LA DIVINE PROVIDENCE
 
 

LA DIVINE PROVIDENCE EST LE GOUVERNEMENT
DU DIVIN AMOUR ET DE LA DIVINE SAGESSE
DU SEIGNEUR

     « Tout ce que Dieu, c'est-à-dire le Seigneur, fait, est la Divine Providence qui, venant du Divin, a en soi l'Éternel et l'infini ; - l'Éternel parce qu'elle ne considère aucun commencement et ne s'assigne aucune limite ; - l'infini, parée qu'elle considère en même temps l'universel dans chaque singulier, et chaque singulier dans l'universel. C'est là ce qui est appelé Providence ; et comme il y a cela dans chacune des choses que le Seigneur fait, voilà pourquoi ce que le Seigneur fait ne petit pas être exprimé par un autre mot que par le terme de Providence. » - Arcanes Célestes 5264.
 
 

LA PROVIDENCE ET LA PREVOYANCE

     « Il faut qu'on sache qu'il y a « Providence » et « Prévoyance ». Le Seigneur « pourvoit » au bien tandis qu'il « prévoit » le mal. Ces deux choses vont forcément de pair, car ce qui vient de l'homme n'est rien autre que le mal et ce qui vient du Seigneur n'est rien autre que le bien. » - Doctrine Céleste n° 275.

     « Quant à ce qui concerne en général la Prévoyance et la Providence, la prévoyance est respectivement à l'homme, la Providence respectivement an Seigneur. Le Seigneur a prévu de toute éternité ce que devait être le genre humain, et que le mal croîtrait continuellement, au point qu'enfin l'homme se précipiterait lui-même vers l'enfer ; c'est pourquoi le Seigneur, non seulement a pourvu aux moyens par lesquels l'homme pourrait être détourné de l'enfer et conduit vers le ciel, mais même d'après la Providence Il le détourne et le conduit continuellement. Le Seigneur a prévu aussi que jamais aucun bien ne pourrait être enraciné chez l'homme, sinon dans sa liberté, car ce qui est enraciné dans la non-liberté est dissipé à la première approche du mal et dès que la tentation commence. Le Seigneur a prévu cela, et il a aussi prévu que l'homme de lui-même et par sa liberté voudrait s'élancer dans l'enfer le plus profond ; c'est pourquoi le Seigneur pourvoit à ce que si l'homme ne se laissait pas conduire vers le ciel, du moins il fût détourné vers un enfer plus doux, et que, s'il se laissait conduire en liberté vers le bien, il fût tourné vers le ciel. Par là on voit clairement ce que c'est que la Prévoyance et ce que c'est que la Providence, et qu'il est ainsi pourvu aux choses qui sont prévues : de là on peut juger combien se trompe l'homme qui croit que le Seigneur n'a pas prévu et ne voit pas les plus petites choses chez l'homme, et qu'Il ne prévoit pas et ne conduit pas dans les plus petites choses, lorsque cependant il est de fait que la prévoyance et la providence du Seigneur sont dans les plus petites choses chez l'homme, et dans de si petites, qu'il est impossible d'en saisir par quelque pensée une seule d'une myriade de leurs myriades. En effet, chaque très petit moment de la vie de l'homme a une série de conséquences qui se continue dans l'éternité, car chaque moment est comme un commencement nouveau des moments qui suivent, et il en est ainsi, en général et en particulier, de tous les moments de la vie, tant de son entendement que de sa volonté ; et comme le Seigneur a prévu de toute éternité, quel doit être cet homme et quel il sera pour l'éternité, on voit que la Providence est présente dans les plus petites choses qu'elle gouverne et dirige, comme il a été dit, afin qu'il soit tel, et cela en gouvernant continuellement sa liberté. - Arcanes Célestes n° 3854.

     Ô Seigneur, Tu m'as sondé et Tu m'as connu ; Tu connais quand je m'assieds et quand je me lève ; Tu découvres de loin ma pensée. Tu m'environnes soit que je marche, soit que je m'arrête. Ta science est trop merveilleuse pour moi, et si élevée que je ne saurais y atteindre. - Ps. CXXX IX, 1, 2, 6. 
     Le Seigneur est bon envers les ingrats et les méchants. - Luc VI, 35. 
 
 

COMMENT LE MAL A PU EXISTER VU QUE PAR 
LA CRÉATION RIEN QUE LE BIEN N'A EXISTÉ

     « Le bien est de création, mais non le mal ; et, cependant, le mal, considéré en lui-même, n'est pas rien, quoiqu'il ne soit rien du bien. Par création existe le bien, et aussi le bien dans le degré le plus petit ; et quand ce plus petit devient rien, de l'autre côté surgit le mal ; il n'existe donc ni relation ni progression du bien au mal ; mais il y a relation et progression du bien à un plus grand et à un moindre bien ; et du mal, à un plus grand et à un moindre mal, car ils sont opposés en toutes choses en général et en particulier et parce que le bien et le mal sont opposés, il y a un intermédiaire ; et, là un équilibre, dans lequel le mal agit contre le bien ; mais comme il ne prévaut pas, il reste en effort. Tout homme est élevé dans cet équilibre, qui, parce qu'il existe entre le bien et le mal, ou, ce qui est la même chose, entre le ciel et l'enfer, est un équilibre spirituel, lequel, chez ceux qui y sont, produit le Libre ; d'après cet équilibre le Seigneur attire tous les hommes vers Lui, et Il retire du mal vers le bien, et ainsi dans le Ciel, l'homme qui le suit d'après le libre. » - Amour Conjugal, n° 444.
 
 

QUELLE A ETE L'ORIGINE DU MAL

     Pour qu'une chose existe, il faut qu'elle ait une origine. Le bien n'a pu être l'origine du mal, parce que le bien n'est rien du mal, car le mal est le privatif et le destructif du bien ; toutefois, cependant, puisqu'il existe et est senti, ce n'est pas rien, mais quelque chose. Cet arcane ne peut être dévoilé, à moins qu'on ne sache que nul n'est bon que Dieu Seul, et qu'il n'y a aucun bien qui en lui-même soit le bien, si ce n'est d'après Dieu ; c'est pourquoi celui qui porte ses regards vers Dieu, et veut être conduit par Dieu, est dans le bien ; mais celui qui se détourne de Dieu, et veut être conduit par soi-même ; n'est pas dans le bien, car le bien qu'il fait est, ou pour lui-même, ou pour le monde, par conséquent ou méritoire, ou simulé, ou hypocrite, de là il est évident que l'homme lui-même est l'origine du mal, non pas que cette origine ait été implantée dans l'homme par création, mais lui-même se l'est implantée en se détournant de Dieu pour se tourner vers soi. Cette origine du mal n'a été ni dans Adam ni dans son épouse ; mais quand le serpent a dit : « au jour que vous mangerez de l'arbre de la science du bien et du mal. Vous serez comme Dieu, » - Gen. II 1, 5, - et parce qu'alors ils se détournèrent de Dieu et se tournèrent vers eux-mêmes comme vers un dieu, ils firent en eux l'origine du mal ; manger de cet arbre signifie croire qu'on sait le bien et le mal et qu'on est sage par soi-même, et non d'après Dieu. » - Amour Conjugal, n° 444.
 
 

POURQUOI DIEU A-T-IL PERMIS A L'HOMME
DE SE DÉTOURNER DE LUI ?

     « Comment l'homme a-t-il pu se détourner de Dieu, et se tourner vers lui-même, lorsque cependant l'homme ne peut rien vouloir, rien penser, ni par suite rien faire sinon d'après Dieu ? Pourquoi Dieu a-t-il permis cela ? - L'homme a été créé de manière que tout ce qu'il veut, pense et fait, lui apparaisse comme en lui, et ainsi comme venant de lui ; l'homme, sans cette apparence, ne serait pas homme, car il ne pourrait recevoir, retenir, ni pour ainsi dire s'approprier, aucune chose du bien et du vrai, ou de l'amour et de la sagesse, d'où il suit que, sans cette apparence vivante, il n'y aurait pas pour l'homme de conjonction avec Dieu, ni par conséquent de vie éternelle : mais si d'après cette apparence il introduit en lui la croyance qu'il veut, qu'il pense, et que par suite il fait le bien par lui-même, et non d'après le Seigneur, quoique ce soit en toute apparence comme par lui-même, il change chez lui le bien en mal, et ainsi il fait en lui l'origine du mal : ce fut là le péché d'Adam. » - Amour Conjugal, n° 444.

     « L'origine du mal vient de l'abus des facultés, qui sont propres à l'homme, et sont appelées Rationalité et Liberté. Par la rationalité est entendue la faculté de comprendre les vérités et par suite les faussetés, et les biens et par suite les maux ; et par la liberté est entendue la faculté de les penser, les vouloir et les faire librement. Ces deux facultés sont chez chaque homme par création et ainsi par naissance. Elles viennent du Seigneur ; elles ne sont jamais enlevées ; d'après elles il y a l'apparence que l'homme pense, parle, veut et agit comme par lui-même ; le Seigneur habite dans ces facultés chez chaque homme. L'homme d'après cette conjonction vit éternellement ; par elles et non sans elles, l'homme peut être réformé et régénéré ; par elles l'homme est distingué des bêtes.
L'origine du mal vient de l'abus de ces facultés. » - Divin Amour et Divine Sagesse, n° 264.

     Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal ; qui font les ténèbres lumière, et la lumière ténèbres ; qui font l'amer doux, et le doux amer - Esaïe V, 20. 
L'homme de bien tire de bonnes choses du bon trésor de son coeur, mais le méchant tire de mauvaises choses du mauvais trésor de son coeur. - Matt. XII.
 
 

LES LOIS DE PERMISSION DU MAL
SONT AUSSI DES LOIS DE LA DIVINE PROVIDENCE

     « Il n'y a point de lois de permission par elles-mêmes ou séparées des lois de la Divine Providence, mais ce sont les mêmes. C'est pourquoi il est dit que Dieu permet ; par là il est entendu non pas qu'Il veut, mais qu'Il ne peut détourner, à cause de la fin, qui est la salvation. Tout ce qui est fait à cause de la fin, qui est la salvation, est selon les lois de la Divine Providence ; car la Divine Providence va sans cesse dans un sens différent de la volonté de l'homme, et contraire à cette volonté, tendant continuellement à la fin ; c'est pourquoi à chaque moment de son opération, ou à chaque pas de sa marche, dès qu'elle s'aperçoit que l'homme s'écarte de la fin, elle le dirige, le ploie et le dispose selon Ses lois, le détournant du mal, le conduisant au bien ; cela ne peut être fait sans que le mal soit permis. Outre cela, rien ne peut être permis sans une cause, et il n'y a pas de cause ailleurs que dans quelque loi de la Divine Providence, loi qui enseigne pourquoi il est permis. » - Divine Providence, n° 234.

     Mais mon peuple n'a point écouté ma voix, et Israël n'a pas voulu m'obéir. Et je les ai abandonnés à la dureté de leur coeur, et ils ont marché selon leurs conseils ! Oh ! Si mon peuple m'eût écouté ! Si Israël eût marché dans mes voies ! J'eusse en un instant abattu leurs ennemis, et j'eusse tourné ma main contre leurs adversaires. - Psaume LXXXI, 
Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes, et qui lapides ceux qui se sont envoyés ! Combien de fois, ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu - Matt. XXIII, 37. 
 
 

LE SEIGNEUR NE PEUT AGIR CONTRE LES LOIS
DE LA DIVINE PROVIDENCE

     « Parmi les choses qui procèdent du Seigneur est au premier rang la Divine Providence ; car celle-ci est continuellement dans la fin pour laquelle a été créé l'univers : l'opération et la progression de la fin par les moyens, c'est ce qui est appelé la Divine Providence. Maintenant, puisque le Divin procédant est le Seigneur Lui-Même, et que la Divine Providence est au premier rang, ce qui procède, il s'ensuit qu'agir contre les lois de Sa Divine Providence, ce serait agir contre Lui-Même. On peut même dire que le Seigneur est la Providence, comme on dit que Dieu est l'Ordre ; car la Divine Providence est l'Ordre Divin principalement à l'égard de la salvation des hommes : et comme il n'y a point d'ordre sans lois, car les lois le constituent, et chaque loi tient de l'ordre, qu'elle est aussi l'ordre, il s'ensuit que comme Dieu est l'Ordre, Il est aussi la Loi de Son Ordre. De même, comme le Seigneur est Sa Divine Providence, Il est aussi la Loi de Sa Providence ; de là il est évident que le Seigneur ne peut agir contre les lois de Sa Divine Providence, parce que, agit contre ces lois, ce serait agir contre Lui Même. - Divine Providence, n° 234.

     Tout royaume divisé contre lui-même est dévasté : et toute ville ou maison divisée contre elle-même ne subsistera point. - Matt. XII, 23. 
 
 

LA DIVINE PROVIDENCE DU SEIGNEUR A POUR FIN UN CIEL PROVENANT DU GENRE HUMAIN



     « Le Ciel n'est pas formé de quelques anges créés dès le commencement, et l'enfer ne vient pas de quelque diable qui, créé de lumière, a été précipité du ciel ; mais le ciel et l'enfer proviennent du genre humain, le ciel de ceux qui sont dans l'amour du bien et par suite dans l'entendement du vrai, et l'enfer de ceux qui sont dans l'amour du mal et par suite dans l'entendement du faux. Or, puisque le ciel provient du genre humain, et est la cohabitation avec le Seigneur pour l'éternité, il s'ensuit, que le ciel a été pour le Seigneur la fin de la création ; et puisqu'il a été la fin de la création, il est la fin de la Divine Providence du Seigneur. Le Seigneur a créé l'univers non pas pour Lui, mais pour ceux avec qui Il doit être dans le ciel ; car l'amour spirituel est tel, qu'il veut donner ce qui est sien à autrui, et autant il le peut, autant il est dans son être, dans sa paix et dans sa béatitude ; l'amour spirituel tire cela du Divin Amour du Seigneur, qui est tel à un degré infini. Il suit de là que le Divin Amour, et par suite la Divine Providence, a pour fin un ciel, qui se compose d'hommes devenus anges, et qui deviennent anges, auxquels le Seigneur puisse donner toutes les béatitudes, et toutes les félicités qui appartiennent à l'amour et à la sagesse, et les leur donner d'après Lui-Même en eux ; et Il ne peut pas faire autrement, parce que Son image et Sa ressemblance sont en eux par la création. Son image en eux est la sagesse et Sa ressemblance en eux est l'amour ; et le Seigneur en eux est l'amour uni à la sagesse et la sagesse unie à l'amour ; ou, ce qui est la même chose, le bien uni au vrai, et le vrai uni au bien ! » - Divine Providence, n° 27.
 
 

LA DIVINE PROVIDENCE REGARDE
CE QUI EST INFINI ET ETERNEL

     « Si la Divine Providence regarde l'infini et l'éternel d'après soi, surtout en sauvant le genre humain, c'est parce que la fin de la Divine Providence est le ciel provenant du genre humain ; et comme c'est la fin, il s'ensuit que c'est, la réformation et la régénération de l'homme, ainsi sa salvation, que la Divine Providence regarde surtout, car le ciel se compose de ceux qui sont sauvés ou qui ont été régénérés. Puisque régénérer l'homme, c'est unir chez lui le bien et le vrai, ou l'amour et la sagesse, de même qu'ils sont unis dans le Divin qui procède du Seigneur, voilà pourquoi la Divine Providence regarde cela surtout en sauvant le genre humain. L'image de l'infini et de l'éternel n'est pas chez l'homme ailleurs que dans le mariage du bien et du vrai.

     « On ne sait pas encore que la Divine Providence, dans toute progression chez l'homme, regarde son état éternel. En effet, elle ne peut pas regarder autre chose parce que le Divin est Infini et Éternel, et que l'Infini et l'Éternel, ou le Divin, n'est point dans le temps, et qu'ainsi toutes choses futures Lui sont présentes ; et comme le Divin est tel, il s'ensuit que dans toutes et chacune des choses qu'Il fait, il y a l'éternel. Mais ceux qui pensent d'après l'espace et le temps perçoivent cela difficilement, non seulement parce qu'ils aiment les choses corporelles, mais aussi parce qu'ils pensent d'après le présent dans le monde, et non d'après le présent dans le ciel, Ceux, au contraire, qui sont dans le Divin, par cela qu'ils pensent d'après le Seigneur, pensent aussi d'après l'éternel, quand ils pensent d'après le présent, se disant en euxmêmes : « Ce qui n'est pas éternel, qu'est-ce que c'est ? Le temporel n'est-il pas respectivement comme rien ? Et même, ne devient-il pas rien lorsqu'il est fini ? Il en est autrement de l'éternel ; cela seul est, parce que son être n'est pas fini » ; penser ainsi, c'est penser en même temps d'après l'éternel lorsqu'on pense d'après, le présent ; et quand l'homme pense ainsi et vit en même temps ainsi, le Divin procédant chez lui, ou la Divine Providence, dans toute progression, regarde l'état de sa vie éternelle dans le ciel, et le conduit vers cet état. » - Divine Providence, nos 58-59.
Car que sert-il à un homme de gagner le monde entier, s'il perd son âme - Marc VIII, 6.
 
 

LA DIVINE PROVIDENCE S'ÉTEND 
AUX PLUS PETITES CHOSES CHEZ L'HOMME

     « Ceux qui attribuent tout à la nature, attribuent aussi tout à la prudence humaine : car ceux qui attribuent tout à la nature nient de coeur Dieu. Et ceux qui attribuent tout à la prudence humaine nient de coeur la Divine Providence ; l'un n'est point séparé de l'autre. Toutefois, cependant, les uns et les autres, pour la réputation de leur nom, disent de bouche que la Divine Providence est universelle, mais que ses moindres choses sont chez l'homme, et que ce sont ces moindres choses qui sont entendues dans le complexe par la prudence humaine.

     Mais pense en toi-même, ce que c'est qu'une Providence universelle, quand les plus petites choses en ont été séparées ; est-ce autre chose qu'un simple mot ? Car on appelle universel ce qui est formé de l'ensemble des moindres choses, comme on appelle commun ce qui existe par des parties. Si donc tu sépares les moindres choses, qu'est-ce alors que l'universel, sinon comme quelque chose qui en dedans est vide, ainsi comme une surface au-dedans de laquelle il n'y a rien, ou comme un complexe dans lequel il n'y a aucune chose ? Si l'on disait que la Divine Providence est un Gouvernement universel, et qu'aucune chose n'est gouvernée, mais que seulement tout est tenu dans un enchaînement, et que les choses qui appartiennent au gouvernement sont disposées par d'autres, cela pourrait-il être appelé un gouvernement universel ? Aucun roi n'a un gouvernement comme celui-là ; car si un roi accordait à ses sujets de gouverner toutes les choses de son royaume, il ne serait plus roi, mais seulement il serait, appelé roi ; ainsi il aurait seulement la dignité du nom, sans avoir la dignité de la chose. Chez un tel roi on ne saurait dire qu'il y a un gouvernement, ni à plus forte raison un gouvernement universel. De même la Providence ne pourrait pas être dite universelle, si les hommes pourvoyaient à tout par la propre prudence.

     Ce qui est réel, c'est que la Divine Providence est dans les plus petites choses de la prudence humaine, et que c'est d'après ces plus petites choses qu'elle est universelle. »
Qui est-ce qui, sachant et croyant d'après la doctrine de l'Église que Dieu est Infini et Éternel, peut être assez dénué de raison pour ne pas s'affirmer dès qu'il l'entend, que Dieu, dans sa grande oeuvre de création, ne petit avoir en vue que l'infini et l'éternel ? - Car, quelle autre chose peut-Il avoir en vue, puisqu'Il agit d'après Soi ? - Et qu'Il a cela en vue dans le genre humain, dont Il forme Son Ciel ?

     La Divine Providence peut-elle donc avoir pour fin autre chose que la réformation du genre humain, et sa salvation ? Or nul ne peut être réformé par soi-même au moyen de sa prudence mais on est réformé par le Seigneur au moyen de Sa Divine Providence ; d'où il suit que si le Seigneur ne conduit l'homme à chaque moment, même le plus petit, l'homme se retire du chemin de la réformation et périt. Chaque changement et variation de l'état du mental humain produit quelque changement et quelque variation dans la série des choses présentés, et par conséquent des choses suivantes ; que, ne doit-il pas en être progressivement dans l'éternité ? C'est comme une flèche lancée avec un arc, si dès qu'elle part elle se détournait tant soit peu du but, à la distance d'un ou de plusieurs kilomètres, l'écart serait immense ; il en serait ainsi, si le Seigneur, à chaque moment, même le plus petit, ne dirigeait pas les états des mentals humains, Le Seigneur fait cela selon les lois de Sa Divine Providence ; et il est conforme à ces lois qu'il paraisse à l'homme qu'il se conduit lui-même ; mais le Seigneur prévoit comment il se conduira, et continuellement Il accommode.

     L'homme ne voit rien de cette Providence universelle, et s'il la voyait, elle ne pourrait apparaître devant ses yeux que comme apparaissent devant des passants les amas des matériaux épars et sans ordre, avec lesquels on doit construire une maison ; mais devant le Seigneur elle est comme un palais magnifique dont la construction et l'agrandissement sont continuels. » - Divine Providence nos 201, 202, 203.

     Quand tu passeras par les eaux, je serai avec toi, et quand tu passeras par les fleuves, ils ne couvriront point ta tête ; quand tu marcheras dans le feu, tu ne seras point brûlé, et la flamme ne t'embrasera point. - Esaïe, XLIII, 2. 
Les cheveux même de votre tête sont tous comptés. - Matt. X, 30. 
 
 

LA DIVINE PROVIDENCE EST UNIVERSELLE
PARCE QU'ELLE EST DANS LES PLUS PETITES CHOSES

     « Si quelqu'un par la Providence dans l'universel, entend la conservation du tout selon l'ordre imprimé à toute la nature dans la première création, celui-là ne considère pas que rien ne peut subsister à moins qu'il n'existe perpétuellement ; car, ainsi qu'on le sait dans le monde savant, la subsistance est une perpétuelle existence. Ainsi la conversation est une perpétuelle création ; par conséquent il y a continuellement la Providence dans chacune des choses. Quelques-uns se confirment dans l'idée que l'universel existe sans le particulier par l'exemple d'un roi qui gouverne universellement sans s'occuper des petits détails ; mais ceux-là ne réfléchissent pas que la royauté n'est pas seulement chez le roi luimême, mais qu'elle est aussi chez ses ministres, qui tiennent sa place dans les choses pour lesquelles lui-même n'est point propre et qu'il ne peut faire. Ainsi l'universel qui appartient au roi est dans les singuliers. Mais il n'est pas besoin de cela chez le Seigneur ; car tout ce qui est en Lui est Infini, parce que cela est Divin. Si les anges sont Ses ministres, c'est afin qu'ils soient dans une vie active, et par là dans la félicité ; mais toujours est-il que les ministères qu'ils remplissent proviennent non point d'eux, mais de l'influx du Seigneur. C'est aussi ce que les anges avouent unanimement. - Arcanes Célestes, n° 6.482.

     Ne suis-je Dieu que de près, dit le Seigneur, et ne suis-je pas aussi Dieu de loin ? Quelqu'un pourra-t-il, se cacher dans quelque cachette, que je ne le voie pas ? dit le Seigneur. Ne remplis-je pas les cieux et la terre ? dit le Seigneur ! - Jérémie, XXIII, 24.
 
 

TOUS SONT PREDESTINES AU CIEL ET PERSONNE NE L'EST A L'ENFER

     « Une prédestination autre que pour le ciel est contre le Divin Amour qui est infini. En effet, comme tout homme est formé dans l'utérus par le Seigneur à Son image et selon Sa ressemblance, il s'ensuit que le Seigneur est le Père céleste de tous les hommes, et que les hommes sont Ses fils spirituels ; et même, ainsi est appelé le Seigneur dans la Parole, et ainsi y sont appelés les hommes. C'est pourquoi Il dit : « N'appelez personne sur la terre votre père ; car vous n'avez qu'un seul Père, celui qui est dans les cieux ; et pour vous, vous êtes tous frères ! » (Matt., XXIII, 8, 9) - par là il est entendu que seul Il est le Père quant à la vie, et que le père sur la terre est seulement le père quant à l'enveloppe de la vie, qui est le corps ; c'est pourquoi dans le ciel nul autre que le Seigneur n'est nommé Père. On voit aussi clairement par beaucoup de passages de la Parole que les hommes qui n'ont point renversé cette vie, sont appelés fils et nés de Dieu. D'après cela, on peut voir que le Divin Amour est dans tout homme, soit méchant, soit bon ; que par conséquent, le Seigneur, qui est le Divin Amour, ne peut pas agir avec les hommes autrement que comme un père sur la terre avec ses enfants, et infiniment mieux, parce que le Divin Amour est infini, puis aussi, qu'Il ne peut se retirer d'aucun homme, parce que la vie de chacun vient de Lui. Il semble qu'Il se retire des méchants, mais ce sont les méchants qui se retirent, et toujours est-il que par amour Il les conduit. C'est pourquoi le Seigneur dit :
Demandez, et l'on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; heurtez, et l'on vous ouvrira ; lequel de vous donnera une pierre à son fils, s'il lui demande du pain ? Si donc vous, qui êtes méchants, Vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père, qui est dans les cieux, en donnera-t-Il de bonnes à ceux qui les lui demandent ? - Matt. VII, 7-1 1 
Il fait lever son soleil sur les méchants comme sur les bons, et fait pleuvoir sur les justes comme sur les injustes. - Matt. V, 45.

     On sait aussi dans l'Église que le Seigneur veut le salut de tous, et non la mort de qui que ce soit. D'après cela, on peut voir qu'une prédestination autre que pour le ciel est contre le Divin Amour.
Secondement. Une Prédestination autre que pour le Ciel est contre la Divine Sagesse, qui est infinie. En effet, le Divin Amour par Sa Divine Sagesse pourvoit aux moyens par lesquels chaque homme peut être sauvé ; c'est pourquoi, dire qu'il y a une prédestination autre que pour le ciel, c'est dire qu'Il ne peut pas pourvoir aux moyens par lesquels il y a salvation, lorsque cependant ces moyens sont pour tous, et qu'ils viennent de la Divine Providence, qui est infinie. S'il y a des hommes qui ne sont pas sauvés, c'est parce que le Divin Amour veut que l'homme sente en lui-même la félicité et la béatitude du, Ciel, car autrement il n'aurait pas le ciel ; et cela ne peut pas se faire, à moins qu'il n'apparaisse à l'homme qu'il pense et veut par lui-même, car sans cette apparence rien ne lui serait approprié, et il ne serait pas homme. C'est pour cela qu'il y a une Divine Providence, qui appartient à la Divine Sagesse d'après le Divin Amour. Mais cela ne détruit pas la vérité, que tous ont été prédestinés pour le ciel, et que nul ne l'a été pour l'enfer. Si, au contraire, les moyens de salut manquaient, cela la détruirait ; or, il a été pourvu aux moyens de salvation pour chacun, et le ciel est tel, que tous ceux qui vivent bien, de quelque religion qu'ils soient, y ont une place.

     L'homme est comme la terre qui produit des fruits de toute espèce, faculté d'après laquelle la terre est terre ; si elle produit aussi des fruits mauvais, cela ne lui enlève pas la faculté de pouvoir aussi en produire de bons ; mais cette faculté serait enlevée, si elle n'en pouvait produire que de mauvais. L'homme est encore comme un objet qui bigarre en soi les rayons de la lumière ; si cet objet ne présente pas des couleurs agréables, ce n'est pas la lumière qui en est cause ; les rayons de la lumière peuvent aussi être bigarrés en des couleurs agréables.

     Troisièmement. Supposer qu'il n'y a de sauvés que ceux qui sont nés au-dedans de l'église est une hérésie insensée. Ceux qui sont nés hors de l'église sont hommes de même que ceux qui sont nés au-dedans de l'église ; ils sont d'une semblable origine céleste ; ce sont également des âmes vivantes et immortelles. Ils ont aussi une religion, d'après laquelle ils reconnaissent qu'il y a un Dieu, et, qu'il faut vivre bien ; et celui qui reconnaît un Dieu et vit bien, devient spirituel et est sauvé. On dit que le Seigneur ne leur est pas connu, et que sans le Seigneur il n'y a pas de salut ; mais aucun homme n'a le salut par cela que le Seigneur lui est connu, mais l'homme a le salut parce qu'il vit selon les préceptes du Seigneur et le Seigneur est connu de quiconque reconnaît un Dieu, car le Seigneur est le Dieu du ciel et de la terre, comme Lui-Même l'enseigne - Matt., XXVIII, 18, et ailleurs ; - et, en outre, ceux qui sont hors de l'Église ont plus que les chrétiens l'idée de Dieu comme Homme, et ceux qui ont l'idée de Dieu comme Homme, et qui vivent bien, sont acceptés par le Seigneur ; ils reconnaissent même Dieu un en personne et en essence, ce que ne font pas les chrétiens. Ils pensent aussi à Dieu dans leur vie, car ils considèrent les maux comme péchés contre Dieu, et ceux qui les considèrent ainsi pensent à Dieu dans leur vie. Les chrétiens ont les préceptes de leur religion d 'après la Parole, mais il en est peu qui y puisent quelques préceptes de vie. Il en est beaucoup qui font attention non pas aux choses qui y concernent la vie, mais seulement à celles qui concernent la foi, et cependant toute la Parole n'est absolument que la doctrine de la vie. Le Christianisme est seulement dans une faible partie du globe, et dans cette partie il y en a peu qui placent la religion dans la vie ; que peut-il donc y avoir de plus insensé que de croire que ceux-ci seulement sont sauvés, et que les autres sont damnés ? Aussi le Seigneur a dit :
     Je vous dis que beaucoup viendront de l'orient et de l'occident, et s'assiéront à table avec Abraham, Isaac et Jacob dans le Royaume des Cieux ; mais les fils du Royaume seront jetés dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. - Matt. VIII, II, 12.

     Quatrièmement. Supposer que quelques-uns du genre humain ont été damnés par prédestination est une hérésie cruelle.
Il est cruel de croire que le Seigneur, qui est l'Amour même et la Miséricorde même, souffre qu'une si grande multitude d'hommes naissent pour l'enfer, ou que tant de myriades de myriades naissent damnés, et que d'après Sa Divine Sagesse Il ne pourvoit pas à ce que ceux qui vivent bien, et reconnaissent un Dieu, ne soient pas jetés dans un tourment éternel. Le Seigneur cependant est le Créateur et le Sauveur de tous ; Lui Seul les conduit tous, et Il ne veut la mort d'aucun. » - Divine Providence, n° 330.
Rejetez loin de vous toutes les transgressions par lesquelles vous avez péché ; faites-vous un coeur nouveau et un esprit nouveau. Pourquoi mourriez-vous, maison d'Israël ? Car je ne désire pas la mort de celui qui meurt, dit le Seigneur, l'Éternel. Convertissez-vous donc, et vivez. - Ézéchiel : XVIII, 31, 32. 
 
 

C'EST LA FAUTE DE L'HOMME LUI-MEME
S'Il N'EST PAS SAUVE

     « Comme le Seigneur est le Bien dans Son Essence même, ou le Bien Même, il est évident que le mal ne peut découler du Seigneur ni être produit par Lui ; mais que le bien peut être tourné en mal par un sujet récipient, dont la forme est la forme du mal ; un tel sujet est l'homme quant à son propre ; ce sujet reçoit continuellement du Seigneur le bien, et continuellement il le tourne en la qualité de sa forme, qui est la forme du mal ; il suit de là que c'est la faute de l'homme s'il n'est pas sauvé. Le mal, il est vrai vient de l'enfer, mais du fait que l'homme le reçoit de là comme sien, et par là se l'approprie, il s'ensuit que c'est la même chose, soit qu'on dise que le mal vient de l'homme soit qu'on dise que le mal vient de l'enfer. » - Divine Providence, n° 327.

     Et vous ne voulez pas, venir à Moi pour avoir la vie. - Jean V, 40. 
     Pareil à l'aigle qui éveille sa couvée, voltige sur ses petits, déploie ses ailes, les prend, les porte sur ses plumes, le Seigneur seul a conduit son peuple ; 
     Il lui a fait manger les fruits des champs, et lui a fait sucer le miel du rocher et l'huile qui sort du rocher le plus dur, et tu as bu le vin, le sang de la grappe. Israël est devenu gras ; et il a regimbé. Il a abandonné Dieu, son Créateur. Il a méprisé le Rocher de son salut. - Deut. XXXII, 11-15.

LA PERMISSION DU MAL EST POUR CETTE FIN
QU'IL Y AIT SALVATION

     Qui est-ce qui peut croire que si l'homme n'avait pas une pleine liberté de penser et de vouloir, 'non seulement il ne pourrait être sauvé, niais que même il périrait tout entier ? Qu'on en apprenne donc la cause : Tout homme par naissance est dans des maux de plusieurs genres ; ces maux sont dans sa volonté, et les choses qui sont dans la volonté sont aimées, car ce que l'homme veut d'après l'intérieur il l'aime, et ce qu'il aime il le veut ; et l'amour de la volonté influe dans l'entendement, et fait que son plaisir y est senti. De là il vient dans les pensées, et aussi dans les intentions. Si donc il n'était pas permis à l'homme de penser selon l'amour de sa volonté, amour qui a été insité en lui d'après l'hérédité, cet amour resterait enfermé et ne viendrait jamais à la vue de l'homme ; or, l'amour du mal qui ne se montre pas est comme un ennemi en embuscade, comme la sanie dans un ulcère, comme du poison dans le sang, et comme une pourriture dans la poitrine. Si ces choses sont renfermées, elles amènent la mort. Mais quand il est permis à l'homme de penser les maux de l'amour de sa vie jusqu'à les avoir en intention, ces maux 'sont guéris par des moyens spirituels, comme les maladies par des moyens naturels. Ce que deviendrait l'homme, s'il ne lui était pas permis de penser selon les plaisirs de l'amour de sa vie, c'est ce qui va être dit maintenant : Il ne serait plus homme ; il perdrait les deux facultés, qui sont nommées liberté et rationalité, dans lesquelles consiste l'humanité même ; les plaisirs de ces maux occuperaient les intérieurs de son mental, jusqu'au point de fermer la porte ; et alors il ne pourrait que dire et faire des choses en conformité avec ces maux, et par conséquent il serait fou non seulement à ses propres yeux, mais encore aux yeux du monde, et enfin il ne saurait pas voiler Fa nudité. Mais pour qu'il ne devienne pas tel, il lui est permis de penser et de vouloir les maux de son héritage ; et pendant ce temps-là il s'instruit des choses civiles, morales et spirituelles, qui entrent même dans ses pensées, et éloignent ces folles, et de cette manière il est guéri par le Seigneur, mais cependant non au delà que de savoir garder la porte, a moins qu'il ne reconnaisse aussi Dieu, et n'implore son secours pour pouvoir résister à ces maux ; et alors autant il y résiste, autant il n'admet pas ces folies dans ses intentions, ni enfin dans ses pensées. Puis donc qu'il est dans la liberté de l'homme de penser comme il lui plaît, pour cette fin que l'amour de sa vie sorte de sa cachette pour venir dans la lumière de son entendement, et puisqu' autrement il ne saurait rien de son mal, et par conséquent ne saurait pas non plus le fuir, il s'ensuit que ce mal s'accroîtrait chez lui au point qu'il ne lui resterait pas de moyens de réintégration, et qu'il y en aurait difficilement chez ses enfants s'il en engendrait ; car le mal du père pourvoit à ce que cela n'arrive pas. » - Divine Providence, n° 281.

     Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites 1 car vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat, mais en dedans ils sont pleins de rapine et d'intempérance. Pharisien aveuglé ! Nettoie premièrement l'intérieur de la coupe et du plat, afin qu'aussi leur extérieur devienne net. - Matt. XXIII, 25, 26. 
 

IL EST DE LA DIVINE PROVIDENCE QUE L'HOMME
AGISSE D'APRÈS LE LIBRE SELON LA RAISON

     « Agir d'après le libre selon la raison, et agir d'après la volonté et l'entendement, ou d'après la liberté et la rationalité, c'est la même chose. Mais autre chose est d'agir d'après le libre selon la raison et autre chose d'agir d'après le libre même selon la raison même. En effet, l'homme qui fait le mai d'après l'amour du mal, et qui le confirme chez lui, agit, il est vrai, d'après le libre selon la raison, mais néanmoins soi, libre n'est pas en soi le libre même, mais c'est un libre infernal, qui en soi est le servile, et va raison n'est pas en soi la raison, mais c'est une raison on bâtarde ou fausse, ou apparente par des confirmations ; toujours est-il cependant que l'un et l'autre sont de la Divine Providence ; car si le libre de vouloir le mal, et de faire par des confirmations qu'il soit comme conforme à la raison, était ôté à l'homme naturel, la liberté et la rationalité périraient, et en même temps la volonté et 1 'entendement ; et l'homme ne pourrait pas être détourné des maux, ni être réformé, ni par conséquent être conjoint au Seigneur et vivre pour l'éternité. C'est pourquoi le Seigneur garde le libre chez l'homme, comme l'homme garde la prunelle de son oeil. Mais néanmoins le Seigneur par le libre détourne continuellement l'homme des maux, et autant Il peut par le libre le détourner, autant par le libre Il implante les biens, ainsi successivement au lieu du libre infernal Il introduit le Libre céleste. » - Divine Providence, n° 97.

     S'il ne vous plaît pas de servir le Seigneur, choisissez aujourd'hui qui vous voulez servir ; mais pour 'moi et ma maison, nous servirons le Seigneur. - Josué, XXIV, 15. 
     Si vous persistez dans ma doctrine, vous serez véritablement mes disciples ; et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira. - Jean VIII, 3 1, 3 2. 
 
 

IL EST DE LA DIVINE PROVIDENCE QUE L'HOMME NE SOIT POINT 
CONTRAINT PAR DES MOYENS EXTERNES A PENSER ET A VOULOIR 
LES CHOSES QUI APPARTIENNENT A LA RELIGION

     « Comme être contraint, c'est agir non d'après le libre selon la raison, ni par soi-même, mais d'après le non-libre, et d'après un autre, c'est pour cela que cette loi de la Divine Providence suit dans l'ordre. Chacun sait aussi que personne ne peut être contraint à penser ce qu'il ne veut pas penser, ni à vouloir ce qu'il pense ne pas vouloir, ni par conséquent à croire ce qu'il ne croit pas, moins encore à croire ce qu'il ne veut pas croire, ni à aimer cd qu'il n'aime pas, moins encore à aimer ce qu'il ne veut pas aimer ; car l'esprit de l'homme ou son mental est dans une pleine liberté de penser, de vouloir, de croire et d'aimer. Il est dans cette liberté par l'influx du monde spirituel, qui ne contraint point, car c'est dans ce monde qu'est l'esprit ou le mental de l'homme. D'après cela on peut voir que l'externe ne peut pas contraindre l'interne ; c'est cependant ce qui arrive quelquefois ; mais que cela soit dangereux, c'est ce qui sera démontré dans l'ordre suivant : I. Personne n'est réformé par les miracles ni par les signes, parce qu'ils contraignent. 2. Personne n'est réformé par les visions ni par les conversations avec le, défunts parce qu'ils contraignent.3. Personne n'est réformé par les menaces ni par les châtiments, parce qu'ils contraignent. 4. Personne n'est réformé dans les états de non rationalité et de non liberté. 5. Se contraindre soi-même n'est ni contre la rationalité, ni contre la liberté. 6. L'homme externe doit être réformé par l'homme interne, et non vice versa. » - Divine Providence, n° 129.
S'ils n'écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne seraient pas non plus persuadés, quand même quelqu'un des morts ressusciterait. - Luc XVI, 31. 
 
 

LA PROVIDENCE DANS LA PERMISSION DU MAL
ILLUSTREE DANS LE CAS DES GUERRES


     « Ce n'est pas d'après la Divine Providence qu'il y a des guerres, car elles sont jointes aux homicides, aux pillages, aux violences, aux cruautés et autres maux énormes qui sont diamétralement opposés à la charité chrétienne ; mais néanmoins elles ne peuvent pas ne pas être permises, parce que l'amour de la vie des hommes est devenu tel, qu'il veut dominer sur les autres, et enfin sur tous, et qu'il veut posséder les richesses du monde, et en fin toutes les richesses. Ces deux amours ne peuvent pas étre tenus enchaînés, puisqu'il est selon la Divine Providence, qu'il soit permis à chacun d'agir d'après le libre selon la raison ; et que, sans les punitions, l'homme ne peut être détourné du mal par le Seigneur, ni par conséquent être réformé et sauvé ; car, s'il n'était pas permis que les maux fissent irruption, l'homme ne les verrait pas, par conséquent ne les reconnaîtrait pas, et ainsi ne pourrait être amené à y résister : de là vient que les maux ne peuvent êtreempêchés par aucun moyen de la Providence ; car ainsi ils resteraient enfermés, et comme ces maladies, appelées cancer et gangrène, ils s'étendraient de tous côtés et consumeraient tout le vital humain. En effet, l'homme par naissance est un petit enfer, entre lequel et le ciel il y a un perpétuel débat ; nul homme ne peut être tiré de son enfer par le Seigneur, à moins de voir qu'il y est, et de vouloir en être retiré, et cela ne peut pas être fait sans des punitions dont les causes sont des lois de la Divine Providence. C'est pour cette raison qu'il y a des guerres petites et des guerres grandes ; des petites, entre les possesseurs de bien-fonds et leurs voisins, et des grandes entre les monarques de royaumes et leurs voisins ; les petites diffèrent seulement des grandes, en ce que les petites sont tenues dans les limites par les lois de la nation, et les grandes par les lois des nations ; et en ce que, quoique les petites aussi bien que les grandes veuillent transgresser leurs lois, les petites ne le peuvent pas et les grandes le peuvent ; mais néanmoins non au delà du possible. Si les grandes guerres faites par les rois et les' généraux, quoiqu'elles soient jointes aux homicides, aux pillages, aux violences et aux cruautés, ne sont point empêchées par le Seigneur, ni dans leur commencement, ni dans leur progrès, mais seulement à la fin, quand la puissance de l'un ou de l'autre est devenue si faible, qu'il y a pour lui péril imminent de destruction, cela est dû à plusieurs causes qui sont cachées dans le trésor de la Divine Sagesse. Parmi elles est celle-ci, que toutes les guerres, lors même que ce sont des guerres civiles, sont représentatives des états de l'Église dans le Ciel, et sont des correspondances : Telles ont été toutes les guerres décrites dans la Parole,.et telles sont aussi toutes les guerres aujourd'hui ; car toutes les choses qui sont faites dans le monde naturel correspondent à des choses spirituelles dans le monde spirituel, à toutes les choses spirituelles concernent l'Église. Mais quelle est l'Église dans les terres, et quels sont les maux dans lesquels elle tombe, et pour lesquels elle est punie par des guerres, on ne peut nullement le voir dans le monde naturel, parce que dans ce monde il n'y a de manifeste que les externes, qui ne font pas l'Église, mais on le voit dans, le monde spirituel on se montrent les internes dans lesquels est l'Église.

     « Que les guerres dans le monde soient dirigées par la Divine Providence du Seigneur, cela est reconnu par l'homme spirituel, mais non par l'homme naturel, excepté quand il est célébré une fête à l'occasion d'une victoire, en ce qu'alors il peut rendre à genoux des actions de grâces à Dieu pour la victoire qu'Il a accordée ; il peut aussi avant de commencer le combat invoquer Dieu en quelques mots ; mais quand il rentre en lui-même, il attribue la victoire ou àla prudence du général, ou à quelque mesure ou incident au milieu du combat, sans qu'on y ait pensé, d'où cependant est résultée la victoire Les succès et les avantages obtenus dans une guerre sont même appelés communément Fortune de la guerre ; et celle-ci est la Divine Providence, principalement dans les conseils et les méditations du général, lors même que lui, alors et dans la suite, les attribuerait tous à sa prudence. Du reste, qu'il le fasse s'il le veut, car il est dans la pleine liberté de penser pour la Divine Providence ou contre elle, et même pour Dieu et contre Dieu ; mais qu'il sache que rien de ce qui concerne les conseils et les méditations ne vient de lui ; tout influe ou du ciel ou de l'enfer ; de l'enfer d'après la permission, du ciel d'après la Providence. - Divine Providcnce, n° 251.

     Et toute cette multitude saura que ce n'est ni par l'épée ni par la lance que le Seigneur sauve. Car la victoire appartient au Seigneur. Et il vous livre entre nos mains. -1. Sam. XVII, 47. 
     Car nos pères n'ont point conquis le pays par leur épée, et leur bras ne les pas délivrés ; mais c'est Ta droite, et Ton bras, et la lumière de Ta face, parce que tu leur portais de l'affection ! - Ps. XLIV, 4. 
 
 

LA DIVINE PROVIDENCE DANS LES CAS OU L'INJUSTE
TRIOMPHE APPAREMMENT SUR LE JUSTE

«      L'adorateur de soi-même et de la nature se confirme contre la Divine Providence, quand, selon sa perception, il pense que les victoires sont du côté de la prudence, et non pas toujours du côté de la justice. S'il semble que les victoires soient du côté de la prudence, et non pas toujours du côté de la justice, c'est parce que l'homme juge d'après l'apparence, et est favorable à un parti plutôt qu'à l'autre ; et ce qu'il favorise, il peut le confirmer par des raisonnements ; et il ne sait pas que la justice de la cause dans le ciel est spirituelle, et dans le monde est naturelle, et que l'une et l'autre sont conjointes par l'enchaînement des choses passées et en même temps des choses futures qui sont connues du Seigneur seul. S'il importe peu que le général soit un homme de bien on un homme sans probité, c'est d'après cette raison, que les méchants, de même que les bons, font des usages, et que les méchants d'après leur zèle en font avec plus d'ardeur que les bons ; principalement dans-les guerres, parce que le méchant est plus habile et plus adroit que le bon à machiner des ruses, et que par l'amour de la gloire il éprouve de la volupté à tuer et à piller ceux qu'il sait et déclare ennemis ; le bon a seulement de la prudence et du zèle pour protéger, mais rarement pour envahir. Il en est de cela comme des esprits de l'enfer et -des anges du ciel ; les esprits de l'enfer attaquent et les anges du ciel se défendent. De là se tire cette conclusion, qu'il est permis à chacun de défendre sa patrie et ses concitoyens contre les ennemis envahisseurs, même en employant des généraux méchants ; mais qu'il n'est pas permis de se déclarer ennemi sans motif, le motif pour la gloire seule est en soi diabolique, car il appartient à l'amour de soi. » - Divine Providence, n° 6252.

     Celui qui juge toute la terre ne fera-t-ll pas justice - Gen. XVIII, 25. je suis le Seigneur qui exerce la Miséricorde, le droit et la justice sur la terre ; car c'est en ces choses que je prends plaisir, dit le Seigneur. - Jér. IX, 24. 
 
 

LA DIVINE PROVIDENCE EN CE QUI CONCERNE 
LES RICHESSES ET LES HONNEURS


     Il faut qu'on sache que le Seigneur ne détourne jamais l'homme de rechercher les honneurs et d'acquérir, des richesses, mais qu'Il le détourne de la cupidité de rechercher des honneurs pour la prééminence seule on pour lui-même, et de la cupidité d'acquérir des richesses pour l'opulence seule ou pour les richesses ; mais quand Il le détourne de ces cupidités, Il l'introduit dans l'amour des usages, afin qu'il regarde la prééminence non pour lui mais pour les usages, ainsi afin qu'il appartienne aux usages et par suite à lui-même, et non à lui-même et par suite aux usages. Il en est de même pour l'opulence. Que le Seigneur humilie continuellement les superbes et élève les humbles, Lui-Même l'enseigne en beaucoup d'endroits dans la Parole, et ce qu'Il enseigne dans la Parole appartient aussi à Sa Divine Providence.- Divine Providence, n° 183.

     Prends garde à toi, de peur que tu n'oublies le Seigneur ton Dieu, eu ne gardant point Ses commandements, et que tu ne dises, en ton coeur : ma puissauce et la force de ma main m'ont acquis ces biens. Mais tu te souviendras du Seigneur ton Dieu ; car c'est lui qui te donnera la force pour acquérir biens. - Deut. VIII, II, 17, 18. 
     Celui qui acquiert des richesses, mais non point avec droit, les laissera au milieu de ses Jours, et a la fin, il se trouvera qu'il est un insensé. - Jér. XVII, 11.
 
 

LES RICHESSES ET LES HONNEURS PEUVENT ETRE 
SOIT DES BENEDICTIONS, SOIT DES MALÉDICTIONS

     « L'adorateur de soi-même et de la nature croit que les dignités et les richesses sont les plus grandes et les seules félicités qui peuvent exister. Mais que sont les dignités et les richesses sinon des pierres d'achoppement pour les méchants, mais non pour les bons, parce que ceux-ci placent leur coeur non en elles, mais dans les usages ou les biens, pour l'accomplissement desquels les dignités et les richesses seront des moyens. C'est pourquoi nul autre que l'adorateur de soi-même et de la nature ne peut se confirmer contre la Divine Providence, par cela que les impies parviennent aux honneurs et aux richesses, et deviennent des grands et des primats. D'ailleurs, qu'est-ce qu'une dignité plus grande ou plus petite, et une opulence plus grande ou plus petite ? N'est-ce pas une chose qui en elle-même est imaginaire ? Est-ce que l'un est plus fortuné et plus heureux que l'autre ? La dignité chez un grand, et même chez un roi et un empereur, après l'espace d'une année, est-elle regardée autrement que comme quelque chose de commun, qui n'exalte plus de joie dans son coeur, et qui même peut devenir vil à ses yeux ? Est-ce que ceux-là par leurs dignités sont dans un plus grand degré de félicité que ceux qui sont dans une dignité moindre, ou même dans la plus petite dignité, comme sont les serviteurs ? Ceux-ci peuvent être dans un plus grand degré de félicité, quand ils prospèrent et sont contents de leur sort. Qui est plus inquiet de coeur, plus souvent indigné, plus vivement irrité, que celui qui est dans l'amour de soi ? Cela lui arrive toutes les fois qu'il n'est pas honoré selon l'exaltation de son coeur, et toutes les fois que quelque chose ne réussit pas à son gré et selon son voeu. Qu'est-ce donc que la dignité, si elle n'est pas pour la chose ou pour l'usage, sinon une idée ? 

     « Maintenant, au sujet de la Divine Providence, il sera dit quelques mots pourquoi elle permet que les impies de coeur soient élevés aux dignités et acquièrent des richesses : Les impies ou méchants peuvent faire des usages comme les hommes pieux ou bons, et même avec une plus grande ardeur, car ils se regardent eux-mêmes dans les usages, et regardent les honneurs comme des usages ; c'est pourquoi plus l'amour de soi s'élève, plus s'enflamme en lui le désir de faire des usages pour sa gloire. Le Seigneur conduit donc, par l'amour de la réputation, les impies de coeur qui sont dans les dignités ; et cet amour les excite à faire des usages pour le commun ou pour la Patrie, pour la société on la ville dans laquelle ils sont, et aussi pour le concitoyen ou le prochain avec lequel ils sont. Tel est avec eux le gouvernement du Seigneur, qui est appelé Divine Providence. En effet, le Royaume du Seigneur est le Royaume des usages ; et où il n'y a qu'un petit nombre d'hommes qui remplissent des usages pour les usages, Il fait que les adorateurs d'eux-mêmes sont promus aux emplois les plus élevés, dans lequel chacun par son amour est excité à faire le bien. Puis donc que ces amours de soi et du mondé par leurs feux produisent plus d'usages que les amours de Dieu par les leurs, comment alors quelqu'un peut-il se confirmer contre la Divine Providence, par cela que les méchants sont plus que les bons dans la prééminence et dans l'opulence Cela est même confirmé par ces paroles du Seigneur

     Et le Seigneur loua l'intendant injuste de ce que prudemment il avait agi ; car les fils de ce siècle sont plus prudents que les fils de lumière. - Luc XVI, 8.

     « Que les amours de soi et du monde soient en grand nombre, et les amours de Dieu en petit nombre, le Seigneur l'enseigne aussi en ces termes :

     Entrez par la porte étroite ; parce que large est la porte, et spacieux le chemin qui mène à la perdition ; il y en a beaucoup qui y entrent. Mais étroite est la porte, et resserré le chemin qui mène à la vie ; et il y en a peu qui le trouvent. - Matt. VII, 1 13, 14. 
     Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la teigne et la rouille détruisent, et où les voleurs percent et volent ; mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où la teigne et la rouille ne détruisent point, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent. - VI, 19, 20. - Divine Providence, n° 250.
 
 

LA DIVINE PROVIDENCE DANS, LES ACCIDENTS ET LA FORTUNE

     « Qui est-ce qui ne parle pas de la fortune, et qui est-ce qui ne la reconnaît pas, puisqu'il en parle, et puisqu'il en sait quelque chose par expérience ? Mais qui est-ce qui sait ce que c'est que la fortune ? Que ce soit quelque chose, puisqu'elle est et puisqu'elle a lieu, on ne peut pas le nier ; or elle ne peut être quelque chose sans une cause ; mais la cause de ce quelque chose ou de la fortune est inconnue ; toutefois, pour qu'elle ne soit pas niée par cela seul que la cause est inconnue, prends des dés ou des cartes, et joue, ou consulte des joueurs ; qui d'entre eux nie la fortune ? qui peut lutter contre elle, si elle s'obstine ? Est-ce que la cause peut venir d'autre part que de la Divine Providence dans les derniers, où par les choses constantes et inconstantes, elle agit merveilleusement avec la prudence humaine, et en même temps se cache ? Que les Gentils aient jadis reconnu la Fortune et lui aient élevé un temple., cela est notoire. Sur cette Fortune, qui est, comme il vient d'être dit, la Divine Providence dans les derniers, il m'a été permis de savoir beaucoup de choses par lesquelles il est devenu manifeste pour moi que ce n'est ni une illusion du mental, ni quelque chose sans cause, car il n'y a rien sans cause, mais que c'est un témoignage oculaire que la Divine Providence est dans les très-singuliers des pensées et des actions de l'homme. Puisque la Divine Providence est dans les très-singuliers de choses si viles et si frivoles, pourquoi ne serait-elle Pas dans les très-singuliers de choses ni viles ni frivoles, qui sont les choses de paix et de guerre dans le monde, et les choses de salut et de vie dans le ciel.

     « Mais je sais que la prudence humaine entraîne dans son parti le rationnel plus que la Divine Providence ne l'entraîne dans le sien, par cette raison que la Divine Providence ne se manifeste point, et que la prudence humaine est en évidence. On peut admettre plus facilement qu'il y a une Vie unique, qui est Dieu, et que tous les hommes sont des récipients de la vie qui procède de Dieu ; et, cependant c'est la même chose, puisque la prudence appartient àla vie. Qui est-ce qui, en raisonnant, ne parle pas en faveur de la propre prudence et de la nature, lorsqu'il raisonne d'après l'homme naturel ou externe ? Et qui est-ce qui, en raisonnant, ne parle pas en faveur de la Divine Providence et de Dieu, lorsqu'il raisonne d'après l'homme spirituel ou interne ? Mais, je t'en prie, dirai-je à un homme naturel, écris deux livres et remplis-les d'arguments plausibles, probables et vraisemblables, solides selon ton jugement, l'un en faveur de la propre prudence, l'autre en faveur de la nature : et ensuite remets-les entre les mains d'un Ange, et je sais qu'il écrira au-dessous en quelques mots : « Toutes ces choses sont des apparences et des illusions ». - Divine Providence, nos 212, 213.

     Deux passereaux ne se vendent-ils pas un sou ? Et un seul d'entre eux ne tombera pas à terre, sans votre Père. Les cheveux mêmes de votre tête sont tous comptés. Ne craignez donc point ; vous valez plus que beaucoup de passereaux. - Matt. X, 29-31. 
 
 

IL N'Y A POINT DE NÉCESSITÉ ABSOLUE OU DE DESTIN

     « Lorsque je m'entretenais avec les anges de la Divine Providence du Seigneur, il y avait aussi là des Esprits qui avaient, gravée en eux, une sorte d'opinion sur le destin ou la nécessité absolue ; ils s'imaginaient que le Seigneur agissait d'après cette nécessité, parce qu'II ne peut procéder que selon les choses qui appartiennent à l'ordre le plus parfait, mais il leur fut montré que l'homme est libre et que s'il est libre il n'est pas soumis à la nécessité ; toutes les choses qui proviennent du Seigneur sont parfaites ; cependant elles se suivent en ordre non d'après la nécessité, mais d'une manière applicable au libre arbitre de l'homme. » - Arcanes Célestes, n° 6487.

     Je. prends aujourd'hui à témoin les cieux et la terre contre vous, que j'ai mis devant toi et la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction : choisis donc la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité. - Deut. XXX, 19. 
 
 

LE SOUCI DU LENDEMAIN

     « Par le souci du lendemain il n'est pas entendu le souci de se procurer la nourriture, le vêtement et ce qui est nécessaire pour le temps à venir, car il n'est pas contre l'ordre de pourvoir à ses propres besoins et à ceux des siens ; mais ceux qui ont le souci du lendemain sont ceux qui ne sont pas contents de leur sort, qui mettent leur confiance non dans le Divin mais en eux-mêmes, et qui considèrent seulement les choses mondaines et terrestres, et non les choses célestes ; chez eux règne universellement la sollicitude pour l'avenir, le désir de posséder tout et de dominer sur tous, désir qui s'enflamme et s'accroît selon qu'il est alimenté, et qui dépasse enfin toute mesure ; ils s'affligent s'ils ne possèdent pas ce qu'ils convoitent, et se tourmentent quand ils font des pertes ; il n'y a pas pour eux de consolation, car alors ils s'irritent contre le Divin, ils le rejettent avec tout ce qui est de la foi, et ils se maudissent Tels sont ceux chez lesquels il y a le souci du lendemain. Il en est tout autrement de ceux qui se confient en le Divin : Ceux-ci, quoiqu'ils aient le souci du lendemain, cependant ils ne l'ont point, car ils ne pensent point au lendemain avec inquiétude, ni moins encore avec anxiété ; ils sont d'un esprit égal, soit qu'ils possèdent ce qu'ils ont désiré, soit qu'ils ne le possèdent pas ; ils ne se tourmentent pas von plus des pertes, ils sont contents de leur sort ; s'ils deviennent opulents, ils ne placent pas leur coeur dans l'opulence : s'ils sont élevés aux honneurs, ils ne se considèrent pas comme plus dignes que les autres ; s'ils deviennent pauvres, ils ne s'affligent pas ; s'ils tombent dans une condition basse, ils ne perdent pas courage ; ils savent que pour ceux qui se confient au Divin tout se succède pour un état de bonheur dans l'éternité, et que les choses qui leur arrivent dans le temps sont avantageuses pour cet état. » - Arcanes Célestes, n° 8478.

     Tu conserveras en une paix parfaite celui qui se confie en Toi. - Esaïe XXVI, 3. 
Ne soyez donc pas en souci pour le lendemain ; car le lendemain s'occupera de ce qui le concerne. A chaque jour suffit sa peine. - Matt. VI, 34.

     « Il faut qu'on sache que la Providence Divine est universelle, c'est-à-dire existe dans les plus petites particularités, et que ceux qui sont dans le fleuve de la Providence sont continuellement portés vers les choses heureuses, de quelque manière que les moyens se manifestent ; que ceux-là sont dans le fleuve de la Providence, qui se confient en le Divin et Lui attribuent toutes choses ; et que ceux-là ne sont pas dans le fleuve de la Providence, qui se confient en eux seuls et s'attribuent toutes choses, quoiqu'ils soient dans l'opposé, car ils enlèvent la Providence au Divin et se l'arrogent ; il faut qu'on sache qu'autant quelqu'un est dans le fleuve de la Providence, autant il est dans l'état de paix ; et qu'autant quelqu'un est dans l'état de paix d'après le bien de la foi, autant il est dans la Providence Divine : ceux-ci seulement savent et croient que la Providence Divine du Seigneur est dans toutes et dans chacune des choses, et même dans les plus petites de toutes : et que la Providence Divine a en vue l'éternité.

     Au contraire, ceux qui sont dans l'opposé, veulent à peine entendre parler de la Providence, mais ils rapportent tout, en général. et en particulier, à la prudence, et ce qu'ils n'attribuent pas à la prudence, ils le rapportent à la fortune ou au hasard, quelques-uns le rapportent au destin, auquel ils donnent pour origine la nature et non le Divin. Ils appellent simples ceux, qui n'attribuent pas toutes choses à eux-mêmes ou à la nature. D'après cela, on peut voir de nouveau quels sont ceux qui ont le souci du lendemain, et quels sont ceux qui n'ont pas le souci du lendemain. - Arcanes Célestes, n° 8478.

     Il arrêta la tempête, ramena le calme, et les ondes se turent. Ils se réjouirent de ce qu'elles s'étaient apaisées, et l'Éternel les conduisit au port désiré. Qu'ils louent l'Éternel pour sa bonté et pour ses merveilles en faveur des fils de l'homme. - Ps. CVII, 29-31. 
 
 

CEUX QUI ONT LE SOUCI DIT LENDEMAIN

     « Le Seigneur est le Bien Même, par conséquent Il est Celui de qui procède tout bien. Le bien qui procède de Lui a en soi le Divin ; ainsi le bien vient de l'intime et du premier être ; mais le bien qui vient de l'homme n'est pas le bien, parce que l'homme par soi-même n'est que mal ; de là le bien qui vient de lui est le mal dans sa première essence, quoique dans la forme externe il puisse se montrer comme bien. Il en est de ces biens comme de fleurs peintes sur un tableau comparativement aux fleurs qui naissent dans un jardin. Les fleurs d'un jardin sont belles par les intimes, car plus elles sont intérieurement ouvertes, plus elles ont de beauté, tandis que les fleurs peintes sur un tableau sont seulement belles dans la forme externe, et ne sont, quant à la forme interne, qu'un limon et un assemblage de parties terrestres étendues pêle-mêle ; c'est aussi ce que le Seigneur enseigne quand Il dit : « Salomon dans toute sa gloire n'était pas vêtu comme l'un des lis du champ. » - Matt. VI, 29, - Il en est de même du bien qui vient de l'homme et du bien qui vient du Seigneur ; que ces biens aient entre eux tant de différence, l'homme ne peut le savoir, parce qu'il juge d'après les externes ; mais les anges perçoivent parfaitement d'où provient le bien chez, l'homme, et par suite quelle en est la qualité. Les anges chez l'homme sont dans le bien provenant du Seigneur et y habitent pour ainsi dire, et ils ne peuvent être dans le bien provenant de l'homme. Ils s'éloignent de ce bien autant qu'ils peuvent, car par l'intime il est le mal. En effet, le bien provenant du Seigneur a en soi le ciel, puisque ce bien est en image la forme du ciel, et renferme dans son intime le Seigneur Lui-Même, car dans tout bien qui procède du Seigneur, il y a, une ressemblance du Seigneur, et par suite une ressemblance du ciel ; mais dans le bien qui provient de l'homme il y a une ressemblance de l'homme, et comme l'homme par lui-même n'est que mal, il y a une ressemblance de l'enfer. Telle est la grande différence entre le bien procédant du Seigneur et le bien provenant de l'homme. Le bien procédant du Seigneur est chez ceux qui aiment le Seigneur par-dessus toutes choses et le prochain comme eux-mêmes ; mais le bien provenant de l'homme est chez ceux qui s'aiment eux-mêmes par-dessus toutes choses, et méprisent le prochain en se comparant à lui. Ce sont ceux-ci qui ont aussi le souci du lendemain, parce qu'ils se confient en eux-mêmes, et ce sont ceux-là qui n'ont pas le souci du lendemain, parce qu'ils se confient au Seigneur.

     Ceux qui se confient au Seigneur reçoivent continuellement de Lui le bien, car tout ce qui leur arrive, soit que cela paraisse prospère ou non-prospère, est toujours le bien, car cela conduit comme moyen à leur félicité éternelle ; mais ceux qui se confient, en eux-mêmes introduisent continuellement en eux le mal, car tout ce qui leur arrive, quoique cela paraisse prospère et heureux, est cependant toujours le mal, et par suite conduit comme moyen, à leur malheur éternel. » - Arcanes Célestes n°8.480.

     Celui qui a Mes Commandements et qui les garde, c'est celui-là qui m'aime. Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera ; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui. - Jean XIV, 21, 23.