Chapitre Neuvième SECTION IV
La Commémoration des anges dans la liturgie catholique
II est intéressant et instructif de mettre en parallèle les enseignements de deux ouvrages traitant des « Vies des Saints pour tous les jours de l'année»; le premier, le plus ancien, que nous désignerons par (A) est un grand ouvrage en douze volumes, dû à la plume d'Alban Butler, traduit de l'anglais par l'Abbé Godescard, édite à Pans, chez Barbou en 1784; la seconde Vie des Saints est l'uvre de l'Abbé L. Jaud, parue chez Marne, à Tours en 1928; nous la désignerons par la lettre (B). Nous verrons que l'enseignement, pour être plus résumé dans le second ouvrage, ne diffère cependant pas dans le fond ni dans l'esprit ; nous avons là une bonne vue d'ensemble de l'angéologie. Nous allons passer successivement en revue l'enseignement donné pour les trois commémorations suivantes: 8 mai. Apparition de l'Archange Saint Michel; 29 septembre. Saint Michel Archange et tous les Saints Anges; 2 octobre, les Saints Anges gardiens.
(A) L'Apparition de l'Archange Saint Michel (8 mai) L'auteur débute par de longues considérations sur la nature et le ministère des Anges; c'est un vrai cours d'angéologie: Le Seigneur déploie dans la production de ses créatures, les richesses de sa bonté, de sa puissance et de sa gloire; elles sont comme un miroir qui réfléchit ses divines perfections. L'Univers est, pour ainsi dire un vaste temple où il donne continuellement des marques visibles de sa présence... Fut-il jamais un plus puissant motif de le louer, de le bénir et de le remercier pour toutes ses uvres! Mais cet hommage nous le lui devons surtout pour la création de ces purs Esprits sur lesquels il a plus spécialement empreint les traits de son image. En les enrichissant des trésors de sa grâce, il leur a communiqué le don précieux de la sainteté, et les a rendus dignes d'habiter éternellement dans son royaume. La nature des purs Esprits est supérieure à celle des hommes. Ceux-ci n'occupent que le second rang dans les classes des êtres raisonnables; s'ils ont des rapports avec le monde spirituel, ils en ont aussi avec le monde matériel; par leur âme, ils tiennent aux Intelligences célestes; mais par leur corps, ils participent aux qualités de la matière. Il est donc vrai de dire que les hommes sont essentiellement inférieurs aux purs Esprits du côté des perfections naturelles; ce qui n'empêche pas que la grâce ne puisse élever les premiers au-dessus des seconds. Et ceci est arrivé à l'égard de la Sainte Vierge, que l'Église place dans un rang de beaucoup supérieur à celui des plus distinguées des intelligences célestes. Dieu, en créant les purs Esprits, les mit dans un état où ils pouvaient mériter et démériter. Plusieurs qui avaient Lucifer à leur tête, abusèrent de leur liberté et s'adonnèrent à l'orgueil. Leur crime fut puni sur le champ. Dieu les précipita du haut du ciel dans un abîme de misères ; et c'est à eux que l'on donne le nom d'Esprits malfaisants ou de Démons. Pour ceux qui persévérèrent dans la justice, ils reçurent l'immutabilité de cette persévérance. Ils furent confirmés en grâce et couronnés d'une gloire éternelle. On les appelle bons Enfants. Il est évident par plusieurs passages de l'Écriture, que Dieu emploie souvent le ministère des Esprits célestes dans l'exécution des décrets de Sa providence, par rapport au monde en général, et surtout par rapport aux hommes. De là le nom d'Anges ou d'Envoyés qui leur est donné ; nom qui ne désigne pas leur nature, mais leur office. Il est attribué cependant d'une manière spéciale à un certain Ordre d'Esprits bienheureux. Ici l'auteur mentionne les neuf Ordres des Anges, d'après les Pères et les Livres Saints. Dans son énumération, les Principautés qui, selon la gradation généralement admise, sont à la tête de la troisième Hiérarchie, sont remplacées par les Vertus; et les Principautés sont placées au milieu de la seconde Hiérarchie. Les Séraphins représentent l'amour infini de Dieu et les Chérubins glorifient la toute-puissance de Dieu. Quant au nombre des Esprits, il est innombrable ainsi qu'il ressort de l'enseignement des Ecritures. Et l'auteur de préciser la nature des Anges: Les Anges (et sous cette dénomination nous comprenons tous les Esprits bienheureux), les Anges sont des substances immatérielles, et qui par conséquent n'ont aucune des propriétés des corps, telles que l'étendue, la divisibilité, la figure, la couleur, etc. Il suit de là que les Anges sont d'une nature plus excellente que tous les êtres qui habitent ce monde. Ils l'emportent encore sur eux par les propriétés de cette nature, et par tous les avantages qui en sont les suites, comme par la subtilité, la promptitude de leur pénétration, l'étendue de leurs connaissances. Il n'est pas moins certain qu'ils ont la faculté de se communiquer leurs pensées les uns aux autres... Les Anges se parlent les uns aux autres par le désir intérieur ou par la volonté qu'ils ont de se communiquer leurs pensées et leurs sentiments. Comme ils s'entendent entre eux, ils entendent aussi le langage de nos âmes, surtout lorsque nous nous adressons à eux, et qu'il leur importe de connaître ce qui se passe en nous. Par la même raison, nos Anges Gardiens peuvent en un instant instruire de ce qui nous regarde les Esprits qui sont éloignés de nous. Partant de l'affirmation que l'on trouve dans l'Evangile (Luc XV, 7-10) qu'il y a de la joie au ciel parmi les anges pour un seul pécheur qui se repent, l'auteur en conclut que les Anges s'intéressent charitablement à notre bonheur; puis il continue son exposé: Inutilement voudrions-nous concevoir l'activité des Anges. Ils ont le pouvoir de se transporter d'un lieu à un autre; et ce transport se fait avec une rapidité dont il n'y a point d'exemple dans les choses visibles. Il leur faut infiniment moins de temps pour venir du haut du ciel dans les lieux les plus bas de la terre qu'il n'en faut à la lumière du soleil jusqu'à nous... L'emploi des anges pendant toute l'éternité sera d'adorer Dieu sans cesse, de louer, de bénir et de glorifier son nom. Dans l'état d'imperfection où nous sommes, nous ne pouvons avoir qu'une très faible idée du pouvoir des Esprits. Mais la révélation a suppléé au défaut de nos lumières, et a tiré une partie du voile qui nous dérobait la connaissance du monde immatériel. C'est elle qui nous apprend que les mauvais Esprits emploient mille moyens pour nous faire tomber dans le péché, et qui nous ordonne en conséquence de veiller et de nous tenir sur nos gardes, afin que nous puissions nous garantir de la séduction de leurs ruses. C'est elle qui nous enseigne en même temps que Dieu charge souvent les bons Anges du soin de nous assister; que ces saintes Intelligences s'intéressent vivement à notre sanctification, et que nous recevons de leur charité des secours efficaces. Si nous avons mené une vie sainte, les Anges, à notre mort, nous conduiront au séjour de gloire. Quant à Saint Michel, Archange, que l'Eglise honore en ce jour (8 mai), c'est le Prince des Anges fidèles qui s'opposèrent à Lucifer et à ses compagnons de révolte; son nom en hébreu signifie: Qui est semblable à Dieu? Devise qu'il adopta comme signe de ralliement contre les apostats qui se croyaient «semblables à Dieu». Et c'est ainsi qu'il réprima leur orgueil. A l'heure actuelle, l'Archange protège encore les hommes contre les assauts du Démon. Saint Michel est aussi le protecteur de l'Eglise, d'abord de la Synagogue, puis de l'Église chrétienne. Elle lui attribue les nombreuses victoires qu'elle a remportées sur ses ennemis. De là cette dévotion avec laquelle les Fidèles invoquent son secours ; dévotion qui s'est accrue par les différentes apparitions du saint Archange. Une des plus célèbres est celle où il se manifesta sur le Mont Gargan. Il est dit dans les Ecritures que Saint Michel viendra à la fin des temps défendre l'Église contre les persécutions de l'Antéchrist. Combattons avec Saint Michel les Anges apostats; mais souvenons-nous que l'humilité et la charité furent les armes qui lui assurèrent la victoire. Ces paroles, qui est semblable à Dieu, prononcées avec foi, mettront en fuite les Démons les plus acharnés à notre perte. On le voit, l'enseignement donné pour ce jour commémoratif est complet; il nous incite à ne jamais oublier que l'un des offices des Anges est de veiller à notre sécurité matérielle et surtout morale. Voyons maintenant la deuxième leçon sur le même sujet, telle que nous la donne la source (B) contemporaine.
(B) L'apparition de Saint Michel (en 492, le 8 mai) Nous trouvons dans les histoires ecclésiastiques le récit de diverses apparitions de l'Archange saint Michel, et nous voyons, tant en Orient qu'en Occident, un certain nombre d'églises consacrées en son honneur. Si Dieu veut que nous honorions tous les Anges, à plus forte raison est-ce sa volonté que nous rendions hommage à celui des Esprits célestes qui leva contre Lucifer et les mauvais Anges l'étendard du combat et de la victoire. Le nom de l'Archange Michel signifie : Qui est comme Dieu? C'est en effet, le cri d'indignation par lequel il rallia autour de lui les Anges fidèles. On représente saint Michel comme un beau jeune homme, le pied levé sur la tête d'un dragon qu'il transperce de sa lance. Parmi les faits merveilleux qui nous attestent la protection de saint Michel sur l'Eglise, il faut mentionner son apparition à Rome, où saint Grégoire le Grand l'aperçut dans les airs, remettant son glaive dans le fourreau pour marquer la cessation de la peste et l'apaisement de la colère de Dieu. Mais le 8 mai est destiné à rappeler une apparition non moins merveilleuse, sur le mont Gargan, dans le royaume de Naples. En l'an 492, un homme, nommé Gargan, faisait paître dans la campagne ses nombreux troupeaux. Un jour, un taureau s'enfuit dans les montagnes, où on le chercha d'abord vainement. On finit par le rencontrer dans une caverne, où on lui tira une flèche; mais cette flèche revint blesser celui qui l'avait tirée. Devant cette merveille, on crut devoir consulter l'évêque voisin. Le prélat ordonna trois jours de jeûne et de prières. Au bout des trois jours, l'Archange saint Michel apparut à l'évêque; il lui déclara que cette caverne où le taureau s'était retiré était sous sa protection, et que Dieu voulait qu'elle fût consacrée sous son nom et en l'honneur de tous les Anges. Accompagné de son clergé et de tout son peuple, le pontife se rend à cette caverne, qu'il trouve déjà disposée en forme d'église. On y célèbre les divins mystères, et bientôt, dans ce lieu même, s'élevait un temple magnifique où la Puissance divine a opéré de grands miracles. De tout temps la sainte Eglise a eu la plus grande vénération pour ce glorieux Archange... Elle nous le montre présentant à Dieu les âmes des justes, trépasses et nous invite à l'invoquer pour obtenir à l'heure de la mort le dernier triomphe sur les esprits des ténèbres. Ses apparitions à la bienheureuse Jeanne d'Arc sont célèbres. Il est regardé comme l'un des grands protecteurs de 1'Eglise et de la France.
(A) Vingt-neuvième jour de septembre
La Dédicace de l'Église de Saint Michel ou la Fête de Saint Michel et de tous les Saints Anges
La Fête dont nous allons parler s'est toujours célébrée le 29 de septembre, depuis le cinquième siècle. Elle était certainement établie dans la Pouille en 493. On rapporte son institution dans l'Occident, à la Dédicace de la célèbre Église de Saint Michel, sur le mont Gargan en Italie; et c'est pour cela qu'elle est appelée la Dédicace de Saint Michel, dans les martyrologues de Saint Jérôme, de Bede, etc. On célébrait le même jour en Occident, la Dédicace de plusieurs églises bâties sous l'invocation du saint Archange, notamment de celle qui était sur le Mole d'Adrien, à Rome. Le culte de saint Michel et des Anges ne fut pas moins célèbre en Orient. L'auteur rapporte que Constantin érigea une Eglise en l'honneur de Saint Michel, église dénommée le Michaëllion, devenue célèbre par plusieurs miracles qui y eurent lieu. Et l'auteur de continuer son exposé de nature à illustrer la signification de la Fête: Quoique saint Michel soit nommé seul dans le titre de cette fête, il paraît par les prières de l'Eglise, que tous les saints Anges en font l'objet. Nous devons, pour la bien célébrer: 1. Remercier Dieu de la gloire dont il comble les Anges, et nous réjouir du bonheur dont ils jouissent. 2. Témoigner notre reconnaissance au Seigneur de ce que par sa miséricorde, il a confié le soin de notre salut à ces esprits célestes qui nous font ressentir continuellement les effets de leur zèle et de leur tendresse. 3. Nous joindre à eux pour louer et adorer Dieu, pour lui demander la grâce de faire sa volonté sur la terre, comme les Anges la font dans le Ciel, et de travailler à notre sanctification en imitant la pureté de ces esprits bienheureux auxquels nous sommes unis d'une manière si intime. 4. Les honorer non seulement avec ferveur, mais implorer encore le secours de leur intercession. Le culte suprême, dit de Latrie, n'appartient qu'à Dieu, et l'on ne pourrait le rendre à la créature, sans tomber dans la plus monstrueuse Idolâtrie, et sans devenir coupable du crime de haute trahison contre la Majesté Divine. On est Idolâtre, lorsqu'on offre le sacrifice à un Être qui n'est pas Dieu, et qu'on lui attribue d'une manière directe ou indirecte, quelque attribut de la Divinité. Mais il est un honneur d'un ordre inférieur que l'on doit à certaines créatures à cause de leur supériorité ou de leur excellence. Tel est celui que la Loi même de Dieu nous ordonne de rendre à nos parents, aux Princes, aux Magistrats, et à toutes les personnes confirmées en dignité; tel est encore cet honneur mêlé de sentiments de religion qui, selon les livres saints et la loi naturelle, est dû aux Prêtres ou Ministres du Très-Haut, et que les Rois, même les plus méchants, rendaient souvent aux prophètes, quoiqu'ils fussent des hommes obscurs et méprisables aux yeux du monde. Cet honneur, on le voit, diffère infiniment de celui qui n'appartient qu'à Dieu; il ne peut lui être injurieux; il se rapporte aux créatures, en tant que leurs perfections sont des dons de la bonté divine. Lorsque nous témoignons du respect à un ambassadeur, nous honorons le maître qui l'a fait dépositaire d'une partie de son autorité; et c'est le maître qui est la fin ultérieure des sentiments que nous manifestons. L'Écriture vient, en ce point, à l'appui de la loi naturelle: Rendez à tous les hommes ce qui leur est dû... l'honneur, à qui l'honneur appartient. (Rom. XIII, 7.) L'honneur étant un témoignage rendu à l'excellence de quelque objet, qui peut nier que nous ne le devions aux Esprits célestes, dont la nature est si parfaite, l'excellence si sublime, la sainteté si éminente, la gloire si éclatante? ... Le droit que les saints Anges ont à notre respect, est fondé sur plusieurs raisons. La première se tire de l'excellence de leur nature qui les élève beaucoup au-dessus des hommes; ce sont de purs esprits, dans lesquels il ne se trouve aucune trace de notre faiblesse; ils sont doués de facultés plus nobles, et qui ne conviennent qu'à des êtres incorporels. Secondement, ils ont des dons surnaturels, proportionnés à leur excellence; lorsque l'Écriture parle d'eux, elle leur accorde sur les hommes une supériorité absolue, quoique quelques Saints particuliers puissent jouir d'une plus grande félicité, comme la Sainte Vierge, qui est élevée en gloire au-dessus de tous les Esprits célestes. Ils ne peuvent cependant se vanter d'un honneur semblable à celui que nous a procuré le mystère de l'Incarnation; le Fils de Dieu n'a point pris la nature Angélique, mais la nature humaine; et c'est comme homme que son Père l'a établi Seigneur de toutes les créatures. Enfin les Anges méritent notre vénération, parce qu'ils jouissent d'un état de gloire et de félicité que rien ne peut leur ravir; parce qu'ils sont sans cesse en la présence de Dieu, qu'ils environnent toujours son trône, et qu'ils exécutent fidèlement les décrets de sa volonté suprême. Mais ce qui doit principalement exciter notre vénération pour les saints Anges, c'est leur invariable fidélité pour le Seigneur... l'ardeur de leur zèle pour sa gloire et pour l'accomplissement de sa volonté... Pénétrés de l'humilité la plus profonde, ils reconnaissent qu'à lui seul la gloire appartient... Toujours brûlants d'amour, toujours enflammés du désir de faire éclater leurs transports, ils répètent sans cesse leurs divins cantiques avec une ardeur toujours nouvelle. À la vue de tant de perfections, réunies chez les Anges, l'auteur estime que nous ne pouvons pas rester insensibles et que nous devons faire un retour sur nous-mêmes en pensant à la faiblesse de notre amour et de nos désirs. Puisse le feu sacré qui consume les Anges passer en nos curs et les embraser! Nous devons nous unir aux Anges en tous nos actes de religion. Nous devons encore aimer les Anges pour le rapport intime que nous avons avec eux; en effet, nos âmes sont comme eux, spirituelles et immortelles; par la grâce sanctifiante, nous sommes devenus leurs cohéritiers et nous sommes appelés un jour à partager leur félicité et à remplir les places vides laissées parmi eux par la chute des Anges apostats. Aussi, en vertu de cette union, nous devons les respecter, mettre en eux notre confiance et attendre l'effet de leur intercession. Combien de mystères les Anges n'ont-ils pas révélés aux hommes, et surtout aux fidèles et à l'Eglise? Que de grâces obtenues par leur moyen, que de fléaux n'ont-ils pas détournés? En effet, la Foi nous enseigne que les Anges intercèdent souvent pour nous et que c'est une pratique pieuse de les invoquer. Les Écritures Sacrées nous rapportent de nombreux cas d'assistance angélique. Par le ministère des Anges, il y a un commerce ininterrompu entre le Ciel et la Terre. Saint Jean vit un Ange qui offrait à Dieu les prières de tous les Saints (Apoc. VIII, 3-4). Et l'auteur de conclure: S'il est vrai, comme nous n'en pouvons douter, que les Anges prient pour nous, et offrent à Dieu nos supplications, afin de nous obtenir les grâces dont nous avons besoin, il ne l'est pas moins qu'ils connaissent nos besoins, et qu'ils entendent les prières que nous leur adressons... Enfin, il est dit dans l'Écriture, que les bons et les mauvais Anges se promènent sur la terre; qu'ils exposent à Dieu les prières et les bonnes uvres, ainsi que les prévarications et les péchés des hommes, non pour lui apprendre ce qu'il ignore, mais comme témoins de nos actions, comme ministres de sa Providence, comme défenseurs ou accusateurs de nos âmes. Il ne faut jamais perdre de vue que le ministère des Anges en notre faveur est double: d'une part, ils portent nos prières devant le trône de Dieu et d'autre part, ils en rapportent des grâces et des bénédictions. Il est intéressant de noter que «les protestants d'Angleterre ont retenu dans leur Liturgie la Collecte de l'Office de ce jour, dans laquelle nous prions Dieu de nous faire ressentir l'effet de la protection des saints Anges qui exécutent si fidèlement sa volonté dans le Ciel». Enfin dernière remarque importante: si nous aspirons à jouir de la compagnie des Anges dans le Ciel, une condition primordiale doit être remplie: «Nous devons entrer dans les dispositions où sont ces Esprits bienheureux, nous montrer les imitateurs de leur humilité, de leur égalité d'âme, de leur constance, de leur douceur, de leur patience, de leur charité, de leur zèle pour la gloire de Dieu». Or, la pratique de ces vertus demande des efforts constants et répétés chaque jour. On le voit, pour l'auteur, la commémoration de Saint Michel et de tous les Anges nous place devant une sublime espérance et de nombreux devoirs.
(B) 29 septembre: Saint Michel Archange et tous les Saints Anges
Le 8 mai, l'Eglise honore l'archange saint Michel en souvenir de son Apparition sur le mont Gargan. La fête du 29 septembre fut établie un peu plus tard pour rappeler la Dédicace de la basilique construite par l'ordre et en l'honneur du glorieux Archange, au lieu même de cette apparition. Avec saint Michel, l'Eglise, en ce jour, honore tous les bons Anges, dont il a été le chef et le modèle au jour de la révolte de Lucifer et des mauvais anges. Les saints Anges, d'après l'Ecriture, sont divisés en neuf churs et trois hiérarchies. L'occupation de ces churs est de contempler Dieu, de l'aimer, de le louer et d'exécuter ses volontés pour la conduite de l'univers et pour le salut des hommes. Aussi les voyons-nous chargés de différentes missions sur la terre, auprès des personnes, des familles, des paroisses, des diocèses, des royaumes, de l'Eglise entière. Ceux dont l'Ecriture fait une mention particulière sont, outre saint Michel, l'archange Gabriel, à qui semble avoir été confié le soin de tout ce qui regarde le mystère de l'Incarnation, et l'ange Raphaël, qui conduisit et ramena si merveilleusement le jeune Tobie. Saint Michel est non seulement Prince des anges, mais aussi Prince des âmes qui doivent remplir les places demeurées vides par la chute des démons. Son nom marque sa fidélité, car il signifie: Qui est semblable à Dieu? Les Saints lui attribuent la plupart des apparitions mentionnées dans l'Ancien Testament. C'est lui, disent-ils, qui retint la main d'Abraham prêt à immoler son fils Isaac; c'est lui qui apparut à Josué et le rendit maître de Jéricho par la chute de ses tours et de ses murailles; c'est lui qui dirigea l'arche de Noé par-dessus les eaux du déluge; c'est lui qui lutta contre Jacob et le bénit; c'est lui qui donna la loi à Moïse sur la montagne du Sinaï; qui rendit David victorieux de Goliath et le préserva de la persécution de Saül, etc. Il a été le protecteur de la Synagogue; il est le protecteur de l'Église. L'histoire nous rapporte tant de merveilles de cet Ange sublime, qu'on ne peut douter qu'il ne soit, dans les desseins de Dieu, l'un des principaux instruments de sa puissance et de sa bonté. L'assistance que la France a souvent reçue de lui le fait regarder comme le protecteur spécial de ce royaume. Le 2 octobre, l'Eglise fête les Anges Gardiens. Voici comment le premier auteur (A) justifie l'institution spéciale de cette fête en l'honneur des purs Esprits qui sont commis à notre garde: On doit compter parmi les plus précieux dons de la miséricorde de Dieu envers les hommes, la communion ou le commerce spirituel qu'il a établi entre nous et les saints Anges, dont nous espérons partager un jour le bonheur et la gloire. De notre côté, nous honorons avec une vénération religieuse les saints Anges, que nous regardons comme des esprits glorieux, fidèles dans l'accomplissement de la volonté divine, et nous les conjurons de nous accorder leur intercession auprès du Seigneur; de leur côté, ils s'intéressent, ils prient pour nous, et nous font ressentir en bien des circonstances, les effets de leur protection. C'est ainsi que Dieu, toujours infiniment sage, infiniment saint, infiniment miséricordieux, se plaît à employer les créatures supérieures pour l'exécution des desseins de sa Providence, par rapport aux créatures qui sont d'un ordre inférieur. Divers passages de l'Écriture prouvent que le nom d'Ange est un nom d'office; il signifie Envoyé ou Messager, parce que les Esprits célestes en ont souvent fait la fonction dans des occasions où il s'agissait de défendre et de protéger les hommes; et ces occasions ont été fréquentes... Mais la bonté de Dieu pour nous éclate surtout dans le choix qu'il a fait de ses Anges, pour être nos conducteurs et nos gardiens; et c'est là le fondement de cette charité et de cette joie mutuelle qui régnera éternellement dans le Ciel entre les Anges et les Élus. La Foi nous enseigne que Dieu a destiné un Ange particulier à garder chacun de ses serviteurs, c'est-à-dire, des justes ou de ceux qui sont en état de grâce. L'Église ne s'est pas expliquée d'une manière aussi positive sur les pécheurs et les Infidèles; mais les plus célèbres Docteurs ont toujours cru qu'ils avaient chacun leur Ange gardien; et ce sentiment appuyé d'ailleurs sur l'autorité de l'Écriture, est si solide et si universel, qu'il ne paraît pas possible d'en contester la vérité, surtout par rapport à ceux qui sont dans la Communion de l'Église. Dieu oppose les bons Anges aux malices et aux attaques des Démons. Et l'auteur d'attirer notre attention sur ce ministère protecteur des Anges: L'homme a été créé pour remplir la place des Anges apostats. Mais Dieu a permis à Lucifer et à ses complices de nous tendre des pièges, et de tourner contre nous les efforts de leur malice. Au reste, cette permission n'a pour objet que d'éprouver notre fidélité, et de nous fournir l'occasion de mériter par nos victoires le bonheur auquel nous sommes destinés. Les bons Anges de leur côté viennent à notre secours, conformément à l'ordre établi par la divine Providence. Ils veillent à la garde de notre âme, et nous protègent contre les assauts de nos ennemis. 0 mon Dieu, doit s'écrier chacun de nous, qu'est-ce que l'homme, pour que vous daigniez ainsi prendre soin de lui, et lui donner pour guides les Ministres et les Princes de votre Cour céleste? Nous devons aussi considérer le zèle avec lequel les Esprits bienheureux se portent à nous secourir. Ils exécutent avec autant de promptitude que de fidélité, tous les ordres de Dieu, et se conforment en toutes choses aux décrets de sa volonté par rapport à nous. Avec quelle application ne veillent-ils pas à la garde de notre âme, dont Dieu lui-même les a chargés spécialement. Un second motif qui nous assure la protection des bons Anges, c'est leur compassion, c'est leur charité pour nous. Ils considèrent que nous serons bientôt associés à leur bonheur; que nous sommes présentement leurs frères par grâce et en vertu de l'adoption divine; que nous avons le même Dieu qu'eux; que ce grand Dieu nous aime, parce que nous avons été rachetés par le sang de Jésus-Christ, son Fils. Saint Bernard avait coutume de dire que nous devons rendre à notre Ange gardien un triple hommage: celui du respect, celui de la dévotion et celui de la confiance. Nous devons à notre Ange gardien le respect pour sa présence; la dévotion pour sa charité, la confiance pour sa vigilance. Pénétrés de respect, marchez toujours avec circonspection, vous rappelant sans cesse que vous êtes en la présence des Anges, chargés de vous conduire dans toutes vos voies. Dans quelque lieu que vous soyez, quelque secret qu'il puisse être, respectez votre Ange gardien... Malheur à nous si nous offensons par notre négligence ceux qui combattent notre ennemi, et si nous nous privons de leur visite! Nous devons fuir tout ce qui les attriste, et pratiquer tout ce qui leur cause de la joie... Sur toutes choses, les Anges de paix attendent de nous l'union et la concorde. Non seulement nous devons respecter, mais encore aimer et honorer notre Ange tutélaire. C'est un gardien fidèle, un véritable ami, un protecteur puissant. Malgré l'excellence de sa nature, sa charité le porte à se charger du soin de nous défendre et de nous protéger. Il veille à la protection de nos corps, auxquels les Démons ont quelquefois le pouvoir de nuire. Mais que ne fait-il pas pour nos âmes? Il nous Instruit, il nous encourage, il nous exhorte intérieurement, il nous avertit de nos devoirs par des reproches secrets. Il exerce à notre égard l'office qu'exerçait à l'égard des Juifs cet Archange qui les conduisait dans la terre promise; il fait pour nous ce que fit Raphaël pour le jeune Tobie; il nous sert de guide au milieu des dangers de cette vie. De quels sentiments de reconnaissance, de respect, de docilité et de confiance ne devons-nous pas être pénétrés pour notre Ange Gardien? Pourrions-nous assez remercier la divine miséricorde du don Inestimable. Que voilà un catéchisme complet sur le ministère de l'Ange gardien! Voyons maintenant l'enseignement plus récent de la source B:
(B) 2 octobre: Les Saints Anges Gardiens C'est une vérité de foi que les Anges, tout bienheureux qu'ils sont, reçoivent une mission de Dieu auprès des hommes ; les paroles de Notre-Seigneur, l'enseignement des Docteurs et des Saints, l'autorité de l'Église, ne nous permettent pas d'en douter. Si les démons, en légions innombrables, rôdent autour de nous comme des lions prêts à nous dévorer, selon la parole de saint Pierre, il est consolant pour nous de songer que Dieu nous a donné des défenseurs plus nombreux et plus puissants que les démons. C'est au plus tard dès sa naissance que tout homme venant au monde est confié à la garde d'un esprit céleste; les païens, les hérétiques, les pécheurs eux-mêmes, ne sont pas privés de ce bienfait de Dieu. Il est même certain que divers personnages, en raison de leur situation, comme les rois, les pontifes, ou en raison des vues spéciales de Dieu sur eux, comme nombre de saints, ont parfois plusieurs Anges gardiens. Il semble indubitable que non seulement les individus, mais les sociétés et les institutions, sont confiés aussi spécialement à la garde des Anges; l'Eglise, les royaumes, les provinces, les diocèses, les paroisses, les familles, les ordres religieux, les communautés, ont leurs angéliques protecteurs. Les Anges nous préservent d'une foule de maux et de dangers, ils éloignent de nous les occasions de péché; ils nous inspirent de saintes pensées et nous portent à la vertu, nous soutiennent dans les tentations, nous fortifient dans nos faiblesses, nous animent dans nos découragements, nous consolent dans nos afflictions. Ils combattent avec nous contre le démon et nous prémunissent contre ses pièges; si nous tombons par fragilité ou par malice, ils nous relèvent par le remords, par les pensées de la foi, par la crainte des jugements de Dieu, et nous procurent divers moyens de conversion; ils portent nos bonnes uvres et nos prières à Dieu, réparent nos fautes, intercèdent pour nous auprès de la divine miséricorde, suspendent la vengeance céleste au-dessus de nos têtes; enfin ils nous éclairent et nous soutiennent dans la maladie et à l'heure de la mort, nous assistent au jugement de Dieu, visitent les âmes du purgatoire. En conclusion, l'auteur reprend l'enseignement de saint Bernard qui résume en trois mots, comme nous venons de le voir, nos devoirs envers les Anges: respect, amour, confiance. Il y a lieu d'y ajouter un quatrième devoir: la docilité aux inspirations des Anges. Cette petite incursion comparative dans le calendrier catholique nous aura appris avec plus ou moins de détails, selon l'auteur, quel devait être notre comportement à l'égard des saints Anges et notamment à l'égard de notre Ange gardien. |