VI

DE LA CORRESPONDANCE DES SENS EN GENERAL

AVEC LE TRES-GRAND HOMME


4318. Le principal de l'intelligence, pour les Anges, c'est de savoir et de percevoir que toute vie procède du Seigneur; puis aussi que tout le Ciel correspond au Divin Humain du Seigneur, et conséquemment que tous les Anges, tous les Esprits, et tous les Hommes correspondent au ciel ; puis encore de savoir et de percevoir en quelle qualité ils correspondent : ce sont là les principes d'intelligence, dans lesquels les Anges sont plus que les hommes ; par là, ils savent et perçoivent les choses innombrables qui sont dans les cieux, et par suite aussi celles qui sont dans le monde, car celles qui existent dans le monde et dans la nature du monde sont des causes et des effets provenant des choses du ciel comme principes ; en effet, toute la nature est le Théâtre représentatif du Royaume du Seigneur.

4319. Il m'a été montré par de nombreuses expériences que non seulement l'homme, mais l'esprit et même l'ange, ne pense rien, ne prononce rien et ne fait rien d'après lui-même, mais que c'est d'après d'autres, et ces autres d'après d'autres encore, et non d'après eux-mêmes, et ainsi de suite, et qu'en conséquence tous et chacun pensent, parlent et agissent d'après le Premier de la vie, c'est-à-dire d'après le Seigneur, quoiqu'il semble absolument que ce soit d'après eux-mêmes : cela a été très souvent montré aux Esprits qui, dans la vie du corps, ont cru et se sont confirmés que toutes choses étaient en eux, ou qu'ils pensent, parlent et agissent d'après eux-mêmes et d'après leur ame, dans laquelle la vie apparaît insitée : il leur a été aussi montré par de vives expériences - telles qu'il en est donné dans l'autre vie sans qu'il puisse en être donné dans le monde, - que les méchants pensent, veulent et agissent d'après l'enfer, et les bons d'après le ciel, c'est-à-dire d'après le Seigneur opérant par le Ciel ; et néanmoins les maux et aussi les biens semblent provenir d'eux : c'est ce quesavent les Chrétiens par le Doctrinal qui est tiré de la Parole, à savoir que les maux proviennent du diable, et que les biens procèdent du Seigneur, mais il en est peu quile croient ; et parce qu'ils ne le croient point, ils s'approprient les maux qu'ils pensent, veulent et font ; mais les biens ne leur sont point appropriés, car ceux qui croient que les biens proviennent d'eux les revendiquent et se les attribuent, et ainsi placent en eux le mérite ; on sait aussi par le doctrinal dans l'Eglise que personne ne peut faire le bien par soi-même, de telle sorte que tout ce qui provient de l'homme et de son propre est le mal, de quelque manière que cela se présente comme bien ; mais il en est peu aussi qui le croient, quoique ce soit la vérité. Il y avait des méchants qui s'étaient confirmés dans cette opinion qu'ils vivent par eux, et qu'en conséquence tout ce quils pensent, veulent et font provient d'eux ; quand il leur fut montré que la chose se passe absolument selon le doctrinal, ils dirent : maintenant, nous croyons ; mais il leur fut répondu que savoir n'est pas croire, et que croire est interne, et que cet interne ne peut exister que dans l'affection du bien et du vrai, par conséquent non chez d'autres que chez ceux qui sont dans le bien de la charité à l'égard du prochain ; ces mêmes esprits, parce qu'ils étaient méchants, insistaient en disant : maintenant, nous croyons parce que nous avons vu ; mais il fut fait un examen au moyen d'une expérience familière dans l'autre vie, et qui consiste à être inspecté par les Anges ; lorsque ces esprits furent inspectés, la partie supérieure de leur Tête apparut enlevée, et leur Cerveau comme une masse hérissée de cheveux et sombre ; par là, on vit clairement quels étaient intérieurement ceux qui ont seulement la foi scientifique, et non la véritable foi, et que savoir n'est pas croire ; en effet, chez ceux qui savent et croient, la tête apparaît comme humaine, et le cerveau en ordre, blanc comme la neige et lumineux, car la lumière céleste est reçue par eux ; mais chez ceux qui savent seulement et qui d'après cela s'imaginent croire, et cependant ne croient pas parce qu'ils vivent dans le mal, la lumière céleste n'est pas reçue, ni par conséquent l'intelligence et la sagesse qui sont dans cette lumière ; c'est pourquoi, quand ils s'approchent des sociétés angéliques, c'est-à-dire de la lumière céleste, cette lumière est changée chez eux en ténèbres ; de là vient que le Cerveau de ces esprits apparut sombre.

4320. Si la vie qui procède du Seigneur Seul se montre chez chacun comme si elle était en lui-même, cela vient de l'Amour ou de la Miséricorde du Seigneur envers tout le Genre humain, à savoir en ce qu'il veut approprier à chacun ce qui appartient à Lui, et donner à chacun la félicité éternelle ; que l'amour approprie ce qui est à lui à un autre, cela est notoire, car l'amour se fixe dans un autre et s'y rend présent ; que ne doit donc pas faire l'amour Divin ! Si les méchants aussi reçoivent la vie qui procède du Seigneur, c'est qu'il en est d'eux comme des objets du monde qui tous reçoivent la lumière provenant du Soleil, et par suite les couleurs, mais selon les formes ; les objets qui étouffent la lumière et la corrompent, apparaissent d'une couleur noire ou hideuse, mais toujours est-il qu'ils ont leur teinte noire et hideuse d'après la lumière du soleil ; de même, la lumière ou la vie procédant du Seigneur chez les méchants ; mais cette vie n'est pas la vie ; elle est, comme on l'appelle la mort spirituelle.

4321. Quoique ces choses paraissent à l'homme paradoxales et incroyables, toujours est-il cependant qu'on ne doit pas le nier, parce que l'expérience elle-même les enseigne ; si l'on niait toutes les choses dont les causes ne sont pas connues, on nierait d'innombrables choses qui existent dans la nature, et dont à peine quant à la dix-millième partie l'on connaîtt les causes ; en effet, il y a dans la nature tant et de si grands arcanes que ceux que l'homme connaît sont à peine quelque chose par rapport à ceux qu'il ne connaît pas ; que ne doit-il pas en être pour les arcanes qui existent dans la sphère au-dessus de la nature, c'est-à-dire dans le monde spirituel ! Par exemple, ceux-ci : qu'il y a une vie unique, et que tous vivent de cette vie, et chacun autrement qu'un autre ; que les méchants vivent de cette même vie, et aussi les enfers ; et que la vie qui influe agit selon la réception ; que le ciel a été tellement mis en ordre par le Seigneur qu'il présente la ressemblance d'un Homme, d'où il est appelé le Très-Grand Homme, et que de là toutes les choses qui sont chez l'homme correspondent au ciel ; que l'homme, sans l'influx qui en vient dans chacune des choses qui sont chez lui, ne peut pas même subsister un seul moment ; que tous tiennent dans le Très-Grand Homme une situation constante selon la qualité et l'état du vrai et du bien dans lesquels ils sont ; que la situation y est non pas une situation, mais un état, et que par suite apparaissent constamment à gauche ceux qui sont à gauche, à droite ceux qui sont à droite, en avant ceux qui sont en avant, par-derrière ceux qui sont par-derrière, vers le plan de la Tête,
de la Poitrine, du Dos, des Lombes, des Pieds, au-dessus de la tête et au-dessous des plantes des pieds, directement et obliquement, à une moindre ou à une plus grande distance, ceux qui sont dans ces positions, de quelque manière et vers quelque plage qu'un esprit se tourne ; que le Seigneur comme Soleil apparaît constamment à droite, à une hauteur moyenne, un peu au-dessus du plan de l'oeil droit, et que toutes choses se réfèrent au Seigneur comme Soleil, et au Centre qui est là, par conséquent à leur unique, par lequel elles existent et subsistent ; et  comme tous apparaissent devant le Seigneur constamment dans leur situation selon les états du bien et du vrai, c'est pour cela qu'ils apparaissent pareillement à chacun d'eux, et cela parce que la vie du Seigneur, par conséquent le Seigneur, est dans tous ceux qui sont dans le ciel : outre d'autres arcanes innombrables.

4322. Qui est-ce qui ne croit pas aujourd'hui que l'homme existe naturellement d'après la semence et l'œuf et que dès la première création il v a dans la semence une vertu de se produire en de telles formes d'abord au dedans de l'œuf puis dans l'utérus, et après cela de soi-même et qu'il n'y a point de Divin qui outre cela produise ? Si l'on a cette croyance, c'est que personne ne sait qu'il existe un influx procédant du ciel, c'est-à-dire du Seigneur par le ciel, et cela parce qu'on ne veut pas savoir qu'il y a un ciel ; en effet, dans leurs assemblées, les érudits discutent ouvertement entre eux s'il y a un enfer, par conséquent s'il y a un Ciel ; et comme ils doutent de l'existence du Ciel, c'est pour cela aussi qu'ils ne peuvent prendre pour principe qu'il existe un influx du Seigneur par le ciel, lequel influx cependant produit et contient en forme selon les usages toutes les choses qui sont dans les trois règnes de la terre, principalement dans le Règne animal, et spécialement dans l'homme: de là ils ne peuvent pas non plus savoir qu'il y a une correspondance entre le ciel et l'homme ni, à plus forte raison, que cette correspondance est telle que de là chacune des choses qui sont chez l'homme, même les plus, petites,existent, et aussi par suite subsistent, car la subsistance est une perpétuelle existence, conséquemment la conservation dans la connexion et la forme est une perpétuelle création.

4323. Qu'il y ait une correspondance de chaque chose chez l'homme avec le ciel, j'ai commencé à le montrer, et cela d'après une vive expérience provenant du monde des esprits et du ciel, dans le but que l'homme sache d'où il existe et d'où il subsiste, et que de là il y a en lui un continuel influx : dans ce qui suit il va être montré, pareillement d'après l'expérience, que l'homme rejette l'influx procédant du ciel, c'est-à-dire du Seigneur par le ciel, et qu'il reçoit l'influx provenant de l'enfer ; mais que néanmoins, il est continuellement tenu par le Seigneur dans la correspondance avec le ciel afin qu'il puisse, si c'est son choix, être conduit de l'enfer au ciel, et par le ciel au Seigneur.

4323. Il a été question, ci-dessus, de la Correspondance du Cœur et des Poumons et de celle du Cerveau avec le Très-grand Homme ; ici, selon le but proposé, il sera parlé de la Correspondance avec les Sensoria externes, à savoir avec le sensorium de la vue ou l'oeil, avec le sensorium de l'ouïe ou l'oreille, avec les sensoria de l'odorat, du goût et du toucher mais il sera d'abord parlé de la correspondance avec le sens dans le commun.

4325. Le sens dans le commun, ou le commun sens, est distingué en volontaire et en involontaire ; le sens volontaire est propre au Cerveau, et le sens involontaire est propre au Cervelet ; ces deux communs sens ont été conjoints chez l'homme, mais toujours est-il qu'ils sont distincts ; les fibres qui effluent du Cerveau présentent dans le commun le sens volontaire, et les fibres qui effluent du Cervelet présentent dans le commun le sens involontaire ; les fibres de cette double origine se conjoignent dans deux appendices qui sont appelés Moelle allongée et Moelle épinière, et passent par elles dans le corps, et en conforment les membres, les viscères et les organes ; les choses qui enveloppent le corps de tous côtés, comme les Muscles et la peau, et aussi les organes des sens, reçoivent pour la plupart les fibres qui partent du Cerveau ; de là les sens pour l'homme et de là les mouvements selon sa volonté ; mais les choses qui sont au-dedans de cette ceinture ou de cette enveloppe, et sont appelées viscères du corps, reçoivent les fibres qui partent du Cervelet ; de là l'homme n'en a point le sens, et elles ne sont point sous l'arbitre de sa volonté : par là, on peut voir en quelque sorte ce que c'est que le sens dans le commun, ou le commun sens volontaire et le commun sens involontaire. En outre, il faut qu'on sache qu'il doit y avoir un commun pour qu'il y ait quelque particulier ; que le particulier ne peut jamais exister ni subsister sans un commun ; que même il subsiste dans le commun ; et qu'il en est de tout particulier selon la qualité et selon l'état du commun ; il en est de même aussi des sens chez l'homme, et de même aussi des mouvements.

4326. J'entendis un bruit sourd, semblable au roulement du tonnerre, qui venait de très haut au-dessus de l'occiput et se continuait autour de toute cette région ; j'étais dans la surprise, ne sachant qui étaient ces esprits ; il me fut dit que c'étaient ceux qui avaient pour rapport le commun sens involontaire ; et il fut ajouté que ces esprits pouvaient habilement percevoir les pensées de l'homme, mais qu'ils ne veulent ni les exposer ni les proférer, de même que le Cervelet qui perçoit tout ce que fait le Cerveau, mais ne le divulgue pas. Quand leur opération manifeste dans toute la province de l'occiput eut cessé, il me fut montré jusqu'où s'étendait leur opération ; elle se fixait d'abord dans toute la face, ensuite elle se traînait vers la partie gauche de la face, et enfin vers l'oreille gauche ; par là, il était signifié quelle avait été l'opération du commun sens involontaire dès les premiers temps chez les hommes sur cette terre, et comment elle a marché. L'influx provenant du Cervelet s'insinue principalement dans la face, ce qui est évident en ce que dans la face a été inscrit le mental (animus) , et que dans la face apparaissent les affections, et cela le plus souvent sans la volonté de l'homme; par exemple la crainte, le respect, la pudeur, divers genres d'allégresse, et aussi de tristesse, outre plusieurs autres choses, qui par là se font connaître à un autre, de sorte que d'après la face celui-là sait quelles sont les affections  et quels sont les changements du mental (animus) et du mental (mens) ; ces choses procèdent du Cervelet au moyen de ses fibres, quand il n'y a rien de simulé : c'est ainsi qu'il m'a été montré que le commun sens dans les premiers temps, ou chez les Três-Anciens, a occupé toute la face, et que successivement après ces premiers temps, il en a occupé seulement la partie gauche, et qu'ensuite après ces temps-ci il s'est répandu hors de la face, au point qu'aujourd'hui il est à peine resté quelque commun sens involontaire dans la face : la partie droite de la face avec l'oeil droit correspond à l'affection du bien ; mais la partie gauche à l'affection du vrai la région où est l'oreille correspond à l'obéissance seule sans l'affection en effet, chez les Très-Anciens, dont le siècle a été appelé siècle d'or, parce qu'ils ont vécu dans un certain état d'intégrité, et dans l'amour envers le Seigneur et dans l'amour mutuel comme les anges, l'involontaire du Cervelet se manifestait tout entier dans la face, et alors ils ne savaient montrer par le visage nulle autre chose que selon qu'influait le ciel dans les efforts involontaires, et par suite dans la volonté : mais chez les Anciens, dont le siècle a été appelé siècle d'argent, parce qu'ils étaient dans un état de vérité, et par là dans la Charité à l'égard du prochain, l'involontaire qui appartient au Cervelet se manifestait non dans la partie droite de la face, mais seulement dans la partie gauche ; chez leurs descendants, dont le temps a été appelé siècle de fer, parce qu'ils vivaient non dans l'affection du vrai, mais dans l'obéissance du vrai l'involontaire ne se manifesta plus dans la face, mais il se retira dans là' région qui est autour de l'oreille gauche : j'ai été instruit que les fibres du Cervelet ont ainsi changé leur efflux dans la face, et qu'à la place de fibres, il y a été transporté des fibres partant du Cerveau, lesquelles commandent alors à celles qui partent du Cervelet ; et cela, par l'effort de former la physionomie de la face selon le gré de la volonté propre qui provient du Cerveau : il ne semble pas à l'homme que cela soit ainsi, mais c'est ce que voient clairement les Anges par l'influx du ciel et par la correspondance.

4327. Tel est aujourd'hui le commun sens involontaire chez ceux qui sont dans le bien et le vrai de la foi ; mais chez ceux qui sont dans le mal et par suite dans le faux, il n'y a plus aucun commun sens involontaire qui se manifeste, ni dans la face, ni dans le langage, ni dans le geste, mais il y a un volontaire qui simule l'involontaire, ou un naturel,, comme on l'appelle, qu'ils ont rendu tel par le fréquent usage ou l'habitude dès l'enfance : quel est ce sens chez eux, c'est ce qui m'a été montré par un influx, qui était tacite et froid, dans toute la face, tant dans la partie droite que dans la partie gauche, et de là se fixant vers les yeux, et de l'oeil gauche s'étendant dans la face, ce qui signifiait que les fibres du Cerveau s'y étaient mêlées, et qu'elles commandent aux fibres du Cervelet, et que par suite à l'intérieur règnent l'imposture, la feinte, le mensonge et la fourberie, et qu'à l'extérieur se montrent la sincérité et la bonté : la fixation vers l'oeil gauche, et par suite aussi dans la face, signifiait qu'ils ont pour fin le mal et qu'ils se servent de la partie intellectuelle pour parvenir à leur fin, car l'oeil gauche signifie l'intellectuel. Ceux-là aujourd'hui sont ceux qui, quant à la plus grande partie, constituent le commun sens involontaire ; cependant, ils étaient anciennement les plus célestes de tous, mais aujourd'hui ils sont les plus scélérats de tous, et principalement ceux du monde Chrétien : ils sont en grand nombre, et ils apparaissent sous l'occiput et vers le dos, où ils ont très souvent été vus et perçus par moi ; car ceux qui ont aujoud'hui pour rapport ce sens, sont ceux qui pensent avec fourberie, qui méditent des méchancetés contre le prochain, et qui montrent un visage amical, même très amical, et aussi des gestes semblables, qui parlent avec douceur comme s'ils étaient, plus que les autres, doués de Charité, et qui sont cependant les ennemis les plus acharnés, non seulement de celui avec qui ils ont commerce, mais même du genre humain : leurs pensées m'ont été communiquées ; elles étaient affreuses et abominables, pleines de cruautés et de barbarie.

4328. Il m'a aussi été montré ce qui en est du volontaire et de l'intellectuel dans le commun. Les Très-Anciens qui ont constitué l'Eglise Céleste du Seigneur, et dont il a été parlé n° 1114 à 112 3, ont eu un volontaire dans lequel il y avait le bien, et un intellectuel dans lequel il y avait le vrai provenant du bien, et chez eux les deux faisaient un ; mais les Anciens, qui ont formé l'Eglise spirituelle du Seigneur, ont eu le volontaire entièrement détruit, mais un intellectuel entier, dans lequel le Seigneur par la régénération formait un nouveau volontaire, et aussi par ce volontaire un nouvel intellectuel, voir n° 863, 875, 895, 927, 928, 1023, 1043, 1044, 1555, 2256. Comment avait été le bien de l'Eglise céleste, cela m'a été montré par une colonne descendant du ciel, laquelle était de couleur d'azur ; à son côté gauche, il y avait un brillant comme le brillant enflammé du soleil ; par là était représenté leur premier état, par la couleur d'azur leur bien volontaire, et par le brillant enflammé leur intellectuel : et ensuite l'azur de la colonne passait dans un enflammé obscur, ce qui représentait leur second état, et que les deux vies, à savoir la vie de la volonté et la vie de l'entendement, faisaient néanmoins un, mais plus obscurément quant au bien provenant de la volonté ; car l'azur signifie le bien, et le brillant enflammé le vrai d'après le bien : peu après, cette colonne devint entièrement noire, et autour de la colonne il y avait un brillant qui était bigarré par une sorte de blancheur éclatante, et présentait des couleurs par lesquelles était signifié l'Etat de l'Eglise spirituelle ; la colonne noire signifiait le volontaire qui avait été entièrement détruit, et qui n'était que mal ; le brillant bigarré par une sorte de blancheur éclatante signifiait l'intellectuel, dans lequel un nouveau volontaire avait été introduit par le Seigneur en effet, dans le ciel l'intellectuel est représenté par le brillant.

4329. Il vint des Esprits à une certaine hauteur au bruit qu'ils faisaient entendre, il me sembla qu'ils étaient en grand nombre ; et, d'après les idées de leur pensée et de leur langage, qui étaient dérivées vers moi, je découvris qu'ils étaient comme n'ayant aucun idée distincte, mais comme dans l'idée commune de plusieurs choses ; par suite, je présumais qu'ils ne pouvaient percevoir rien de distinct, mais seulement quelque commun indistinct, par conséquent obscur, car j'étais dans l'opinion que le commun n'était pas autre chose ; que leur pensée fût commune, c'est-à-dire de plusieurs choses en même temps, c'est ce que j'ai pu clairement apercevoir par les choses qui influaient de là dans ma Pensée : mais il leur était donné un esprit intermédiaire, par lequel ils parlaient avec moi, car un tel commun rie pouvait tomber dans le langage que par d'autres ; et lorsque je parlais avec eux par cet intermédiaire, je disais, selon mon opinion, que les communs ne peuvent présenter sur un sujet quelconque une idée distincte, mais qu'ils en présentent une tellement obscure, qu'elle est pour ainsi dire nulle ; or, un quart d'heure après, ils me montrèrent qu'ils avaient une idée distincte des communs et, de plusieurs choses dans les communs, surtout en ce qu'ils observaient exactement et distinctement toutes les variations et tous les changements de mes pensées et de mes affections avec les singuliers-là, de sorte que d'autres esprits n'auraient pas pu faire mieux ; de là je pus conclure qu'autre chose est la commune idée, qui est obscure, dans laquelle sont ceux qui ont peu de connaissance et sont par suite dans l'obscur sur toutes choses, et autre chose la commune idée, qui est claire, danslaquelle sont ceux qui ont été instruits dans les vrais et dans les biens, insinués en leur ordre et en leur série dans le commun, et disposés de telle sorte que d'après le commun, ils peuvent les voir distinctement ceux-ci sont ceux qui constituent dans l'autre vie le commun Sens volontaire, et ce sont ceux qui par les connaissances du bien et du vrai se sont acquis la faculté intuitive des choses d'après le commun, et qui de contemplent les choses en même temps d'une manière ample, et décident aussitôt si telle chose est ou n'est point ; à la vérité, ils voient les choses comme dans l'obscur, parce qu'ils voient d'après le commun, celles qui sont dans le commun, mais comme elles ont été distinctement disposées dans le commun, c'est pour cela que ces choses sont néanmoins pour eux dans la clarté: ce commun sens volontaire ne tombe que dans les sages : je découvris aussi que ces esprits étaient des sages, car ils considéraient intuitivement chez moi toutes et chacune des choses qui appartenaient à la conclusion, d'après lesquelles ilsconcluaient si habilement sur les intérieurs de mes pensées et de mes affections, que je commençais à craindre de penser davantage quelque chose, car ils découvraient des choses que je ne savais pas être chez moi et cependant d'après les conclusions qu'ils tiraient, il m'était impossible de ne pas les reconnaître ; de là je percevais chez moi de la torpeur à parler avec eux ; cette torpeur, ayant été remarquée, apparut quelque chose de poilu, et comme prononçant là des mots d'une manière muette ; il fut dit que par là était signifié le commun sensitif corporel qui leur correspond. Le jour suivant, je parlai une seconde fois avec eux, et j'eus de nouveau par expérience la certitude qu'ils avaient une perception commune non obscure mais claire, et que selon que variaient les communs et les états des communs, de même variaient les particuliers et les états des particuliers, car ceux-ci se réfèrent en ordre et en série à ceux-là. Il fut dit qu'il existe des communs Sens volontaires encore plus parfaits dans la sphère intérieure du ciel et que, lorsque les anges sont dans une idée commune ou universelle, ils sont en même temps dans les idées singulières qui sont distinctement mises en ordre par le Seigneur dans l'idée universelle ; puis aussi, que le Commun et l'Universel ne sont quelque chose qu'autant qu'il y a en eux des particuliers et des singuliers, par lesquels ils existent et d'où ils tirent leur nom, et qu'ils existent en proportion des particuliers et des singuliers qui sont en eux ; et que par là il est évident que la Providence universelle du Seigneur, sans les très singuliers qui sont en elle et dont elle est composée, n'est absolument rien, et qu'il y a de la stupidité à décider qu'il existe un universel chez le Divin, et d'en supprimer les singuliers.

4330. Puisque les Trois Cieux constituent ensemble le Très-Grand homme et qu'à cet Homme correspondent tous les Membres, tous les Viscères et tous les Organes du corps, selon leurs fonctions et leurs usages, comme il a été dit ci-dessus, à lui correspondent, non seulement les choses qui sont Externes et qui se montrent à la vue, mais aussi celles qui sont Internes et qui ne se montrent point à la vue, par conséquent celles qui appartiennent à l'homme Externe et celles qui appartiennent à l'homme Interne : les Sociétés d'esprits et d'anges, auxquelles correspondent les choses qui appartiennent à l'homme Externe, proviennent de cette Terre quant à la plus grande partie : mais les sociétés auxquelles correspondent les choses qui appartiennent à l'homme Interne proviennent d'autre part quant à la plus grande partie ; ces sociétés dans les cieux font un, comme chez l'homme régénéré l'homme Externe et l'homme Interne : toutefois, de ceux qui viennent de cette Terre dans l'autre vie, il en est peu, aujourd'hui, chez qui l'homme Externe fasse un avec l'homme Interne, car la plupart sont Sensuels, au point qu'a y en a un très petit nombre qui croient autre chose, sinon que l'Externe de l'homme est tout ce qui constitue l'homme et que, quand cet Externe se retire, comme il arrive lorsque l'homme meurt, à peine reste-t-il quelque chose qui vive ; encore moins croient-ils que c'est l'interne qui vit dans l'externe, et que, quand l'externe se retire, l'interne vit principalement. Il a été montré par une vive expérience comment ceux-ci sont contre l'homme Interne : il y avait un grand nombre d'Esprits de cette Terre, qui avaient été tels, lorsqu'ils vivaient dans le monde ; il vint en leur présence des Esprits qui avaient pour rapport l'homme Interne- Sensuel, et alors ceux-là se mirent aussitôt à infester ceux-ci, à peu près comme les irrationnels infestent ceux qui sont rationnels, en parlant et en raisonnant continuellement d'après les erreurs des sens, d'après les illusions qui en proviennent, et d'après de pures hypothèses, ne croyant rien que ce qui peut être confirmé par les sensuels externes ; et, de plus, ils se moquaient de l'homme Interne ; mais ceux qui avaient pour rapport l'homme Interne Sensuel ne s'en inquiétaient nullement ; ils étaient surpris, non seulement de leur folie, mais encore de leur stupidité ; et, ce qui est étonnant, c'est que, quand les Sensuels externes s'approchaient des Sensuels internes et venaient presque dans la sphère de leurs pensées, les Sensuels externes commençaient à respirer difficilement - car les Esprits et les Anges respirent comme les hommes, mais la respiration en eux est interne respectivement, n° 3884, 3885, et suiv., 3893 - et par conséquent à être presque suffoqués, aussi se retiraient-ils, et plus ils s'éloignaient des Sensuels Internes, plus il y avait chez eux de tranquillité et de repos, parce qu'ils respiraient plus facilement ; et, de nouveau, plus ils se rapprochaient, plus ils étaient dans le trouble et dans l'agitation ; cela venait de ce que, quand les Sensuels Externes sont dans leurs illusions, leus fantaisies et leurs hypothèses, et par suite dans leurs faux, ils sont dans un état de tranquillité ; et que, vice versa,quand ces faux leur sont enlevés, ce qui arrive quand l'homme Interne influe avec la lumière du vrai, ils sont dans un état de trouble ; en effet, dans l'autre vie, il existe des sphères de pensées et d'affections, et elles sont mutuellement communiquées selon la présence et l'approche, n° 1048, 1053, 1316, 1504 à 1512, 1695 2489 : ce conflit dura pendant quelques heures ; et c'est ainsi qu'il fut montré comment les hommes de cette Terre sont aujourd'hui contre l'homme Interne, et que le Sensuel externe fait presque tout chez eux.