LE CHEMIN SPIRITUALISTE

Il nous semble que plusieurs remarques sont à faire à propos de la réédition, sous ce titre, d'un petit livre datant de 1910 et alors intitulé " Le devoir spiritualiste ". Plus juste peut-être, ce mot " devoir " sentait un peu trop l'école. Le chemin, c'est davantage l'invitation au mouvement, à la marche, mais entre des fossés et des remblais bien nets. C'est aussi la possibilité d'un choix, une vie offrant toujours plusieurs chemins : les uns détournent, d'autres vont droit. C'est à chacun de juger, d'entreprendre, la liberté de l'homme étant douloureusement respectée par le Ciel, qui propose plus qu'Il ne dispose, on le voit bien par l'attitude du Christ.

Sédir écrivait pour convaincre et entraîner. Son mysticisme peut apparaître exigeant : c'est ici celui d'un jeune chef d'école, avec des raideurs et peu de sourires. D'autres ouvrages de lui sont plus denses, mieux écrits, plus serrés et peignés. Celui-ci a la grâce d'un jet, d'une esquisse, mais forte. Les développements viendront après.

D'où Sédir tenait-il sa pensée ? D'une culture ésotérique certainement très forte, de l'écoute de ses intuitions et puis, d'un autre, qu'il appelle son Maître. Il est difficile de savoir quelle source a été la plus abondante, dans ce départ d'une rivière qui eut, qui a ses rapides et ses lenteurs, sa majesté aussi.

Curieusement - et c'est ici plus visible qu'ailleurs - l'expression de Sédir va toujours du détail le plus précis aux sommets les plus hauts. Elle est comme un oiseau qui plonge jusqu'au ras des toits et remonte la seconde d'après au zénith. Nous en restons étonnés, mais cette rapidité séduit parce qu'elle est audace et vigilance et qu'elle parait pourtant assimilable par nos quotidiens.

Certains auteurs cités dans ce texte nous sont à peu près inconnus. Cela ne veut pas dire qu'ils ont démérité, tant le purgatoire littéraire connaît d'étranges oublis. Écrivant de nos jours, Sédir aurait sans doute emprunté à des oeuvres que nous connaissons mieux, la littérature religieuse actuelle étant riche.

On nous demande parfois au seuil de l'oeuvre vaste et touffue de Sédir : par quoi commencer ? Ce chemin est peut-être la bonne réponse. Il court, borné irrégulièrement par les sujets, à travers le visible et l'invisible, rappelant les devoirs. évoquant les droits, suggérant des recettes de mieux vivre. Les Évangiles, la personne même du Seigneur sont à l'origine et imprègnent ces pages. Le commentaire est neuf, hardi, parfois prophétiquement actuel ce qui n'est pas si mal, constaté soixante-dix ans après.

La grandeur de la vie humaine a été contestée par toute une littérature d'abandon, de retrait. Sédir ici réhausse l'homme, évoque sa dignité originelle. A nous de remonter sur le pavois par l'effort, la patience et l'enthousiasme. Ne serait-ce que pour cet optimisme le chemin mérite d'être lu. Et nous souhaitons qu'il devienne un petit livre de route pour ceux auxquels Dieu donne la grâce de Le rejoindre dans un " ici bas " qui peut être un " Ici haut "


Les Amitiés Spirituelles : sont un groupement de personnes de bonne volonté qui reconnaissent le Christ comme seul Maître de la vie intérieure et l'Évangile comme la vraie loi des consciences et des peuples.

Il ne s'agit ni de fonder une religion nouvelle, ni de créer une secte de plus. Les membres de ce groupe respectent toutes les formes sociales ou religieuses; ils estiment que rien n'existe qui n'ait sa raison et son utilité; ils ne critiquent aucune opinion; mais ils veulent ne dépendre que du seul Christ. Ils sont persuadés qu'une évolution collective réelle ne peut s'obtenir que par la réforme individuelle, et que toutes les difficultés terribles qui, aujourd'hui menacent le monde occidental, seraient vaincues si la majorité des individus, à tous les degrés de l'échelle sociale, accomplissaient tous leurs devoirs.

En conséquence, les membres des Amitiés Spirituelles s'attachent a faire passer dans leurs actes les maximes de l; ouvriers, employés, patrons, époux, pères, citoyens, ils essaient d'accomplir ces diverses taches avec une conscience intègre. et ils s'efforcent chacun dans son cercle d'action, de soulager les souffrances environnantes.

Leur objectif, c'est le relèvement spirituel et moral des individus, en leur facilitant, par l'exposé des doctrines de l'Évangile, une reprise de contact avec la pensée chrétienne, les traditions françaises et les sentiments de fraternité réelle qui doivent harmoniser réciproquement ces trois grands souffles de la civilisation occidentale.

Profondément convaincus que rien, n'arrive sans la permission de Dieu, ils ne font pas figure de réformateurs austères; l'expérience leur a montré qu'un bon et fraternel coup d'épaule au malheureux embourbé l'aide et le réconforte mieux que des discours. Les rapports que l'homme peut établir avec Dieu sont, à leur avis, chose trop grave pour qu'ils s'immiscent jamais dans les consciences.

Les Amitiés Spirituelles demandent à tous de tenter pour leur compte le même essai qu'ils ont tenté pour le leur.