CHAPITRE VII
De la charité incomparable de la très sainte Vierge
Le très précieux cur de la très sainte Vierge est une fournaise d'amour. Il en est un océan immense et un abîme impénétrable : il est le temple de l'amour sacré ; il en est le trône, l'autel, le sanctuaire et le paradis : il ne vit et ne se nourrit que de l'ardeur de ses flammes. Ce pur amour a été le principe, le progrès et la fin de sa belle vie ; et il a tellement investi de toutes parts, pénétré de tous côtés, consumé et transformé la divine Marie, qu'elle semble être l'amour même, devant lequel les séraphins, tout aimants qu'ils puissent être, étant les créatures du pur amour, doivent se voiler de leurs ailes, saisis d'admiration et d'un saint respect. Elle a commencé d'aimer aussitôt que d'être, et elle n'a jamais cessé d'aimer. L'amour l'a fait vivre, l'amour l'a fait mourir : tous les jours de sa vie ont été des jours de l'amour, et il ne s'en est pas écoulé un seul petit moment, qui n'en ait été rempli. Pendant même le peu de sommeil qu'elle donnait à son corps virginal, son divin cur veillait toujours, en sorte que le jour et la nuit pendant toute sa vie elle a toujours été dans un continuel exercice de l'amour. Le grand précepte de l'amour ne s'accomplira jamais en toute sa perfection en cette vie, disent les saints Pères ; mais c'est le privilège de la Mère de Dieu, qui l'a accompli en toute son étendue en cette vie mortelle, et dont l'amour en cet état de la vie présente a surpassé celui dont les bienheureux jouissent dans l'empyrée. C'est pourquoi ce n'est pas sans sujet que les anges surpris d'une telle nouveauté, s'écrient : Qui est celle-ci qui monte du désert, abondante en délices ? (Cant., III, 6) Car ces aimables esprits, dit le dévot saint Bernard, ne voient rien de pareil dans l'éternité même glorieuse : car qui des bienheureux peut dire à son Dieu : Vous êtes mon Fils ? (Hebr., I, 5) Et c'est ce qui a donné sujet à quelques théologiens, de soutenir que l'amour de la sacrée Vierge était différent en espèce de l'amour de tous les justes et qu'il était d'un ordre plus élevé. Aussi saint Épiphane appelle notre glorieuse reine, le mystère du ciel et de la terre, et l'étonnant miracle de la grâce. Saint Ignace le martyr dans l'une de ses Épîtres à saint Jean l'Évangéliste, témoignant que toutes ses entrailles étaient émues par de pressants désirs de voir celle qui avait donné le salut au monde, la qualifie de prodige céleste, et de miracle très sacré de la grâce. Saint Jean Damascène la propose comme un abîme de miracles : ce qui est bien visible à l'égard de la nature, puisque la grâce est au-dessus de toutes les forces de la nature. Mais la difficulté est, comme l'on peut dire que la grâce de la très-sainte Vierge est un miracle dans l'ordre surnaturel, puisque c'est le dernier et le plus élevé de tous les ordres ; et ainsi, qu'il n'y a point de grâce qui le surpasse. Cependant l'on peut dire que la grâce de la divine Marie est un miracle de la grâce : premièrement en sa grandeur, parce qu'elle a été dans un degré suprême, et qu'elle a surpassé toutes les grâces prises ensemble de tous les anges et de tous les hommes. Secondement, en sa perfection spécifique, ayant été d'une autre espèce, d'un ordre et d'une excellence plus sublimes. En troisième lieu, parce que c'était une grâce qui la disposait à la maternité de Dieu, qui renferme une dignité presque infinie, qui est au-dessus de l'ordre commun de la grâce, et qui appartient à l'ordre de l'union hypostatique.
Cest ici, dit saint Thomas de Villeneuve, que toutes les langues doivent garder le silence, la grandeur de l'amour de Marie surpassant tout ce que l'on peut dire, et même tout ce que l'on peut en penser.
Cet amour incomparable l'ayant unie très intimement avec le Dieu de charité, nous ne pouvons douter qu'elle n'ait été animée du même zèle du salut des âmes, qui consumait le cur de Jésus-Christ. Notre Seigneur nous l'ayant donnée avec une si douce bonté pour mère, à même temps il lui a donné un cur vraiment maternel, qui a lui seul plus de tendresses que tous les curs des mères qui ont été, qui sont, et qui seront jamais : cur le plus doux et le plus obligeant de tous les curs, après celui de l'aimable Jésus : cur le nonpareil et tout de charité, toujours ouvert à tous, et jamais fermé à personne : car où est le misérable qui n'en ait été assisté en ses misères ? Où est la personne persécutée qui n'y ait rencontré un asile favorable ? Où est la personne affligée qui n'y ait trouvé sa consolation ? Où est la personne délaissée qui n'en reçu de charitables secours ? Qui jamais a espéré en ce cur tout d'amour, et a été confus ? Qui jamais a eu recours à son amoureuse bonté, sans en avoir des effets d'une miséricorde incomparable ? Qui l'a invoqué sans en être écouté ? Qui l'a prié sans en être exaucé ? Non, jamais il n'a été dit ni ouï dans tous les siècles qu'aucun se soit adressé à ce cur amoureux, et en ait été délaissé. Les plus abandonnés y trouvent un accès favorable, il est l'espérance des plus désespérés, la douceur des esprits les plus peinés, et la vie dans la mort même. C'est le grand secours des Chrétiens, et la lumière des ténèbres des infidèles. Oh ! Que de choses glorieuses l'on raconte de cette cité de Dieu ! La tout aimable Marie aime ceux qui l'aiment, elle marche dans les voies de la justice, pour enrichir les âmes de ses dévots de tous les biens du paradis, et les combler de toutes sortes de bénédictions. Oh ! Que si les hommes savaient ce que c'est que d'être aimé de cette reine du ciel ! Elle donne sa protection d'une manière très spéciale à tous les Chrétiens ; mais son amour ne s'en arrête pas là, elle cherche ceux qui la fuient, elle bénit ceux qui la maudissent, elle prie pour ceux qui la blasphèment, elle n'a que des bontés ineffables pour ses plus cruels ennemis, faisant éclater ses miséricordes sur les injustes aussi bien que sur les justes, sur les fidèles et infidèles, sur les catholiques et hérétiques, répandant ses grâces depuis un bout du monde jusqu'à l'autre, et toute la terre étant remplie de ses libérales faveurs. Oh ! Combien de peuples qui marchaient dans les ténèbres ont vu une grande lumière ! Combien de pays hérétiques convertis à la foi ? Combien de terres d'infidèles soumises à l'Évangile par ses soins ineffables ? Son nom est grand dans toutes les nations, il donne de la joie aux anges et à tous les bienheureux, de la sainteté aux âmes parfaites, accroissement de grâces aux justes, le pardon des crimes aux pécheurs, le soulagement dans les peines aux âmes du purgatoire, et jette la terreur dans l'enfer. C'est la liberté des esclaves, le refuge des pécheurs, la santé des malades, la force des faibles, l'élévation des âmes les plus humiliées, les richesses des pauvres, l'honneur des plus méprisés, le plaisir des âmes crucifiées, la défense de ceux qui sont sans secours, et enfin la gloire et l'ornement de tout le christianisme. Disons donc que la divine Marie est une lune qui éclaire miséricordieusement les pécheurs qui errent parmi les obscurités d'une nuit fâcheuse, où leurs péchés les engagent si misérablement. Disons qu'elle est une aurore qui, dans le point du jour qui commence à paraitre aux âmes nouvellement converties, les assiste de ses agréables clartés, pour leur faire connaitre les voies de la justice. Disons qu'elle est un soleil qui, dans son plein midi, découvre toutes les beautés du monde de la grâce aux âmes parfaites, et les consume délicieusement dans les ardeurs du pur amour. Disons qu'elle est toute à tous, dans toutes sortes d'états et de conditions, pour toutes sortes de besoins et de nécessités, en toutes sortes de lieux, d'occasions et de temps ; et que toujours ses miséricordes sont incompréhensibles. Comme notre mère, elle est portée à nous bien faire ; comme bonne, elle le veut ; comme puissante, elle le peut. Que pourrait refuser son Fils, qui est Dieu, à une telle Mère ? Mais que ne demandera pas une si charitable Mère pour ses enfants ? Richard de Saint-Laurens méditant sur ces paroles du Psalmiste : Votre oreille, ô mon Dieu ! a écouté la préparation du cur des pauvres (Psal. X, 17), recherche quelle est cette oreille du Seigneur si attentive aux besoins des misérables, que non-seulement elle en écoute les désirs, mais encore la disposition de leur cur ; et il estime que c'est la glorieuse Mère de Dieu. La bienheureuse Vierge, dit ce grand homme, est votre oreille, ô mon Dieu ! parce que c'est par elle que vous écoutez les pauvres, comme nous entendons par nos oreilles.
L'amour, dit saint François de Sales, ne se paye que par l'amour ; ainsi les bontés incomparables du très-saint cur de notre glorieuse maitresse demandent de nos curs toutes les tendresses possibles ; mais elles ne peuvent être des marques d'une véritable affection, si nous ne prenons soin de lui plaire ; ce que nous ne ferons jamais bien que par limitation de son amour envers Dieu et envers le prochain. Il faut donc aimer Dieu ; et premièrement il le faut aimer souverainement, faisant plus d'état de son amitié que de tout le monde et de toutes les choses du monde, et étant en la disposition de perdre plutôt tout son honneur, tous ses biens, ses charges, ses amis et sa vie même, et de souffrir toutes sortes d'injures et de peines, que de l'offenser par un seul péché mortel. Sans cette disposition il n'y a point de salut, et il faut être damné. Davantage, il faut tâcher à ne commettre jamais aucun péché véniel avec une entière advertance : l'âme qui sait un peu ce que c'est que le pur amour aimerait mieux mourir de mille morts que de commettre la moindre imperfection volontairement. Secondement, il le faut aimer généralement, l'aimant en tout ce que l'on aime, ne cherchant que ses intérêts dans nos intérêts et dans les intérêts de toutes les créatures. Quelque part donc que l'on aille, c'est à Dieu qu'il faut aller ; quelque chose que l'on fasse, c'est pour Dieu qu'on la doit faire ; tout ce que l'on dit doit être dit pour la gloire de Dieu : il faut porter toutes les peines pour son amour, et dans toutes les affaires n'avoir qu'une seule affaire, qui est d'exécuter sa sainte volonté. En troisième lieu, il le faut aimer uniquement. Oh ! Que trop est avare à qui il ne suffit ! Il ne faut donc pas aimer avec lui des choses qu'il n'aime pas, comme l'imperfection et les bagatelles du monde, il ne faut aimer que ce qu'il aime, et comme il veut qu'on l'aime. Un enfant aime son père, une femme son mari, et Dieu le veut ; non pas par nature, mais par grâce ; et en aimant ce que Dieu veut qu'on aime, et comme il le veut, c'est lui seul qui doit être uniquement aimé en tous les objets aimés. O Dieu seul, Dieu seul, Dieu seul, et toujours Dieu seul ! Quand l'âme est arrivée à ne plus aimer que Dieu seul, elle entre dans une parfaite indifférence pour toutes choses, ne voulant plus rien autre chose que ce Dieu seul. Elle ne se soucie plus d'intérêts, elle ne se voit plus, elle ne pense plus à elle, elle ne s'attriste ou ne se réjouit que de ce qui déplaît à Dieu, ou de ce qui lui est agréable. Dieu seul est son tout, et tout le reste ne lui est rien ; elle est dans le monde comme s'il n'y avait que Dieu seul et elle, et elle n'est touchée d'autre chose.
Si l'on demande ce qu'il faut faire pour aimer Dieu, l'on répond, selon l'Évangile, qu'il faut se haïr ; et, pour se haïr, il faut être bien aise dans les voies de la pauvreté, du mépris et de la douleur ; il faut porter sa croix, renoncer à sa propre humeur, ne pas suivre ses inclinations, mortifier les sens intérieurs et extérieurs, et les trois puissances de l'âme, et les mettre dans le rien, afin qu'il n'y ait que Dieu seul. C'est ce chemin admirable du vénérable Père Jean de la Croix, homme tout séraphique, où il y a cinq fois rien, où l'on ne marche que par le néant. Il ne faut donc jamais mettre sa joie dans aucune chose créée : et la fidélité de l'âme, qui cherche Dieu seul, consiste à ne se chercher jamais avec une entière vue dans toutes ses actions. C'est ici qu'il faut prendre les véritables marques de l'amour de Dieu, de qui nous nous approchons que par l'éloignement de la créature ; et l'on ne peut trop répéter ces maximes. Où il y a moins de créature, il y a plus de Dieu ; où il n'y a rien de la créature, Dieu seul y est. Oh ! Que bienheureuses donc sont les humiliations, les opprobres, les calomnies, les abandonnements, les pauvretés, puisque tout cela éloigne la créature de nous.
C'est donc Dieu seul qu'il faut aimer, et c'est lui seul qu'il faut aimer dans le cher prochain, premièrement, en ne lui faisant aucun tort en ses biens temporels, comme en lui prenant ou retenant quelque chose qui lui appartient, ou donnant aide et secours à ceux qui lui font quelque injustice. Secondement, prenant bien garde d'en relever le péché secret, quoique véritable, à moins que ce ne soit au supérieur pour y remédier, et encore lorsqu'il est seul, et non pas en présence d'autres personnes ; car il n'est permis de le dire précisément qu'à ceux qui sont en autorité d'y apporter le remède, si ce n'est d'autres personnes qui y sont encore nécessaires et dont l'on a besoin. À bien plus forte raison ne doit-on pas parler de péchés que l'on ne sait pas être véritables, et que souvent l'on impose ou bien qui sont douteux. Mais la dernière malice est lorsqu'on les invente, ou bien qu'on les publie légèrement sur des rapports incertains : ce qui est une méchanceté de diable plutôt que dhomme. Il ne faut pas écouter volontiers tous ces gens, ni coopérer à leurs médisances, soit en leur témoignant bon visage, soit en ne les reprenant pas : ce qui est d'obligation à ceux qui ont quelque pouvoir ; et lorsqu'on ne peut pas reprendre, au moins il faut faire voir autant que l'on peut que ces discours ne plaisent pas, et tâcher de les divertir sagement. « Le diable, dit saint François de Sales, est sur la langue de ceux qui parlent, et sur les oreilles de ceux qui les écoutent. » Ces pêchés obligent à la restitution, à quoi plusieurs médisants ne pensent guère ; obligation très étroite, qui sera la cause de la damnation de plusieurs confesseurs qui donnent l'absolution sans l'imposer, et passent assez légèrement par-dessus un crime, « lequel, s'il était ôté, dit encore le glorieux évêque de Genève, la plupart des péchés seraient ôtés. » Vous verrez, dit l'angélique Docteur, des personnes qui, étant exemptes presque de tous les péchés, tomberont dans celui-ci. Le cardinal Tolet l'appelait « une maladie dont tout le monde est malade. » Il est d'autant plus dangereux que l'horreur s'en fait moins connaître : car souvent on traite de galanterie et de bon mot une parole dite au désavantage du prochain ; et celui qui l'a dite n'en passe pas pour moins honnête homme. Cela est cause que ce vice devient très ordinaire, qu'il y a peu de compagnies où il ne se glisse. En venant de la communion, on y récidive ; et quelquefois même au lit de la mort, une personne qui aura liberté de parler le commettra facilement dans l'entretien qu'elle aura avec ceux qui la visitent. Si l'on jurait, si l'on se mettait en colère, chacun y prendrait garde ; mais une médisance se glisse imperceptiblement dans le discours, et très peu de personnes réparent le tort qu'elles font : c'est pourquoi il y a peu d'espérance de salut pour les médisants. Il faut aussi se donner de garde des jugements téméraires, des envies, qui sont encore un mal dangereux qui ronge malheureusement le cur de plusieurs ; des querelles, des dissensions, des rapports que l'on fait de ce que l'on entend aux personnes qui sont offensées, leur déclarant ceux qui les ont blessées, et ce qui met l'inimitié entre eux. Ces gens sont en horreur à Dieu, et il les a en abomination, et ils sont obligés à rétablir la paix qu'ils ont ôtée. Dieu hait aussi extrêmement un esprit moqueur, et qui raille aux dépens d'autrui. Jamais il ne faut rien dire ou faire qui puisse blesser le cher prochain, soit qu'on le fasse en riant ou d'une autre manière ; mais il faut avoir un cur tout de charité pour tout le monde, estimant un chacun, en parlant toujours avec respect, se prévenant d'honneur les uns les autres, évitant tout ce qui lui peut être désagréable, lui condescendant en toutes choses licites, se donnant de garde d'un esprit pointilleux qui trouve à redire à tout, qui dispute sur toutes choses, qui contrarie à ce que les autres veulent, qui a toujours des sentiments particuliers, qui s'opiniâtre dans le soutien de ses pensées ; mais tâchant de faire plutôt la volonté d'autrui que la nôtre. La charité demande encore que l'on assiste libéralement les personnes qui sont dans le besoin : car si elle est véritable, elle n'a rien à elle, mais tout ce qu'elle a est pour les autres. Un cur attaché au bien ne sait guère ce que c'est que la véritable charité. Enfin, il faut même aimer ceux qui nous haïssent, les bénissant lorsqu'ils nous maudissent, les obligeant lorsqu'ils nous désobligent, priant pour eux dun cur sincère, les pénétrant dans les témoignages de toute sorte d'amitié, cherchant les occasions de les servir : ce qu'il faut faire avec joie lorsque ces bienheureuses occasions se présentent, les ménageant avec action de grâce, comme des moments précieux qui nous donnent lieu de témoigner à notre Maitre et notre Dieu que c'est en vérité que nous l'aimons. Cette pensée est étrangement forte à l'âme qui a de l'amour pour son Dieu : car que ne voudrait-elle pas faire pour lui en donner des marques ? Il est vrai qu'il est dur à la nature d'obliger et de bien faire à ses ennemis ; mais il est doux de surmonter la nature pour l'amour de son Dieu. Ce sentiment remplissait de mouvements de charité les curs des saints, qui non-seulement faisaient du bien à ceux qui leur faisaient du mal, mais ils s'appliquaient à les obliger et à leur rendre les services les plus notables que l'on peut faire à ses meilleurs amis. Saint Ignace, fondateur de la Compagnie de Jésus, avait été très maltraité d'un certain homme qui demeurait avec lui à Paris, et qui avait même emporté le peu de chose qu'il avait, vivant pour lors dans une grande pauvreté : ce qui était une grande perfidie aussi bien qu'une extrême malice. Ce misérable s'étant retiré à Rouen, et saint Ignace ayant appris quil y était demeuré malade, fit à pied le chemin qu'il y a de Paris à Rouen, qui est de vingt-huit lieues, et sans prendre aucune nourriture, pour aller le secourir. C'est ce que font les saints, parce que les saints aiment Dieu. Aussi quand on voulait parler d'un Chrétien dans la primitive Église, l'on disait que c'était un homme qui aimait ceux qui le haïssaient. C'est en cela que nous montrerons à la très sainte Vierge, notre douce et très bonne mère, que nous sommes ses véritables enfants.