bon peut-il venir de Galilée? Quelque chose de réellement scientifique peut-il sortir de votre mystique ? 

  Mais vous, souriez et passez.

...ET JÉSUS ÉCRIVAIT SUR LE SABLE...


 

  Nous demanderons aujourd'hui à Jésus la permission de Le suivre par la pensée, sur les sentiers pierreux de la montagne des oliviers où il va se retirer pour la nuit. Les étoiles brillent et font l'obscurité transparente. La nature retient pour ainsi dire, sa respiration au passage du Sauveur ; tout se tait ; on entend seulement le bruit léger des cailloux blancs déplacés par les pieds divins de l'ami des hommes. Silencieux aussi, les anges l'accompagnent et l'adorent prêts à le servir. Voici le Maître parvenu dans un endroit désert et sauvage. Il s'asseoit sur une pierre, penche la tête et pense. Toute sa vie humaine se réfugie dans le rayon de l'absolu, qui est, en Lui, l'absolu tout entier par un inconcevable miracle. Une union complète se produit peu à peu. Jésus prie. Il étend ses bras vers une Croix qui là-bas paraît dans le Ciel. II contemple des créatures, toutes tremblantes de la permission qu'Il leur donne de venir à Lui. Ce sont la Douleur, le Désespoir et la Mort. Il leur pardonne d'avance, et leur accorde la force d'accomplir la terrible mission qui leur est confiée. Tout s'efface : des larmes humaines coulent lentement sur ses joues pâlies. Il se redresse et son regard insondable se fixe sur le bleu lumineux du Ciel nocturne. Déjà pâlissent les étoiles, c'est l'aurore... Jésus, d'un effort revient sur la Terre, et lentement se dirige vers la ville et le temple... C'est pour un pardon bien important et qui renferme en lui-même des enseignements de haute valeur. Relisons ensemble l'épisode de la femme adultère et voyons ce qu'il pourra nous donner de lumière Jésus a déclaré nettement que le Père n'a jamais jugé personne ; Il a délégué ce pouvoir au Christ, parce qu'il était le fils de l'homme, parce qu'il le représentait sur la Terre. Jésus exerce ce pouvoir avec la plénitude de son incompréhensible amour, et parce que le Père est avec Lui. Il juge mais condamne rarement laissant à sa parole, qu'Il paraît considérer comme un être organisé et complet, (« c'est ma Parole qui vous jugera au dernier jour ») le soin de provoquer les réactions nécessaires. Il juge, mais surtout Il aime et déclare que tout être sera sauvé dans la mesure où il aura aimé. Sa main divine écrit dans le Ciel les mêmes signes mystérieux qu'il trace sur le sable, en présence des accusateurs de la femme adultère. C'est avant qu'il ait parlé, la grâce, le pardon et la force. Ainsi tout homme sur le point de condamner, s'il veut faire comme les Juifs éclairés par Jésus et examiner sa conscience, trouvera en lui-même les raisons d'indulgence et de pardon, dont la principale sera toujours qu'il en a lui aussi bien besoin. Comme les Juifs encore, c'est Jésus qui par une impulsion profonde, une parole vivante, lui permettra de comprendre combien nous devons nous examiner avec soin avant de juger et de condamner surtout. Il saura que salis Christ et sa lumière,-il n'aurait pu éviter telle ou telle faute vers laquelle sa nature l'entraînait fatalement. 

  N'oubliez donc jamais que votre Maître est toujours là pour vous éclairer sur vous-même et que la voix de votre conscience c'est sa Voir.

 Mais Jésus met cependant à son pardon, une condition très importante. « Ne péche plus, ne retombe  plus dans la faute que j'ai pardonnée, car la réaction sur toi serait fatale ».

  L'indulgence, pour être féconde en résultats, devra donc être. toujours accompagnée d'une aide fraternelle. Car nous sommes tentés de retomber automatiquement dans les mêmes erreurs e t chaque fois l'impulsion deviendra plus irrésistible décuplée par la réalisation même. Aussi notre pardon ne serait pas complet si nous ne prenions pas en même temps la résolution de prier longtemps, aussi longtemps qu'il le faudra, pour notre adversaire, et de demander avec patience au Christ qu'il veuille faire pour lui le geste créateur accompli jadis pour l'adultère ; qu'il daigne écrire sur son livre de vie et dans la substance même de son aime les signes générateurs de forces spirituelles ; qu'il prononce enfin les paroles miraculeuse,,; qui ont effacé jadis la faute de cette femme et lui ont en même temps ouvert les portes du Ciel.

  Il est nécessaire que nous agissions ainsi si nous voulons persévérer dans la doctrine de Jésus et que la « vérité nous affranchisse du mal ». Ne faisons pas comme les Juifs qui avaient cru en Lui, mais ne surent pas résister à l'action du milieu et du « collectif » invisible de leur race. Ils ne purent comprendre certaines paroles trop précises. « Je suis d'en haut. Si vous gardez ma parole, vous ne mourrez jamais. J'étais avant qu'Abraham fût ». Quel bonheur pour nous de les saisir enfin ces paroles mystérieuses au moins dans leur sens le plus extérieur ! 

  Il est curieux de constater que ce sont encore les mots qui forment ici une barrière infranchissable pour le mental. Comme au temps du Christ, seules les créatures qui aiment et sentent, qui ne discutent pas stérilement, peuvent comprendre les paroles d'amour.

  L'amour est la science suprême.

  Les faits miraculeux peuvent convaincre, maintenant comme alors, les seuls adeptes du coeur. Si nette et certaine que pût être la guérison de l'aveugle né, l'inévitable séparation s'accomplit entre ceux qui croient en Jésus et les autres. Ils sont dans les pays du doute et ne voient partout que l'erreur. Et cela est voulu par le Père. Aussi les actes de Jésus et de ses amis véritables auront-ils pour résultat d'après la terrible parole du Christ : « d'aveugler ceux qui voient, à l'aide de fausses lumières et de rendre la vue à ceux qui ne voient pas, parce qu'ils ne connaissent pas encore la vraie ». Là se cache également une divine miséricorde puisque seuls ceux qui déclarent être voyants, c'est-à-dire connaître la loi et ne la suivent pas, commettent une faute. Tel est un des sens de cette parole : « Je suis venu pour que les aveugles voient et pour que ceux qui voyaient deviennent aveugles ». Je rendrai la vue matérielle et spirituelle à ceux qui en toute conscience se déclarant aveugles, avouent humblement qu'ils ne connaissent pas ma lumière, mais je plongerai pour un temps dans les ténèbres physiques et spirituelles ceux que l'orgueil conduit à dire : « Moi je vois », mais dont la lumière est fausse. 

  Ainsi nous découvrons toujours l'amour, même sous le voile de la sévérité apparente et de la justice du juste juge.

LA BERGERIE ET LE BERGER 

  Le point de vue central où s'est placé l'évangéliste en écrivant le chapitre auquel nous sommes parvenus, permet de contempler, d'abord ce qu'on a appelé l'invisible, en certaines régions de la nature, et ensuite sur la terre, les enseignements du Christ.

  Portons nos regards sur le théâtre et les personnages qui vont y évoluer. Le théâtre, c'est ce que Jésus appelle « LA BERGERIE ; les personnages, sont d'abord, Lui, le vrai Berger, qui est en même temps la porte ; les mauvais pasteurs qui sont des larrons et des voleurs ; puis le portier, le gardien qui est aussi le chien fidèle ; enfin le loup. 

  Cette bergerie est, dans l'invisible, un lieu réel ; un appartement spécial du Père, un royaume où chaque brebis a son nom particulier connu du vrai Berger. Jean (lit dans son apocalypse (chapitre Il°) « Je donnerai à celui qui aura vaincu, un caillou blanc sur quoi est écrit un nouveau nom que nul ne connaît sinon celui qui le reçoit » . 

  Là se trouvent des êtres qui tous le connaissent et entendent sa voix ; tous ont compris et désirent suivre la plan dressé par Jésus, pour les amener aux pâturages éternels et assurer leur réintégration définitive. Tous peuvent sortir et rentrer en paix dans la bergerie.

  Mais ils ne sont pas encore au but puisqu'ils se trouvent dans un lieu spirituel où peuvent pénétrer les faux bergers pour les tenter, et la loup pour les disperser. 

  Notre Maître, nous laisse donc ici comprendre que nos âmes doivent évoluer dans cet endroit, puisque nos coeurs humains ont sur terre compris la loi de Jésus et entendu ses appels.

 Pour des raisons bien des fois données, le Père a voulu que cette bergerie de Jésus ne soit pas entièrement à l'abri. Le portier ne laissera pas passer par la porte le mauvais berger, mais celui-ci y montera « par un autre endroit ». Le loup profitera de sa présence pour pénétrer dans la bergerie, car le faux pasteur abandonnera ses brebis et l'ennemi pourra disperser le troupeau. Mais le vrai berger veille ; il le réunira de nouveau et lui donnera, ainsi que dit l'Évangile, la vie et plus que la vie. Vous avez sûrement déjà deviné que le loup est nu être spirituel appartenant à l'adversaire et peut-être le mauvais ange lui-même. Le portier est un ami de Jésus. Ainsi, une fois de plus notre effort vers l'humilité vraie nous aura permis de jeter un coup d'oeil sur un étrange spectacle que bien peu de savants ont contemplé.

  Puis, suivant la règle que je vous ai indiquée dans ma première lettre de cette année, descendant sur notre Terre, nous allons retrouver le même milieu et les mêmes personnages matérialisés. La bergerie est composée de tous les vrais chrétiens que Jésus connaît par leurs noms véritables, qui Le suivent et savent reconnaître sa voix. Le Portier est un de ces êtres mystérieux que Jésus n'appelle plus serviteurs mais « Amis » et auxquels il donne à garder une de ses bergeries. C'est à lui, en vérité, et à ses pareils qu'appartient seulement le titre de « Rose-Croix » et de Maître. Parmi eux vous devez chercher ce boa portier qui vous aime et, que quelques-uns d'entre vous ont déjà rencontré dans leurs rêves .... 

  Sans abandonner la porte, il est aussi le chien du vrai berger, il garde pour son Maître les brebis confiées à sa vigilance et les remet quand il le faut dans le droit chemin.

  Les larrons et les voleurs qui pénètrent par escalade dans la bergerie ont des corps sur la terre. C'est en eux que vous retrouverez l'origine des pernicieuses doctrines tendant à faire croire aux hommes que leur volonté ou leur raison peuvent tout ; de celle-, qui les éloignent de la prière, et de la divine confiance en Dieu ; c'est eux qui pénètrent dans les coeurs sous la forme du doute, de l'inertie spirituelle, de l'égoïsme, de la superstition ou du scrupule. Ce sont en un mot les faux maîtres ; mais vous les percerez à jour, car leurs fruits seront mauvais.

  Le loup est facile à distinguer sur la Terre ; vous reconnaîtrez son esprit, ses directions dans les actes de tous les destructeurs, de tous les ennemis de l'Evangile, de la simplicité, de l'unité ; de tous les soldats plus ou moins conscients de l'adversaire dont les plus dangereux sont ceux qui se revêtent d'apparences religieuses. Ainsi la lutte nous apparaît comme toujours, dans l'invisible et le visible, et Jésus, en nous faisant bien comprendre le rôle, les pouvoirs et les marques distinctives du vrai berger, nous donne implicitement tous les espoirs et les certitudes de salut définitif pour toutes ses brebis, même cellesappartenant à « d'autres bergeries », c'est-à-dire à d'autres plans d'existence que les hommes.

  Le vrai berger entre par la porte que lui ouvre le portier, et sur terre les vrais maîtres, les amis de Jésus en font autant.

  Ils ne présentent rien d'extraordinaire ; tout en eux est simple, un. Le Christ, l'unique Pasteur, donne sa vie pour ses brebis. Il réunira pour l'Eternité son troupeau. Ce miracle sera le fruit nécessaire du don qu'il aura fait de sa vie, et c'est bien un don car « nul ne peut la lui prendre » ; c'est Lui-même qui la guide... Il a le pouvoir de la quitter et de la reprendre, car Il est vraiment la vie.

  Enfin, à ses amis, à ceux qui voudront Le suivre au Jardin et tremper leurs lèvres dans sa coupe d'amertume ; à ceux qui auront la force de l'accompagner jusqu'au Calvaire, notre Christ accordera le même privilège : celui de donner constamment sa vie et de la reprendre tant qu'il y aura un homme à sauver. C'est là une vérité tellement auguste que les églises tout en la connaissant lie l'enseignent pas et que des milliers d'êtres liront ce passage dans l'Évangile sans rien y voir. 

  Sous la garde d'un de ces missionnaires à qui Jésus a remis leur couronne, conscients ou lion, nous progresserons sans cesse vers le but. Nos esprits, nos personnes spirituelles, là haut, auront jusqu'au triomphe, à écouter la voix du bon pasteur et à fuir les attaques du mauvais. Elles n'éviteront pas les mêmes luttes nécessaires et nos coeurs, ici-bas notre intuition, notre sensibilité, notre intelligence et notre raison, subiront le contrecoup de cette bataille séculaire et de la définitive victoire.

  Au fur et à mesure que notre moi central augmentera sa maîtrise sur ses organes matériels, notre conscience, d'abord dans le sommeil ou dans certains états particuliers, puis même dans la veille complète, reflètera de plus en plus nettement ces douleurs et ces joies.

  Ainsi nous sommes, nous devons être sûrs, qu'un jour, le Maître du troupeau réunira dans la gloire, conduites par le chien secourable, toutes ses brebis et les gardera dans sa bergerie éternelle où rie pourront pénétrer ni les mauvais larrons ni le loup dévorant.