LE CIEL

La source des renseignements

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     « Lorsque en la présence de ses disciples, le Seigneur parle de la consommation du siècle, qui est la dernière période de l'Église, Il dit à la fin de ses prédictions concernant ses états successifs en ce qui concerne l'amour et la foi.

     Or, aussitôt après l'affliction de ces jours-là, le soleil sera obscurci, et la lune ne donnera point sa lueur, et les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées. Et alors apparaîtra le signe du Fils de l'homme dans le ciel, et alors se lamenteront toutes les tribus de la terre, et elles verront le Fils de l'homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire. Et il enverra ses anges avec une grande voix de trompette, et ils rassembleront ses élus, des quatre vents, depuis les extrémités des cieux jusqu'à leurs extrémités. -Matt. XXIV, 29, 30, 31.

     Ceux qui comprennent ces paroles selon le sens de la lettre ne peuvent faire autrement que croire que toutes ces choses doivent arriver selon la description contenue dans ce sens. Mais ceux qui croient ainsi ne connaissent pas tous les arcanes qui sont cachés dans toutes les parties de la Parole. En effet, dans chaque expression de la Parole, il y a un sens interne ; or le sens interne ne traite pas de choses naturelles et mondaines, mais de choses spirituelles et célestes ; car la Parole a été écrite au moyen de pures correspondances, afin que chaque expression puisse contenir un sens interne. C'est selon ce sens que l'on doit comprendre les choses que le Seigneur a dites dans le passage cité ci-dessus concernant son avènement dans les nuées du ciel. Par le soleil qui sera obscurci il est entendu qu'il n'y aura plus d'amour envers le Seigneur, et par la lune qui ne donnera point sa lueur, qu'il n'y aura plus de foi en Lui ; les connaissances du bien et du vrai, qui sont des étoiles, et sont appelées ici puissances des cieux, seront dissipées, ainsi que toutes les choses de la foi, qui sont les tribus de la terre. L'apparition du Fils de l'homme dans les nuées du ciel avec puissance et grande gloire signifie sa présence dans la Parole et sa révélation. Les nuées signifient le sens de la lettre de la Parole ; la gloire, le sens interne de la Parole. Par les anges avec une trompette et une grande voix, il est entendu le ciel, d'où vient la Vérité Divine. D'où il est évident que ces paroles du Seigneur signifient qu'à la fin de l'Église, lorsqu'il n'y aura plus aucun amour, et par conséquent aucune foi, le Seigneur ouvrira la Parole quant à son sens interne, et révélera les arcanes du ciel. Les arcanes qui sont révélés dans les pages suivantes concernent le ciel et aussi la vie après la mort.

     Aujourd'hui, l'homme de l'Église sait à peine quelque chose au sujet du ciel et de l'enfer, ainsi que concernant la vie après la mort. En vérité, nombreux sont ceux qui nient ces choses et disent dans leur coeur : « Qui est revenu de ce monde pour nous en instruire ? » Afin donc qu'un tel scepticisme, qui prévaut principalement chez ceux qui ont beaucoup de sagesse mondaine, n'infecte et ne corrompe les simples de coeur et de foi, il m'a été permis depuis treize ans de m'entretenir avec les anges comme un homme avec d'autres hommes ; et aussi de voir ce qu'il y a dans les cieux ainsi que dans les enfers ; et de décrire ce que j'ai vu et entendu dans l'espoir que l'ignorance pourra être éclairée, et le scepticisme dissipé. Une telle révélation immédiate est maintenant faite parce que c'est ce qui est entendu par le Second Avènement du Seigneur. » - Ciel et Enfer, n°1.
 
 

LE SEIGNEUR EST LE DIEU DU CIEL

     « Il importe en premier lieu de savoir qui est le Dieu du ciel, car c'est de cette connaissance que découle tout le reste. Dans le ciel universel nul autre que le Seigneur seul n'est reconnu comme Dieu. Les anges disent, comme Il l'a enseigné. Lui-Même, que Lui et le Père sont Un, que le Père est en Lui, et qu'Il est dans le Père ; que quiconque Le voit, voit le Père, et que tout ce qui est saint procède de Lui. (Jean X, 30, 38 ; XIV, 10, II ; XVI, 13-15). Je me suis souvent entretenu avec les anges sur ce sujet, et ils ont toujours dit qu'ils ne peuvent penser au Divin en trois personnes, parce qu'ils savent et perçoivent que le Divin est Un et qu'il est dans le Seigneur.

     Tous les enfants, dont le nombre représente un tiers des habitants du ciel, sont initiés dans la reconnaissance et la foi que le Seigneur est leur Père ; et ensuite ils apprennent qu'Il est le Seigneur de toute créature et par conséquent le Dieu du ciel et de la terre.

     Ceux qui sont de l'Église ne peuvent douter que le Seigneur est le Dieu du ciel, car Lui-Même a enseigné que tout ce qui est à Son Père est à Lui (Matt. XI. 27 ; Jean KVI. 15 ; XVII. 2) ; et qu'Il a toute puissance dans le ciel et sur la terre. (Matt. XXVIII. ; 18). Il dit : « dans le ciel et sur la terre », parce que Celui qui gouverne le ciel gouverne aussi la terre, puisque l'un dépend de l'autre. » - Cielet Enfer, nos 2, 4, 5.

     Et, s'approchant, Jésus leur parla, disant : Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre. -Matt. XXVIII, 18.
 
 

LA PRESENCE DU SEIGNEUR DANS LE CIEL

     « Que personne n'embrasse cette erreur, qui chez un grand nombre tombe dans la première pensée, à savoir, que le Seigneur est dans le ciel parmi les anges, ou qu'il est chez eux comme un Roi dans Son Royaume ; Il est quant à l'apparence au-dessus d'eux dans le Soleil spirituel, mais quant à la vie de leur amour et de leur sagesse Il est en eux. » - Divine Providence, n° 31.

     « Lorsque le Seigneur se présente à la vue dans le ciel, comme il arrive fréquemment, Il ne paraît pas environné du Soleil, mais dans une forme angélique qui se distingue de celle des anges par le Divin qui brille dans Son visage. Il n'est pas là en personne, puisque le Seigneur en personne est toujours environné du Soleil spirituel, mais Il est présent par aspect. Car il arrive fréquemment dans le ciel que des personnes se présentent à la vue dans le lieu où leur vue est fixée, bien que ce lieu puisse être très éloigné de celui où elles sont en réalité. On appelle cette présence la présence de la vue interne. Le Seigneur m'est apparu aussi hors du soleil dans une forme angélique, un peu au-dessous du soleil dans le haut ; et je l'ai vu aussi de près dans une forme semblable, la face resplendissante ; une fois même je l'ai vu au milieu des anges, brillant comme l'éclat de la flamme. » - Ciel et Enfer, n° 121.
 
 

LE CIEL EST UN ETAT DE VIE, ET C'EST AUSSI UN LIEU

     « Le ciel est dans l'homme, et ceux qui ont le ciel en eux viennent dans le ciel. Le ciel est dans celui qui reconnaît le Divin et se laisse conduire par le Divin, car la première et la principale chose de toute religion est de reconnaître le Divin. Une religion qui ne reconnaît pas le Divin n'est pas une religion ; et les préceptes de toute religion se rapportent au culte, car ils enseignent comment on doit rendre un culte au Divin, afin que le culte Lui soit acceptable. Or quand ce principe est fixé dans l'esprit, c'est-à-dire autant l'homme veut ou aime vivre selon ce principe, autant il est conduit par le Seigneur.

     On sait que les gentils mènent une vie morale aussi bien que les Chrétiens, et qu'un grand nombre d'entre eux mène une meilleure vie que les Chrétiens. Les hommes mènent une vie morale soit à cause du Divin, soit pour leur réputation dans le monde ; la vie morale que l'on mène à cause du Divin est ce qu'on appelle la vie spirituelle. Ces deux genres de vie paraissent semblables dans leur forme extérieure, mais elles diffèrent totalement dans leur forme intérieure ; la première sauve l'homme ; la deuxième ne le sauve nullement. Car celui qui mène une vie morale à cause du Divin, est conduit par le Divin ; mais celui qui mène une vie morale pour sa réputation dans le monde, se conduit lui-même. » - Ciel et Enfer, n° 319.

     « Tout ange reçoit le ciel qui est autour de lui selon le ciel qui est en lui. D'après cela on peut se rendre compte combien se trompe celui qui croit qu'il suffit pour entrer dans le ciel d'être élevé parmi les anges, quelle qu'ait été sa vie intérieure, et qui s'imagine qu'il suffit, pour être admis dans le ciel, d'un acte de miséricorde inconditionnelle. La vérité est que si le ciel n'est pas dans une personne, rien du ciel qui l'environne n'est reçu par elle. » - Ciel et Enfer, n° 54.

     « D'après ce qui vient d'être dit, il est évident que ce sont les états intérieurs qui font le ciel, et que le ciel est dans l'homme, et non pas hors de lui. C'est ce que le Seigneur enseigne, quand Il dit :

     Le Royaume de Dieu ne vient point d'une manière observable ; et on ne dira point : le voici ici ! Ou le voilà, là ! Car voici, le Royaume de, Dieu est au-dedans de vous. - Luc XVII, 20, 21.
 
 

L'ESPACE DANS LE CIEL

     « Tout ce que l'on voit dans le ciel apparaît dans un lieu fixe dans l'espace, exactement comme dans le monde ; et cependant les anges n'ont aucune notion du lieu ou de l'espace. Cela doit nécessairement paraître paradoxal ; mais puisque le sujet est d'une grande importance, je désire le mettre en pleine lumière.

     Tout changement de lieu dans le monde spirituel résulte d'un changement dans l'état des intérieurs, tellement qu'un déplacement n'est rien d'autre qu'un changement d'état. C'est ainsi que j'ai été conduit par le, Seigneur dans les cieux ; cela eut lieu quant à mon esprit, mon corps restant dans le même endroit. Tous les anges se déplacent ainsi, de sorte qu'ils n'ont aucune notion des distances ; et puisqu'ils n'ont aucune distance, ils n'ont point d'espaces, mais au lieu de distances et d'espaces ils ont des changements d'états.

     Comme les changements de lieu s'opèrent de cette manière, il est évident que les rapprochements résultent d'un état semblable des intérieurs, et que les éloignements sont dus à une dissemblance de ces états. C'est de là que ceux qui sont dans des états semblables paraissent ensemble ; et ceux qui sont éloignés les uns des autres sont dans des états dissemblables. Ainsi les espaces dans le ciel ne sont que des états externes qui correspondent aux états internes. C'est uniquement de là que les cieux sont distincts les uns des autres, et que les sociétés aussi de chaque ciel sont distinctes, de même que les individus dans chaque société. C'est aussi la raison pour laquelle les enfers sont entièrement séparés des cieux, car ils sont dans un état diamétralement opposé.

     C'est aussi d'après cette cause que, dans le monde spirituel, l'un est présent devant un autre, pourvu qu'il désire avec intensité sa présence, car ainsi il le voit par la pensée, et se place dans son état ; et que vice-versa l'un est éloigné d'un autre selon qu'il a de l'aversion pour lui : et comme toute aversion vient de la contrariété des affections et du dissentiment des pensées, il en résulte que plusieurs, qui sont là dans un même lieu, sont visibles les uns pour les autres tant qu'ils sont d'accord, mais ne se voient plus dès l'instant où ils sont de sentiments opposés. » - Ciel et Enfer, nos 191-194.
 
 

CE QUI FAIT LE CIEL

     « C'est le Divin qui procède du Seigneur, qui influe chez les anges et est reçu par eux, qui fait le ciel en général et en particulier. Le Divin, qui procède du Seigneur, est le bien de l'amour et la vérité de la foi. Par conséquent, c'est dans la mesure où ils reçoivent du Seigneur le bien et le vrai, qu'ils sont anges et qu'ils ont le ciel en eux.

     Tout ange dans les cieux sait, croit et même perçoit qu'il ne veut et ne fait de lui-même rien de bien, mais que c'est d'après le Divin, ainsi d'après le Seigneur ; qu'il veut et fait le bien, et en outre que le bien et le vrai qui viennent du propre de l'ange ne sont ni le bien ni le vrai, parce que dans ce propre il n'y a pas la vie qui procède du Divin. Les anges du ciel intime perçoivent même clairement l'influx et ils le sentent ; et autant ils le reçoivent, autant il leur paraît qu'ils sont dans le ciel, parce qu'ils sont alors dans l'amour et la foi, et par conséquent dans la lumière de l'intelligence et de la sagesse, d'où résulte la joie céleste. Comme toutes ces choses procèdent du Divin du Seigneur, et que c'est en elle que les anges ont le ciel, il est évident que ce qui fait le ciel, c'est le Divin du Seigneur, et non les anges par quelque chose qui leur soit propre. C'est pour cette raison que le ciel, dans la Parole, est appelé l'habitacle du Seigneur, et qu'il est dit de ceux qui sont dans le ciel qu'ils sont dans le Seigneur, et que le Seigneur est en eux. » - Ciel et Enfer, nos 7, 8.
 
 

TOUS LES ANGES PROVIENNENT DU GENRE HUMAIN

     « Dans le monde chrétien on ignore absolument que le ciel et l'enfer proviennent du genre humain ; on croit, en effet, que les anges ont été créés au commencement et que de là est résulté le ciel, et que le diable ou satan a été un ange de lumière, mais qu'étant devenu rebelle, il a été précipité avec sa troupe hors du ciel et que de là est résulté l'enfer. Les anges sont extrêmement étonnés qu'une telle foi existe dans le monde chrétien, et ils le sont encore plus de ce qu'on ne sait absolument rien au sujet du ciel, lorsque cependant c'est là un point principal de doctrine dans l'Église ; et comme une telle ignorance règne, ils ont été ravis de joie de ce qu'il a plu au Seigneur de révéler maintenant aux Chrétiens plusieurs vérités sur le ciel et aussi sur l'enfer, et de dissiper par là autant qu'il est possible, les ténèbres qui croissent de jour en jour, parce que l'Église est arrivée à sa fin. Aussi veulent-ils que j'affirme, comme venant de leur bouche, qu'il n'y a pas, dans tout le ciel, un seul ange qui ait été créé tel au commencement, ni dans l'enfer un diable qui ait été créé ange de lumière et ait été précipité ; mais que tous, tant dans le ciel que dans l'enfer, proviennent du genre humain. Dans le ciel viennent ceux qui dans le monde ont vécu dans un amour céleste et une foi céleste ; dans l'enfer ceux qui ont vécu dans un amour infernal et une foi infernale ; et que c'est l'enfer dans tout le complexe qui est appelé Diable ou Satan.

     Si le monde chrétien a accepté une telle foi au sujet de ceux qui sont dans le ciel et de ceux qui sont dans l'enfer, cela vient, disaient les anges, de quelques passages de la Parole compris seulement dans le sens de la lettre, et non illustrés ni expliqués par la Doctrine véritable tirée de la Parole ; car le sens de la lettre de la Parole, s'il n'est éclairé par la Doctrine véritable, partage les mentals en des sentiments divers, d'où proviennent des ignorances, des hérésies et des erreurs. » - Ciel et Enfer nos 311.

     « Ceux qui sont dans le ciel sentent, c'est-à-dire, voient et entendent d'une manière beaucoup plus exquise et ils pensent aussi d'une manière plus sage que lorsqu'ils étaient dans le monde ; ils entendent aussi par une atmosphère spirituelle qui, de même, surpasse de beaucoup de degrés l'atmosphère terrestre. La différence de ces sens externes est comme la différence entre la clarté d'un jour serein et l'obscurité d'un nuage orageux dans le monde, et entre la lumière de midi et l'ombre du soir. La lumière du ciel en effet, étant la Vérité Divine, donne à la vue des anges la faculté d'apercevoir et de distinguer les objets les plus petits ; leur vue externe correspond aussi à leur vue interne ou à leur entendement, car chez les anges, l'une de ces vues influe dans l'autre pour n'en faire qu'une ; de là pour eux, une si grande pénétration ; et l'ouïe pareillement correspond à leur perception, qui appartient tant à l'entendement qu'à la volonté ; il en résulte que dans le son de la voix et dans les paroles de celui qui parle ils aperçoivent les plus petites choses de son affection et de sa pensée ; dans le son, celles qui appartiennent à son affection et dans les paroles celles qui appartiennent à sa pensée. Mais les autres sens chez les anges ne sont pas aussi exquis que ceux de la vue et de l'ouïe ; et cela, parce que la vue et l'ouïe servent à leur intelligence et à leur sagesse ; mais non les autres sens qui enlèveraient la lumière et l'esprit de leur sagesse, s'ils avaient le même degré de finesse ; car ils introduiraient le charme des plaisirs des différents appétits du corps qui obscurcissent et affaiblissent d'autant plus l'entendement que leur empire est plus grand. C'est ce qui arrive aussi dans le monde où les hommes sont d'autant plus lourds et plus stupides, au sujet des vrais spirituels, qu'ils s'adonnent davantage aux jouissances du goût et aux séductions corporelles du toucher. » - Ciel et Enfer, nos 462.
 
 

LA MEMOIRE DES ESPRITS ET DES ANGES

     « Les esprits et les anges ont une mémoire de même que les hommes : en effet, tout ce qu'ils entendent, voient, pensent, veulent et font reste chez eux, et par là aussi leur esprit rationnel est continuellement cultivé, et cela pendant l'éternité ; de là vient que les esprits et les anges sont perfectionnés en intelligence et en sagesse par les connaissances de la vérité et du bien de même que les hommes. Il m'a aussi été donné de savoir par plusieurs expériences que les esprits et les anges ont une mémoire. J'ai vu, en effet, que de leur mémoire était tiré tout ce qu'ils avaient pensé et fait tant en publie qu'en secret, lorsqu'ils étaient avec d'autres esprits ; et j'ai vu aussi que ceux qui avaient été dans quelque vérité d'après le bien simple, étaient imbus de connaissances, et par elles, d'intelligence, et étaient ensuite élevés au ciel. Toutefois, il faut qu'on sache qu'on n'est imbu de connaissances, et par elles d'intelligence, que jusqu'au degré de l'affection du bien et du vrai dans laquelle on a été dans le monde, mais non au-delà de ce degré. En effet, chaque esprit et chaque ange conserve en même quantité et en même qualité l'affection dans laquelle il était dans le monde, et cette affection est ensuite perfectionnée, ce qui a même lieu pendant l'éternité, car il n'y a rien qui ne puisse être empli éternellement. C'est ainsi que les anges sont continuellement perfectionnés en intelligence et en sagesse par les connaissances du vrai et du bien. - Ciel et Enfer, 469.

     « L'homme emporte avec lui sa mémoire naturelle, car tout ce qu'il a entendu, vu, lu, appris, pensé, depuis sa première enfance jusqu'au dernier moment de sa vie dans le monde, il le retient ; mais les objets naturels qui sont dans la mémoire, ne pouvant être reproduits dans le monde spirituel, reposent, comme il arrive chez l'homme quand il ne pense pas à ces objets ; mais toujours est-il qu'ils sont reproduits, lorsqu'il plaît au Seigneur. » - Ciel et Enfer, 461.
 
 

IL N'Y A POINT DE VIEILLARDS DANS LE CIEL

     « Ceux qui sont dans le ciel avancent continuellement vers le printemps de la vie ; et plus ils vivent des milliers d'années, plus ils avancent vers un printemps agréable et heureux, et cela, éternellement, avec des accroissements selon leur perfectionnement dans l'amour, la charité et la foi. Les personnes du sexe féminin qui sont mortes vieilles et décrépites, et qui ont vécu dans la foi du Seigneur, dans la charité à l'égard du prochain, et dans un amour conjugal heureux avec leur mari, viennent de plus en plus dans la fleur de la jeunesse et de l'adolescence et parviennent à une beauté qui surpasse toute idée de beauté perceptible à la vue. C'est la bonté et la charité qui donnent la forme et présentent une image d'elles-mêmes, et font que l'agréable et le beau de la charité resplendissent de toutes les parties du visage, de sorte qu'elles sont elles-mêmes des formes de la charité. Quelques esprits ont vu de tels anges du sexe féminin et sont restés saisis d'admiration.

     La forme de la charité qui est d'une manière vivante dans le ciel, est telle, que c'est la charité elle-même qui donne l'effigie, et cela de telle sorte que l'ange tout entier, principalement le visage, est pour ainsi dire la charité qui apparaît, et qui est perçue manifestement. Cette forme, quand on la regarde, est une beauté ineffable qui affecte de charité la vie intime du mental : en un mot, vieillir dans le ciel, c'est rajeunir. Ceux qui ont vécu dans l'amour envers le Seigneur et dans la charité à l'égard du prochain deviennent dans l'autre vie de telles formes ou de beautés. Tous les anges sont de telles formes, dont les variétés sont innombrables. » - Ciel et Enfer, n° 414.
 
 

LES PAIENS DANS LE CIEL

     « Le Seigneur contracte aussi alliance, ou se conjoint par la charité, avec ceux qui sont en dehors de l'Église et qu'on appelle païens. Voici ce qui en est : l'homme de l'Église pense que tous ceux qui sont en dehors de l'Église ne peuvent être sauvés, parce qu'ils n'ont aucune des connaissances de la foi, par conséquent aucune idée du Seigneur. Il dit que sans la foi et sans la connaissance du Seigneur, il n'y a point de salut. Bien plus, beaucoup de personnes de cette opinion, parmi celles qui ont une doctrine, et même parmi celles qui sont dans une hérésie, pensent que tous ceux qui ne sont pas dans leur doctrine ou dans leur hérésie ne peuvent être sauvés ; cependant il en est tout autrement. Le Seigneur exerce Sa Miséricorde envers tout le genre humain, et Il veut sauver et attirer à Lui tous ceux qui sont dans l'univers. La Miséricorde du Seigneur est infinie ; elle ne veut point se borner au petit nombre d'hommes qui sont dans l'Église, mais elle s'étend sur tous les hommes qui sont sur le globe. Ce n'est pas leur faute s'ils sont nés hors de l'Église et par conséquent dans l'ignorance de la foi ; et personne n'est damné pour ne pas avoir la foi dans le Seigneur, quand il ne le connaît pas. Quel est l'homme, ayant des pensées justes qui puisse dire que la plus grande partie du genre humain doit périr de la mort éternelle, parce qu'elle n'est pas née en Europe, où, relativement parlant, le nombre des habitants est bien petit ? Et quel est l'homme ayant des pensées justes, qui pourrait croire que le Seigneur laisserait naître une si grande multitude d'hommes pour qu'elle pérît dans la mort éternelle ? Cela serait en opposition avec la Miséricorde Divine. Mais en outre, ceux qui sont hors de l'Église, et qu'on appelle les nations, ont une vie beaucoup plus régulière que ceux qui sont dans l'Église, et ils embrassent beaucoup plus facilement la doctrine de la vraie foi. C'est ce qu'on peut voir d'une manière plus évidente dans l'autre vie : c'est du monde chrétien que viennent les esprits les plus méchants ; ils ont une haine mortelle contre le prochain, une haine mortelle contre le Seigneur ; ils ont dépassé dans leurs adultères tous ceux qui sont sur le globe. Il n'en est pas de même des autres parties de la terre ; car un grand nombre de ceux qui ont adoré des idoles sont d'un tel caractère qu'ils ont en horreur les haines et les adultères, et craignent les chrétiens en raison de ce que ceux-ci se livrent à ces passions et de ce qu'ils veulent tourmenter quiconque est en relation avec eux. Bien plus, les païens sont tels que quand les anges les instruisent sur les vérités de la foi, et leur enseignent que le Seigneur gouverne l'Univers, ils écoutent volontiers, se pénètrent facilement de la foi, et rejettent en conséquence leurs idoles. C'est pourquoi les païens qui ont eu une vie régulière et qui ont été dans la charité mutuelle et dans l'innocence sont régénérés dans l'autre vie. Quand ils vivent dans le monde, le Seigneur est présent chez eux dans la charité et dans l'innocence ; car il n'est point de charité, ni point d'innocence qui ne procède du Seigneur. Le Seigneur leur donne aussi la conscience de ce qui est droit et bien, selon leur religion, et dans cette conscience, il insinue l'innocence de la charité ; et lorsque l'innocence et la charité sont dans leur conscience, ils se laissent facilement pénétrer des vérités de la foi procédant du bien. C'est làce que le Seigneur a dit Lui-Même dans Luc

     Or, quelqu'un lui dit : Seigneur, y en a-t-il peu qui soient sauvés ? Mais il leur dit : Vous verrez Abraham, Isaac et Jacob et tous les prophètes dans le Royaume de Dieu, et vous serez jetés dehors. Et il en viendra d'Orient et d'Occident, et du Septentrion et du Midi, et ils s'assiéront à table dans le Royaume de Dieu. Et voici, il y a des derniers qui seront les premiers, et il y a des premiers qui seront les derniers. - Luc, XIII, 23, 28-30.

     Il y a plus de sauvés parmi les païens que parmi les chrétiens ; en effet, ceux qui, parmi les païens ont bien pensé du prochain et lui ont voulu du bien, reçoivent les vérités de la foi dans l'autre vie mieux que ceux qui sont nommés Chrétiens ; et plus que les Chrétiens ils reconnaissent le Seigneur, car les anges n'ont pas de plus grand plaisir ni de plus grande félicité que d'instruire ceux qui de la terre viennent dans l'autre vie. » - Arcanes Célestes, n° 2284.

     J'ai encore d'autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie ; il faut aussi que je les amène ; et elles entendront ma voix, et il n'y aura qu'un seul troupeau, et qu'un seul berger. - Jean X, 16.
 
 

LE MARIAGE DANS LE CIEL

     « Puisque le ciel est composé du genre humain, et que par suite les anges y sont de l'un et l'autre sexe ; et puisque la femme a été créée pour l'homme et l'homme pour la femme, ainsi l'un pour l'autre, et qu'enfin cet amour est inné dans l'un et dans l'autre, il s'ensuit qu'il y a des mariages dans les cieux (1) de même que sur les terres ; mais les mariages dans les cieux diffèrent beaucoup des mariages sur les terres.

     Le mariage dans les cieux est la conjonction de deux en un seul mental. Il va d'abord être expliqué quelle est cette conjonction : le mental consiste en deux parties dont l'une est appelée entendement et l'autre volonté ; quand ces deux parties font un, alors elles font un mental ; le mari y fait cette partie qui est appelée entendement, et l'épouse celle qui est appelée volonté ; lorsque cette conjonction, qui appartient aux intérieurs, descend dans les inférieurs qui appartiennent au corps, elle est alors perçue et sentie comme amour ; cet amour est l'amour conjugal. De là il est évident que l'amour conjugal tire son origine de la conjonction de deux en un seul mental ; c'est ce qui est appelé, dans le ciel, cohabitation ; et il est dit, qu'ils ne sont pas deux mais un ; c'est pourquoi deux époux dans le ciel sont appelés non deux anges mais un ange. » (2)- Ciel et Enfer, nos 366, 367.

     N'avez-vous pas lu que Celui qui les fit au commencement les fit mâle et femelle, et qu'il est dit : C'est à cause de cela que l'homme quittera son père et sa mère, et qu'il s'attachera à son épouse ; et les deux ne seront qu'une seule chair. -Matt. XIX, 4, 5.
 
 

LES PETITS ENFANTS DANS LE CIEL

     « C'est une croyance assez répandue que seuls les enfants nés au-dedans de l'Église viennent dans le ciel, et non ceux qui sont nés en dehors de l'Église. Le motif de cette croyance est que les enfants nés au-dedans de l'Église ont été baptisés, et que par le baptême ils ont été initiés dans la foi de l'Église. Mais ceux qui ont cette croyance ne savent pas que le baptême, par lui-même, ne donne ni la foi ni le salut. En effet, le baptême est seulement pour signe et pour mémorial que l'homme doit être régénéré, et que celui qui est né au-dedans de l'Église peut être régénéré, parce que là il y a la Parole où sont les Divines vérités par lesquelles se fait la régénération, et parce que le Seigneur qui opère la régénération y est connu.

     Qu'on sache donc que tout enfant, en quelque lieu qu'il soit né, soit au dedans ou en dehors de l'Église, soit de parents pieux ou de parents impies, est, quand il meurt, reçu par le Seigneur, et que dans le ciel il est élevé, et instruit selon l'Ordre Divin, et imbu des affections du bien, et par elles des connaissances du vrai ; et qu'ensuite, à mesure qu'il est perfectionné en intelligence et en sagesse, il est introduit dans le ciel et devient un ange. Quiconque pense d'après la raison, peut savoir que personne n'est né pour l'enfer mais que tous sont nés pour le ciel ; et que si l'homme va dans l'enfer, c'est à lui-même qu'en est la faute, tandis que les enfants ne peuvent nullement encore être en faute.

     Les enfants qui meurent sont également enfants dans l'autre vie ; ils ont le même caractère enfantin, la même innocence dans l'ignorance, la même délicatesse en tout ; ils sont seulement dans un apprentissage afin qu'ils puissent devenir anges, car les enfants ne sont pas des anges, mais deviennent des anges ; quiconque, en effet, sort du monde est dans un état de vie semblable à celui où il était ; mais l'état des enfants l'emporte sur l'état des autres, en ce qu'ils sont dans l'innocence, et que le mal qui provient d'une vie actuelle n'a point encore été enraciné en eux ; or, telle est l'innocence, que toutes les choses du ciel peuvent y être implantées, car l'innocence est le réceptacle du vrai de la foi et du bien de l'amour.

     L'état des enfants dans l'autre vie est bien supérieur à celui des enfants dans le monde, car ils sont revêtus, non pas d'un corps terrestre, mais d'un corps semblable à celui des anges ; le corps terrestre est en lui-même pesant ; ce n'est pas de l'intérieur ou du monde spirituel qu'il reçoit les premières sensations et les premiers mouvements, mais c'est de l'extérieur ou du monde naturel ; aussi les enfants dans le monde doivent-ils apprendre à marcher, à faire des gestes et à parler ; bien plus, leurs sens comme la vue et l'ouïe, doivent s'ouvrir à l'usage. Il en est autrement des enfants dans l'autre vie ; comme ils sont des esprits, ils agissent aussitôt selon leurs intérieurs ; ils marchent sans que l'usage le leur apprenne ; ils parlent de même, mais d'abord d'après des affections communes, qui ne sont pas encore distinguées en idées de pensées, mais bientôt ils sont aussi initiés à ces idées, et cela, parce que leurs extérieurs sont homogènes avec leurs intérieurs. Le langage des anges, en effet, coule d'affections diverses par les idées de la pensée, de sorte que leur langage devient absolument conforme aux pensées provenant de l'affection.

     Dès que les enfants ont été ressuscités, ce qui arrive aussitôt après leur mort, ils sont enlevés au ciel et sont donnés à des anges du sexe féminin, qui, dans la vie de leur corps, ont aimé tendrement les enfants et en même temps aimé le Seigneur. Comme dans le monde elles ont aimé tous les enfants avec une tendresse en quelque sorte maternelle, elles les reçoivent comme les leurs, et les enfants aussi d'après le penchant incité en eux les aiment comme leurs mères ; chacune a avec elle autant d'enfants qu'elle en désire, d'après l'affection maternelle spirituelle.

     Tous les enfants dans le ciel sont sous l'auspice immédiat du Seigneur. » - Cielet Enfer, nos 329, 332.

     Prenez garde de ne mépriser aucun de ces petits ; car je vous dis que leurs anges voient sans cesse dans les cieux la face de mon Père qui est dans les cieux. -Matt. XVIII, 10.
 
 

LE CIEL EST DISTINGUE EN DEUX ROYAUMES

     « Comme dans le ciel il y a des variétés infinies, et qu'il n'est pas une seule société qui y soit semblable à une autre, ni même un seul ange à un autre, le ciel est en conséquence distingué en général en deux royaumes ; spécialement en trois cieux, dont chacun se compose d'innombrables sociétés. Il est dit « royaume », parce que le ciel est appelé Royaume de Dieu.

     Il y a des anges qui reçoivent plus intérieurement le Divin procédant du Seigneur, et d'autres qui le reçoivent moins intérieurement : ceux qui le reçoivent plus intérieurement sont appelés anges célestes ; ceux qui le reçoivent moins intérieurement sont appelés anges spirituels ; de là le ciel est distingué en deux royaumes, dont l'un est appelé royaume céleste et l'autre royaume spirituel.

     L'amour dans lequel sont ceux du royaume céleste est appelé amour céleste, et l'amour dans lequel sont ceux du royaume spirituel est nommé amour spirituel : l'amour céleste est l'amour envers le Seigneur, et l'amour spirituel est la charité à l'égard du prochain.

     Les anges du royaume céleste du Seigneur l'emportent de beaucoup en sagesse et en gloire sur les anges qui sont du royaume spirituel ; et cela, parce qu'ils reçoivent plus intérieurement le Divin du Seigneur, car ils sont dans l'amour envers lui, et par suite plus près de Lui et plus étroitement conjoints avec Lui. Si les anges célestes sont tels, c'est parce qu'ils ont reçu et reçoivent les Divines vérités à l'instant même dans la vie, et non préalablement par la mémoire et par la pensée comme les anges spirituels ; c'est pourquoi ils les ont gravés dans leur coeur, et ils les perçoivent et les voient pour ainsi dire en eux-mêmes, et ne raisonnent jamais pour savoir si telle vérité est ou n'est pas une vérité. Ils sont ainsi décrits dans Jérémie :

     Je mettrai ma loi au-dedans d'eux, je l'écrirai dans leur coeur ; et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. - Jérémie, XXXI, 33.

     Il a été dit qu'ils l'emportent sur les autres en sagesse et en gloire, parce qu'ils ont reçu et reçoivent les vérités Divines à l'instant même dans leur vie, car dès qu'ils les entendent, ils les veulent et les font, sans les placer d'abord dans leur mémoire et sans penser ensuite si elles sont réellement des vérités ; ceux qui sont tels savent sur le champ par l'influx procédant du Seigneur si une vérité qu'ils entendent est une vérité, car le Seigneur influe immédiatement clans la volonté de l'homme, et médiatement par la volonté dans la pensée ; ou ce qui est la même chose, le Seigneur influe immédiatement dans le bien, et médiatement par le bien dans le vrai ; tout vrai est même changé en bien et implanté dans l'amour dès qu'il entre dans la volonté ; mais tant que le vrai est dans la mémoire et par suite dans la pensée, il ne devient pas un bien, il ne vit pas, et n'est pas approprié à l'homme, parce que l'homme est homme d'après la volonté et par suite d'après l'entendement, et non d'après l'entendement séparé d'avec la volonté.

     Comme il y a une telle différence entre les anges du royaume céleste et ceux du royaume spirituel, c'est pourquoi ils ne sont pas ensemble, et n'ont pas entre eux de communauté ; ils existe seulement une communication par des sociétés angéliques intermédiaires, qui sont appelées célestes-spirituelles ; par elles le royaume céleste influe dans le royaume spirituel ; de là vient, que le ciel, bien qu'il ait été divisé en deux royaumes, ne fait néanmoins qu'un. Le Seigneur pourvoit toujours à de tels anges intermédiaires par lesquels il y a communication et conjonction. » - Ciel et Enfer, nos 20, 21, 23, 25-28.
 
 

IL Y A TROIS CIEUX

     « Il y a trois cieux, qui sont très distincts entre eux : l'intime ou troisième, le moyen ou second, et le dernier ou premier. Ils sont à la suite l'un de l'autre et subsistent entre eux, comme la tête, le corps et les pieds, chez l'homme ; ou encore comme le deuxième étage, le premier et le rez-de-chaussée d'une maison : dans un tel ordre est aussi le Divin qui procède et descend du Seigneur ; c'est de là, par nécessité d'ordre, que le ciel est divisé en trois parties. » - Ciel et Enfer, n° 29.

     « Le ciel intime, ou troisième ciel est céleste ; le moyen ou second ciel est spirituel ; et le dernier ou premier est céleste-naturel et spirituel-naturel. » - Arcanes Célestes, n° 4240.

     « Il y a trois sortes de biens qui constituent les trois cieux il y a le bien de l'amour envers le Seigneur, ou le bien céleste, qui fait le ciel intime ; il y a le bien de la charité à l'égard du prochain, ou le bien spirituel, qui fait le second ciel ; et il y a le bien de la foi, qui est appelé bien spirituel-naturel qui fait le dernier ciel. » - Arcanes Célestes, n° 10270

     « Il faut qu'on sache bien que ce sont les intérieurs chez les anges qui font qu'ils sont dans un ciel ou dans un autre ; car, plus les intérieurs sont ouverts vers le Seigneur, plus ils sont dans un ciel intérieur. Il y a trois degrés des intérieurs tant chez chaque ange que chez chaque esprit, et aussi chez chaque homme. Ceux chez qui le troisième degré a été ouvert sont dans le ciel intime ; ceux chez qui a été ouvert le second degré ou seulement le premier, sont dans le ciel moyen ou dans le dernier ciel : les intérieurs sont ouverts par la réception du Divin Bien et du Divin Vrai : Ceux qui sont affectés des Divins Vrais, et qui les admettent aussitôt dans la vie, par conséquent dans la volonté et par suite dans l'acte, sont dans le ciel intime ou troisième ciel, et ils y sont selon la réception du bien d'après l'affection du vrai ; ceux qui les admettent non sur-le-champ dans la volonté, mais dans la mémoire et par suite dans l'entendement, et qui d'après cela les veulent et les font, sont dans le ciel moyen ou second ciel ; eux qui vivent moralement et croient au Divin, et qui ne se soucient pas tant d'être instruits, sont dans le dernier ou premier ciel. De là on peut voir que les états des intérieurs font le ciel, et que le ciel est au dedans et non au dehors de chacun ; c'est aussi ce que le Seigneur enseigne, en disant :

     Le royaume de Dieu ne vient point d'une manière observable, et l'on ne dira point : le voici ici ou le voilà là ; car voici, le royaume de Dieu est au-dedans de vous. - Luc, X, 20, 21.

     « Toute perfection s'accroît aussi vers les intérieurs et décroît vers les extérieurs, puisque les intérieurs sont plus près du Divin et en eux-mêmes plus purs, et que les extérieurs sont plus éloignés du Divin et en eux-mêmes plus grossiers. La perfection angélique consiste dans l'intelligence, dans la sagesse, dans l'amour et dans tout bien, et par suite dans la félicité ; mais non dans la félicité sans ces choses, car sans elles la félicité est externe et non interne. Comme les intérieurs chez les anges du ciel intime ont été ouverts dans le troisième degré, leur perfection surpasse immensément celle des anges du ciel moyen, dont les intérieurs ont été ouverts dans le second degré ; de même la perfection des anges du ciel moyen surpasse immensément celle des anges du dernier ciel.

     Puisqu'il y a une telle différence entre eux, l'ange d'un ciel ne peut entrer chez les anges d'un autre ciel, c'est-à-dire que celui d'un ciel inférieur ne peut monter, ni celui d'un ciel supérieur descendre. Quelques habitants du dernier ciel, n'ayant pas encore été instruits que le ciel consiste dans les intérieurs des anges, croyaient qu'ils parviendraient à une félicité supérieure, s'ils entraient dans le ciel où sont les anges qui jouissent de cette félicité ; il leur fut même permis d'y entrer, mais lorsqu'ils y furent, ils ne virent personne, en quelque endroit qu'ils cherchassent, quoiqu'il y eût une grande multitude d'anges ; car les intérieurs de ces étrangers n'avaient pas été ouverts au même degré que ceux des anges de ce ciel, ni par conséquent leur vue ; et peu après ils furent saisis d'un serrement de coeur, au point qu'ils savaient à peine s'ils étaient en vie ou non ; aussi s'empressèrent-ils de descendre dans le ciel d'où ils étaient sortis, se réjouissant de se trouver parmi les leurs.

     Quoique les cieux soient tellement distincts, que les anges d'un ciel ne puissent cohabiter avec ceux d'un autre, toujours est-il cependant que le Seigneur conjoint tous les cieux par influx immédiat et par influx médiat : par l'influx immédiat qui procède de Lui dans tous les cieux, et par l'influx médiat d'un ciel dans un autre ciel ; et de cette manière Il fait que les trois cieux sont un, et que tous sont dans un enchaînement du premier au dernier, au point qu'il n'existe rien qui ne soit lié. » - Ciel et Enfer, nos 33-35.
 
 

LA RELATION ENTRE LES CIEUX
ET LES ROYAUMES

     « Le royaume céleste se compose de ceux qui sont dans le ciel intime, et le royaume spirituel, de ceux qui sont dans le ciel moyen. Ceux qui sont dans le dernier ciel sont soit spirituels-naturels soit célestes-naturels : ceux-là appartiennent au royaume spirituel du Seigneur, et ceux-ci au royaume céleste. Il s'en suit qu'il y a communication entre les spirituels-naturels et le ciel moyen où tous les anges sont spirituels, mais les célestes-naturels communiquent avec le ciel intime où tous les anges sont célestes. » - Apocalypse Expliquée, nos 448, 449.
 
 

CHAQUE CIEL CONSISTE EN
D'INNOMBRABLES SOCIETES

     « Les anges de chaque ciel ne sont point ensemble dans un même lieu ; mais ils sont distingués en sociétés grandes et petites, selon la différence du bien de l'amour et de la foi dans lequel ils sont ; ceux qui sont dans un semblable bien forment une même société ; les biens dans les cieux sont dans une variété infinie ; et chaque ange est tel qu'est son bien.

     Les sociétés angéliques dans les cieux sont même éloignées les unes des autres, selon que diffèrent les genres et espèces de bien ; car les distances dans le monde spirituel n'ont point d'autre origine que la différence entre les états des intérieurs ; par conséquent, dans les cieux, elles n'ont d'autre origine que la différence des états de l'amour ; ceux qui diffèrent beaucoup sont à une grande distance les uns des autres, et ceux qui diffèrent peu sont à une petite distance ; la ressemblance fait qu'on est ensemble.

     Dans une même société, tous sont pareillement distingués entre eux : ceux qui sont plus parfaits, c'est-à-dire qui excellent en bien, sont au milieu ; ceux qui excellent moins sont autour à une distance proportionnée à la diminution de perfection : il en est de cela comme de la lumière qui décroît du centre aux périphéries ; ceux qui sont au milieu, sont aussi dans la lumière la plus grande : et ceux qui sont vers les périphéries, dans une lumière de moins en moins grande.

     Les anges sont comme portés d'eux-mêmes vers ceux qui leur ressemblent ; car ils sont avec leurs semblables comme avec les leurs et comme chez eux, tandis qu'avec les autres ils sont comme avec des étrangers et comme hors de chez eux ; quand ils sont chez leurs semblables, ils sont aussi dans leur liberté et par suite dans tout le plaisir de leur vie.

     Tous ceux qui sont dans un semblable bien se connaissent absolument comme les hommes dans le monde connaissent leurs parents, leurs alliés et leurs amis ; ils se connaissent même quoi qu'ils ne se soient jamais vus auparavant ; et cela parce que, dans l'autre vie, il n'y a de parentés, d'affinités et d'amitiés que celles qui sont spirituelles, lesquelles par conséquent appartiennent à l'amour et à la foi.

     Il y a dans les cieux des sociétés grandes et petites ; les grandes sont composées de myriades d'anges, les petites de quelques milliers, et les plus petites de quelques centaines ; il y a aussi des anges qui habitent solitaires, comme par maison et maison, par famille et famille : ceux qui vivent ainsi sont de plus près sous l'auspice Divin du Seigneur, et sont les meilleurs des anges. » - Ciel et Enfer, nos 41- 44, 46, 47.
 
 

LES COMMUNICATIONS ENTRE LES SOCIETES

     Toutes les sociétés du ciel communiquent entre elles, non par un commerce ouvert, car peu d'anges sortent de leur société pour aller dans une autre parce que sortir de sa société c'est comme sortir de soi-même ou de sa vie, et passer dans une autre qui ne convient pas autant ; mais elles communiquent toutes par l'extension de la sphère qui procède de la vie de chacun ; la sphère de la vie est la sphère des affections qui appartiennent à l'amour et à la foi. C'est en raison de cette extension que les anges ont l'intelligence et la sagesse. » - Ciel et Enfer, n°49.
 
 

LES GOUVERNEMENTS DANS LE CIEL

     « Puisque le ciel est divisé en sociétés et que les grandes sociétés se composent de quelques centaines de millions d'anges, et qu'au-dedans d'une société tous sont, il est vrai, dans un semblable bien, mais non dans une semblable sagesse, il en résulte nécessairement qu'il y a aussi des gouvernements ; car il faut que l'ordre soit observé et que toutes les choses de l'ordre soient surveillées. Toutefois, les gouvernements dans les cieux sont divers ; autres dans les sociétés qui constituent le Royaume céleste du Seigneur, et autres dans celles qui constituent son Royaume spirituel ; ils diffèrent aussi selon les fonctions que remplit chaque société. Mais dans les cieux il n'y a pas d'autre gouvernement que le gouvernement de l'amour mutuel, car le gouvernement de l'amour mutuel est le gouvernement céleste.

     Le gouvernement dans le Royaume céleste du Seigneur est appelé justice, parce que tous ceux qui y habitent sont par le Seigneur dans le bien de l'amour envers le Seigneur, et que tout ce qui est fait d'après ce bien est appelé juste. Là, le gouvernement appartient au Seigneur Seul ; Lui-Même les conduit et les instruit dans les choses de la vie ; les vrais, qui sont appelés vrais de jugement, sont inscrits dans leurs coeurs ; chacun les sait, les perçoit et les voit ; c'est pourquoi les choses de jugement ne sont jamais mises en question ; ils ne s'occupent que des choses de justice qui appartiennent à la vie. Les moins sages au sujet de ces choses interrogent les plus sages, et ceux-ci interrogent le Seigneur et rapportent les réponses. Leur ciel, ou leur joie intime, est de vivre justement par le Seigneur.

     Le gouvernement dans le Royaume spirituel du Seigneur est appelé jugement, parce que ceux de ce Royaume sont dans le bien spirituel, qui est le bien de la charité à l'égard du prochain, et que ce bien dans son essence est le vrai ; et parce que le vrai appartient au jugement, et le bien à la justice. Ceux-ci sont aussi conduits par le Seigneur, mais médiatement ; c'est pour cela qu'ils ont des gouverneurs, en petit ou en grand nombre, selon les besoins de la société dans laquelle ils sont ; ils ont aussi des lois, selon lesquelles ils doivent vivre entre eux. Les gouverneurs administrent tout selon les lois ; ils les comprennent parce qu'ils sont sages, et dans les choses douteuses ils sont éclairés par le Seigneur.

     Moi, Jéhovah, je fais jugement et justice sur la terre, parce qu'en ces choses je me plais. - Jérémie, IX, 23.

     Toutes les formes de gouvernement s'accordent en cela, qu'elles considèrent le bien public comme fin, et dans ce bien le bien de chacun ; et cela a lieu, parce que tous les anges, dans tout le ciel, sont sous l'auspice du Seigneur, qui les aime tous, et qui d'après le Divin Amour établit un tel ordre, que c'est du bien commun que tous reçoivent leur bien ; chacun même reçoit le bien selon qu'il aime le bien commun.

     D'après cela on peut voir quels sont les gouverneurs, c'est-à-dire que ce sont ceux qui sont plus que les autres dans l'amour et la sagesse, ainsi ceux qui d'après l'amour veulent le bien pour tous, et d'après la sagesse savent pourvoir à ce que le bien se fasse ; ceux qui sont tels ne dominent ni ne commandent, mais ils administrent et servent, car faire du bien aux autres d'après l'amour du bien, c'est servir ; et pourvoir à ce que le bien se fasse, c'est administrer. Ils se font aussi, non pas plus grands que les autres, mais plus petits, car au premier rang ils placent le bien de la société et du prochain, et au dernier rang le leur ; ce qui est au premier rang est plus grand ; ce qui est au dernier rang, plus petit. Toujours est-il qu'honneur et gloire leur sont rendus ; ils habitent au centre de la société, en un lieu plus élevé que les autres, et aussi dans de magnifiques palais ; ils acceptent même cette gloire et cet honneur, non pour eux-mêmes, mais pour qu'il y ait obéissance ; car là, ils savent tous que cet honneur et cette gloire leur viennent du Seigneur, et que c'est à cause de cela qu'ils doivent être obéis. C'est là ce qui est entendu par les paroles du Seigneur à ses disciples :

     « Quiconque voudra parmi vous devenir grand, qu'il soit votre serviteur ; et quiconque voudra parmi vous être le premier, qu'il soit votre esclave : de même que le Fils de l'homme est venu non pour être servi, mais pour servir. » - Matth. XX. 26, 27, 28.
- Ciel et Enfer, nos 213, 2 15, A 11, 2 18.
 
 

LE CULTE DIVIN DANS LE CIEL

     « Dans le ciel, comme sur la terre, il y a des doctrines, des prédications et des temples : les doctrines s'accordent quant aux choses essentielles, mais dans les cieux supérieurs, elles sont d'une sagesse plus intérieure que dans les cieux inférieurs. Les prédications sont conformes aux doctrines ; et de même que les anges ont des maisons et des palais, ils ont aussi des temples dans lesquels se font les prédications. S'il y a de telles choses dans les cieux, c'est parce que les anges sont continuellement perfectionnés en sagesse et en amour ; car ils ont, de même que les hommes, un entendement et une volonté ; et l'entendement est de nature à pouvoir être continuellement perfectionné, et la volonté pareillement ; l'entendement, par les vrais qui appartiennent à l'intelligence, et la volonté par les biens qui appartiennent à l'amour.

     Mais le culte divin même dans les cieux consiste, non à fréquenter les temples et à écouter les prédications, mais à vivre dans l'amour, dans la charité et dans la foi selon les doctrines ; les prédications dans les temples servent seulement de moyens pour s'instruire dans les choses de la vie. Je me suis entretenu sur ce sujet avec les anges, et je leur ai dit que dans le monde on croit que le culte divin consiste seulement à fréquenter les temples, à écouter des prédications, à participer au sacrement de la Cène, à observer les autres cérémonies du culte selon les statuts de l'Église, à s'occuper aussi de prières, et à se comporter alors avec dévotion. Les anges m'ont répondu que ce sont là des externes qui doivent être pratiqués, mais qui ne produisent aucun effet si ce n'est pas de l'interne qu'ils procèdent, et que l'interne est la vie selon les préceptes qu'enseigne la doctrine. » - Ciel et Enfer, nos221, 222.
 
 

LES OCCUPATIONS DES ANGES

     « Il y a dans les cieux comme dans le monde un grand nombre d'administrations, car il y a des affaires ecclésiastiques, des affaires civiles et des affaires domestiques ; de là il est évident qu'il y a un grand nombre de fonctions et d'administrations au-dedans de chaque société céleste. » - Ciel et Enfer, n° 388.

     « Les fonctions dans les cieux ne peuvent être ni énumérées, ni décrites en particulier, mais il peut seulement en être dit quelque chose en général, car elles sont innombrables et en outre variées selon les devoirs des sociétés ; en effet, chaque société a un devoir particulier à remplir ; car les sociétés ayant été distinguées selon les biens, elles l'ont été par conséquent selon les usages. Là chacun remplit un usage, car le Royaume du Seigneur est le Royaume des usages.

     Il y a des sociétés dont les fonctions sont d'avoir soin des petits enfants ; d'autres, dont les fonctions consistent à leur donner l'instruction et l'éducation quand ils grandissent ; d'autres qui de même les instruisent et élèvent les jeunes garçons et les jeunes filles qui sont de bonnes dispositions par l'éducation qu'ils ont reçue dans le monde, et qui de là viennent dans le ciel ; d'autres qui enseignent les gens simples et bons du monde chrétien, et les conduisent dans le chemin du ciel, d'autres, qui enseignent pareillement les diverses nations des gentils ; d'autres qui protègent contre les infestations des nouveaux esprits, les esprits nouvellement arrivés du monde ; il y a aussi des anges près des esprits qui sont dans la terre inférieure ; il y en a encore près de ceux qui sont dans les enfers, et ils les modèrent, afin qu'ils ne se tourmentent pas mutuellement au-delà des limites prescrites ; il y en a aussi près de ceux qui sont ressuscités des morts. En général, des anges de chaque société sont envoyés vers les hommes pour les garder et les détourner des affections et des pensées mauvaises, et pour leur inspirer, en tant que ceux-ci les reçoivent librement, des affections bonnes, par lesquelles ils dirigent les actions ou les oeuvres des hommes, en repoussant autant qu'il est possible, les intentions mauvaises : les anges quand ils sont chez les hommes, habitent pour ainsi dire dans leurs affections, et plus près de l'homme selon que celui-ci est dans le bien d'après les vrais, et plus loin selon que par sa vie il s'éloigne du bien. Mais toutes ces fonctions des anges sont des fonctions du Seigneur par les anges, car les anges les remplissent, non d'après eux-mêmes, mais d'après le Seigneur : c'est de là que par les anges, dans la Parole, il est entendu, dans son sens interne, non des anges mais quelque Divin du Seigneur ; et c'est de là que les anges dans la Parole, sont appelés des dieux.

     Jésus leur répondit : N'est-il pas écrit dans votre loi : Moi, j'ai dit : vous êtes des dieux ? - Jean, X, 34 ; Ps. LXXX, 6.

     Ces fonctions des anges sont des fonctions communes, mais dans le particulier chacun a sa partie, car chaque usage est composé d'usages innombrables, qui sont appelés usages moyens, usages subalternes, usages dépendants ; tous ont été coordonnés et subordonnés selon l'ordre Divin, et pris ensemble ils font et complètent l'usage commun, qui est le bien commun. » - Ciel et Enfers, nos 387, 391, 392.
 
 

LES HABITATIONS ET LES DEMEURES DES ANGES

     « Puisque dans le ciel il y a des sociétés, et que les anges vivent comme des hommes, ils ont aussi par conséquent des habitations, et ces habitations sont différentes selon l'état de vie de chacun ; magnifiques, pour ceux dans un état plus digne, moins magnifiques pour ceux qui sont dans un état inférieur. J'ai quelquefois parlé avec les anges des habitations qui sont dans le ciel et je leur disais qu'aujourd'hui, il est à peine quelqu'un qui puisse croire qu'ils aient des habitations et des demeures ; les uns parce qu'ils ne les voient pas, les autres parce qu'ils ne savent pas que les anges sont hommes ; d'autres parce qu'ils croient que le ciel angélique est le ciel qui est au-dessus de leur tête ; et comme le ciel paraît vacant, et qu'ils s'imaginent que les anges sont des formes éthérées, ils en concluent qu'ils vivent dans l'éther ; en outre, ils ne conçoivent pas qu'il y ait dans le monde spirituel des choses telles que celles du monde naturel, parce qu'ils n'ont aucune notion du spirituel. Les anges me répondirent qu'ils savaient qu'une telle ignorance règne aujourd'hui dans le monde, et que ce qui les étonnait, c'est qu'elle règne surtout au-dedans de l'Église, et là, bien plus chez les intelligents que chez ceux qu'on appelle simples ; ils ajoutèrent qu'on pouvait savoir par la Parole que les anges sont hommes, puisque ceux qui ont été vus, ont été vus comme hommes ; qu'il en est de même du Seigneur qui a emporté avec Lui son Humain ; que, puisqu'ils sont hommes ils ont des demeures et des habitations, et que, contre l'opinion ignorante de quelques hommes, opinion qu'ils appelaient folie, ils ne volent pas dans l'air, ou ne sont pas des souffles, quoiqu'on les appelle esprits ; qu'on peut concevoir cela, pourvu qu'on pense en dehors des principes qu'on s'est formés sur les anges et sur les esprits, ce qui arrive quand on ne met ni en question ni sous sa pensée directe, si cela est ainsi ; car il y a chez chacun l'idée commune que les anges sont en forme humaine et qu'ils ont des domiciles, nommés habitations du ciel, qui sont magnifiques en comparaison des habitations de la terre ; mais que cette idée commune, qui existe par l'influx du ciel, s'anéantit aussitôt, lorsqu'on se demande si cela est ainsi, ce qui arrive surtout chez les savants qui, par la propre intelligence se sont fermé le ciel et le chemin de la lumière qui en procède. Il en est de même de la foi au sujet de la vie de l'homme après la mort ; celui qui en parle et qui en même temps ne pense ni d'après ce que la science a dit de l'âme, ni d'après la doctrine sur la réunion du corps, croit qu'après la mort l'homme vivra, qu'il sera parmi les anges s'il a bien vécu, et qu'alors il verra des choses magnifiques et éprouvera des joies ; mais dès qu'il se tourne vers le dogme concernant la réunion du corps, ou vers l'hypothèse sur l'âme, et que survient cette pensée est-ce que l'âme est telle ? Et par conséquent, cela est-il ainsi ? Sa première idée est dissipée.

     Les habitations des anges sont tout à fait comme sur la terre les habitations qu'on nomme maisons, mais plus belles ; on y trouve en grand nombre des salles de récréation, des chambres intérieures et des chambres à coucher ; il y a des cours, et tout autour, des jardins, des parterres et des champs. Là où les anges ont été consociés, les habitations sont contiguës, disposées en forme de ville, avec des places, des rues et des marchés, tout à fait à la ressemblance des villes sur notre terre ; il m'a été donné de les parcourir, de les examiner dans tous les sens et parfois d'entrer dans les maisons ; cela m'est arrivé en pleine veille, lorsque ma vue intérieure avait été ouverte.

     Les maisons dans lesquelles les anges habitent, ne sont pas construites comme les maisons dans le monde, mais elles leur sont données gratuitement par le Seigneur, à chacun selon la réception du bien et du vrai : ces maisons varient aussi un peu selon les changements d'état des intérieurs des anges. » - Ciel et Enfer, nos 183, 184, 190.
 
 

LES VETEMENTS DES ANGES

     « Comme les anges sont hommes et vivent entre eux comme vivent entre eux les hommes sur la terre, ils ont des vêtements. Leurs vêtements correspondent à leur intelligence ; c'est pourquoi tous, dans les cieux, apparaissent vêtus selon l'intelligence ; et comme l'un surpasse l'autre en intelligence, il en résulte que les vêtements de l'un sont plus beaux que ceux de l'autre ; les plus, intelligents ont des vêtements rayonnants comme la flamme et certains autres en ont qui resplendissent comme la lumière. Ceux qui sont moins intelligents ont des vêtements éclatants et blancs sans splendeur et ceux qui sont encore moins intelligents, ont des vêtements de diverses couleurs. Si les vêtements des uns rayonnent comme de flamme, et ceux de certains autres resplendissent comme la lumière, c'est parce que la flamme correspond au bien de l'amour et la lumière au vrai de la sagesse d'après le bien. L'éclatant et le blanc correspondent aussi au vrai, et les couleurs aux variétés du vrai.

     Dans le ciel intime, cependant, les anges sont nus, parce qu'ils sont dans l'innocence, et que l'innocence correspond à la nudité.

     C'est parce que les anges sont revêtus de vêtements dans le ciel, que ceux qui furent vus dans le monde apparurent couverts de vêtements, par exemple ceux qui furent vus au sépulcre du Seigneur :

     Leur visage brillait comme un éclair, et leurs vêtements étaient resplendissants et blancs. - Matt. XXVIII, 3 ; Marc, XVI, 5 ; Luc, XXIV, 4 ; Jean, XX, 12.

     Et ceux que Jean vit dans le ciel « avaient des vêtements de lin fin et blancs ». - Apoc., IV, 4, XIX, II, 13.

     Et comme c'est du Divin vrai que procède l'intelligence, les vêtements du Seigneur, quand Il fut transfiguré étaient resplendissants et d'un blanc éclatant comme la Lumière. - Matt., XVII, 2 ; Marc, IX, 3 ; Luc, IX, 29.

     Qu'on ne croie pas que les vêtements des anges soient tout simplement une apparence ! Ce sont en réalité des vêtements. Cela est manifeste en ce que non seulement ils les voient, mais même ils les sentent au toucher ; et aussi en ce qu'ils ont plusieurs vêtements et qu'ils les ôtent et les remettent, et qu'ils serrent ceux dont ils ne font pas usage, et les reprennent dès qu'ils ont à en faire usage ; qu'ils se revêtent de vêtements différents, c'est ce que j'ai vu mille fois. Je leur ai demandé d'où leur venaient leurs vêtements, et ils m'ont dit, que c'était du Seigneur ; qu'ils leur sont donnés, et que parfois ils en sont revêtus à leur insu. Ils m'ont dit aussi que leurs vêtements sont changés selon leurs changements d'état ; que dans le premier et second état leurs vêtements sont resplendissants et éclatants, que dans le troisième et quatrième état ils sont un peu plus, obscurs, et cela aussi d'après la correspondance, parce qu'il y a chez eux des changements d'état quant à l'intelligence et à la sagesse. » - Cielet Enfer, nos 177-181
 
 

LE CIEL TOUT ENTIER DANS UN SEUL COMPLEXE
REPRESENTE UN SEUL HOMME

     « C'est un arcane encore inconnu dans le monde que le ciel dans tout le complexe représente un seul homme. Mais dans les cieux cet arcane est très connu ; l'intelligence des anges consiste principalement à en connaître les choses particulières et singulières de là aussi dépendent un grand nombre de choses qui, sans la connaissance de cet arcane comme principe commun, n'entreraient ni distinctement ni clairement dans les idées de leur mental. Comme ils savent que tous les cieux avec leurs sociétés représentent un seul homme, c'est aussi pour cela qu'ils appellent le ciel le TRES GRAND HOMME et le DIVIN HOMME ; Divin, parce que c'est le Divin du Seigneur qui fait le ciel.

     « Ceux qui n'ont pas une idée juste des choses spirituelles et célestes ne peuvent percevoir qu'elles ont été disposées et conjointes en cette forme et en cette image. Ils pensent que se sont les choses terrestres et matérielles (qui composent le dernier degré de l'homme) qui font l'homme, et que sans elles l'homme n'est pas homme. Mais qu'ils sachent que l'homme est homme non d'après son corps matériel, mais par cela qu'il peut comprendre le vrai et vouloir le bien. C'est en cela que consistent les choses spirituelles et célestes qui font l'homme. L'homme sait même que telle est la qualité de la volonté et de l'entendement, tel est l'homme lui-même ; et en outre l'homme peut savoir que son corps terrestre a été formé pour être au service de son entendement et de sa volonté dans le monde, et remplir convenablement pour eux des usages dans la dernière sphère de la nature. C'est même pour cela que le corps ne fait rien de lui-même, mais qu'il agit avec une entière soumission au gré de l'entendement et de la volonté, au point que tout ce que l'homme pense, il le prononce par la langue et par la bouche, et que tout ce qu'il veut, il le fait par le corps et les membres, de sorte que c'est l'entendement et la volonté qui agissent et que le corps ne fait rien de lui-même. De là, il est de toute évidence que ce sont les choses intellectuelles et volontaires qui font l'homme, et qu'elles sont dans une forme humaine, parce qu'elles agissent dans les plus petites parties du corps comme l'interne agit par l'externe ; aussi est-ce d'après elles qu'un homme est appelé homme interne et spirituel. Le ciel est un tel Homme dans la forme la plus grande et la plus parfaite.

     Telle est l'idée des anges au sujet de l'homme ; aussi ne considèrent-ils nullement ce que l'homme fait par le corps, mais seulement la volonté d'après laquelle le corps agit ; cette volonté, ils l'appellent l'homme même, avec l'entendement en tant qu'il fait un avec la volonté.

     Les anges, il est vrai ne voient point le ciel dans tout le complexe sous une telle forme, car le ciel entier, ne tombe sous le regard d'aucun ange ; mais ils voient quelquefois comme ne faisant qu'un sous cette forme, des sociétés éloignées qui sont composées de plusieurs milliers d'anges, et d'après une société comme partie, ils concluent à l'égard du tout qui est le ciel ; car lorsqu'il s'agit d'une forme très parfaite, il en est du tout comme des parties ; il y a seulement la différence qui existe entre deux choses semblables dont l'une est plus grande et l'autre plus petite d'après cela, ils disent que le ciel entier est sous une telle forme à la vue du Seigneur, parce que le Divin voit toutes choses d'après l'intime et le suprême.

     Parce que tout le ciel représente un seul homme, et qu'en outre il est l'Homme Divin-Spirituel dans la plus grande forme, aussi en effigie, il en résulte que le ciel est, comme l'homme, distingué en membres et en parties, qui portent aussi les mêmes noms. Les anges savent même dans quel membre est telle société et dans quel membre est telle autre ; et ils disent d'une société qu'elle est dans telle partie de la Tête ; d'une autre, qu'elle est dans telle partie de la poitrine, et ainsi des autres. En général, le ciel suprême forme la Tête jusqu'au cou ; le ciel moyen, la Poitrine jusqu'aux lombes et aux genoux, le dernier ciel forme les Pieds jusqu'aux plantes, et aussi les bras jusqu'aux doigts, car les bras et les mains sont les derniers de l'homme, quoique sur le côté. D'après cela, on voit de nouveau pourquoi il y a trois cieux. » - Ciel et Enfer nos 59, 60, 62, 65.

     Ainsi le corps n'est pas un seul membre, mais c'en est plusieurs… Si tout le corps était oeil, où serait l'ouïe ? S'il était ouïe, où serait l'odorat ? Mais Dieu a mis les membres, et chacun d'eux dans le corps, comme il Lui a plu… Il y a donc plusieurs membres ; mais il n'y a qu'un seul corps. Et l'oeil ne peut pas dire à la main : je n'ai pas besoin de toi ; ni aussi la tête aux pieds : je n'ai pas besoin de vous… Or, vous êtes le corps de Christ, et vous êtes Ses membres, chacun en, particulier. - I Cor., XII, 14, 17, 18, 20, 21, 27.
 
 

LE GRAND HOMME EST UNE COMMUNAUTE D'USAGES

     « Parce que tel est le ciel, il en résulte qu'il est gouverné par le Seigneur comme un seul homme, et par conséquent comme étant un. On sait, en effet, que bien que l'homme consiste en une quantité innombrable de choses variées, tant dans le tout que dans la partie, toujours est-il cependant que l'homme, quand il agit, agit comme étant un : tel est aussi le ciel sous l'auspice et la direction du Seigneur.

     Si dans l'homme tant de choses variées font un, c'est parce que là il n'en est pas une seule qui n'agisse pour la chose commune et ne remplisse un usage. Le commun remplit l'usage pour ses parties et les parties remplissent l'usage pour le commun, car le commun existe d'après les parties, et les parties constituent le commun ; c'est pourquoi elles se considèrent réciproquement, se regardent mutuellement, et sont conjoints dans une forme telle, que toutes choses, en général et en particulier, s'y réfèrent au commun et au bien commun, de là vient qu'elles font un. Les associations sont semblables dans les cieux ; on y est conjoint selon les usages dans une semblable forme ; aussi ceux qui ne remplissent point d'usage pour le commun sont-ils rejetés du ciel, parce qu'ils sont des parties hétérogènes.

     Remplir un usage, c'est vouloir du bien aux autres pour le bien commun, et ne pas remplir d'usages, c'est vouloir du bien aux autres non pour le bien commun, mais pour soi-même ; ceux-ci sont ceux qui s'aiment par-dessus toutes choses, tandis que ceux-là aiment par-dessus toutes choses le Seigneur. De là vient que ceux qui sont dans le ciel font un, toutefois non d'après eux-mêmes, mais d'après le Seigneur, car ils Le regardent comme l'Unique Source de qui tout procède, et Son Royaume comme le commun auquel il faut pourvoir : c'est ce qui est entendu par les paroles du Seigneur :

     Cherchez premièrement le Royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par surcroît. - Matt., VI, 33.
- Ciel et Enfer, nos 63, 64.
 
 

LE PROGRES ETERNEL

     « Une chose absolument ignorée dans le monde et digne d'être rapportée, c'est que les états des bons esprits et des anges sont changés et perfectionnés continuellement, et que de cette manière ils sont élevés à des fonctions plus nobles ; car dans le ciel il y a une continuelle purification, et pour ainsi dire une nouvelle création ; mais toutefois la chose se passe de manière que jamais aucun ange ne peut pendant toute l'éternité parvenir à la perfection absolue. Le Seigneur Seul est parfait ; toute perfection est en Lui et procède de Lui. » - Arcanes Célestes, n° 4803.



(1) Pour ce qui concerne le sens véritable die la réponse du Seigneur aux Sadducéens (Luc XX, 34-36) voyez la brochure de cette série intitulée « La Mort et la Résurrection », pp. 22, 23.