LA CHARITÉ - AMOUR DU PROCHAIN
L'amour de Dieu est amour du prochain.
L'amour de Dieu est en nous ; c'est pourquoi il faut aimer son prochain et on aimera Dieu du fond du coeur. (25-9-1903)
Ne dites pas que vous aimez Dieu, ce n'est pas vrai. Dieu est devant vous, parmi vous, et vous ne le voyez pas ; il est même dans votre coeur, puisqu'il y a en vous une étincelle divine. Comment voulez-vous aimer Dieu que vous ne voyez pas puisque votre prochain que vous connaissez, vous ne l'aimez pas? Ne dites pas : " O mon Dieu, je vous aime par-dessus toutes choses et mon prochain comme moi-même pour l'amour de vous ". Ce n'est pas vrai.Quand vous aimerez votre prochain, vous aimerez Dieu. (1-5-1901)
Nul n'aime Dieu s'il n'aime son prochain. Si quelqu'un vient vous demander une paire de souliers, quelque apparence qu'il ait, donnez-la-lui, donnez-lui aussi un chapeau, une veste et un pantalon, car c'est peut-être Dieu Lui-même. (23-4-1902)
Je vous ai dit souvent qu'une seule chose suffit pour être écouté de Dieu : la charité. (10-9-1893)
L'amour du prochain.
Quel que soit le chemin que vous prenez, vous ne sortirez jamais de ce cercle de fer : Aime ton prochain comme toi-même. (28-12-1894)
Aimer ton prochain, cela t'est impossible? Alors fais comme si tu l'aimais.
Il est difficile d'aimer son prochain comme soi-même, et pourtant c'est facile : aimez-vous moins vous-mêmes. (18-6-1894)
Faites ce que tout au long vous recommande l'Evangile : pratiquez la charité. Elle ne consiste pas seulement à donner votre bien. Empêcher que les péchés d'une personne soient dévoilés, c'est la charité ; supporter ceux qui ne sont pas de votre goût, c'est encore la charité; rendre un service quelconque, aller au-devant d'un désir, c'est être charitable. (14-3-1895)
Ne tournez jamais votre frère en ridicule si vous voulez que le Ciel vous accorde ses faveurs. (24-2-1902)
Pour ne pas se tromper, il faut aimer son prochain comme soi-même. Il faut l'aimer avec un complet désintéressement. (11-3-1902)
L'amour du prochain consiste, pour être complet, à aimer tout le monde, les siens comme les étrangers, sans distinction. Nous ne savons pas si cette famille, que nous croyons étrangère, n'est pas la nôtre. (30-4-1895)
Vous devez être une Providence pour tous ceux qui viennent à vous. (31-3-1903)
Croyez bien que, lorsque vous faites du bien à quelqu'un ou lui rendez un service, c'est peut-être bien à cette personne que vous le rendez, mais c'est à vous surtout, car il vous sera rendu au centuple ce que vous aurez fait. (9-12-1895)
La force qui vient de Dieu est donnée à ceux qui pratiquent la charité. (13-2-1902)
La solidarité humaine.
Nous ne sommes pas sur la terre pour être heureux ; si nous avons du bonheur, c'est pour en faire profiter les autres. (3-2-1895)
On éprouve de la joie lorsqu'on aide les autres à porter un fardeau. (26-2-1902)
Savez-vous pourquoi certains se dévouent? C'est parce que d'autres se sont déjà dévoués pour eux.
Nous ne pouvons être heureux tant qu'un de nos frères est malheureux.
On ne doit pas entrer au Ciel les uns sans les autres. Vous pouvez être sûrs d'une chose, c'est que vous ne pourrez entrer au Ciel tant que tous les retardataires n'auront pas été amenés à la lumière, tant qu'un de nous souffre encore dans les ténèbres. (14-11-1900)
Nul ne peut entrer au Ciel s'il n'aime son ennemi comme lui-même. Et si cet ennemi n'entre pas dans le Ciel, vous n'y entrerez pas non plus. (20-9-1894)
La sympathie fraternelle. Les causes de l'antipathie.
Il faut fréquenter les êtres les plus repoussants et ne mépriser personne. Ce serait offenser Dieu, puisque son souffle est en tout être. (25-3-1895)
J'aime autant un voleur qu'un honnête homme, car personne parmi vous ne peut crier : Au voleur !
Il n'en est pas un qui n'ait pas fait plus ou moins tort à un autre, ni absolument personne qui n'ait vraiment jamais rien fait à autrui. (28-5-1902)
C'est l'orgueil qui produit l'antipathie. Deux personnes ne sont pas antipathiques au même degré, c'est l'inférieur qui a de l'antipathie pour le supérieur. Si ces personnes avaient le même degré d'avancement moral, il n'y aurait aucune antipathie entre elles, mais au contraire sympathie. Souvent c'est la matière et non l'esprit qui est antipathique, il faut donc que le supérieur soit charitable pour l'inférieur. (18-6-1895)
Il faut vaincre l'antipathie et lutter contre le sentiment qui vous éloigne de quelqu'un.
Ne fuyez pas la mauvaise société. Aidez-lui à devenir bonne. (3-3-1902)
Il ne faut pas craindre de fréquenter quelqu'un de plus méchant que soi. On se sert souvent de ce proverbe : Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es. Ce proverbe n'est pas très juste, car ne devient mauvais que celui qui a dans son coeur le germe du mal ; en étant en contact avec des méchants, ce mal se développe. Mais si la personne n'avait pas le mal dans son coeur, elle ne ferait jamais le mal.Il vaut mieux tendre la main à la personne qui est tombée dans un bourbier et l'aider à sortir de là que de lui donner un coup de pied afin de l'enfoncer davantage. (16-11-1893)
La compassion - La pitié.
Si, au moment de commettre un crime, l'assassin a un moment de compassion qui l'arrête, son crime lui est pardonné, et la victime n'a plus besoin d'être assassinée.
Si un enfant de six ans, né avec le germe du crime dans le coeur, faisait une bonne action sans le savoir, qui serait par exemple de sauver un chien, ce fait seul l'empêcherait de commettre un crime. Lorsqu'il serait sur le point de commettre son crime ou de frapper sa victime, des chiens appartenant à la race de celui qu'il a sauvé se jetteraient sur lui sans qu'il les voie. A ce moment il serait pris d'une sorte de terreur et renoncerait à son crime. L'existence suivante il aura moins envie de tuer ; s'il étouffe ce penchant encore cette fois, dans une autre vie il sera moins fort et enfin la troisième fois le penchant ne reviendra plus. On voit par là que la moindre bonne action est récompensée au centuple.
La bonté secourable.
Il est du devoir du riche de donner beaucoup aux pauvres et de celui qui n'a rien de ne pas envier le riche, car l'un et l'autre manqueraient à la charité, et personne n'entrera dans le royaume de Dieu s'il n'a la charité. La foi n'est rien, l'espérance n'est rien sans la charité. (7-5-1893)
On dit souvent : " Oh ! telle personne est bonne, elle a donné telle somme en mourant, etc. ". Eh ! oui, elle l'a laissée parce qu'elle n'a rien pu emporter; c'est de son vivant qu'elle aurait bien fait de la donner. (7-5-1893)
Si nous avons quelque bien-être, c'est par surcroît.
Dieu a dit : " La fortune que je te donne, tu la partageras avec la pauvreté ".
Il ne faut pas s'inquiéter du repas suivant, mais plutôt si le voisin a à manger. (12-3-1902)
L'économie bienfaisante.
Dieu a mis tout ce dont nous avons besoin à côté de nous pour la vie matérielle ; mais ne gaspillons rien. Dans les grandes maisons, quand les domestiques gaspillent la marchandise sous prétexte que les maîtres sont assez riches, ils ont tort, car un jour ils auront faim eux-mêmes, mais ils n'auront rien à manger. Les maîtres sont aussi punis pour ne pas avoir fait attention à ce qui se faisait chez eux et pour n'avoir pas employé le surplus de ce qu'il leur fallait en charités. Il faut être à la fois économe et généreux. (28-5-1902)
Nous ne devons rien jeter" ni laisser gâter. Si nous laissons gâter des fruits, nous en sommes responsables. Nous ne devons prendre que ce que nous pouvons manger ou alors nous devons le laisser sui" l'arbre afin qu'il puisse servir de pâture aux oiseaux, car nous sommes responsables de tout ce que nous faisons. (15-6-1895)
Si Dieu a mis dans votre jardin de la nourriture pour les oiseaux et que vous tuez ces oiseaux, quelqu'un viendra qui vous dépouillera.
On est coupable de jeter les miettes de pain de sa table, de repousser dans la boue un morceau de pain trouvé sur le trottoir. Il faut les placer de façon qu'un oiseau ou un chien affamé les trouve propres et rangés. Mais l'orgueil nous retient et nous empêche d'agir ainsi.
Vous ne devez jamais repousser un morceau de pain du pied. Si vous en voyez dans les balayures, il est de votre devoir de le ramasser, de le mettre sur le pas de la porte d'allée voisine sous peine d'être obligé un jour, pour vous nourrir, d'aller en chercher dans les balayures. Et, si quelqu'un qui ne sait rien vous voyant ramasser ce morceau de pain rit, une autre personne plus avancée pensera que c'est pour vos animaux, une autre encore plus avancée dira : " Ah ! voilà une personne qui connaît le poids et la valeur de ce qu'elle fait ". (23-12-1896)
La prodigalité éclairée.
- Comment reconnaître la lumière dans le coeur?- Quand il y a indulgence ; quand tu donneras, dans un élan du coeur, à ceux qui te demandent, sans t'inquiéter de ce qu'ils sont.
Un père a trois enfants. L'un est adroit, intelligent, il fait brillamment ses affaires, tout le monde l'estime et l'envie. Le second travaille aussi, mais par instants il boit et dépense un peu d'argent ; son frère, ses parents et ses amis le remarquent et médisent de lui à ce sujet. Le troisième enfin est prodigue, tout
ce qu'il gagne, il le donne, le dépense. Si quelqu'un a besoin de quelque chose, certes il ne s'adressera pas au premier ; celui-ci refuserait dans l'intérêt de ses enfants, dans le sien et dirait au demandeur :
" Faites comme moi, travaillez ! " Peut-être obtiendra-t-il quelque chose du second, mais ce n'est pas sûr, car s'il a un bon mouvement, la pensée de sa famille, des siens, le retiendra. Mais le troisième donnera tout ce qu'on lui demandera et de bon
coeur. Lequel est le plus riche? Je vous certifie que c'est le prodigue, car il a brisé le veau d'or pour en semer les parcelles dans un terrain qui est à lui, où il germera et fructifiera. Mais, entendons-nous bien, e prodigue peut l'être par sottise ou par faiblesse ; ce n'est pas de celui-là que je parle.
Je parle du prodigue qui a la connaissance, qui sait ce qu'il fait, ce qu'il donne et pourquoi il le donne.
Enfin il y a encore une objection à réfuter. L'homme qui demande peut ne pas être méritant, mais cela ne nous regarde pas ; nous donnons pour nous et pas pour lui ; pourquoi jugerions-nous et de quel droit?
L'aumône spontanée.
Oh ! je sais, on fait tout ce qu'on peut au moment nécessaire et on s'aperçoit tout à coup qu'on aurait pu faire davantage, car la charité consiste à se dépouiller. Après avoir fait acte de charité, si l'instant d'après il se présente un individu qui ne fasse pas bon usage de ce qu'on lui donne, on ferme sa porte et on lui refuse en disant : " Oh ! ce n'est pas la peine pour ce qu'il en fait ". On commet là deux actes répréhensibles : un contre la charité, un autre contre les commandements de Dieu qui défend de juger son prochain. (10-6-1897)
Si quelqu'un vient nous demander et que nous sachions que cette personne n'a pas besoin, nous devons lui donner puisqu'elle nous demande ; nous devons donner sans regarder, sans nous inquiéter si elle a besoin ; elle nous demande, cela doit nous suffire. Si elle ne fait pas un bon usage de ce que nous lui donnons, elle s'empare du bien d'autrui, car elle prend le pain d'un malheureux, c'est-à-dire de quelqu'un qui serait dans le besoin et, plus tard, elle passera par le même chemin. (20-3-1895)
Le mendiant qui emploie mal l'aumône est responsable du tort qu'il a ait au vrai pauvre, et d'autre chose encore, qu'il ne peut payer. Mais le donateur est dégagé. (21-4-1903)
La bienfaisance cachée.
Lorsque vous faites l'aumône, faites-la dans l'ombre et sans en attendre une récompense du Ciel, car si vous avez cette pensée, vous vous payez vous-mêmes. Mais faites l'aumône avec bonté, comme une chose due à un frère. (29-3-1903)
La main droite doit ignorer ce que la main gauche donne, c'est-à-dire que, si l'on fait du bien, il est inutile de le crier sui les toits. (10-5-1893)
Faites le bien, mais de façon que tout le monde ne le sache pas. Si un laboureur sème des graines, il doit les recouvrir de terre pour les faire germer. (27-4-1 893)
Le bien doit être fait dans l'ombre. Si nous travaillons pour que notre frère le sache, le voie, nous sommes assez récompensés comme cela. (28-3-1895)
- Que veulent dire ces paroles : Amassez des trésors avec des richesses injustes?
- Lorsque quelqu'un nous fait une sottise et que nous connaissons cette personne, nous pourrions la surprendre lorsqu'elle nous fait du tort. Mais si nous la laissons faire sans rien dire à personne, en gardant cela pour nous, c'est un trésor acquis avec des richesses injustes. Il faut faire le bien dans l'ombre pour qu'il nous soit compté. (13-4-1898)
Le bien fait d'une façon cachée et mis dans l'ombre devient héréditaire. (20-2-1895)
Le bon exemple.
On ne fait pas d'effet en parlant ; il vaut mieux donner le bon exemple.
Nous répondrons à la violence par la douceur et, chaque fois que nous le pourrons, nous tâcherons, par nos conseils et surtout par nos exemples, de ramener ceux qui sont excités. (9-7-1894)
Si votre voisin est violent et vous fait du mal, faites-lui voir que vous ne vous vengerez pas, que vous lui pardonnerez, et par là vous le désarmerez ; faites ce que vous pourrez pour le ramener au bien. (9-6-1895)
Supposons que nous donnons un dîner. Il y a beaucoup d'invités ; dans le nombre deux ne viennent pas, ils ont fait prévenir un moment avant de se mettre à table de ne pas les attendre. Leurs couverts sont mis. A ce moment deux malheureux se présentent et demandent à manger. Il faudrait, pour être dans le bon chemin, inviter ces deux personnes à dîner, leur donner les deux places laissées libres par les absents et dire : " C'est Dieu qui vous envoie ; soyez les bienvenus ". Il est possible que cela fâche quelques personnes parmi les invités, mais pourvu qu'on fasse plaisir à Dieu, c'est tout. On peut faire le bien par l'exemple. Pourvu qu'une ou deux personnes des invités puissent mettre à profit ce qui leur a été montré, c'est suffisant ; les autres auront le temps de le faire ensuite, car ce qui leur a été montré ne peut pas se perdre. Il y a toujours quelqu'un qui profite des bons exemples. (9-3-1896)
Dis-moi ce qu'il y a dans le fond du coeur et je le dirai si l'homme doit passer par ce chemin ou non.
Par exemple : un homme trouve l'ivrognerie sur son chemin et ne veut pas boire soit par crainte de ce que le monde en dira, soit de peur de nuire à sa santé, soit enfin pour ne pas donner le mauvais exemple. Eh bien 1dans le dernier cas, il n'aura plus à passer par ce chemin.
La mansuétude.
Rendons toujours le bien pour le mal ; n'en voulons pas à ceux qui nous en font, car ils sont bien malheureux, ils ne savent pas ce qu'ils font et nous ne savons pas ce que nous avons été. (5-11-1889)
Si quelqu'un de nos ennemis a besoin d'un service, il faut le lui rendre de préférence à tout autre, car, si l'on fait du bien à un ami, il est probable que cet ami nous en sera reconnaissant, tandis que si c'est quelqu'un qui nous a fait du mal, il sera étonné de ce que nous lui fassions du bien, car lui nous ayant fait du mal, il ne compte pas sur nous ; c'est par conséquent le seul moyen de le ramener au bien.
Si on est attaqué dans la rue, se protéger, parer les coups, jamais on ne doit frapper ou tuer. Celui-là n'est jamais attaqué qui ne l'a pas mérité lui-même.
Si votre voisin empiète sur votre limite, ne l'assignez pas devant les tribunaux. Le Ciel saura bien vous dédommager et faire porter à vos terres la différence de récolte perdue.
Celui qui intente un procès contre l'un de ses frères et le gagne porte dès ce moment la marque de la Bête, car il a donné à manger à la Bête, il l'a nourrie. Il en est de même pour tous ceux qui ont témoigné pour lui. Et si cet homme va ensuite se promener devant la demeure de celui qui a perdu le procès et dit : " J'ai gagné ", en s'en vantant, ah ! je vous le promets, il n'ira dans le Ciel que quand il aura passé par là. (5-12-1894)
Si quelqu'un vous dérobe quelque chose, donnez-lui beaucoup plus qu'il ne vous a pris. Si quelqu'un vous fait du tort, pardonnez-lui et je vous proteste que Dieu vous rendra par la porte ce qui sera sorti par la fenêtre. (8-11-1894)
Un voleur s'introduit chez vous et vous le surprenez en train de vous enlever quelque objet. Au lieu de le dénoncer à la police, vous lui dites :
" Mon ami, cet objet est à vous, emportez-le donc ", cet homme sera frappé par votre attitude et il se convertira peut-être. N'y aurait-il qu'une chance sur cent qu'il se convertisse ou qu'un voleur sur cent soit amélioré que cela justifierait une telle attitude.
Il ne faut pas tuer ni punir les maraudeurs. On n'a pas le droit de tuer un lièvre qui mange nos choux, un oiseau qui mange notre blé, un voleur qui prend nos raisins. Dieu a peut-être voulu que ces raisins servent à cet homme et que ce blé soit pour ces oiseaux. On peut les tuer, mais un jour viendra où l'on n'aura plus de choux, plus de blé.
Si un employé vole et que son contremaître ou son gérant s'aperçoive du vol commis au préjudice de la maison, il doit faire appeler son employé et, lorsqu'il est seul avec lui, il lui fait remarquer qu'il a pris quelque chose, puis il met dans la caisse la valeur représentant le vol. Si l'employé continue, il le fait appeler chaque fois et il met la somme jusqu'à ce que l'employé soit corrigé. (14-11-1900)
Le pardon des offenses.
Aucun ne pourra entrer dans le Ciel qu'il n'ait reçu le pardon de celui qu'il aura offensé et, je l'atteste devant Dieu, nul ne pourra rencontrer sur sa route un de ceux qui ont le pouvoir de délier ce qui a été lié s'il n'a répandu beaucoup de larmes, s'il n'a eu le repentir. Pour arriver de l'autre côté il faut, si je puis me servir de cette expression, un tamis. De même pour venir de ce côté. Mais, en quittant l'autre côté, on ne peut pas toujours apporter dans celui-ci tout ce qu'on voudrait. Mais je vous jure que, pour aller de ce monde dans l'autre, il faut laisser toutes choses et le bien seul qu'on aura lait sera emporté. (30-11-1893)
Je vous affirme que l'absolution n'est valable que si celui que vous avez offensé a pardonné ; si un homme, seul avec un enfant, disait à cet enfant :
" Tu es un menteur ", ce serait une insulte si c'était vrai ; mais, si ce n'était pas vrai, il faudrait qu'il reçoive le pardon de cet enfant pour entrer dans le Ciel, ainsi que le pardon des témoins. Mais il n'y en avait pas, direz-vous. Détrompez-vous ; il y avait là, présents, peut-être plus de deux cents personnes invisibles devant lesquelles le pardon doit être prononcé. Nous ne sommes jamais seuls. (12-9-1893)
Vous avez deux personnes bien unies par l'amitié, une troisième vient les désunir brusquement. C'est ainsi qu'agit un couteau, une faux, sur la chair.
Pourquoi la plaie ne se réunit-elle pas sur-le-champ?
C'est que les molécules ont encore devant les yeux cet être hideux, cet individu qui est venu les arracher l'une à l'autre. Repassez le couteau dans la plaie, les molécules verront en lui cette fois un combattant, un aide qui vient chasser ce qui les faisait souffrir ; l'image première qui, sans cela, aurait duré jusqu'à la mort des cellules, s'efface, les chairs reprennent, la plaie guérit. Il en est de même dans la vie.
Il n'est de meilleur exemple que celui que Notre-Seigneur Jésus-Christ nous a donné en pardonnant à ses bourreaux, Lui qui ne faisait que le bien et à qui on a fait subir toutes les ignominies possibles.
Dieu ne nous demande qu'une chose : aimer notre prochain, n'avoir aucune idée de rancune ou de vengeance. Pourquoi déterrer les morts et revenir sur les peines passées? Il faut aller de l'avant, sans regarder en arrière. (12-9-1893)
Pour aimer son prochain comme soi-même il faut d'abord ne pas médire, quel que soit le tort ou le mal qu'on ait pu nous faire, ensuite il faut oublier l'offense, c'est-à-dire jeter un voile sur le passé.
Supposons que le mal soit une blessure qui vous ait été faite ; si nous voulons qu'elle guérisse vite il faut la soigner; or le traitement consiste à ne pas y penser et l'oubli fait que la blessure guérit seule. (12-9-1894)
L'oubli est une sorte de pardon. Pardonner à celui qui nous nuit c'est semer en lui le germe qui un jour produira le remords et le retour au bien.
Dans la vie on progresse sans cesse, et au fur et à mesure de ces progrès on change de guide ; d'où la nécessité de faire la paix immédiatement avec ses ennemis, car en offensant son ennemi on offense son guide, et la paix ne peut être faite qu'entre les quatre. Sinon il faudrait attendre que, dans la série des réincarnations, la même période se reproduise pour que le pardon soit accordé. Il faut même que l'offensé prie pour l'offenseur.
Si nous avons offensé une personne, nous devons prendre avec nous un témoin et aller demander notre pardon. Si l'on refuse de nous pardonner, nous en prenons deux, puis trois. Alors nous sommes dégagés et il faut que celui qui a refusé cherche pendant des siècles la personne qui était venue le supplier. Souvent elles se trouvent réincarnées l'une près de l'autre et ne se reconnaissent pas.Le pardon du Ciel ne suffit pas ; il faut aussi payer sa dette. L'absolution n'est qu'une satisfaction, nous ne serons pardonnés qu'après avoir payé. (29-1-1902)
C'est de ce côté qu'il faut payer, car ce qui est lié dans le Ciel sera délié dans le Ciel, et ce qui est lié sur la terre sera délié sur la terre. Ainsi vous avez un procès avec quelqu'un. C'est votre voisin qui le perd et c'est vous qui le gagnez. Croyez-vous, si vous venez à mourir, que la querelle sera vidée?
Non. Il faudra que vous reveniez jusqu'à ce que vous ayez fait la paix avec votre frère, et cela devant autant de témoins qu'il y en aura eu au moment de la querelle. C'est pourquoi je vous dis : " Faites la paix en ce monde, car il est très difficile de la faire dans l'autre, à moins que vous ne trouviez sur votre chemin un de ceux qui ont le pouvoir de lier et de délier ". Mais, si vous avez des griefs contre quelqu'un, même si vous avez raison, vous devez faciliter par tous les moyens cette personne à venir vous demander pardon, non pas pour vous, mais pour lui éviter des peines. Allez lui tendre la main, ce sera un devoir de charité.
La personne qui vous a offensé, lors même que vous lui pardonnez le mal qu'elle vous a fait, doit souffrir, à moins que vous ne demandiez pour elle., (Avril 1893)
Il est très facile d'obtenir ce que vous demandez, vous le pouvez comme moi ; promettez seulement d'avoir la charité et de n'en vouloir à personne.
Souvent vous avez des griefs contre quelqu'un et, pendant un temps infini, presque toujours, vous lui en voulez et vous dites : " Telle personne m'a fait ça ! " Pourquoi ne pas laisser de côté ce qui est passé et revenir sans cesse sur une chose enterrée?
On ne réveille pas les morts. Si vous n'oubliez pas, ne parlez à personne de ces rancunes et tâchez d'oublier en pardonnant. (20-7-1893)
Notre enfer à nous sera le remords ; nous aurons le regret de n'avoir pas bien fait, d'avoir fait telle ou telle chose à notre semblable et nous ne serons dans le repos que lorsque nous aurons expié nos fautes. Et, pour les expier, il faut être pardonné par celui que nous avons offensé, car nulle autre ne peut s'expier si elle n'est pas pardonnée. (5-11-1889)
L'abnégation.
Ne pas se défendre des calomnies. (26-4-1903)
Si vos voisins doivent mal parler de quelqu'un, qu'est-ce que cela fait que ce soit de vous et que vous supportiez pour les autres? (27-11-1894)
Celui qui nous salit nous blanchit, celui qui nous jette la pierre nous grandit.
Il y a deux choses auxquelles nous fermons notre porte, c'est le tort et la misère. En effet nous n'avons jamais tort, mais si quelqu'un nous fait du tort nous savons bien nous récrier et dire : " Je ne comprends pas pourquoi on me fait du tort, je n'ai rien fait pour cela ! " Et pourtant ne vaut-il pas mieux que l'on me fasse tort? Si je l'accepte sans murmurer, cela prouve que j'ai quelque chose de bon, et s'il y a du bon en moi, forcément le tort deviendra meilleur. Il en est de même pour la misère.
Si nous acceptons la misère pour nous, que nous la retirons chez nous, elle n'est pas chez notre voisin.
Il vaut mieux que ce soit nous qui soyons dans la misère, ne serait-ce que pour montrer l'exemple.
Ne cherchez pas à vous disculper. Il faut que ceux qui vous traînent dans la boue traînent quelqu'un, il vaut mieux que ce soit vous. Soyez contents !
Etre condamné injustement, qu'est-ce que cela fait? Il y a deux mille ans on a bien condamné injustement le Seigneur.
Le sacrifice.
Il est dit : " Beaucoup de sacrifices seront offerts, mais peu sont acceptés ". Cela vient du coeur avec lequel on offre. Ainsi un riche, en donnant beaucoup, donnera peut-être beaucoup moins que le pauvre qui donnera peu mais de bon coeur. Nous n'entrerons dans le Ciel que, lorsque donnant quelque chose, nous n'aurons aucune peine à offrir ce don. (3-2-1896)
On ne doit pas se couper un doigt volontairement ni se faire mal d'aucune manière, autrement on aura à payer pour cela. Mais si un homme donne sa vie pour en sauver un autre, c'est bien, et le bien amené par ce sacrifice sera répandu sur tous deux, c'est-à-dire que leurs deux anges gardiens entrent en communication et se partagent le bien qui a été fait.Que de souffrances il faut pour entrer dans le Ciel ! Combien il en faut pour que cela serve, et combien ne servent à rien! Il faut travailler et exercer ses jambes si on veut surmonter les obstacles.
Comment franchirez-vous les grands si vous ne pouvez surmonter les petits? Nous devons conquérir notre volonté et devenir indépendants et nous ne pourrons l'être que lorsque nous aimerons notre prochain comme nous-mêmes. Ainsi voilà devant vous la mort qui va frapper votre ennemi ; vous vous dites : " Oh ! je ne ferais rien pour que la mort fauche ", mais au fond vous n'êtes pas fâché que ce soit votre ennemi qu'on moissonne. Si on vous disait de donner à sa place un de ceux qui vous sont chers, le feriez-vous? Eh bien ! je connais un de mes amis qui l'a fait. Il faut pour aimer son prochain tout lui sacrifier. (21-9-1893)
La charité, Eglise universelle.
Il a été dit : " Hors l'Eglise, point de salut ".
Cela est vrai. Mais l'Eglise est universelle ; l'Eglise, c'est la charité. Hors de la charité, pas de salut.
(17-2-1902)
Toutes les religions se fondront dans une seule : celle de la charité. (13-1-1897)