CHAPITRE II

CORRESPONDANCES SPIRITUELLES


Ensuite il se retira sur la montagne et passa la nuit à prier Dieu. Quand il fit jour, il appela ceux qu'il lui plut de désigner lui-même et ils vinrent à lui. Alors il en choisit douze auxquels il donna le nom d'apôtres, pour être avec lui, pour recevoir mission de prêcher, avec le pouvoir de chasser les démons, de guérir toute maladie et toute infirmité.

Voici les douze qu'il choisit : Simon, à qui il donna le nom de Pierre; Jacques, fils de Zébédée, et Jean, frère de Jacques, auxquels il donna le nom de Boanergès, c'est-à-dire fils du tonnerre; André, frère de Simon-Pierre; Philippe; Barthélemy; Matthieu; Thomas; Jacques, fils d'Alphée; Thaddée; Simon le Cananite, celui qu'on appelle le zélateur; Judas l'Iskariote, celui-là même qui le trahit.

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Ensuite il entra dans une maison, et la foule y accourut encore, à tel point qu'ils ne pouvaient pas même manger. Ceux de sa parenté, l'ayant appris, vinrent pour s'emparer de lui. Ils disaient, en effet, qu'il avait perdu l'esprit.

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Il arriva, un jour de sabbat, que Jésus passa par les blés. Ses disciples avaient faim et se mirent, chemin faisant, à cueillir
des épis. Les pharisiens lui dirent : " Vois donc ! Pourquoi font-ils ce qu'aux jours de sabbat il n'est pas permis de faire ? " Il leur répondit : " N'avez-vous jamais lu ce que fit David, quand il fut contraint par la nécessité et qu'il eut faim, et ce que firent ses compagnons ? Comment, sous le grand prêtre Abiatar, il entra dans la maison de Dieu et mangea les pains de proposition qu'il n'est permis qu'aux prêtres de manger, et en donna à ceux qui étaient avec lui ? N'avez-vous pas aussi lu dans la loi que, le jour du sabbat, les prêtres violent, dans le Temple le repos sabbatique et cependant sont innocents (Nombres ch. 28, v. 9) ? Or, je vos le dis, il y a ici quelque chose de plus grand que le Temple. Si vous saviez ce que signifie : Je veux la miséricorde et non le sacrifice, vous n'auriez pas condamné des innocents ". Et il ajouta : " Le sabbat a été fait pour l'homme et non pas l'homme pour le sabbat. C'est pourquoi le Fils de l'Homme est maître même du sabbat ".

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Une autre fois, Il entra dans la synagogue où se trouvait un homme qui avait la main sèche. Les scribes et les pharisiens, pour avoir un prétexte à accusation, lui posèrent une question : " Est-il permis de guérir un jour de sabbat ? " Il leur répondit : " Si l'un de vous n'a qu'une brebis et que, le jour du sabbat, cette brebis tombe dans une fosse, est-ce qu'il ne la prendra pas, est-ce qu'il ne la retirera pas ? De quel prix cependant n'est pas un être humain en comparaison d'une brebis ? Donc il est permis, les jours de sabbat, d'être bienfaisant ". Là-dessus il dit à l'homme dont la main était sèche : " Lève-toi au milieu de nous tous ". Puis, il ajouta : " Aux jours de sabbat, est-il permis de faire le bien ou de faire le mal ? de sauver une vie ou de la perdre ? " Mais ils gardèrent le silence. Alors, jetant sur eux un regard d'indignation, affligé d'un tel aveuglement de coeur, il dit à l'homme : " Étends ta main ! " Il l'étendit et sa main fut guérie. - Quant aux pharisiens, ils sortirent et allèrent immédiatement se concerter avec les Hérodiens sur les moyens de le perdre.

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Jésus se retira avec ses disciples, du coté de la mer de Tibériade, et une foule considérable, venue de Galilée et de Judée, l'y suivit. C'était une multitude immense, arrivant de Jérusalem, de l'Idumée, des terres situées au delà du Jourdain, des environs de Tyr et de Sidon qui, à la nouvelle de ce qu'il faisait, venait à lui.

Il dit alors à ses disciples de lui procurer une barque, à cause de la foule qui risquait de l'étouffer. Il en guérissait, en effet, un grand nombre, et alors, chacun, dans la foule, cherchait à le toucher, parce qu'il sortait de lui une vertu qui les guérissait tous. Quant aux esprits impurs, lorsqu'ils le voyaient, ils tombaient devant lui et s'écriaient : " Tu es le Fils de Dieu ". Mais, par de sévères menaces, il leur interdisait de le faire connaître. C'était pour que fut accompli ce qu'avait dit le prophète Isaïe : " Voici mon serviteur, celui que j'ai élu, mon bien-aimé, celui en qui mon âme s'est complue; je mettrai mon Esprit sur lui, et il annoncera le jugement aux nations; il ne disputera pas; il ne criera pas; on n'entendra pas sa voix dans les places publiques; il ne brisera pas le roseau froissé et il n'éteindra pas la mèche encore fumante jusqu'à ce qu'il ait fait triompher sa cause; et les nations espéreront en son nom ".

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On présenta à Jésus un démoniaque aveugle et muet; il le guérit, de sorte que le muet parlait et voyait. Et la multitude était toute transportée et disait : " Celui-là n'est-il point le fils de David ? " Quant aux pharisiens et aux scribes qui étaient descendus de Jérusalem, ils disaient : " Il a en lui Beelzébul, " et : " C'est par le prince des démons qu'il chasse les démons ". Alors il les appela à lui et leur dit en paraboles : " Comment Satan peut-il chasser Satan ? Si un royaume est divisé contre lui--même, ce royaume ne peut subsister. Si une maison est divisée contre elle-même, cette maison ne pourra subsister; de même, si Satan se livre bataille à lui-même et se divise, il ne peut subsister; il touche à sa fin. Et si, moi, je chasse les démons par Beelzébul, par qui vos fils (ceux de votre parti) les chassent-ils ? C'est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges. Mais si c'est par l'Esprit de Dieu que je chasse les démons, le Royaume de Dieu est donc venu jusqu'à vous. Nul ne peut entrer dans la maison du guerrier et piller ce qu'il possède, s'il n'a tout d'abord chargé de liens le guerrier; c'est seulement alors qu'il pourra piller sa maison ".
" Qui n'est point avec moi est contre moi et qui n'amasse point avec moi, disperse ".
" En vérité je vous le dis, toutes sortes de péchés seront pardonnés aux fils des hommes, ainsi que les blasphèmes aux blasphémateurs. Si quelqu'un prononce un mot contre le Fils de l'Homme, il lui sera pardonné; mais si quelqu'un parle contre l'Esprit saint, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle ni dans l'autre. Je vous le déclare, au jour du Jugement les hommes rendront compte de toute parole oiseuse qu'ils auront dite. Par tes paroles en effet tu seras justifié et par tes paroles, condamné ".

Alors arrivèrent sa mère et ses frères qui, se tenant dehors, le firent demander. La foule était assise autour de lui. Et on lui dit : " Voilà dehors ta mère et tes frères qui te cherchent ". Il répondit : " Qui est ma mère et qui sont mes frères ? " Puis, étendant la main sur ses disciples, il dit : " Voici ma mère et mes frères ! Ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique ! Car faire la volonté de Dieu, c'est être mon frère, c'est être ma soeur, c'est être ma mère ".
" Lorsque l'esprit impur est sorti d'un homme, il erre par des lieux arides cherchant du repos et, n'en trouvant pas, il dit : Je retournerai dans ma maison dont je suis sorti. Il y revient et la trouve nettoyée et parée. Là-dessus, il va prendre sept autres esprits plus méchants que lui-même; ils y pénètrent et y demeurent. Et le dernier état de cet homme devient pire que le premier. Ainsi en sera-t-il de cette génération mauvaise ! "

Pendant qu'il parlait ainsi, du milieu de la foule une femme éleva la voix : " Heureuses, dit-elle, les entrailles qui te portèrent, heureux le sein qui t'allaita ! " Mais Jésus dit : Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent ".


(MARC ch. 3, v. 13 à 19; LUC ch. 6, v. 12 à 16; MATTHIEU ch. 1O, v. 1 à 4. -- MATTHIEU ch. 12, v. 1 à 21; MARC ch. 2, v. 23 à ch. 3, v. 35; LUC ch. 6, v. 1 ; MATTHIEU ch. 12, v. 22 à 32; MARC ch. 3, v. 22 à 30; LUC ch. 11 v. 14, 15, 17 à 23; ch. 12, v. 1O. -- MATTHIEU ch. 12, v. 36, 37. -- MARC ch. 3, v. 31 à 35; LUC ch. 8, v. 19 à 21; MATTHIEU ch. 12, v. 46 à 50. -- LUC ch. 11 v. 24 à 28; MATTHIEU ch. 12, v. 43 à 45.)