CHAPITRE V

 

De six parties dont peut se former l’exercice de l’oraison

 

Telles sont, lecteur chrétien, les méditations dans lesquelles vous pouvez vous exercer, aux divers jours de la semaine ; vous y trouverez, je crois, une abondante matière de réflexions. Mais il faut remarquer ici que la méditation peut être précédée et suivie de certains actes qui s'y rattachent par une liaison intime.

 

Et d'abord, avant d'entrer dans la méditation, il est nécessaire de préparer le cœur à ce saint exercice ; c'est comme qui accorde un instrument avant que d'en jouer.

Après la préparation, vient la lecture du sujet ou du mystère qu'on doit méditer en ce jour, suivant l'ordre indiqué plus haut pour tous les jours de la semaine. Cette lecture, sans aucun doute, est nécessaire dans les commencements jusqu'à ce que l'homme sache ce qu'il doit méditer.

Le sujet ainsi présent à l'esprit, la méditation commence ; après la méditation peut suivre une dévote action de grâces à Dieu pour ses bienfaits, et une offrande de toute notre vie et de celle de Jésus-Christ notre Sauveur, que nous lui présentons en retour de ses bienfaits.

Le dernier acte c'est la demande, qui à proprement parler est la prière, dans laquelle nous demandons tout ce qui nous convient, tant pour notre salut que pour celui du prochain et de toute l'Église.

Ces actes, qui peuvent précéder et suivre la méditation, indépendamment des autres avantages, ont celui de fournir à l'homme une matière abondante de réflexion. Dans ce banquet spirituel, il a devant lui tous ces mets divers ; s'il ne peut manger de l'un, il mangera de l'autre. Si la méditation s'épuise sur un point, il passe soudain à un autre où il trouve de nouvelles choses.

Je sais très bien que toutes ces parties de la méditation et l'ordre que je viens d'indiquer ne sont pas toujours nécessaires ; mais cela servira du moins à ceux qui commencent, afin qu'ils suivent un certain ordre, et qu'ils tiennent en main comme un fil à l'aide duquel ils puissent se conduire dans les commencements. C'est pourquoi il n'y a rien dans tout ce que je dis ici dont je veuille faire une loi perpétuelle, ni une règle générale. Je ne le donne que comme une simple introduction pour mettre les nouveaux dans cette voie du ciel ; dès qu'ils y seront entrés, l'usage et l'expérience, et beaucoup plus encore le Saint-Esprit, leur enseigneront le reste.