III

LA SALUTATION ANGÉLIQUE
 

     Je vous salue, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous . Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Ainsi soit-il.


     Voici en quoi consiste cette prière, la plus puissante, après le Pater, du christianisme, et je pourrais dire de toutes les religions. Nous mettant en relation avec la première des créatures, elle est le résultat de la collaboration d'un ange et de divers personnages ; de même que l'Oraison dominicale, nous unissant au Père, nous a été donnée par le Fils.

     La Salutation angélique se compose de trois parties :

     1. - Les paroles de Gabriel (je vous salue, Marie, pleine de grâce ; le Seigneur est avec vous) ;

     2. - la salutation par laquelle Élisabeth accueillit sa cousine (vous êtes bénie entre les femmes et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni) ;

     3. - l'invocation (Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort ; ainsi soit-il).

     Les deux premières parties sont d'un usage très ancien dans l'Église. Elles se trouvent, soit textuellement, soit sous une forme équivalente, dans la liturgie de saint Jacques le Mineur, et dans l'Antiphonaire de saint Grégoire le Grand ; la troisième partie est due au concile d'Éphèse en 431. L'Ave Maria se trouve dans un recueil de prières d'un patriarche d'Alexandrie du VIIe siècle, sauf les derniers mots (maintenant et à l'heure de notre mort), qui sont plus récents et paraissent avoir été ajoutés par les Franciscains. Cette prière fut introduite en France par Louis le Gros. Cromwell l'interdit en Angleterre, dans le temps que Louis XIII offrait son royaume à la Vierge.
 


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     Quel attachement et quel amour n'éprouve pas une mère à l'égard de son fils ! Et lorsque ce fils est Jésus, la beauté parfaite, l'incarnation de la douceur, de la soumission, de la piété filiale et de l'amour, quelle adoration ne devait pas avoir Sa mère pour Lui ! Quel n'a donc pas été son martyre de voir son Fils incompris, persécuté, calomnié et enfin arrêté et condamné injustement, flagellé, couronné d'épines et attaché à une croix ignominieuse ! Combien son cœur a dû saigner de Le voir mourir d'une telle mort !

     Et pourtant l'ange l'avait appelée « pleine de grâce », « bénie entre les femmes ». Si Celle qui était l'Immaculée a souffert de cette manière, sans jamais une plainte, quelle honte ne devrions-nous pas éprouver de nos impatiences continuelles et de nos murmures, nous qui pourtant avons mérité plus que nos épreuves et qui souffrons justement !

     Méditons l'exemple de résignation céleste que nous donne « la Mère de douleur ». Et, comme elle, disons toujours : « Voici la servante du Seigneur ».

     De même que Jésus a été « le fruit de ses entrailles », nous aussi, en suivant les enseignements de la Sagesse éternelle que la Vierge représente, enfantons Dieu dans notre âme. Il y naîtra quand Il y trouvera un temple digne de Le recevoir, purifié des passions et des convoitises, dépouillé de la cupidité, ennobli par l'acceptation de la croix et habité par l'amour. Et cet enfantement sera notre régénération.

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