Thalassius le Libyen.

Nous ignorons presque tout de lui, sauf qu'il fut l'higoumène d'un monastère libyen, qu'il accueillit saint Maxime le Confesseur lorsque celui-ci, fuyant l'invasion perse, se réfugia à Carthage, vers 626. Maxime lui dédia ses deux "Centuries sur la théologie" ainsi que ses "Questions à Thalassius". Mais si l'un recueilli l'autre dans son errance temporelle, l'autre guida l'un dans son errance spirituelle et les quatre centuries de Thalassius, reprises dans la Philocalie (33), sont fort parallèles aux quatre centuries du Confesseur sur l'amour. Notons qu'elles sont dédiées "au prêtre Paul", sur lequel nous ne savons rien.
Les "Quatre centuries sur l'Amour" de saint Thalassius sont formées de sentences brèves et concises. La IIIème centurie s'achève sur une prière d'une très grande élévation.


Citation des "Quatre centuries sur l'amour".-

I-15. Garde-toi de l'intempérance et de la haine, et tu ne trouveras rien qui te fasse obstacle au temps de la prière.
I-67. L'hésykhia et la prière sont les armes suprêmes de la vertu. Car en purifiant l'intelligence, elles la rendent clairvoyante.
I-81. L'amour et la tempérance fortifient l'âme. La prière pure et la contemplation spirituelle fortifient l'intelligence.
I-93. Si tu veux te dégager de toutes les passions à la fois, prends sur toi la tempérance, l'amour et la prière.
I-94. L'intelligence qui, par la prière, passe son temps avec Dieu, délivre des passions la partie passionnelle de l'âme.
II-82. Le soulèvement de la chair vient de ce qu'on néglige la prière, la frugalité et la belle hésykhia.
II-83. La belle hésykhia. donne naissance à de beaux enfants: la tempérance, l'amour et la prière pure.
II-84. La lecture et la prière purifient l'intelligence. L'amour et la tempérance purifient la partie sensible de l'âme.
III-91. Maître de tout, Christ, de tous ces maux délivre-nous, des passions qui nous détruisent, et des pensées nées des passions.
III-92. À cause de toi nous fûmes créés, afin de jouir des délices où tu nous mis dans le jardin du Paradis planté par toi.
III-93. Nous avons fait venir sur nous le déshonneur présent pour avoir préféré aux délices bienheureuses la ruine
III-94. dont nous avons reçu la rétribution en nous qui avons échangé pour la mort la vie éternelle.
III-95. Maintenant donc, 6 Maître, comme tu nous as regardés à la fin regarde-nous. Comme tu t'es fait homme, sauve-nous tous.
III-96. Car tu es venu nous sauver, nous qui étions perdus. Ne nous détache pas de la part des sauvés.
III-97. Ressuscite les âmes et sauve les corps, purifie-nous de toute souillure.
III-98. Brise les liens des passions qui nous tiennent, toi qui as brisé les phalanges des démons impurs.
III-99. Et délivre-nous de leur tyrannie, afin que nous puissions te servir toi seul, Lumière éternelle,
III-100. ressuscités des morts et avec les anges, dansant la ronde bienheureuse, éternelle indissoluble.

Amen.




(33) La Philocalie, présentée par Olivier Clément, Desclée de Brouwer, Paris (1995), pp. 567 à 590.