BETHLEHEM

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Si vous voulez, nous contemplerons l'Annonciation, avec la visite des mages et des Bergers à Bethléem.

Il y a, dans l'idée qu'en général, on se fait des choses de Dieu, une méprise fondamentale.

Pour presque tout le monde, le service de Dieu apparait comme une discipline sévère, austère, dépourvue de toute joie et de toute allégresse. Vous pouvez vous rendre compte de l'erreur de ce jugement; au contraire, tout ce qui concerne Dieu, quand on réalise dans sa plénitude le don de soi, se transforme en béatitude, en joie et en pacification.

Quand l'Enfant divin naquit, la tradition et la légende assurent que toute la nature en ressentit une exaltation. Les animaux parurent joyeux, les fleurs en furent plus parfumées, les arbres eux-mêmes furent plus forts et plus féconds.

Inversement, quand cet Enfant, parvenu au terme de Sa carrière, sera suspendu à cet Arbre qui sera le signe de ralliement pour l'humanité entière, les rochers trembleront, les monuments seront ébranlés et s'effondreront, les animaux s'enfuiront et les plantes sécheront.

Le sens intime du peuple a raison quand il croit que Noël est la fête joyeuse par excellence. L'instinct de la foule sent, quand les forces du Ciel entrent en contact avec la terre, que cela signifie un regain d'espoir et de vitalité. Les forces que la terre reçoit ne vient pas que du Ciel; il y en a qui viennent d'ailleurs; celles-ci ne sont pas parfaitement pures; d'abord elles ne parviennent pas immédiatement à notre planète, mais seulement après des réfractions assez nombreuses. Elles ne nous apportent pas toujours des vertus régénératrices, tandis que, lorsque les forces du Ciel viennent ici-bas (puisque nul rocher ne peut y faire obstacle), tout ce qu'elles atteignent est revivifié.

Quand un véritable serviteur du Christ passe dans une forêt, s'il touche du pied un tronc mort, ce tronc reverdit; quand il pose la main sur un homme ou un animal malades, il les guérit. Tout ce qui entre en contact avec lui reçoit une vie nouvelle: c'est une renaissance.

Le type de ce deuxième don de la vie, don que la vie fait aux êtres déjà vivants qu'Elle retouche, c'est le phénomène de la Régénération mystique. Nous reparlerons de ce processus; mais, pour le moment, il nous importe de sentir que Dieu est l'harmonie de toutes conciliations, la joie de toutes accordailles, la splendeur de toute résurrection.

Dieu ne fait jamais autre chose que de nous envoyer l'espérance, laquelle paraît comme une petite fille qui va à l'école, chante sur les sentiers, portant son petit panier et des fleurs à la main.

Cette vertu dont on parle rarement, qui est comme étouffée sous les dons plus éclatants de la Charité et de la Foi, est celle qui nous fait vivre et qui est la vertu propre du Fils.

A la minute où naquit l'Enfant divin, ce n'est pas seulement le voisinage immédiat qui ressentit cet événement, mais il fut perçu dans tous les mondes; dans le fond de leur foyer vital, ils eurent l'intuition du déclenchement de leur salut et ils bondirent d'allégresse.

Cette explosion de joie existera pour nous un jour, nous devons nous en souvenir, car nous recevons des forces, constamment, pour plus tard, quand aura lieu la naissance du Verbe en nous.

Dans les récits évangéliques au sujet des Bergers, nous devons retenir ces rapports familiers qui existent entre eux et les anges.

Ces rapports des humains avec les anges ne sont pas rares; mais il manque des yeux pour les apercevoir.

Vous le savez, il y a un Invisible de Lumière et l'Incréé où tout est Lumière et le Créé où coexistent la Lumière et les Ténèbres.

Autour de nous, il y a une multitude de génies mixtes chez lesquels se rencontrent la lumière et les ténèbres. Ils sont pour chacun les agents de son propre destin. Cette armée d'auxiliaires donnés à tous les êtres et dont tous bénéficient est remplacée, pour le véritable disciple, par une armée d'anges, dépassant en puissance et en splendeur tous les génies et qui sont l'individualisation spontanée de la sollicitude du Père.

Les voyants les ont aperçus sous la forme d'enfants ailés qui expriment la plastique, la promptitude, l'allégresse et l'obéissance parfaites: c'est là ce qui caractérise les anges.

En ce moment nous croyons que la terre, l'eau, l'air sont des êtres impersonnels. Cette opinion change totalement quand les choses sont considérées du point de vue de l'Absolu.

Vu du Royaume de Dieu, tout est un individu conscient, doué d'une certaine intelligence et d'une certaine liberté.

Cet immense univers, cette colonne éblouissante de forces et de lumières qui, depuis le Christ, descendent du trône du Père dans le coeur de ceux qui veulent bien les accueillir, c'est le secours du Christ pour chacun de nous.

Cette colonne est une multitude innombrable de serviteurs zélés, d'êtres spirituels appelés anges, d'essence radicalement différente des autres êtres invisibles dont parlent les ésotérismes et les folklores.

Il y a des multitudes d'anges: chacune des volontés du Père en vue du Salut universel fut un ange et l'est encore.

Pour les dénombrer, il faudrait faire le compte de toutes les pensées, de toutes les volitions, de tout l'amour, de tous les actes du Père; le compte de toutes les pensées, de tous les sacrifices, de tous les actes du Verbe, depuis Son départ du Ciel; ceux qu'II a accomplis pendant Sa vie terrestre et ceux qu'Il accomplit encore. Il faudrait tenir compte de toutes les bénédictions, de tous les secours apportés, des guérisons octroyées en vue de la régénération: chacune de ces manifestations est un ange.

Quand nous aurions fait ce compte impossible, nous aurions une petite idée de ce que les théologiens, nomment la Providence vivante.

Il s'ensuit que si nous avons conscience de la multiplicité et de la réalité de ces  présences perpétuelles, une grande responsabilité pèse sur nous: responsabilité d'avoir à utiliser leur secours, responsabilité de ne pas les oublier, quelles que soient pour nous les difficultés de la vie.

Nous avons le devoir de prendre conscience de tout cela pour faire appel, avec une importunité excessive, à ces secours, certains que, plus nous demanderons plus nous recevrons d'aide, plus il nous sera accordé, puisque ces aides viennent des ressources sans fond de la bonté du Père. Voilà l'idée générale qui doit présider à nos méditations sur l'adoration des bergers.

Tout a été dit sur ce sujet; tous les auteurs mystiques ont fait ressortir l'opposition entre l'ignorance de ces gens et la faveur immense qu'ils ont reçue d'avoir été tout proches et les premiers à contempler Dieu revêtu de chair humaine. Cette apparition des Anges par lesquels ils furent illuminés est beaucoup plus fréquente qu'on ne pense, mais nous n'avons pas encore  des yeux pour voir. Mais il y a des voyants qui ont pu les apercevoir.

Il y a plusieurs sortes de clairvoyance:

l La première, innée, naturelle, est une faculté involontaire. Certains l'ont de naissance: elle leur permet de voir les choses à travers les voiles de la matière et malgré ces voiles. Qu'elle soit bonne ou mauvaise, cette possibilité de découvrir certaines choses de l'Invisible, demeure néanmoins soumise à des facteurs divers. Nous mentionnerons simplement ici son existence.

2 Il y a une clairvoyance artificielle que certains développent en eux par des moyens plus ou moins licites, plus ou moins savants, par une connaissance plus ou moins complète des rapports de l'esprit avec la matière.

Ces enseignements, ces entraînements, ces procédés font partie de la pratique des sciences occultes. Chaque ésotérisme prétend qu'il possède les moyens les plus efficaces.

Nous savons que le fait de prendre une chose que la vie ne nous offre pas n'est pas légitime.

Donc: 1) la clairvoyance naturelle n'est pas à l'abri des erreurs; 2) la clairvoyance artificielle ne nous intéresse pas. Il y a une 3è clairvoyance à laquelle ne convient pas ce nom, puisqu'elle agit dans un monde totalement différent.

Quand le coeur d'un homme a tellement passé par toutes les souffrances, par tous les laminages, qu'il a été rendu ductile et renforcé à la fois, au point que rien ne peut l'atteindre, qu'aucune tempête ne peut le faire trembler, ce coeur alors a retrouvé, a récupéré sa splendeur primitive, c'est-à-dire qu'il est devenu capable d'être le tabernacle d'un des souffles d'Esprit.

Dès ce moment, les voiles de la matière sont pour lui comme s'ils n'étaient pas. Il possède cette clairvoyance qui ne demande aucune étude et qui est la conaissance totale, infuse.

Les clairvoyants par entraînement sont souvent des désaxés; ils sont en rapport avec l'Invisible par suite d'un déséquilibre naturel ou artificiel.

La clairvoyance spirituelle, au contraire, possède constamment la pleine conscience sur le plan physique, mais cette conscience ne l'empêche pas de savoir ce qu'il y a dans certains  espaces ª pour parler comme les savants modernes. Il y a la même différence entre ces trois clairvoyances qu'entre les dons naturels, les dons acquis artificiellement et les dons du Ciel qui sont gratuits.

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Sur la grotte de Bethléem tous les anges ont passé; du fond des nébuleuses et des mondes, ils sont venus rendre hommage à Jésus.

Cette manifestation miraculeuse n'est pas seulement un fait historique local, survenu une fois pour toutes; elle continue tout le long des siècles. Ce qui caractérise l'Évangile, en effet, c'est sa perpétuelle actualité, parce que c'est l'histoire de l'Être éternel. Jésus n'a-t-il pas dit:  Qui me voit, voit mon Père ? En Lui s'ouvrent toutes les avenues, tous les points de vue nécessaires pour que nous puissions nous faire une idée de ce que sont la Vie divine et Ses activités incessantes.

Autour de nous il y a constamment des myriades d'esprits mixtes, dont nous n'avons d'ailleurs pas à nous occuper, des myriades d'anges qui se meuvent autour de nous, entourés d'un éclat proportionné à notre zèle et à nos renoncements. Si nous nous rendons compte que nous sommes ainsi entourés, aidés, nous nous assurerons que le service de Dieu n'est ni pénible ni austère. Au reste, le Christ nous le dit:  Mon joug est doux et mon fardeau léger. Seulement, nous nous y prenons mal pour le porter.

Il vient dans l'histoire de chaque âme un jour où elle voit qu'elle s'est trompée, qu'elle a donne le trésor de son amour et de sa vie à des idoles qui ne le valent pas. Elle commence à changer de chemin; elle fait, dans l'Invisible, ce que les théologiens appellent une  conversion. Cette conversion, parce que nous sommes faibles et craintifs, parce que nous sommes des enfants sans persévérance, n'est pas immédiate, ni totale; elle est entrecoupée de retours en arrière, de remords, de tergiversations.

Nous nous figurons cependant que nous servons déjà Dieu et que Son service est dur. C'est que nous ne savons pas nous y donner complètement; nous compliquons notre travail. Si un homme a décidé telle ligne de conduite et qu'il revienne en arrière, il ne fera rien de bon. Il en est ainsi pour nous qui nous croyons chrétiens, si nous n'avons jamais osé faire le pas définitif pour nous placer résolument dans le camp des serviteurs de la Lumière.

Si vous avez effectué ce pas, cette volte-face en vérité, vous aurez la vie nouvelle par le Christ et aussi la plus douce vie.

Je vous dis ces choses pour vous demander d'y donner votre attention, non avec un sentimentalisme appelé à tort piété, mais avec la certitude profonde du sérieux de ces réalités, de la gravité des décisions que vous pourrez prendre. Persuadez-vous que si bas que nous soyons et si incapables par nous-mêmes d'un acte un peu noble, nous restons pourtant, par  quelque chose qui est au fond de nous, des créatures tellement uniques et singulières dans l'Univers entier, que toutes les autres créatures attendent de nous le signal pour se mettre en route, à notre suite, dans la voie de droite ou de gauche.

Notre responsabilité si grande nous fait un devoir de rassembler nos forces pour accomplir notre effort jusqu'à la limite de notre puissance.

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L'Univers sensible, nos savants disent qu'il est le résidu de l'Univers des forces. Les mystiques disent que l'univers des forces, quoique déjà une telle merveille, n'est lui-même que le voile souillé dérobant à nos yeux le monde de la Gloire. C'est le  Royaume dont parle le Christ; toutes ses architectures, toutes ses formes, tous ses chemins ne sont qu'un seul chemin où Jésus passe tout le temps et qui est Jésus Lui-même.

Ceux qui y passent après Lui sont des parcelles mêmes de Jésus, et le Verbe qui remplit l'univers entier est une  réalité toujours vraie, c'est-à-dire la  Vérité ª. Ce monde de la Gloire reste inconnaissable à ceux qui ne sont pas avec le Christ.

Même aux âmes les plus hautes le l'humanité, le Royaume ne peut encore paraître que comme une nuit obscure, parce qu'il ne peut s'éclairer pour eux que par des lueurs fugitives. Le Christ donne la lumière de l'Absolu à tout; Il est ce monde de la Gloire, Il est la vie de ce monde, Il en est l'âme; Il en est aussi la porte. N'a-t-il pas dit: Je suis la porte ?

Le monde de la Gloire est gouverné avec une entière perfection par la  Providence vivante. En lui tout est parfait, ordonné; toutes les hiérarchies, tous les travaux, toutes les victoires et les apparentes défaites de ce monde sont l'expression d'une infinie Sagesse. Tout y est essentiellement bien.

Il est terrible pour nous de voir le mal triompher ici-bas, mais ce n'est qu'une apparence de triomphe: Jésus pourrait tout de suite, en un instant, mettre fin à l'existence du mal; Il serait le maître du monde en trois minutes s'Il le voulait; mais Il ne le veut pas encore, parce qu'Il a décrété qu'Il serait notre esclave et qu'Il attendrait notre bon plaisir.

Pour apercevoir ces choses autrement que par notre intelligence, c'est-à-dire  en vérité, il nous faut devenir aveugles aux autres lumières; enlever beaucoup de taies de nos yeux: les taies de l'égoïsme, de l'orgueil, des préjugés, des conventions, de la fausse science. Et il faudra encore que nos yeux, alors libérés, aient le temps de s'accoutumer à la Lumière; le Ciel ne prend pas Sa victoire tout de suite; Il nous laisse le temps de la convalescence.

C'est à ces certitudes que mène la contemplation extérieure de la visite des Bergers à Bethléem.


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La naissance du Christ est un fait qui a eu une répercussion non seulement dans le voisinage immédiat, mais sur la terre entière.

Partout les anciens temples, les autels des augures, les centres religieux, quelles qu'aient été leurs doctrines, furent ébranlés. Les antres prophétiques furent renversés, du Pérou au Mexique, du désert de Gobi à la Chine, du Japon au centre de l'Inde, à Mysore, dans le royaume d'Oude, en Egypte, en Grèce, en Thrace, dans la Celtide, sur le plateau de l'Iran.

A Rome, au pied du Janicule, à l'intersection de deux voies: la voie aurélienne et la voie triomphale, s'élevait un temple à Jupiter. La tradition dit qu'il s'écroula, le sol s'entr'ouvrit et une fontaine jaillit à cette place. Sur cette fontaine, longtemps après, les chrétiens bâtirent une église qui subsiste encore sous le nom de: Sainte Marie du Transtévère.

On a vu se réaliser des phénomènes analogues dans le monde des astres. Il y eut des comètes, des chutes d'étoiles, des apparitions d'étoiles nouvelles.

Les Mages furent prévenus par un de ces phénomènes. A leur propos, une légende dit qu'ils étaient des rois chaldéens; une autre dit qu'ils représentaient les trois races: noire, blanche et jaune.

Les deux légendes sont inexactes. L'un de ces rois était un khan ou prince nomade vivant principalement entre la Caspienne et l'Oural. Les deux autres aussi étaient des princes pasteurs. Ces trois rois n'étaient ni des astrologues, ni des sages chaldéens.

A ce moment, d'ailleurs, la religion de la Chaldée n'existait plus dans sa forme primitive. Le Mazdéisme fondé, il y avait longtemps, par Zoroastre, avait été une religion très pure dont la morale ressemblait beaucoup à celle des chrétiens. Pour le Mazdéen, l'Univers est le champ de bataille entre la Lumière: Ormuz et les ténèbres: Ahriman.

Tous deux se battent dans l'Invisible, avec les saints et les génies et les démons de la corruption. Et la bataille est la même parallèlement sur la terre, entre les bons et les méchants, entre le Bien et le Mal.

Cette morale reconnaît les bonnes pensées, les bonnes actions, la sincérité, la droiture, la vérité. Le culte aussi est simple; il consiste en offrandes d'une certaine liqueur sacrée: Aoma.

Les sacerdotes s'occupent de l'interprétation des songes, de l'étude des astres, de l'étude des cérémonies du culte.

Le Mazdéisme autrefois avait été puissant; il gouvernait la Perse actuelle. Cyrus a beaucoup diminué le nombre des fidèles et l'influence des prêtres. A l'époque de Jésus, les mazdéens n'étaient plus que des groupes épars.


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Il y a une tradition accréditée par les écrivains modernes: c'est de croire qu'il existait, dans les temps anciens, un immense réseau d'ésotérisme unissant les centres mystiques de tous les pays et par les soins duquel les initiés de ces centres travaillaient d'une manière coordonnée.

Cette idée est depuis longtemps dans le domaine de l'hypothèse: elle a certainement été une réalité. Elle a existé pendant un ou deux siècles, quand l'Atlantide, par sa constitution géographique, put centraliser les enseignements et harmoniser les efforts religieux du monde connu. Après sa disparition si éclairée qu'eût pu être la colonie rouge, sauvée de l'Atlantide, l'ancien organisme ne put subsister.

Il y eut un désir analogue, au commencement du XVIIe siècle, dans les efforts déployés par les Rose-Croix pour restaurer cette unité. Ils ont continué de caresser ce rêve de fonder, un jour, une monarchie universelle avec un monarque unique et une religion ayant un seul pontife. Ils n'ont pas, quoique agissant anonymement, réussi à le réaliser, mais ils n'ont pas abandonné cet espoir humain.

Les rois mages, comme tous les princes pasteurs, voyageaient avec leurs troupeaux et leurs serviteurs qu'ils menaient ça et là, selon les habitudes de la vie patriarcale. Ils furent avertis de la venue du Christ par l'étoile surnaturelle sur laquelle personne n'est encore d'accord. Je mentionnerai seulement que, tour à tour, on a cru qu'elle était l'étoile polaire, visible alors dans la Petit Ourse, ou bien l'une des trois étoiles du Baudrier d'Orion, appelée depuis l'étoile des trois mages.

Des savants ont écrit que c'était une apparence formée par la conjonction de cinq planètes qui fut observée à cette époque; observation qu'on trouve relatée dans des documents en Chine, au Thibet, dans des collèges hindous, à Pékin où il y avait un observatoire très ancien; au temple de Kâli près de Lhassa... Dans le Royaume d'Oudh, un document parle aussi de cette conjonction extraordinaire.

On pourrait objecter que ces observations astronomiques, prises en général, sont faites comme si le milieu interplanétaire était homogène, comme si la lumière s'y propageait avec une vitesse égale et constante. Ce n'est qu'une hypothèse; les faits ne l'ont pas encore contredite.

Les physiciens modernes ont trouvé que les fluides, la lumière, le son, l'électricité ont un poids; alors la vitesse de la lumière ne peut être égale et constante, si le milieu interplanétaire n'est pas homogène; où sera dès lors l'exactitude des calculs astronomiques ? Quelle sera la vérité objective de ces hypothèses ?

Si la science des mathématiques, la plus exacte en apparence, laisse elle-même la place à l'hypothèse, le savant a-t-il le droit de rejeter toute hypothèse? En voici une que je vous propose. La fameuse étoile était une comète. Les comètes sont des êtres extraordinaires. La plupart du temps, on sait à peu près de quelle région elles viennent, où elles vont et à quelle époque on pourra les revoir dans leur course. D'autres comètes, par contre, on ne connaît absolument rien.

Les comètes sont comme des missionnées de l'humanité des astres, des donneuses d'espérance, des porteuses de forces. Elles surgissent du fond de l'espace, accomplissent leur mission de régénération ou de médication pour un monde où la vie s'affaiblit, puis repartent dans l'espace d'où elles étaient venues.

Les comètes, parce qu'on a remarqué leur apparition avant les catastrophes, les guerres, les épidémies, en ont gardé un  sens néfaste. Tout remède énergique n'aboutit-il pas à l'expulsion des déchets organiques ? Si c'est là un remède pour un monde, c'est pour le débarrasser de ce qui ne lui est plus utile; et c'est toujours un bienfait. D'ailleurs, conservons la certitude que Dieu ne punit jamais; nous nous attirons les punitions par le même mécanisme qui appelle l'indigestion sur l'estomac de l'enfant trop gourmand.

La comète guida donc les rois qui, après avoir traversé la Syrie, arrivèrent à Jérusalem où leur venue suscita les soupçons d'Hérode. Ils se rendirent à la grotte de Bethléem située en dehors de la ville, s'approchant de l'Enfant dans lequel leur foi leur avait fait voir le  Don de Dieu à l'humanité. Les offrandes qu'ils apportaient prenaient leur signification du donateur et de la qualité de Celui à qui elles étaient offertes.

Ou nous dit que ces rois s'appelaient Gaspard, Melchior et Balthazar. Et l'Évangile ajoute que le premier offrit de l'or, le second de l'encens et le troisième de la myrrhe.

Ces substances ne sont pas symboliques, parce que dans l'Absolu il n'y a pas de symboles; tout est un être vivant. L'or est, dans le règne minéral, ce qu'est la Vérité dans le règne de l'Intelligence. Ainsi en est-il des deux autres substances dans le règne végétal.

L'encens est la plus mystérieuse des trois; il correspond à l'art des anciens théurges.

Nos chimistes ont construit une science admirable mais qui est à ses débuts. Ce qui n'est pas encore fait, c'est le pont entre les règnes minéral, végétal et animal. Il n'y a pas encore eu de génie assez puissant pour établir les liens qui unissent ces trois mondes de phénomènes. L'or est le produit d'une force et l'un des foyers d'une ellipse dont l'autre foyer est le sang. La myrrhe, dans les végétaux, est sur la limite du règne animal.

Suivez la tradition des religions anciennes, vous reconnaîtrez que les mages et les plus avancés des sacerdotes avaient la notion d'un Dieu uni au Verbe et rédempteur. Mais, pour le peuple, la religion consistait surtout à se concilier les êtres invisibles. C'était là le culte des dieux. Pour permettre à ces présences spirituelles de se manifester, on créait une atmosphère fluidique factice, par l'emploi d'aromates et de parfums.

Les sacrificateurs de certains cultes ont trouvé que le parfum de l'encens était particulièrement puissant pour provoquer la descente de ces dieux. C'est à force de répéter ces rites, que l'essence, l'esprit même de cet encens reste revêtu de ce pouvoir d'évocation tout spécial.

Mais cette évocation des génies et des dieux créés, qui suffisait au peuple, dans les anciennes religions, n'était qu'une image imparfaite et une préparation grossière pour la véritable théurgie chrétienne qui sera la descente du Verbe dans les âmes et dont l'agent évocateur ne sera ni le parfum de l'encens ni le sang des animaux sacrifiés, mais uniquement l'immolation d'un coeur pur qui se renonce par amour de Dieu et du prochain.

Les trois Mages savaient cela. Il n'y eut pas qu'eux de justes, d'ailleurs; ils ne furent pas seuls à avoir senti et compris l'Unité de Dieu et la rédemption possible, proche même.

Eux qui étaient riches, ont pu se déplacer et venir adorer le Verbe incarné. D'autres  justes connaissaient aussi cette venue du Verbe, mais ils vivaient dans la pauvreté qui ne leur permettait pas de se déplacer et de venir à Bethléem. Ceux-là, Jésus ira les voir pendant Ses voyages, réalisant ainsi cette parole:  Si on vous dit que le Christ est ici ou là, n'y allez pas, car le jour où Il doit venir pour l'un de nous, où nous devrons Le rencontrer, Il saura nous trouver où que nous soyons.

A toute minute cette parole nous montre la perpétuité des faits et des épisodes de l'Évangile.

Nous ne voyons pas cette Réalité parce que nos formalismes nous aveuglent, parce que le monde matériel obscurcit notre vue.

Si vous êtes pourvus d'une intelligence et de forces, ces choses ne vous empêcheront pas de reconnaître le Verbe quand vous serez en Sa présence, à la condition de ne pas élever d'autels à cette intelligence et à ces forces, à condition que vous sachiez qu'elles ne sont qu'un prêt, que vous soyez des pauvres en esprit.

Si vous êtes ignorants et incultes, cela ne vous empêchera pas non plus de reconnaître le Verbe, si en votre for intérieur vous n'avez pas d'envie pour la richesse ni pour la science des autres.

Tout réside dans le renoncement d'une part et dans la foi de l'autre.

Cela nous permet de faire le pas définitif qui, seul, tout petit qu'il soit, nous mettra en face du Seigneur de l'Univers et qui nous permettra de nous unir à Lui.

SÉDIR