SECOND PRÉCEPTE.
Tu ne profaneras point le Nom de Dieu.


    959. Il sera d'abord dit ici ce qui est entendu par le Nom de Dieu, et ensuite ce qui est entendu par profaner ce Nom. Par le Nom de Dieu est entendue toute qualité (omne quale) par laquelle Dieu est adoré ; car Dieu est dans sa qualité, et Il est sa qualité ; l'Essence de Dieu est le Divin Amour, et la Qualité de Dieu (quale) est par suite le Divin Vrai uni au Divin Bien, ainsi chez nous dans les terres c'est la Parole ; c'est pour cela aussi qu'il est dit dans Jean : " La Parole était chez Dieu, en Dieu elle était, la parole " - 1. 1 ; - et par suite c'est aussi la doctrine du vrai réel et du bien réel d'après la Parole, car le culte est selon cette doctrine. Maintenant, comme la qualité de Dieu est multiple, car elle contient toutes les choses qui procèdent de Lui, Dieu a pour cela même plusieurs noms, et chaque nom enveloppe et exprime sa qualité en général et en particulier : En effet, il est nommé Jéhovah, Jéhovah Sébaoth, Seigneur, Seigneur Jéhovah Dieu, Messie ou Christ, Jésus, Sauveur, rédempteur Créateur, Formateur, Facteur, Roi et Saint d'Israël, Rocher et Pierre d'Israël, Schiloh, Schaddaï, David, Prophète, Fils de Dieu et Fils de l'homme outre plusieurs autres dénominations : tous ces noms sont le noms d'un seul Dieu, qui est le Seigneur ; mais lorsqu'ils sont employés dans la Parole, ils signifient toujours quelque Attribut universel Divin ou Qualité Divine distincte des autres Attributs Divins ou Qualités Divines. Il en est de même lorsqu'il est dit Père, Fils et Esprit Saint, c'est non pas trois mais un seul Dieu qui est entendu, ou non pas trois Divins mais un seul ; et Ce Trine, qui est Un, est le Seigneur. Comme chaque nom signifie quelque Attribut ou Qualité distincte, c'est pour cela que par profaner le Nom de Dieu, il est entendu profaner Sa Qualité et non pas le Nom lui-même : ce qui fait aussi que le Nom signifie la Qualité, c'est que dans le Ciel chacun est nommé selon sa qualité, et que la Qualité de Dieu ou du Seigneur est tout ce qui procède De Lui, par quoi on lui rend un culte. De là vient que dans l'Enfer, comme on n'y reconnaît aucune Divine Qualité du Seigneur, on ne peut nommer le Seigneur ; et que dans le Monde spirituel personne ne peut en prononcer les Noms que selon que le Divin du Seigneur est reconnu, car là tous parlent d'après le coeur, par conséquent d'après l'amour et d'après la reconnaissance qui provient de l'amour.

    960. Puisque par le Nom de Dieu il est entendu ce qui procède de Dieu et ce qui est Dieu, et que cela est nommé le Divin vrai et chez nous la Parole, cette Parole étant en soi Divine et très-sainte ne doit pas être profanée, et elle est profanée lorsqu'on en nie la sainteté, ce qui arrive lorsqu'elle est méprisée, rejetée et couverte d'outrages ; quand cela a lieu le Ciel est fermé et l'homme est abandonné à l'Enfer ; en effet, la Parole est l'unique moyen de conjonction du Ciel avec l'Église, c'est pourquoi lorsqu'elle est rejetée de coeur, cette conjonction est détruite, et l'homme étant alors abandonné à l'Enfer ne reconnaît plus aucun vrai de l'Église. Il y a deux choses qui ferment Le Ciel aux hommes de l'Église ; l'une est de nier le Divin du Seigneur, et l'autre de nier la sainteté de la Parole ; la raison de cela, c'est que le Divin du Seigneur est le tout du Ciel, et que le Divin Vrai, qui est la Parole dans le sens spirituel, fait le Ciel ; de là il est évident que celui qui nie l'un ou l'autre, nie ce qui est le tout du Ciel et ce par quoi est et existe le Ciel, et qu'ainsi il se prive de la communication, et par conséquent de la conjonction avec le ciel. Profaner la Parole est la même chose que blasphémer l'Esprit Saint, ce qui n'est remis à personne ; c'est pour cela même qu'il est dit dans ce précepte que celui qui profane le Nom de Dieu ne sera point laissé impuni.

    962. Puisque par le Nom de Dieu il est entendu le Divin Vrai ou la Parole, et que par sa profanation il est entendu l'action de nier sa Sainteté, et par conséquent le mépris, le rejet et le blasphème, il en résulte que le Nom de Dieu est intérieurement profané par une vie opposée aux préceptes du Décalogue ; il y a en effet, une profanation intérieure et non extérieure, et il y a une profanation intérieure et en même temps extérieure, et il peut aussi y en avoir une extérieure et non en même temps intérieure ; la profanation intérieure se fait par la vie, et l'extérieure par le langage ; la profanation intérieure, qui se fait par la vie, devient aussi après la mort profanation extérieure ou profanation par le langage, car alors chacun pense et veut, et, autant qu'il lui est permis, parle et agit selon sa vie, et non par conséquent comme dans le Monde ; dans le Monde l'homme a coutume de parler et d'agir autrement qu'il ne pense et qu'il ne veut d'après sa vie, à cause du monde et pour se faire une bonne réputation ; c'est de là qu'il vient d'être dit qu'il y a une profanation intérieure et non en même temps extérieure. Qu'il puisse aussi exister une profanation extérieure et non en même temps intérieure, c'est parce que le style de la Parole, n'étant nullement le style du monde, peut par conséquent être en quelque sorte méprisé par ignorance de sa sainteté intérieure.

    963. Celui qui s'abstient de profaner le Nom de Dieu, c'est-à-dire, la sainteté de la Parole par le mépris, par le rejet, ou par quelque blasphème, celui-là a de la religion, et il en a suivant la manière dont il s'abstient ; car personne n'a de religion, si ce n'est d'après la révélation, et chez nous la révélation est la Parole. C'est de coeur, et non de bouche seulement, qu'il faut s'abstenir de profaner la sainteté de la Parole ; ceux qui s'en abstiennent de coeur vivent d'après la religion, mais ceux qui s'en abstiennent seulement de bouche ne vivent pas d'après la religion ; car ceux-ci s'en abstiennent ou pour eux-mêmes ou pour le monde, parce que la Parole leur sert de moyen pour acquérir de Honneur et du profit, ou ils s'en abstiennent par quelque crainte ; mais plusieurs d'entre eux sont des hypocrites qui n'ont aucune religion.