LA RICHESSE

 

 

Cherche ce qui te contentera pleinement le cœur. Chercher ? Mais où ? Pas dans la santé physique : on se donne beaucoup de peine à l'acquérir et on risque sans cesse de la perdre au milieu de tant de maladies, de fièvres, de pestes et de morts qui s'ensuivent.

Dans les richesses ? Quel mal ne se donne-t-on pas à les amasser ? Quel souci pour les conserver ! Quelle crainte de les perdre ! Et quand on les perd, quelle détresse ! Tu as augmenté ta fortune et du même coup tu as augmenté tes sujets de crainte. Crainte du pouvoir qui peut te la ravir ; crainte des voleurs, du commis qui peut l'égarer. Le pauvre a plus de repos. « Le voyageur sans bagage siffle au nez du voleur » (JUVENAL, Satire X, 22). Et l'Ecclésiaste dit que les « richesses amassées font le malheur de leur propriétaire » (Eccl. 5). Car les riches sont tenaillés de soucis. « La satiété du riche ne le laisse pas dormir » dit encore l'Ecclésiaste. Ce qui arrive parfois à la lettre, quand après un dîner trop copieux, il se couche l'estomac trop chargé.

 

Le riche convoite sans cesse ce qu'il ne possède pas, comment serait-il jamais en repos ?

 

Notez cependant que Salomon ne dit pas : Celui qui a des richesses, mais celui qui aime les richesses, n'en tirera pas profit (Eccl. 5). Car les élus, qui d'aventure sont riches, n'aiment pas leurs richesses, ne s'y reposent pas, mais attentifs à ce que leur dit saint Paul « ils n'ont pas de morgue, ne placent pas leur confiance en des biens précaires, mais donnent de bon cœur et savent partager » (Il Tim. 6, 17), s'amassant un capital pour la vie véritable, car ils s'entendront dire par le Seigneur : « Venez, les bénis de mon Père, car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger » (Mt. 25 ). Ils ne se mettent pas en peine d'entasser des richesses, de peur de tomber dans les pièges du diable, comme saint Paul en avertit encore les riches : « Ceux qui veulent être riches, tombent dans les filets du diable » (I Tim. 6). Ils ne se soucient pas de thésauriser, se redisant la promesse du Seigneur qui défend ces soucis et assure du nécessaire : « Ne vous tourmentez pas disant : que mangerons-nous, que boirons-nous ? Cherchez d'abord le Royaume de Dieu et sa justice et tout cela vous sera donné par surcroît » (Mt.,= 6). Ils ne murmurent pas quand ils perdent leur argent ou qu'on le leur vole. Ils savent qu'ils ont une espérance meilleure.

 

Mais il en va autrement des pervers, Alors que Dieu seul suffit à combler le désir de l'âme humaine, ils pensent le satisfaire par l'abondance de biens matériels... Mais quelle que soit l'accumulation de biens qu'ils réalisent, ils n'en profitent guère et n'en sont pas le moins du monde dégagés de leurs soucis. Et ce qui est plus inquiétant, lancés à la poursuite de tels biens, ils s'aveuglent d'un orgueil ridicule.