Théolepte de Philadelphie.

Théolepte, en grec Qeoleptovõ - Théoleptos -, ce qui pourrait se traduire par le "pauvre de Dieu", (Nivée, vers 1250 - Philadelphie, vers 1326), fut un théologien, un polémiste et un ascète.
Diacre marié en Bithynie, il s'opposa vivement à la politique d'union avec Rome engagée par l'empereur Michel VIII Paléologue. Comme la grande majorité du clergé orthodoxe, il rejeta le décret d'union proclamé, au concile de Lyon en 1274, par le pape Grégoire X et le patriarche de Constantinople Jean XI. Abandonnant son épouse, Théolepte se retira dans la solitude vers 1275, sans doute au mont Athos et s'y consacra à l'hésychasme. L'empereur l'exila dans une île de la mer Égée, comme de nombreux autres moines de l'Athos.
À l'avènement de l'empereur Andronicus II, en 1282, le nouveau patriarche Grégoire II dénonça formellement l'acte d'union. En 1285, Théolepte fut nommé métropolite de Philadelphie. Il composa alors une âpre critique condamnant les membres du clergé orthodoxe qui avaient soutenu le patriarche Jean XI.
En désaccord avec le patriarche Grégoire II sur la théologie de la spiration - le patriarche avait proposé une version très modérée du Filioque romain - Théolepte l'attaqua si vigoureusement que Grégoire II démissionna en 1289.
Devenu un "père spirituel" reconnu dans tout l'empire, Théolepte contribua à la nomination du patriarche Athanase Ier. Il fut le conseiller de l'impératrice Irène, veuve de Jean Paléologue. enfin, Théolepte compte au nombre des initiateurs de saint Grégoire Palamas.
La Philocalie a retenu de lui une "lettre à l'impératrice Irène", alors que celle-ci était devenue moniale, et "neuf chapitres sur l'initiation".

Citation de la "lettre à Irène".

Quand donc tu vois en toi la prière se détendre, prends un livre. Et t'appliquant à la lecture, reçois la connaissance. Traverse les paroles sans les transgresser, retiens-les en y attachant ta pensée, et garde ton intelligence. Puis médite ce que tu viens de lire, pour que ta pensée soit comblée de douceur par la compréhension, et que ta lecture demeure inoubliable. Dès lors s'enflamme en toi la ferveur des pensées divines. Il est dit en effet : "Quand je méditais, un feu brûlait en moi."Car de même que les aliments mâchés par les dents plaisent au goût, de même les paroles divines tournées et retournées dans l'âme nourrissent et réjouissent la pensée. Il est dit en effet : "Que tes paroles sont douces dans ma bouche !" Apprends par coeur les paroles de l'Évangile et les apophtegmes des Pères bienheureux, suis à la trace leurs vies, pour pouvoir les méditer durant les nuits. Tu renouvelles ainsi par la lecture et la méditation des paroles divines la pensée lasse de prier, et tu la prépares à reprendre une prière toujours plus diligente.
Chante la psalmodie. Mais fais-le d'une voix très douce, l'intelligence attentive. Ne supporte pas que soit laissé incompréhensible rien de ce que tu dis. Si quelque chose échappe à l'intelligence, reprends le verset aussi souvent qu'il le faudra, jusqu'à ce que celle-ci puisse suivre ce qui est dit. Car l'intelligence est là pour permettre à la bouche de chanter, et pour se souvenir de Dieu. Apprends-le de l'expérience naturelle. De même en effet que celui qui rencontre quelqu'un et lui parle, porte les yeux vers lui, de même celui dont les lèvres chantent peut, par la mémoire, tendre son regard vers Dieu.
Ne néglige pas de te mettre à genoux. Se mettre à genoux représente en effet la chute du péché, laquelle provoque la confession. Et se relever signifie la repentir, lequel rappelle la promesse de la vie vertueuse. Mais que chaque prosternation soit accompagnée de l'invocation spirituelle du Christ, afin qu'en inclinant l'âme et le corps devant le Seigneur, on soit réconcilié avec le Dieu des âmes et des corps. Si, par ailleurs, tu ajoutes à la prière en pensée le travail paisible des mains, en rejetant le sommeil et la nonchalance, cela aussi soutient le combat de l'ascèse.

Citation de neuf chapitres".

5. Celui qui combat pour garder les commandements, qui persévère dans le paradis de la prière et demeure près de Dieu par le souvenir continuel, Dieu le détache des plaisirs de la chair, de tous les mouvements liés aux sens et de toutes les formes qui investissent la pensée. II le fait mourir aux passions et au péché, et lui donne d'avoir part à la vie divine. De même en effet que celui qui dort est semblable à un mort, mais est vivant (il est comme mort quant à l'énergie du corps, mais il vit par la synergie de l'âme), de même celui qui demeure dans l'Esprit est mort à la chair et au monde, mais il vit par le sens de l'Esprit.