QUE POUR DONNER AUX FRÈRES L'EXEMPLE D'HUMILITÉ,
IL NE REFUSA JAMAIS D'ACCOMPLIR VOLONTIERS LES OEUVRES
EXTÉRIEURES ET VILES, DE PRÉFÉRENCE AUX AUTRES.
L'homme saint, toujours et partout, honora et observa principalement la vertu d'humilité ; et, bien qu'il fût un éminent et excellent contemplateur, et que la vie contemplative semble exiger plutôt la paix et le calme, lui cependant, ne s'accordant rien, pour servir d'exemple aux autres, sans égard pour son grand âge et la difficulté du travail, de même qu'il dépassait tous les autres dans l'éloignement du vice et la pratique des vertus, ainsi que pour les exercices monastiques, de même il l'emporta sur eux dans les travaux manuels, les veilles et les jeûnes.
Rusbroch imite tout à la fois le zèle de Marthe et l'amour de Marie.
Lorsqu'il vaquait avec les autres au travail manuel, bien qu'il fût accablé par la vieillesse et épuisé par les exercices de la vie intérieure,
il se montrait tout disposé à accomplir les besognes les plus viles et les plus dures ; par exemple, à charrier le fumier ou autres choses semblables. Et bien que, à cause de sa simplicité, son concours fût souvent plus nuisible qu'utile à ceux qui cultivaient les jardins, car il extirpait souvent les bonnes herbes avec les mauvaises ; cependant, par son assiduité et sa diligence au travail, il servit d'exemple et de stimulant d'humilité. Malgré ses travaux extérieurs, il fut si attentif au labeur de la vie intérieure, qu'aucun empêchement, aucune occupation ne pouvait l'en distraire. C'est pourquoi aussi, pour l'édification des Frères, dans les occupations extérieures, il porta toujours avec lui un signe en forme de rose (fertum Rosaceum) (1) afin que, pendant qu'une main servait au travail corporel, l'autre fût un stimulant pour la ferveur de l'esprit; donnant en cela l'exemple à tous, de ne pas être tellement absorbé par le travail du dehors, que l'on oublie d'offrir toutes les actions à Dieu, dans un sentiment de dévotion.
Ce saint Père reçut cette grâce de Dieu, que, dans l'action comme dans la solitude, toutes les fois qu'il le voulait, il pouvait se livrer à la divine contemplation. C'est pourquoi il avait coutume de dire à ses frères : Qu'il lui était moins difficile d'élever, quand il le voulait, son esprit vers Dieu, par la contemplation, que de porter la main à la tête.
(1) Fertum : Sorte d'offrande dans les sacrifices.