J. RUSBROCH

DES SEPT DEGRÉS DE L'AMOUR

CHAPITRE VIII

DU TROISIÈME MODE DES EXERCICES SPIRITUELS ET DE SES PARTIES, A SAVOIR :
L'ACTION DE GRACE, LA LOUANGE, ET LA BÉNÉDICTION.


    Or, le troisième mode pour nous perfectionner dans les Vertus et dans tous les ornements de la vie sainte, a également trois parties, à savoir, l'action de grâce envers Dieu, la louange et la bénédiction. Louanges et actions de grâce à Dieu. Rendons donc des louanges et des grâces à Dieu, car celui qui a créé le ciel et la terre et tout ce qu'ils renferment, nous a faits à son image et à sa ressemblance, et nous a donné l'empire de tout ce qui est dans le monde. Gen. 1.

    Gen. 3. Et, bien qu'Adam notre premier père, selon la nature, ayant violé son précepte soit tombé dans le consentement du péché, et nous tous en même temps en lui, cependant  notre Père éternel et tout-puissant a, par sa bonté et sa grâce, couvert et dissimulé nos péchés, nous ayant donné son Fils, qui reçut, pour le porter lui-même, le fardeau (de nos misères), nous traça lui-même, par sa vie, le chemin de la vérité, nous l'enseigna, et nous en fit la démonstration. Il nous servit égalernent, en obéissant humblement jusqu'à la mort ; afin que nous vivions éternellement avec lui dans sa gloire. Philip, 2. Certes, nous devons avec juste raison rendre grâces, et bénir notre père céleste et son fils très doux, en les adorant en esprit, de ce qu'ils ont accompli en notre nature, par amour, ces étonnantes merveilles. Mais nous bénirons et nous rendrons grâces à notre très aimable Seigneur Jésus-Christ qui est un avec le Père, de ce qu'il nous a donné et livré sa chair, son sang et sa vie excellente et glorieuse dans le très Auguste sacrement, dans lequel nous trouvons, plus abondamment que nous ne pourrions le désirer, la nourriture, le breuvage et la vie éternelle, et tout ce que nous pouvons ambitionner. Comment le Fils doit être offert au Père. Avec cela, nous offrirons à Dieu, notre Père, son Fils accablé de blessures, crucifié et mort par amour pour nous : nous l'offrirons avec tous les saints sacrifices, qui ont été offerts en son nom par tous les bons prêtres ; et nous offrirons, en même temps, à la divine Majesté, tout le culte et le ministère (sacré) de la Sainte Eglise catholique, et de tous les justes, du premier jusqu'au dernier. En outre, nous rendrons grâces et nous louerons notre Seigneur-Jésus, avec l'excellence et la dignité de sa très aimable mère Marie toujours Vierge, Luc 1. qu'il a choisie de toute éternité, seule du monde entier, pour sa très digne mère, et par laquelle il a daigné
être conçu du Saint-Esprit, être porté dans ses chastes entrailles, et naître sans tache et sans douleur, d'elle tout à la fois Mère et Vierge, et sucer ses chastes mamelles. Et lorsque les anges chantaient pour lui : Gloire à Dieu au plus haut des cieux : Gloria in excelsis, lui, posé dans une crèche, faisait entendre aux oreilles de sa mère de plaintifs vagissements. Mais sa très pieuse mère l'adorait, et le considérait comme Dieu et son Fils. Et ensuite, elle le servait très amoureusement avec beaucoup de respect ; et lui-même, à son tour, se montrait le fils le plus aimant de la plus douce et plus suave des mères.

    Elle le priait comme son Dieu, et lui commandait comme à son fils ; et l'on ne vit jamais chose plus admirable.

Quelle est l'excellence de la Vierge Marie.
    Mais on ne peut écrire et raconter quelle fut l'excellence et la dignité de cette bienheureuse vierge, soit par ses vertus, soit par la sainteté de vie. Car elle est profonde en humilité, sublime en pureté et en chasteté, immense en charité, inépuisable en miséricorde envers tous les pécheurs qui réclament son secours. Elle est en vérité la mère de toute grâce, de piété et de miséricorde, notre avocate et notre médiatrice, intercédant entre nous et son fils, qui ne peut rien refuser à sa mère suppliante, qui est assise à sa droite, reine couronnée avec lui, maîtresse puissante dans le ciel et sur la terre, exaltée au-dessus de toutes les créatures, et proche de lui. Pour ce très grand honneur et cette dignité attribuée par lui (le Christ) à son aimable mère, et en elle à la nature humaine de nous tous, nous devons lui rendre grâces et le célébrer par nos louanges. Car, l'ingratitude dessèche la source de la divine piété. Et nous devons rendre grâces, louer, vénérer, et honorer Dieu, parce que ce qui n'avait jamais été accompli par les créatures, s'étant opéré une fois, durera éternellement. L'origine du drame sacré de l'Incarnation et de la Rédemption. Son origine fut dans les cieux : Lorsqu'en effet Michel et ses anges combattirent avec Lucifer et ses légions, pour savoir qui obtiendrait le ciel, Lucifer fut vaincu avec toute son armée ; et, à l'instar de la foudre et d'une flamme ardente, étant tombé du sommet des cieux, (car celui qui s'exalte sera humilié), tous les choeurs et les ordres des bons anges, les puissances, les vertus et les dominations des cieux se réjouirent, et le souverain esprit de l'ordre Séraphique rendit une éternelle louange à Dieu, et après lui toutes les légions du ciel rendirent grâces à Dieu de la victoire, l'adorant et le louant de ce qu'il était leur Dieu : et ils l'aiment et jouissent éternellement de sa gloire.