L'ÉSOTERISME

BOUDDHISME, VÉDANTISME ET CHRISTIANISME.



Les Orientaux admettent en général la thèse de l'autodéification de l'individu par la Volonté. Libérez-vous, disent-ils, de tout ce qui vous enchaîne; mais le Christ a dit: " Qui veut sauver son âme la perd ".

Le domaine de cette âme est vraiment splendide; le contrôle de l'interne donne bien le contrôle de l'externe, tout a bien une signification et un aboutissement de culture morale; mais c'est une sorte d'égoïsme raffiné que de se contenter d'être témoin du drame de l'existence. Il ne faut pas se réfugier dans une tour d'ivoire, sans quoi on n'évolue plus; il ne faut pas se contenter d'aider les autres de loin en les encourageant de la voix et du geste, mais il faut patauger avec eux dans les fondrières.

Ce n'est pas la même entité divine qui s'est manifestée en Khrisna, Bouddha et Jésus. Chacun d'eux nous mène par des routes progressivement divergentes à des paradis opposés. Ils choisissent chacun leurs disciples et ce ne sont pas leurs disciples qui les choisissent. Avouons que nous ne savons rien, sauf que nous devons lutter contre l'égoïsme. Consacrons toutes nos forces au bien-agir et non à la culture du mental que recommandent les Orientaux; ce mental se purifiera et se développera tout seul et bien plus sainement. Et la méthode pour nous libérer n'est pas de tout rendre esclave en nous et autour de nous, car le plan des fluides que les Hindous présentent comme la clé de voûte de l'édifice cosmique n'est que l'enveloppe du plan central, et le connaître ne procure ni l'omniscience ni l'omnipotence. Notre âme se tient en son lieu pure, omnisciente et omnipotente; mais en germe seulement. Et sa lumière est transmise à notre conscience non pas par l'intelligence mais par le coeur. On ne peut purifier le mental par le mental sans risquer de se tromper, même de bonne foi. Délaissons plutôt la contemplation pour l'action. Les entraînements immobilisent ou déséquilibrent nos puissances intérieures vers l'artificiel, l'action leur laisse leur autonomie, leur spontanéité. Elles peuvent alors rayonner et transfigurer peu à peu le monde matériel.

C'est bien notre volonté qui nous enchaîne, mais elle est incapable à elle seule de nous délivrer. Dieu et Son amour seuls le peuvent. La vie une se manifeste bien par l'âme, le moi, la volonté, le mental, mais tous possèdent une certaine indépendance et les psychologies captieuses du Védantisme et du Bouddhisme ne sont encore que des points de vue partiels. La foi en nous-mêmes ne peut pas plus nous rendre maîtres dans le spirituel que dans le matériel; il lui faut des aides objectifs.

L'ignorance qui nous rend infirmes n'est pas une cause mais l'effet de l'égoïsme qui produit et l'ignorance et la douleur parce qu'il ne vit que d'ignorance et de douleur. Tous les fondateurs de religion l'ont dit, l'égoïsme est notre bourreau. Il s'agit donc d'abord de le combattre et pour cela soyons tout de suite des hommes de charité. Si l'on a consciencieusement travaillé tout le jour à aider ses frères, les bêtes et les choses à porter leur fardeau, on n'a plus de temps pour la méditation ou les exercices mentaux. Soyez d'abord un saint, la connaissance et les pouvoirs vous viendront tout seuls; mais ne cherchez pas à les conquérir directement.

Sédir