DIALOGUES INTER-RELIGIEUXD: Comment vous situez-vous par rapport aux autres religions ? RS : Je rappellerai
d'abord la phrase prononcée par Jean-Paul II lors de sa semaine
missionnaire mondiale d'Assise, du 13 au 20 octobre 1991 : "Avec
le Christ, ouvrons des chemins de dialogue". Cela ne veut pas dire
qu'il faille changer de Voie et de cheminement religieux, ou bien encore
tout mélanger vers un pluralisme dangereux qui risquerait de
nous éloigner de notre Foi actuelle ! Hier, vous le savez, il fallait quitter son pays, sa culture et sa famille pour annoncer la parole de Dieu à temps et à contre-temps; cette annonce, cette "mission" ne s'effectuait pas toujours sous la forme d'un véritable dialogue ni avec le souci actuel d'inculturation. Aujourd'hui, si l'Église poursuit sa mission dans les coins les plus retirés du monde, c'est plus soucieuse du respect d'autrui. Par contre, ce qui était un devoir pour quelques-uns s'est désormais, compte tenu du brassage des populations et de l'interpénétration des cultures au sein du même milieu de vie, étendu à tous! La tâche devient donc
plus délicate pour chacun d'entre nous puisque nous ne
sommes plus seulement confrontés au contexte chrétien.
L'on croise quotidiennement des mentalités très différentes
qui se réclament de multiples formes de spiritualité.
Face à ces divers visages du monde moderne, le problème
sera de ne pas laisser dissoudre sa propre foi ni de fondre le message
chrétien dans une espèce de syncrétisme, encore
moins d'imposer le christianisme à qui n'en veut pas ou recherche
une autre voie. Il faut discerner le point d'ancrage spirituel
de chacun et écouter,chez autrui, ce qui est véritable
recherche de Dieu, simple quête du merveilleux ou encore idolâtrie.
C'est alors qu'à l'exemple de Jésus au bord du
puits en présence de la Samaritaine, on dialogue,puis
l'on demande si l'autre veut boire et, s'il désire l'eau
de la Vie, alors on lui propose de connaître le
Sauveur et la vraie source. |
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LE SADHOU SUNDAR SINGH né le 3/ 09/ 1889 - disparu en 1929 |
D: N'y a-t-il pas quelques sous-entendus dans l'évangélisation des autres ? Le chrétien est-il seul à connaître Dieu ? RS : Il y a eu effectivement,
dans le passé, beaucoup d'a priori sur ce point et il en subsiste
encore aujourd'hui car nous touchons ici au problème du salut
hors l'Église (le salut pour tous). Ceci constituait pour nos
théologiens une pierre d'achoppement.
Car, avant la descente du Verbe, disaient-ils,
toutes les aspirations religieuses convergeaient vers lui. D'autres
théologiens les suivront et certains conciles affirmeront que
la foi implicite sauve tout autant que la foi explicite!
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Pour nous, chrétiens
d'aujourd'hui, cela implique de comprendre qu'il y a nécessairement
une semence ou action du Verbe en tous les êtres, conduisant les
non-croyants eux aussi vers le salut, quels que soient leurs appartenances
religieuses et leurs cultes. A la condition, pour participer aux fins dernières de l'Église Universelle, d'adhérer tôt ou tard au même Credo et de reconnaître Jésus Christ, Fils de Dieu et Dieu lui-même. On a pu voir cette action, notamment aux Indes, dans l'histoire et la vie admirables du Sâdhou Sundar Singh. D'ailleurs, en ce qui concerne l'évangélisation, celui-ci disait : "Pour prêcher le Christ aux hindous, n'envoyez pas des hommes de culture, mais de saintes et authentiques personnes, vivant dans et par Christ, car vos petits jeûnes feraient pâle figure pour convaincre nos plus grands ascètes". |
D: Pour l'Église d'aujourd'hui,
et pour vous, que devient ce délicat problème des missions
et de l'évangélisation des autres?
RS : Pour parler de l'Inde, des hommes
comme le Père Monchanin, le Père Henri Le Saux, le moine
bénédictin Anglais Bede Griffiths, sœur Vananda, le Père
Raymond Panikkar furent - certains le sont encore - des représentants
sincères d'une rencontre entre l'hindouisme et le christianisme.
Les missions étrangères ou apostoliques préparent ces voies de demain. Beaucoup de frères et de religieux parcourent le monde et s'installent en différents pays, soucieux de faire connaître la Bonne Nouvelle dans le respect de la culture et de la civilisation des autres. Le monde change et s'adapte, car la lumière luit pour tous. Quand à moi, pour ceux qui viendraient me trouver avec des demandes spécifiques auxquelles, le cas échéant, je ne pourrais pas répondre (ne pouvant être spécialiste en tous domaines), je leur transmettrai les coordonnées de services plus compétents. De même, pour une personne de confession différente de la mienne et ne désirant qu'appronfondir sa propre religion, je ne saurais l'accompagner sur ce chemin mais l'adresserai plutôt à des représentants qualifiés de sa tradition. |
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D: Il existe à l'heure actuelle de nombreux ouvrages traitant du pluralisme religieux et de l'Esprit-Saint à l'oeuvre dans les autres religions, qu'en pensez-vous ?RS : Peut-être faites vous allusion aux livres de "Jacques Dupuis" qui traitent souvent de ce vaste et délicat problème, cependant il ne faut jamais oublier que l'Esprit-Saint reste toujours lié au Verbe et donc au message du Nouveau Testament. Bien qu'il puisse y avoir de nombreux prémices de la vrai Lumière et de la Vérité dans certains textes sacrés des autres religions, jamais il ne saurait être question cependant d'une action quelconque de l'Esprit-Saint dans un écrit qui serait en désaccord avec les Évangiles canoniques. Il serait judicieux à cet effet de se rappeller ce qu'affirme "La congrégation pour la doctrine de la Foi" à ce sujet. (Lire ici cet enseignement). |