Et parmi eux, il y avait plus d'un malade torturé par de terribles maux, et tous, ils se traînaient avec peine jusqu'aux pieds de Jésus, car ils ne pouvaient se tenir sur leurs jambes. Ils lui dirent: « Maître, nous sommes terriblement tourmentés par le mal, dis-nous ce que nous devons faire. »
Et Jésus, voyant leurs pieds difformes dont les os étaient tordus et noueux, leur dit: « Ce ne sont pas les anges de l'air, de l'eau ou du soleil qui peuvent adoucir vos peines, bien que vous vous soyez baptisés vous-mêmes, que vous ayez jeûné et prié et que vous ayez suivi leurs conseils en toutes choses. »
»Je vous le dis, en vérité, vos os seront guéris. Ne perdez pas courage, mais pour obtenir la guérison cherchez à vous rapprocher du guérisseur des os, l'ange de la Terre, car vos os doivent retourner là où ils ont pris leur substance. »
Et II leur indiqua de la main un endroit de la berge où l'écoulement de l'eau et la chaleur solaire avaient transformé la terre en boue argileuse. «Enfoncez vos pieds dans la vase en sorte que l'embrassement de l'ange de la terre puisse chasser de vos os toutes les impuretés et toutes les maladies. Et vous verrez, par l'embrassement de l'ange de la terre, Satan s'enfuir avec toutes vos douleurs. Et les nodosités de vos os disparaîtront et ceux-ci seront consolidés, et tous vos maux disparaîtront. »
Et les malades suivirent ces conseils, car ils savaient qu'ils seraient guéris.
Or, il y avait là encore d'autres malades, souffrant de terribles douleurs bien qu'ils eussent persisté dans leur jeûne. Et, consumés par une fièvre intense, ils étaient à bout de force. Aussi, lorsqu'ils cherchaient à se lever de leurs litières pour venir vers Jésus, la tête commençait à leur tourner comme s'ils avaient été secoués par un vent impétueux et chaque fois qu'ils tentaient de se mettre debout, ils retombaient sur le sol.
Alors Jésus alla vers eux et leur dit: « Vous souffrez, car Satan et ses maladies tourmentent vos corps, mais ne craignez rien, car leur pouvoir sur vous sera bientôt fini. En effet, Satan ressemble à un homme envieux et coléreux qui entre dans la maison de son voisin, alors que celui-ci est absent, pour emporter ses biens dans sa propre maison. Mais quelqu'un avertit l'intéressé que son ennemi est en train de dévaliser sa maison, aussi regagne-t-il en, hâte sa demeure. Et lorsque le méchant voisin qui avait déjà ramassé et mis à part tout ce qui lui plaisait, vit, de loin, le maître de la maison revenir à pas pressés, il s'empressa, dans sa rage de ne pouvoir tout emporter, de briser et de gâter tout ce qui était là, espérant tout détruire. Du moment que ces objets ne pouvaient être siens, il voulait qu'ils fussent également perdus pour l'autre. Cependant le maître de la maison étant entré sur ces entrefaites, et cela avant que le méchant voisin eût mis son projet à exécution, se saisit de lui et le chassa hors de sa demeure.
»Je vous le dis, en vérité, c'est ainsi que fait Satan lorsqu'il prend possession de vos corps qui sont la demeure de Dieu. Et Satan s'empare de tout ce qu'il désire accaparer: votre souffle, votre sang, vos os, votre chair, vos entrailles, vos yeux et vos oreilles. Cependant, par votre jeûne et par vos prières, vous avez rappelé le Seigneur de votre corps et ses anges. Et comme Satan voit que le vrai maître de votre corps revient, il sait que cela signifie la fin de son pouvoir. C'est la raison pour laquelle il est en fureur et exerce encore une fois sa puissance maléfique dans le but de détruire vos corps avant l'arrivée du maître. Voilà pourquoi Satan vous tourmente si affreusement, il sent que sa fin est venue. Aussi, que vos curs ne se troublent point, car bientôt les anges de Dieu vont apparaître afin d'occuper à nouveau leurs demeures et de les consacrer à nouveau comme temples de Dieu. Et ils se saisiront de Satan pour le chasser de votre corps, lui et toutes ses maladies ou impuretés. Et vous serez heureux, car vous recevrez la récompense de votre fermeté, aussi ne verrez-vous plus jamais la maladie. »
Or, parmi les malades, il y en avait un que Satan tourmentait beaucoup plus que les autres. Son corps était aussi desséché qu'un squelette et sa peau aussi jaune qu'une feuille d'automne. Sa faiblesse était déjà telle qu'il ne pouvait pas, même en s'aidant de ses mains, ramper vers Jésus ; il se contenta de crier à Lui, de loin: «Maître, prends pitié de moi, car, depuis que le monde est monde, personne n'a souffert tous les maux que j'endure. Je sais que Tu es vraiment un envoyé de Dieu et je suis persuadé que si Tu le veux, Tu peux chasser Satan de mon corps à l'instant. En fait, les anges de Dieu ne doivent-ils pas obéissance au messager de Dieu ? Viens, Maître, et chasse maintenant hors de moi Satan, car il se démène avec fureur en moi et terribles sont ses tortures. »
Et Jésus lui répondit: « Satan te tourmente si terriblement parce que tu as déjà jeûné plusieurs jours et que tu ne lui payes pas son tribut. Tu ne dois plus le nourrir de toutes les abominations avec lesquelles, jusqu'à maintenant, tu as sali le temple de ton esprit. Tu tourmentes Satan qui souffre de ta faim et en retour, dans sa rage, il te tourmente également. Ne crains rien, car je te le dis, Satan sera détruit avant que ton corps soit détruit, car dès le moment où tu as commencé à jeûner et prier, les anges de Dieu protègent ton corps ; à partir de cet instant le pouvoir de Satan est impuissant à te détruire. Et la rage de Satan est sans effet sur les anges de Dieu. »
Alors ils vinrent tous vers Jésus et avec de hauts cris, ils le suppliaient, disant: « Maître, prends compassion de lui, car il souffre bien plus que nous tous, et si Tu ne chasses pas d'un coup Satan hors de lui, nous craignons qu'il ne vive pas jusqu'à demain. »
Et Jésus leur répondit; « Grande est votre foi. Qu'il en soit fait selon votre foi et vous allez voir bientôt face à face l'expression horrible de Satan et le pouvoir du Fils de l'Homme. Car je veux chasser hors de toi, le puissant Satan par le pouvoir de l'innocent agneau de Dieu, la plus faible créature du Seigneur. Car le pouvoir du Saint-Esprit de Dieu rend le plus faible infiniment plus puissant que le plus fort. »
Et Jésus se mit à traire une brebis qui paissait dans la prairie. Et II versa le lait sur le sable rendu chaud par les rayons du soleil, disant : « Voilà le pouvoir de l'ange de l'eau qui est entré dans ce lait. Et maintenant le pouvoir de l'ange du soleil y entrera aussi. »
Or le lait se mit à bouillir grâce à la chaleur du soleil.
« Et à présent les anges de l'eau et du soleil vont s'unir à l'ange de l'air. »
Et voici que la vapeur du lait bouillant commença de s'élever lentement dans l'air.
«Viens et aspire par ta bouche la force des anges de l'eau, du soleil et de l'air afin qu'elle puisse pénétrer en ton corps et chasser Satan loin de toi. »
Et le malade que Satan tourmentait se mit à aspirer profondément la vapeur blanchâtre pour la faire pénétrer en lui.
« Sur-le-champ Satan va quitter ton corps, car durant ces trois jours il a été réduit par la faim et il n'a trouvé en toi aucune nourriture. Il va sortir de toi afin d'apaiser sa faim avec ce lait bouillant et fumant, car il trouve très agréable cette nourriture. Il va sentir son odeur et ne sera pas capable de résister à la faim qui le tourmente voici trois jours déjà. Alors le Fils de l'Homme détruira son corps afin qu'il ne puisse plus tourmenter encore une fois quelqu'un d'autre. »
Et le corps du malade fut saisi par la fièvre et il se sentit porté à vomir, mais il n'y parvenait pas. Et il faisait des efforts désespérés pour reprendre son souffle, car sa respiration était bloquée. Et il tomba sur le sein de Jésus.
«Maintenant Satan doit quitter ce corps. Regardez-le. » Et Jésus montrait du doigt la bouche ouverte du malade.
Alors tous virent avec surprise et avec terreur que Satan sortait de la bouche du malade sous l'aspect d'un abominable ver qui se dirigeait tout droit vers le lait bouillant. Alors Jésus prit dans ses mains deux pierres tranchantes pour en écraser la tête de Satan, puis il tira hors de la bouche du malade le corps entier du monstre qui était presque aussi long qu'un homme. Dès que ce ver abominable fut extrait du gosier du malade, celui-ci recouvra à l'instant la faculté de respirer et aussitôt cessèrent ses douleurs. Et, avec effroi, les autres regardaient cet affreux corps de Satan.
« Vois quelle bête abominable tu portais et nourrissais en ton sein depuis de longues années. Je l'ai extraite de toi et mise à mort afin qu'elle ne puisse plus jamais te tourmenter. Adresse des louanges à Dieu qui a permis que ses anges te délivrent et, à l'avenir, ne pèche plus de façon que Satan ne prenne pas encore une fois possession de ton corps. C'est pourquoi, dès aujourd'hui, il te faut le conserver comme un temple dédié à ton Dieu. »
Et tous furent frappés d'étonnement à l'ouïe de ces paroles et à la vue de son pouvoir. Et ils dirent : « En vérité, Maître, Tu es un messager de Dieu et Tu connais tous les secrets. »
«Et vous, répondit Jésus, soyez de vrais Fils de Dieu, de façon que vous aussi, vous participiez à sa puissance et que vous soyez initiés à la connaissance de tous ses secrets. Car la sagesse et la puissance ne peuvent découler que de l'amour de Dieu. Aimez donc, de tout votre cur et de tout votre esprit, votre Père céleste et votre Mère, la Terre. Et servez-les, si vous voulez, qu'à leur tour, leurs anges se mettent à votre service. Faites en sorte que toutes vos actions soient sanctifiées par Dieu. Et ne nourrissez pas Satan, car son salaire de péché, c'est la mort. Tandis qu'en Dieu se trouve la récompense du bien : Son amour qui est connaissance et puissance de la vie éternelle. »
Alors tous s'agenouillèrent pour remercier Dieu du don de son amour.
Et Jésus s'en alla disant: «Je reviendrai vers tous ceux qui persistent dans la prière et le jeûne jusqu'au septième jour. La Paix soit avec vous.»
Et le malade que Jésus avait délivré de Satan se leva, car la force de la vie avait de nouveau pénétré en lui. Il respirait profondément et ses yeux étaient devenus clairs, car toute douleur l'avait abandonné. Alors il s'agenouilla à l'endroit où Jésus s'était tenu et il embrassa en pleurant l'empreinte de ses pas.