Et tunc revelabitur ille iniquus, quem Dominus Jesus interficiet spiritu oris sui, et destruet illustratione adventus sui.
Et en ce temps se manifestera lhomme de péché que le Seigneur Jésus tuera du souffle de sa bouche et quil dissipera aux clartés de son avènement. (II Th., chap. ii, v. 3.)
Le monde aura une fin. Cest une vérité que nous avons établie et que démontrent également la foi et la raison.
La fin du monde et le dernier avènement du Fils de Dieu, qui la suivra, auront lieu à limproviste, avec la rapidité de la foudre qui fend les nues et qui sélance de lorient à loccident.
Mais la date précise de ce jour est un secret caché dans les profondeurs des conseils divins. Nous nen savons ni le jour, ni lheure, et Jésus‑Christ, ambassadeur de la Divinité sur la terre, nous déclare quil a reçu lordre formel de ne pas nous les divulguer.
Ainsi, toutes les opinions, quà diverses époques des personnages doctes et pieux ont cru pouvoir émettre sur cette question, ne sont que des sentiments personnels et privés, des assertions reposant sur des données purement conjecturales, et dont plus dune fois les événements ont mis en évidence lerreur et linanité.
Saint Cyprien, Tertullien, considérant la rage des persécuteurs et les violences de cette guerre dextermination poursuivie à outrance contre les chrétiens, signalaient ces calamités et toutes ces horreurs comme les pronostics de la proximité du jugement dernier.
« La fin du monde nest pas éloignée », disait saint Jean Chrysostome ; « les tremblements de terre, le refroidissement de la charité sont comme les avant‑coureurs et les présages de ce terrible événement. »
Personne nignore quà lépoque de la chute de lempire romain et de la dissolution sociale qui accompagna ce grand cataclysme, et plus tard, au commencement de lan mil de lère chrétienne, les peuples croyaient toucher aux temps prédits, et dans les désastres publics, dans leffondrement des institutions, il leur semblait voir le prélude de la destruction finale.
Déjà au temps de saint Paul, ces mêmes terreurs sétaient emparées des esprits. Des illuminés et de faux sectaires interprétaient dans un sens grossier et littéral les paroles de lÉvangile de saint Matthieu. Persuadés que la ruine du monde allait suivre de près la ruine de Jérusalem, ils se livraient à des prédictions désordonnées et excessives, qui remplissaient les imaginations dépouvante. Ils détournaient les hommes de laccomplissement de leurs devoirs religieux et civils, les invitaient à ne pas se marier, à ne pas bâtir, à se livrer à une inertie stupéfiante, en attendant la catastrophe qui allait les frapper.
Saint Paul crut devoir désabuser ces âmes séduites et égarées et il leur dit : « Je vous en supplie, mes frères, que personne de vous ne se laisse surprendre en aucune manière comme si le jour du Seigneur était près darriver. Car le Fils de Dieu ne descendra pas une seconde fois, quon nait vu paraître lhomme de péché, le fils de perdition, celui qui doit se déclarer ladversaire, sélever au‑dessus de tout ce qui est appelé Dieu, ou qui est adoré, jusquà sasseoir dans le temple de Dieu, sy montrant comme sil était Dieu [1] ... »
Voilà donc un fait précis, énoncé par lEsprit Saint et que saint Paul annonce clairement, afin de dissiper les craintes auxquelles sabandonnaient certains esprits et afin daider les chrétiens fidèles à se tenir en garde contre les faux systèmes et les prédictions incertaines et hasardées.
Mais ce qui ressort du passage que nous venons de citer, ce qui est certain et indéniable, cest quavant la fin du monde, il apparaîtra sur la terre un homme profondément pervers, investi dune puissance en quelque sorte surhumaine, qui, prenant à partie Jésus‑Christ, entreprendra contre lui une guerre impie et insensée. Par la crainte que cet homme inspirera, et surtout par ses artifices, par son génie de séduction, il parviendra à conquérir la presque totalité de lunivers, il se dressera à lui-même des autels, et forcera tous les peuples à ladorer.
Cet homme étrange, exceptionnel par sa malice, sera‑t‑il de notre race, aura‑t‑il sur son visage les traits de lhomme, le même sang que le nôtre coulera‑t‑il dans les veines de ce coryphée derreur et de corruption ? Ou bien, comme quelques‑uns lont voulu. sera‑t‑il une incarnation de Satan, un démon émané de lEnfer et travesti sous une forme humaine ? Ou bien encore, comme lont soutenu dautres docteurs, cet être impie nest‑il quun mythe, un personnage allégorique dans lequel les saintes Écritures et les Pères ont voulu manifester par une vue densemble luniversalité des tyrans et des persécuteurs ; mettre en relief limage collective de tous les impies et de tous les hérésiarques qui ont combattu contre Dieu et contre son Église depuis lorigine des temps ?
Ces diverses interprétations ne sauraient se concilier avec le texte positif et précis des Livres Saints. La presque totalité des Docteurs et des Pères, saint Augustin, saint Jérôme, saint Thomas, affirment nettement que ce malfaiteur aux proportions effrayantes, ce colosse dimpiété et de dépravation sera un sujet humain. Le savant Bellarmin démontre quil est impossible de donner une autre signification aux paroles de saint Paul et à celles de Daniel, ch. xi, v, 36 et 37 [2] . Saint Paul désigne ce grand adversaire substantivement, en lappelant un homme : « lhomme de péché, le fils de la perdition. » Daniel nous apprend quil attaquera tout ce qui est respectable et sacré, quil sexaltera avec audace contre le Dieu des dieux, et réputera comme néant le Dieu de ses Pères : Is Deum patrum suorum non reputabit. LApôtre ajoute que Jésus‑Christ le tuera... Tous ces traits et ces caractères divers ne peuvent évidemment sappliquer à un être idéal et abstrait ; ils ne sauraient convenir quà un individu de chair et dos, à un personnage réel et déterminé.
Les Pères et les Docteurs se sont appliqués à rechercher les origines de lAntéchrist, à découvrir de quels parents et de quelle race il sera issu. Luniversalité dentre eux émettent le sentiment quil naîtra de parents juifs pris parmi les fils de Jacob, et plusieurs affirment quil sera issu de la tribu de Dan. Cest linterprétation quils donnent à ce passage de la Genèse, ch. xlix : « Que Dan devienne une couleuvre sur le chemin, un scorpion dans le sentier » ; et à cet autre de Jérémie, chap. viii : « De Dan nous avons entendu le frémissement des coursiers ». Ils supposent que saint Jean, dans son Apocalypse, a omis de mentionner la tribu de Dan en haine de lAntéchrist, mais toutes ces données sont incertaines. Ce qui paraît positif, cest que lAntéchrist sortira de la race juive dIsraël. Saint Ambroise, dans ses commentaires sur lÉpître aux Thessaloniciens, dit quil sera circoncis... Sulpice Sévère, dans le livre II de ses Dialogues, dit quil obligera tous ses sujets à se soumettre à la circoncision.
Du reste, tous saccordent à dire quau début de son règne, il parviendra, par ses tromperies et ses prestiges, à faire croire aux juifs quil est le messie quils ne cessent dattendre, et ceux-ci, dans leur aveuglement, sempresseront de le recevoir et de lhonorer comme tel. Cest linterprétation que Suarez et la généralité des commentateurs donnent à cette parole de Notre‑Seigneur Jésus‑Christ en saint Jean, ch. v, v. 43 : « Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas, si un autre vient en son propre nom, vous le recevez » Il faut donner la même signification à cette autre parole de saint Paul aux Thessaloniciens : « Parce quils nont pas voulu recevoir la vérité, Dieu leur enverra une opération derreur de manière quils croiront au mnsonge. » Or est‑il vraisemblable que les juifs acclament, comme Messie, un homme qui nappartiendrait pas à leur race et qui naurait pas été circoncis ? LAntéchrist sera donc juif. Naîtra‑t‑il dune union illégitime ? Le théologien Suarez nous dit que cest chose incertaine. Toutefois, il est à présumer quun homme aussi profondément pervers, aussi opposé au Christ dans sa vie et dans ses murs, aura une origine infamante. Et de même que Jésus‑Christ a eu pour mère la Vierge immaculée, ainsi on peut conclure par analogie et par induction que son adversaire déclaré naîtra dune union impure et quil sera le fruit dune femme dimpudicité. « Il sera un fils de fornication », dit saint Jean Damascène « et sa naissance sera imprégnée des souffles et de lesprit de Satan. »
Ce que lon peut sûrement affirmer de cet homme diniquité, cest que dès ses plus tendres années, il sera entièrement possédé par lesprit et le génie du démon. Le Lion de labîme, quaux derniers âges de lhumanité, Dieu, dans les secrets de sa justice, aura déchaîné pour punir linfidélité des hommes, sidentifiera en quelque sorte avec lui, il lui inoculera la plénitude de sa malice. Sans doute, il ne sera pas frustré de lassistance de son bon ange, ni du secours nécessaire de la grâce suffisante, que Dieu en cette vie accorde à tout homme sans exception ; mais sa haine contre Dieu sera si violente, sa répulsion pour toute uvre bonne tellement invincible, ses rapports et son commerce avec lesprit de ténèbres si étroits et si constants, que, depuis son berceau jusquà son dernier soupir, il demeurera immuablement rebelle à toutes les invitations divines et que la grâce den haut naura jamais en son cur aucun accès.
Saint Thomas nous dit que dans sa personne et dans ses uvres il se manifestera comme lantipode du Fils de Dieu et quil sera la parodie de ses miracles et de ses uvres.
Lesprit mauvais depuis son origine na jamais poursuivi quun seul but, celui dusurper la place du Tout‑Puissant, de se constituer ici‑bas un royaume qui le dédommage du royaume du Ciel, dont sa révolte la exclu, et pour atteindre plus sûrement ce but, il a coutume, dit Tertullien, de se faire le singe de Dieu, de le contrefaire dans toutes ses uvres.
Ladversaire des derniers temps ne se posera donc pas seulement comme lennemi déclaré et personnel de Jésus‑Christ. Mais il aspirera ouvertement à le détrôner, à le supplanter dans les hommages et la vénération des hommes, à se faire adjuger à lui-même ladoration et la gloire qui ne sont dues quau Créateur. Il affirmera, dit saint Thomas, quil est lÊtre suprême et éternel, et à ce titre il se fera rendre des honneurs et un culte de latrie. Ainsi, il aura des prêtres, il se fera offrir des sacrifices, exigera que son nom soit invoqué dans les serments et que les hommes sen servent pour sceller la foi des traités : Ita ut ostendens tanquam sit Deus. Afin de mieux accréditer cette persuasion, il opposera aux révélations divines de fausses révélations ; aux cérémonies du culte divin, ses rites impies : à lÉglise éternelle fondée par Jésus‑Christ, une société abominable, dont il sera le chef et le pontife. Et de même, ajoute saint Thomas, que la plénitude de la Divinité habite corporellement dans le Verbe incarné, ainsi la plénitude de tout mal habitera dans cet homme effroyable, dont la mission et les uvres ne seront quune copie à rebours et une exécrable contrefaçon de la mission et des uvres de Jésus‑Christ.
Par lui, Satan mettra le sceau à son impiété. Il quintessenciera en quelque sorte dans ce type vivant tous les projets sinistres quil a conçus contre les hommes, et que na cessé de lui inspirer la haine ardente et implacable dont il est animé contre Dieu...
Et dans ses conseils cachés, le Seigneur du Ciel permettra que ce tison dEnfer prévale pour un temps.
Saint Thomas caractérise ce délégué de Satan en lappelant caput omnium malorum : le prince et linspirateur de toutes les convoitises de la chair et de tous les égarements de lesprit, au point que les génies de mensonge et les artisans de scélératesse, qui se sont succédé aux différents âges, napparaîtront auprès de cet homme que comme des pygmées auprès dun géant. Ainsi, il renouvellera les infamies de Néron ; il sera animé de la haine et de la violence de Dioclétien ; il aura la ruse et la duplicité de Julien lApostat ; il recourra à lintimidation et fera fléchir la terre sous son sceptre, comme Mahomet ; il sera lettré, philosophe, habile orateur, il sera éminent dans les arts et dans les sciences industrielles, il maniera le persiflage et le rire comme Voltaire. Enfin il fera des prodiges et sélèvera dans les airs comme Simon le magicien
[3]
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Si vous demandez pourquoi la Providence divine lui permettra dexercer une telle puissance et une telle séduction, lapôtre saint Paul nous en donne la raison : « Parce que les hommes nont point reçu lamour de la vérité pour être sauvés. En punition, Dieu leur enverra un esprit qui donnera efficacité à lerreur, en sorte quils croiront à lerreur, afin que tous ceux qui nont pas cru à la vérité, mais qui se sont plu dans linjustice, soient condamnés. » Suarez dit que Dieu permettra lavènement de lAntéchrist, surtout afin de punir lincrédulité des juifs du peuple de lancienne alliance. Ceux‑ci, nayant pas voulu adorer le vrai Messie, ni se laisser convaincre par sa doctrine et par ses miracles, Dieu permettra pour leur punition quils sattachent à un faux messie, quils ajoutent foi à ses impiétés et à sa doctrine et quils se fassent les imitateurs de sa vie dissolue [4] .
A cette heure, le péril des âmes sera grand et le scandale de la contagion universel. Toutefois, afin que ceux qui se laisseront surprendre nimputent leur malheur quà eux‑mêmes, lEsprit Saint a voulu nous tracer à lavance les phases principales de cette épreuve terrible et décisive, la conclusion de toutes celles que lhumanité aura subies.
Dabord, afin de nous révéler la violence et la férocité de lhomme de péché, lhabileté avec laquelle il conduira la guerre quil aura entreprise contre les saints, lapôtre saint Jean, dans lApocalypse, ch. xiii, nous le dépeint sous la figure dune bête monstrueuse, ayant sur le front dix têtes ou dix diadèmes, et sur chacun de ces diadèmes est écrit un nom de blasphème. Au dire des interprètes, ces dix têtes et ces dix diadèmes expriment dix rois tributaires, qui seront ses lieutenants et se feront les exécuteurs de ses ruses et de ses cruautés.
De plus, saint Jean nous dit quil sera investi dune souveraineté absolue, que sa puissance sétendra sur toutes les tribus et sur tous les peuples, sur les hommes de toute nation et de toute langue [5] .
En même temps quil parviendra à vaincre les saints en les persécutant à outrance, il ouvrira carrière à toutes les licences, et il ny aura de liberté que pour le mal.
Enfin, il sera versé dans les sciences occultes et dans les arts de la magie, et par lintermédiaire des démons, il opérera des uvres merveilleuses, que les hommes séduits estimeront de vrais miracles [6] .
Le premier de ces miracles cité par saint Jean sera une résurrection apparente. Dans une de ces guerres où lAntéchrist apparaîtra comme monté sur un char de lumière et de feu, il sera frappé à la tête dune blessure mortelle. Pendant un temps on le verra sans vie et comme mort. Puis tout à coup il se lèvera et sa plaie sera instantanément guérie. A ce spectacle, les hommes séduits, les incrédules et les esprits forts de cette époque, qui comme ceux de nos jours nayant aucune foi au surnaturel et aux vérités révélées, rejetteront dédaigneusement le miracle, comme irrémissiblement condamné par la science et la raison ; ces hommes, dis‑je, ajouteront foi à limposture. Ils sécrieront avec enthousiasme et avec admiration : « Qui est semblable à la bête ? Qui pourra jamais combattre et vaincre la bête ? »
Secondement, lhomme de péché fera descendre le feu du ciel, afin de laisser croire quil est le maître de la nature, le régulateur des saisons, et quil a sous sa domination le ciel et les astres [7] .
Troisièmement, il fera parler une statue ; les démons se serviront dun arbre ou dun bois inanimé comme dun instrument, à laide duquel ils débiteront leurs supercheries et leurs faux oracles. On verra aussi les meubles se remuer et courir deux-mêmes, les montagnes se déplacer instantanément, des multitudes de démons transfigurés en anges de lumière, apparaître dans les airs.
Et alors, par un incompréhensible jugement de Dieu, les libres penseurs et les grands sceptiques des derniers siècles prendront au sérieux ces jongleries et ces prestidigitations. Dupes de leur présomption et de leur crédulité. ils donneront tête baissée dans toutes les folies de la nécromancie et de la divination, vérifiant à la face du monde loracle des Livres saints : « Ceux qui se détournent de la vérité, sattachent à lesprit derreur et à la doctrine des démons : attendentes spiritibus erroris et doctrinis dmoniorum [8] . »
Enfin, est‑il encore écrit, lorgueil de lhomme de péché naura plus de bornes. Il ouvrira sa bouche en blasphèmes contre Dieu, pour blasphémer son nom, son tabernacle, et les saints qui sont au Ciel. Il se croira en droit, dit Daniel, de supprimer les temps et la loi, et putabit quod possit mutare tempora et leges [9] ; cest‑à‑dire quil abolira les fêtes et le repos dominical, il modifiera lordre des mois, la durée et la division des semaines, il effacera du calendrier les noms chrétiens, pour leur substituer lemblème des plus vils animaux. En un mot, cette contrefaçon du Christ sera athée suivant toute la force de cette expression. Il fera disparaître la croix et tout signe religieux ; comme laffirme encore Daniel, il substituera dans tous les temples des rites dabomination au sacrifices chrétiens. Les chaires sacrées seront muettes ; lenseignement et léducation laïques, obligatoires et sans Dieu. Jésus‑Christ sera proscrit du berceau de lenfant, de lautel où sunissent les époux, du chevet des mourants. Sur toute létendue de la terre on ne tolérera plus que lon adore dautre dieu que ce christ de Satan.
Dieu dans ses desseins impénétrables, permettra que les hommes subissent cette suprême et terrible épreuve, afin de leur apprendre combien la puissance du démon est grande, combien leur faiblesse est extrême ; il a voulu nous lannoncer, afin que dès maintenant nous nous préparions à la soutenir en recourant à lui par la prière et en nous munissant des armes spirituelles de la charité et de la foi. En outre, lAntéchrist est destiné à faire ressortir et à manifester avec éclat la fidélité et la constance de ceux dont les noms sont écrits dans le Livre de vie et que toutes ses violences et ses artifices combinés nauront pu parvenir à ébranler.
‑ Mais, dautre part, il est certain que cette persévérance formidable sera un principe de ruine et le glaive du grand discernement : Ut revelentur ex multis cordibus cogitationes. [10]
Les apostasies seront nombreuses, et les courages deviendront rares. Il est écrit que les vertus des cieux seront ébranlées et que les étoiles du ciel tomberont. En dautres termes, on verra les conducteurs des peuples fléchir le genou devant lidole régnante, et, ce qui est plus désolant encore, cest que, parmi les dispensateurs de la science, les astres de la théologie, les bouches dor de léloquence sacrée, un grand nombre déserteront la vérité et se laisseront emporter par le courant de la dépravation.
Saint Jean [11] parle encore dun caractère étrange et mystérieux que tous « petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves » seront tenus de porter à leurs mains ou sur leur front ; ce signe sera une marque dapostasie, il témoignera que tous ceux qui sen sont munis, soit pour complaire au maître, soit pour échapper à ses fureurs, ont renié le vrai Christ et se sont enrôlés à jamais sous la bannière de son ennemi [12] .
Ceux qui porteront ce signe infamant, jouiront en abondance des avantages de la fortune ; ils auront les gros traitements, les emplois publics, la profusion des voluptés et de tous les biens désirables. Mais ceux qui refuseront de se couvrir de ce sceau dabomination seront mis hors la loi. Il est écrit que « personne ne pourra ni vendre ni acheter, sil na sur lui le caractère ou le nom de la bête ou le nombre de son nom. » Il sera interdit à tous ceux qui nauront pas cette marque de puiser aux fontaines publiques, ils seront même indignes douvrir les yeux à la lumière et de respirer lair pur des cieux.
La désolation sera grande « telle quil ny en a pas eu depuis le commencement du monde jusquà présent, et quil ny en aura jamais [13] ». Les justes seront honnis, méprisés ; on les traitera dinsensés, de perturbateurs du repos public ; on les accusera de fouler aux pieds lhonneur et le patriotisme, en se refusant à acclamer lhomme le plus grand qui ait paru dans le monde, lincomparable génie qui aura élevé la civilisation humaine à lapogée de la perfection et du progrès. Si les justes ne devaient être soutenus par une assistance de Dieu spéciale, il ny en aurait pas un seul qui pût résister à la violence dune pareille tentation : Ita ut in errorem inducantur (si fieri potest) etiam electi [14] .
Dans les jours néfastes de la grande révolution française, il y avait encore des asiles, des lieux de sûreté ouverts aux condamnés et aux proscrits. Les campagnes étaient saines ; il y avait des forêts impénétrables, des routes secrètes et détournées. Mais à lépoque que nous entreprenons de décrire, la science et les découvertes humaines auront atteint leur point culminant, le globe terrestre sera enlacé de fils télégraphiques et de voies ferrées. Toutes les montagnes auront été perforées. Il ny aura plus de rochers, plus de cavernes, plus dîles ni de déserts, où la liberté puisse espérer un refuge. Le foyer domestique lui‑même ne sera plus un lieu sûr : car il est dit « que le frère trahira son frère et que lami dénoncera son ami [15] . »
Ce nest pas la coutume des Livres saints, quand ils nous dévoilent lavenir, dentrer dans des détails aussi précis et aussi minutieux. Les prophètes ne nous parlent quénigmatiquement et en raccourci. En règle générale, ils se bornent à nous tracer les grandes lignes des événements futurs. Mais pour ce qui est de la dernière lutte livrée aux saints, les apôtres inspirés ont mis en application la maxime : mala prvisa minus feriunt, et ils nont rien omis de ce qui pouvait raffermir les justes durant ces jours dépreuve et de grande calamité.
Ainsi, ils nous apprennent quà cette époque lOrient redeviendra de nouveau le centre de la politique et des affaires humaines, que limposteur possédé de la manie et de la rage aveugle de profaner les lieux les plus saints, ceux qui auront été le théâtre des travaux et des souffrances de lHomme Dieu, assiéra sa royauté à Jérusalem. Mais ils nous disent pour nous consoler que Dieu abrégera la durée de sa puissance, quil la limitera à quarante‑deux mois, trois ans et demi, menses quadraginta duos.
Sans doute le nombre énoncé par les Livres saints nexprime pas la durée de temps que mettra lhomme de péché pour conquérir la terre et arriver au faîte de sa toute‑puissance. On ne peut raisonnablement supposer que malgré les forces sataniques et surhumaines dont il sera investi, il puisse en un jour devenir maître du monde. Il est à croire quil nobtiendra la plénitude de sa souveraineté que progressivement, quil lui faudra un espace de temps plus ou moins long pour soumettre les peuples et enlacer lunivers entier dans le réseau ténébreux de ses ruses et de ses séductions. Tout ce que nous apprennent saint Jean et Daniel, cest que sa domination sur les hommes « de toute race, de toute tribu, de toute langue subsistera » usque ad tempus, et tempora et dimidium temporis, cest‑à‑dire, un an, deux autres années et la moitié dun an. Daniel, ch. xii, nous dit : Depuis le temps où le sacrifice perpétuel aura cessé, et où lon verra à sa place labomination de la désolation régner dans le lieu saint, il sécoulera mille deux cent soixante jours. Doù il suit, que le moment où Jésus‑Christ cessera dêtre présent sur nos autels et de sy offrir comme victime à la justice de son Père. afin de faire contrepoids aux crimes des hommes.. doit se compter à partir du jour où lAntéchrist aura obtenu la domination universelle : alors seulement le sacrifice non sanglant de lautel cessera dêtre célébré ; mais jusquà ce jour et pendant le temps que lAntéchrist mettra à conquérir sa royauté, le sacrifice de la messe continuera à subsister.
Saint Jean désigne encore le nom de lAntéchrist ; mais il a jugé utile de ne nous le dire quen lettres chiffrées. On sait que dans diverses langues les chiffres peuvent se traduire en caractères alphabétiques, et réciproquement les lettres alphabétiques en caractères chiffrés. Saint Jean nous dit donc que dans une langue quil ne nous fait pas connaître, le nom de la bête sexprime par le nombre 666.
Les Pères et les docteurs se sont étudiés à saisir la clef de ce nombre et à découvrir le nom caché sous ce nombre mystérieux [16] , mais leurs recherches nont pas abouti. On peut imaginer une multitude de noms divers dont les lettres, suivant leur juxtaposition, expriment le nombre indiqué par saint Jean. Il faut sen tenir au sentiment de saint Irénée qui nous assure que lEsprit Saint nous a proposé le nom de lAntéchrist, sous la formule de ce chiffre énigmatique, parce quil a voulu que sa vraie signification restât ignorée jusquà lavènement de sa prophétie, au jour où il sera utile aux hommes que lAntéchrist leur soit signalé. « Alors, dit saint Jean, ceux qui ont reçu lintelligence ne seront plus sujets à se méprendre, et pour reconnaître la bête ils nauront quà compter le nombre de son nom. Qui habet intellectum computat numerum Besti [17] . »
Mais Dieu, dit saint Paul, est fidèle, il a fait un pacte avec la tentation et ne permet pas que lhomme soit éprouvé au‑dessus de ses forces. Ici la tentation excédera les conditions et les lois normales de lhumanité. Il convient à la miséricorde de Dieu que le remède soit en proportion avec létendue du mal. Or, le secours annoncé est le plus surhumain, le plus extraordinaire, le plus en dehors des règles de lhistoire et de la marche ordinaire de la Providence, de tous ceux que le Ciel a envoyés aux hommes depuis lIncarnation.
Au moment où la tempête sera plus violente, où lÉglise sera sans pilote, où le sacrifice non sanglant aura cessé en tout lieu, où tout semblera humainement désespéré, on verra, dit saint Jean, surgir deux témoins.
Ces deux témoins seront deux hommes étranges, paraissant tout à coup au milieu du monde, sans que personne ne puisse dire quelle est leur naissance, leur origine, ni de quel lieu ou de quelle famille ils sont sortis.
Voici comment saint Jean en parle au onzième chapitre de lApocalypse : « Et je donnerai mon esprit et ma force à mes deux témoins, et ils prophétiseront mille deux cent soixante jours, vêtus dun sac. Ce sont deux oliviers et deux chandeliers debout en présence du Seigneur de la terre [18] »
Nulle langue ne peut exprimer la stupéfaction dont les hommes seront saisis, à la vue de ces deux hommes étrangers à nos passions et à nos affaires, ayant vécu lun six mille ans, lautre trente siècles, dans je ne sais quelle région éthérée, sous des firmaments et sur des sphères inaccessibles à nos sens et à notre entendement. Ni lun ni lautre pourtant de ces témoins ne sont étrangers à la famille humaine. Lun de ces flambeaux et de ces deux oliviers est Hénoch, le trisaïeul de Noé, lancêtre en ligne directe de tout le genre humain. Lautre est le prophète Elie, lequel, ainsi que la dit le Sauveur, est destiné à restaurer toutes choses [19] . Il vient une seconde fois refouler le flot de limpiété, plus impétueux et plus débordé quil nétait au temps dAchab. Cest aussi lheure de la Rédemption dIsraël. Le grand prophète va convaincre la descendance dAbraham de la venue du Messie, ôter le bandeau dignorance et de ténèbres, appesanti depuis dix‑neuf siècles sur ses yeux.
Quel sera lextérieur et lattitude de ces revenants dun autre âge ? Quelle majesté antique resplendira dans leur personne ? Quels accents inspirés jailliront de leurs lèvres ? Cest ce que la sainte Écriture ne nous dit pas. Elle nous apprend quils prophétiseront pendant mille deux cent soixante jours, vêtus dun sac, portant sur leurs vêtements et sur leurs traits limage de lhumilité et de la pénitence. Daprès Daniel, la durée de la persécution de lAntéchrist sera de mille deux cent nonante jours. Donc la prédication dHénoch et dElie sera plus courte de trente jours. Doù il suit quils apparaîtront à lépoque où la persécution sera, déchaînée avec plus de violence. Comment, dans lespace de temps où sera limitée leur mission, parviendront‑ils à rendre leur témoignage dans tous les lieux habités et à parcourir létendue de la terre ? Nous répondons quil nest point nécessaire quils visitent toutes les villes ; il suffit quils apparaissent dans les principales, quils fassent entendre leurs prédications dans les capitales et les grands centres de population, où lAntéchrist aura été présent, et où il aura exercé une fascination plus redoutable. En outre, il nest pas vraisemblable quHénoch et Elie soient constamment réunis, et il est plus probable quils prêcheront séparément, jusquà ce que, sur un commandement de Dieu, ou par leffet dune inspiration providentielle, ils se trouvent tout à coup réunis pour la lutte suprême.
Sans doute, dans le principe, les hommes incrédules se refuseront à admettre leur identité. lis chercheront à les saisir, à les châtier comme des jongleurs et de faux visionnaires ; lopinion les accablera de ses traits satiriques et de ses dédains, les feuilles publiques sobstineront à ne pas faire mention deux et affecteront de ne pas les connaître . Le persécuteur, écumant de rage, cherchera à les faire mourir ; mais tant que durera leur mission, ils seront gardés par une force supérieure ; car voici ce que dit saint Jean, chapitre xi, verset 5 : « Et lorsque quelquun voudra leur nuire, un feu sortira de leur bouche qui dévorera leurs ennemis, et si quelquun les offense, il sera frappé de mort. Ces hommes auront mission de fermer le ciel, pour quil ne pleuve point durant toute la durée de leur prophétie, et ils auront pouvoir sur les eaux pour les changer en sang, et ils auront aussi pouvoir de frapper la terre de toutes sortes de plaies aussi souvent quils le voudront. »
LÉvangile nest pas aussi précis sur le succès et lefficacité de la mission de ces deux grands témoins ; mais on peut regarder comme certain quils désabuseront une multitude dhommes séduits. et quils ramèneront la plupart de ceux que la crainte ou lambition avait détournés du culte du vrai Dieu. Et il faut bien que leur prédication ait une puissance quaucune autre parole depuis la parole évangélique naura jamais eue, puisquelle vaincra lobstination des juifs hommes, juifs ou païens qui, cédant à léclat des prodiges et à lévidence des preuves, rentreront sous la houlette du Pasteur des pasteurs, pour ne former plus avec les chrétiens quun seul troupeau et quun seul bercail.
Cependant Dieu ne donne ses grâces quavec mesure. Quand la lumière aura été faite, lorsque les hommes auront eu pleinement le temps de discerner la vérité de lerreur, alors Dieu dans sa sagesse suspendra le miracle... Cest là une loi constante de la Providence. Elle sest réalisée jadis à légard de Samson une fois les Philistins humiliés et défaits, Dieu lui retira son esprit et la force prodigieuse dont il lavait investi. Le Ciel procéda encore par la même voie à légard de Jeanne dArc ; une fois sa mission accomplie, lorsquelle eut mis les Anglais en déroute, et replacé la couronne sur le front de Charles VII, son génie et son habileté guerrière parurent séclipser ; elle fut faite captive, et rentra dans les conditions communes de la vie humaine. Ainsi en doit‑il être dHénoch et dElie. Du reste, le miracle, en se prolongeant, naurait dautre effet que de confirmer dans leur endurcissement les obstinés qui auront refusé de prêter à leur parole une oreille et un cur dociles. Enfin, les deux témoins, quoique âgés maintenant, lun de six mille, lautre de trois mille ans, ne sont pas morts, et il importe quils scellent leur témoignage par leffuson de leur sang, et quils subissent la loi de la nature humaine dont le Christ lui‑même na pas voulu saffranchir.
Or voici ce qui aura lieu, dit saint Jean, dans le chapitre déjà cité : « Et quand ils auront achevé leur témoignage, la bête qui monte de labîme leur fera la guerre et les tuera.
Et leurs corps seront gisants dans les places de la grande ville, appelée spirituellement Sodome, où leur Seigneur a été crucifié.
Et des hommes, des tribus et des peuples les verront durant trois jours et demi, et ils ne permettront pas quon mette leurs corps dans le tombeau.
Et les habitants de la terre se réjouiront de leur sort, et ils en feront des fêtes, et ils senverront des présents les uns les autres, parce que ces deux prophètes tourmentèrent ceux qui habitaient la terre.
Mais après trois jours et la moitié dun jour, lesprit rentrera en eux de la part de Dieu. Et ils se relèveront sur leurs pieds et une grande crainte semparera de ceux qui les verront.
Et à cette même heure, il se fera un grand tremblement de terre, et la dixième partie de la ville tombera, sept mille hommes périront dans le tremblement de terre, et le reste sera saisi de crainte et rendra gloire au vrai Dieu. »
Saint Jean ne nous dit pas quel sera le sort de lAntéchrist, mais saint Paul nous apprend « que le Seigneur Jésus le tuera par le souffle de sa bouche et le détruira par léclat de son avènement. » Plusieurs ont conclu de ce passage que JésusChrist doit descendre en personne pour frapper son grand adversaire, et que ce jour serait celui où il apparaîtra dans sa gloire et dans sa majesté. Mais cette interprétation est peu exacte. Saint Thomas, saint Jean Chrysostome expliquent ces paroles, quem Dominus Jesus destruet illustratione adventus sui, dans le sens que Jésus‑Christ frappera lAntéchrist en léblouissant dune splendeur qui sera comme un présage et un signe de son second avènement. Saint Paul ne nous dit nullement que Jésus‑Christ le tuera de ses propres mains, mais par son souffle, spiritu oris sui, cest‑à‑dire, comme lexplique saint Thomas, en vertu de sa puissance, par leffet de son commandement, soit comme quelques‑uns le veulent, quil se serve pour lexécuter du concours de larchange saint Michel, soit quil fasse intervenir tout autre agent visible ou invisible, spirituel ou inanimé [20] . Ce qui est certain, cest quen un instant, Satan sera refoulé dans les ténèbres de labîme, le règne du méchant sera détruit de fond en comble, et sa puissance, qui aspirait à sélever jusquaux astres, se sera évanouie comme un nuage de fumée.
La résurrection des corps et le jugement final suivront‑ils de près ce grand événement ? Lécriture Sainte est muette sur ce point, lÉglise na rien voulu définir. Parmi les interprètes des Livres saints, les uns laffirment, les autres le nient. Suarez émet le sentiment quaprès la mort de lAntéchrist le monde ne subsistera plus que lespace de quarante‑cinq jours. Il fonde son opinion sur la prophétie de Daniel qui, après avoir annoncé que la persécution de lhomme de péché durera mille deux cent quatre-vingt-dix jours, ajoute ces paroles : Beatus qui exspectat et pervenit usque ad dies 1335. Heureux celui qui aura lespérance et qui parviendra jusquau mille trois cent trente cinquième jour. »
Mais cette opinion ne paraît pas la plus sûre. Le sentiment le plus accrédité et qui paraît le plus conforme aux saintes Écritures, cest quaprès la chute de lAntéchrist, lÉglise catholique entrera encore une fois dans une ère de prospérité et de triomphe. En effet, saint Paul, lapôtre inspiré, celui de tous les fils dIsraël qui a vu le plus clair dans lavenir et dans les destinées de son peuple, ne semble‑t‑il pas nettement affirmer cette doctrine lorsque, retraçant les effets de grâce et de bénédiction amenés par la conversion des juifs fils dIsraël, qui, suivant le prophète Malachie [21] , ne seront ranimés à la vérité quéclairés par la prédication dHénoch et dElie, il sécrie, saisi dun saint transport : « Si la chute des juifs en procurant la conversion des païens a été la force de lÉglise et la richesse du monde, combien leur résurrection enrichira‑t‑elle davantage le monde, et si leur perte est devenue le salut des hommes, que sera leur retour sinon une résurrection pour le monde de la mort à la vie [22] ? »
Ces paroles sont formelles, et ne semblent donner lieu à aucun doute. Elles concordent avec celles de saint Jean (Apocalypse, ch. xv, vers. 2) : « Et je vis », dit‑il, « ceux qui avaient vaincu la bête et son image ; ils chantaient le cantique de Moïse et le cantique de lAgneau. » En dautres termes, les chrétiens et les restes des juifs dIsraël nont plus quun même esprit, quune même foi, ils adressent au Fils de Dieu les mêmes louanges et les mêmes bénédictions, et proclament sa gloire de concert, en lui disant : « Vos ouvrages sont grands et admirables, ô Seigneur tout-puissant ! ô Roi des siècles, vos voies sont justes et véritables ! »
Peut‑on croire, en effet, que le jour où tous les peuples suniront dans cet accord si longtemps désiré sera celui où les cieux passeront avec fracas, que lépoque où lÉglise militante entrera dans sa plénitude coïncidera avec celle de la catastrophe finale ? Jésus Christ naurait‑il donc fait renaître lÉglise dans tout son lustre et dans tout léclat de sa beauté que pour tarir aussitôt les sources de sa jeunesse et de son inépuisable fécondité ?
Mais sil est permis dadmettre quaprès lAntéchrist, la fin du monde sera encore ajournée à plusieurs siècles, on ne saurait en dire autant de la crise suprême qui doit amener la réalisation de la grande unité. Car, pour peu que lon étudie les signes du temps actuel, les symptômes menaçants de notre état politique et de nos révolutions, la marche ascendante de limpiété correspondant au progrès de la civilisation et des découvertes dans lordre matériel, on ne peut se défendre de prévoir la
proximité de lavènement de lhomme de péché et des jours de désolation que Jésus‑Christ nous a prédits [23] .
II
Les saintes Écritures nous indiquent trois traits principaux qui signaleront la domination de lAntéchrist. Premièrement, il sera empereur et maître absolu de lunivers. Secondement, il aura pour capitale Jérusalem. Troisièmement, il sera habile non moins que violent, et la guerre quil livrera aux saints se fera surtout par la ruse et par la séduction.
Premièrement, lAntéchrist sera maître du monde.
Il est manifeste quà lheure présente, tous les événements qui se dénouent ont pour effet la préparation du milieu social où sexercera la domination de lhomme de péché.
Dune part, les chemins de fer ont abaissé les barrières et supprimé toutes les distances. Le télégraphe permet à un despote de transmettre ses ordres dun point de lunivers à lautre avec linstantanéité de la pensée. De lautre, les peuples des diverses races se fusionnent. Le Russe et lAméricain, le Japonais et le Chinois se rencontrent sur les mêmes navires, ils se coudoient et sentrecroisent dans nos grandes cités, sur les marchés publics de lEurope, de la Californie, de lAfrique équatoriale.
Déjà les peuples reculés de lInde adoptent nos inventions, ils fondent des canons rayés et se mettent à construire des navires blindés et des arsenaux. La Chine, ce vaste empire où la population fourmille, où les mers et les fleuves engloutissent chaque jour un excédent énorme dêtres humains, que ne parvient plus à nourrir ce sol si riche et si fécond, la Chine a ses mécaniciens ses ingénieurs, elle est initiée à notre stratégie et à nos progrès industriels. Or nos dernières guerres nont‑elles pas démontré quà lheure présente le sort des batailles réside surtout dans les masses, et que dans les armées, comme dans les arènes politiques, cest la prépondérance du nombre, la loi mécanique et brutale, qui décide du succès et emporte la victoire ?
On peut donc pressentir lheure peu éloignée où ces millions de barbares, qui peuplent lorient et le nord de lAsie, seront pourvus de plus de soldats, de plus de munitions, de plus de foudres de guerre que tous les autres peuples ; prévoir le jour où, ayant acquis la pleine conscience de leur nombre et de leurs forces, ils se rueront en hordes innombrables sur notre Europe, amollie et abandonnée de Dieu [24] . Il y aura alors des invasions plus terribles que celles des Vandales et des Huns... Les provinces seront saccagées, les droits violés, les petites nationalités détruites et broyées comme de la cendre. Puis, on verra se produire une vaste agglomération de tous les habitants de la terre, sous le sceptre dun chef unique qui sera ou lAntéchrist, ou un de ses prédécesseurs immédiats. Ce jour‑là se fera le deuil de la liberté humaine.
Lunité de tous les peuples se reconstruira une dernière fois sur les débris de toutes les nationalités abolies. Et alors lempire du mal sera fait. La Providence divine flagellera le monde en le soumettant corps et âme à un maître, coryphée suprême des loges maçonniques, et qui naura plus au cur que la haine des hommes et le mépris de Dieu.
Ainsi, quiconque est attentif au cours des événements actuels, ne peut se défendre de la conviction que tout se prépare pour amener un état social où lhomme de péché, condensant en sa personne toutes les dépravations et toutes les fausses doctrines de son époque, se produira spontanément et sans efforts comme le ver solitaire et parasite quengendrent naturellement une chair et des organes gangrenés.
Mais, ce qui paraît incompréhensible, et ce quà première vue aucun indice ne semble faire présager, cest que le siège de son empire sera Jérusalem.
Eh bien, il est aisé de le voir, si la civilisation matérialiste et athée, dont la libre pensée et la presse irréligieuse ne cessent de nous prédire le prochain avènement, sinaugure jamais dans le monde, son centre daction et le foyer de sa puissance publique sera Jérusalem.
En effet, lorsque la foi chrétienne aura achevé de séteindre dans les curs, lorsque la jouissance et le bien‑être seront devenus les dieux du jour et lexclusive préoccupation des âmes, alors lactivité humaine naura plus quun seul but, la puissance de lÉtat, quun seul ressort et un seul stimulant, lopinion publique, quun souffle et un moteur, et ce stimulant, ce nerf, ce moteur, ce sera lor. Lor primera la religion et la morale, il deviendra la base de la politique et la clef de voûte de toutes les institutions, les financiers seront les pontifes et les rois. Et le peuple qui possède le plus dor sera celui qui nous possédera plus prochainement.
Or, voilà quaprès cinquante siècles dexistence, dix‑neuf de malheurs, un peuple se retrouve partout, il est épars sous tous les cieux, il se rencontre sur les parages les plus lointains, il est mêlé à toute la famille humaine. toujours debout, toujours à la recherche de son messie, rêvant la reconstruction de son temple, et en dépit de tous les changements et de toutes les secousses, inébranlable dans son homogénéité et dans la poursuite de son but.
Ce peuple, il faut lui rendre justice, est actif, sobre, laborieux ; si nous en parlons, cest dune manière abstraite, exclusivement au point de vue de ses destinées et de son rôle historique et providentiel. Nous regretterions que nos paroles pussent paraître un outrage contre ce peuple aux ancêtres glorieux, qui a donné au monde le Christ, les Apôtres, la Vierge Immaculée.
Chrétiens et enfants dIsraël, nous sommes plus rapprochés les uns des autres que nous ne le pensons. Comme la dit un orateur célèbre : le christianisme est un judaïsme avec son couronnement, le judaïsme est un christianisme auquel manque son couronnement.
Cependant les faits sont là, et il est impossible au philosophe chrétien de les passer sous silence ou de les dissimuler.
(censuré)
...Telle est la question juive, qui à cette heure remue profondément lopinion en Prusse, en Autriche, en Pologne, et dont la solution apparaît chargée des pronostics les plus sombres. Or, si nous prenons Israël dans son universalité, défalquant les hommes de cette nation tombés dans le rationalisme et lincrédulité, le noyau de la race judaïque du Peuple de lancienne alliance na pas cessé de se bercer des mêmes illusions que nous venons de signaler : il continue à voir, dans le messie quil attend toujours, un puissant conquérant qui soumettra la terre. Naguère, un des interprètes les plus autorisés du Talmud ne craignait pas de dire : « Un messianisme des nouveaux jours doit éclore, une Jérusalem dun nouvel ordre, saintement assise entre lOrient et lOccident doit se substituer à la double cité des Césars et des Papes [28] . » Il est du reste constant que la majorité des orthodoxes et des croyants a conservé pour formule et pour mot dordre la parole que faisait jadis entendre un rabbin illustre : « Jérusalem est toujours le pivot de nos espérances et de notre foi. »
Or est‑il invraisemblable que, dans des conditions sociales comme les nôtres, où les événements les plus terribles, les plus imprévus surgissent tout à coup avec la rapidité de la vapeur et de la foudre, il ne puisse se rencontrer un homme qui, mettant à profit le chaos où nous auront jetés nos révolutions, ne parvienne à fasciner les multitudes, à se rendre maître des esprits et des curs, et qui arborant létendard de la régénération cosmopolite, ne fasse entendre un cri de ralliement auquel tous ses coreligionnaires feront écho, et narrive ainsi à la conquête, dun pouvoir universel, à une prodigieuse domination des intelligences et des corps, domination acceptée avec enthousiasme par luniversalité des peuples égarés et séduits ?
Enfin nest‑il pas permis de croire que cet homme puissant et pervers. qui étreindra le monde dans les serres dun despotisme sans nom et sans mesure, et qui unifiera le genre humain par la servitude des consciences et labaissement des courages, sera le personnage dépeint et prédit par saint Jean comme lAntéchrist, et quil sera lhomme dont la divine Providence aura voulu se servir pour désabuser Israël qui laura un instant salué comme son Messie et son roi ?
Enfin quels seront les caractères de la persécution de lAntéchrist ?
Cornélius a Lapide, Suarez, daprès les Écritures et les Pères, en ont signalé les principaux traits.
Dabord ce qui est certain et presque de foi, cest que de toutes les persécutions que lÉglise a eu à subir, celle de lAntéchrist sera la plus terrible et la plus violente.
Premièrement, parce que cette persécution sera générale et sétendra sur toute la terre. Il est écrit : « Ils se répandirent sur la face de la terre, et ils environnèrent le camp des saints et la ville bien‑aimée [29] . » Saint Augustin, livre XX de la Cité de Dieu, explique ce texte de saint Jean, en disant que tous les infidèles, les hérétiques, les sectaires et les hommes dépravés épars sur la surface du globe, se coaliseront avec lAntéchrist pour faire la guerre aux saints et persécuter les hommes fidèles à Dieu.
Secondement, cette persécution sera de toutes la plus dure et la plus violente parce quelle ne sera inspirée ni par la superstition et par le fanatisme, ni par un attachement aveugle au culte des idoles, comme le furent les persécutions déchaînées par les empereurs païens. Elle ne se proposera ni dassouvir lorgueil, ni de satisfaire la soit effrénée de la domination, comme la persécution de Mahomet Elle ne sera pas non plus allumée par les convoitises effrénées de la chair, et par lappât du pillage, comme celle que les princes allemands firent subir à lÉglise, sous le protestantisme et au temps de la vie de Luther ; mais ce sera une persécution exclusivement suggérée par la haine de Dieu, où Dieu et son Christ seront pris directement à partie, dont lobjectif unique sera lextermination du règne divin, lanéantissement total du christianisme et de toute religion positive. Ainsi les Tibère, les Néron, les plus affreux tyrans du paganisme reconnaissaient au moins dans les idoles, quils voulaient contraindre les chrétiens dadorer, une notion et comme un reflet lointain de la divinité ; mais dans les temps dont nous parlons, il ne sera plus permis de rendre à une divinité quelconque, même un culte altéré et corrompu. Tous les hommes sans exception seront forcés dhonorer et de rendre un culte de latrie à Satan lui‑même personnifié dans lAntéchrist, cest‑à‑dire dans lhomme le plus impie, le plus abominable quait jamais produit lhumanité.
Troisièmement, cette persécution qui signalera les derniers âges sexercera avec une séduction en quelque sorte irrésistible, ut in errorem inducantur, si fieri potest, etiam electi. Cornélius a Lapide dit : Omnes politicorum artes, dolos et praxes callebit. Dans le principe, lAntéchrist persuadera aux juifs enfants dIsraël quil est le messie. Afin de les tromper plus efficacement, il se parera du masque dune modération et dune sainteté hypocrite. Saint Paul, en nous apprenant quil se fera adorer dans le temple de Dieu, semble nous indiquer quil reconstruira le temple de Jérusalem détruit de fond en comble par Titus ; en conséquence il ordonnera la circoncision et rétablira pour un temps les sacrifices sanglants et les autres rites de la religion judaïque.
Quant aux hommes étrangers à la religion juive synagogue, il les attirera à lui dabord par la persuasion et léloquence. Il sera dressé aux artifices et instruit par le démon lui‑même dans toutes les connaissances utiles pour les fins auxquelles lesprit mauvais le destine. Saint Anselme nous dit quil possédera toutes les sciences naturelles et saura de mémoire tous les textes des Écritures.
Secondement, il gagnera les hommes en semant à profusion lor et les richesses. Il sera le sujet le plus opulent de la terre. Satan lui livrera tous les trésors cachés dans les entrailles des mers et dans les profondeurs secrètes de la terre.
Quatrièmement, il remplira tous les hommes dadmiration par son génie et par la rapidité prodigieuse avec laquelle il se sera élevé au faîte de la fortune et de la toute‑puissance. Quant aux ignorants et à la foule, il les fascinera par des prodiges, cujus est adventus secundum operationem Satan, in omni virtute et prodigiis mendacibus [30] . De même que le Christ, dit saint Thomas, opéra des miracles en confirmation de sa doctrine, ainsi lhomme de péché opérera de faux miracles en confirmation de ses erreurs ; mais de même aussi que le vrai Christ opérait des prodiges par la vertu de Dieu, auteur de toute vérité, ainsi son adversaire, comme nous lavons indiqué plus haut, opérera par la vertu de Satan, le père de limposture et du mensonge. Lhomme de péché ne fera donc pas de vrais miracles comme Jésus‑Christ, mais il en fera de faux et dapparents. Toutes ses uvres merveilleuses ne seront en réalité que des illusions et des uvres fantastiques ; de telle sorte, dit saint Athanase, que lorsquil paraîtra ressusciter un mort, ou bien lhomme quil ressuscitera ne sera pas vraiment mort, ou bien sil est mort il ne le ressuscitera pas réellement. Enfin, dit encore le même saint, les uvres opérées par lAntéchrist et qui paraîtront dépasser les forces de la nature, ne seront pas des miracles proprement dits, mais des effets et des phénomènes de lordre physique opérés par la médiation de certaines causes naturelles secrètes et cachées. Pour mieux captiver les hommes, lAntéchrist autorisera la luxure et les licences de la chair, il fera appel aux voluptés les plus enivrantes, tolus erit in libidinibus et concupiscentiis feminarum [31] .
Cinquièmement, la persécution de lAntéchrist sera la plus inhumaine et la plus sanglante de toutes celles qua jamais subies le Christianisme. Jésus‑Christ nous en donne lassurance, lorsquil nous dit : « Alors la tribulation sera grande telle quil ny en a pas eu depuis le commencement du monde jusquà présent et quil ny en aura jamais. » On peut le conjecturer en se rattachant à deux causes. La première, est la colossale puissance et les moyens prodigieux de force et de destruction dont lAntéchrist sera pourvu et en même temps limpiété et la rage des hommes préposés à lexécution de ses commandements. La seconde, sera leffrayante malice du démon, car, dit saint Jean, en ces jours Dieu le laissera sortir de la prison de flammes où il est enchaîné et lui donnera pleine licence de séduire et dassouvir sa haine contre le genre humain. Doù il suit, dit saint Cyrille, quil y aura alors des multitudes de martyrs, plus glorieux et plus admirables que ceux qui combattirent jadis, contre des lions dans les amphithéâtres de Rome et des Gaules. Ceux‑ci navaient à lutter que contre de simples ministres du démon, mais les confesseurs des derniers âges auront à lutter contre celui qui est homicide dès le commencement. Lantique ennemi déploiera pour les tourmenter des monstres de supplice et des raffinements inouïs, sans exemple dans les siècles passés, et que de lui‑même lesprit humain ne serait jamais parvenu à inventer.
Enfin, dernier trait de la persécution de lAntéchrist, elle sera dune telle violence quelle parviendra à faire apostasier la presque universalité des chrétiens. « Et il lui fut donné, de faire la guerre aux saints et de les vaincre. Et cette corne, que je vis, faisait la guerre aux saints, et il lui était donné de prévaloir ». Saint Paul nous apprend encore que Jésus‑Christ ne descendra pas une seconde fois avant que ne vienne la grande apostasie. Saint Augustin [32] , interprétant cette parole de lApôtre, nous dit que si dans tous les temps on a vu des fidèles renoncer au Christ par leffet des artifices des hérétiques et de la crainte des persécuteurs et des tyrans, toutefois, la défection qui se produira sous lAntéchrist est appelée lapostasie proprement dite, parce que. par le nombre et par sa généralité, cette apostasie excédera tout ce qui sest vu dans les temps antérieurs.
Toutefois il ne faudrait pas conclure de ces témoignages quil ne restera plus délus sur la terre, et que le Fils de Dieu faillira à la promesse faite à son Église lorsquil lui dit : Propter electos, dies breviabuntur, à cause des élus les jours seront abrégés ; du reste, saint Jean dans son Apocalypse ajoute : « La bête sera adorée par tous ceux des habitants de la terre, dont les noms ne sont pas écrits dans le Livre de vie . » Saint Augustin nous affirme quau règne de lAntéchrist, il y aura des multitudes de martyrs qui feront éclater une héroïque constance, il y aura également un nombre plus ou moins grand de confesseurs, qui parviendront à se réfugier dans des cavernes ou dans des montagnes escarpées ou abruptes, et Dieu veillera à ce que ces retraites échappent à la vigilance et aux investigations des persécuteurs, et il ne permettra pas au démon de les leur signaler.
Daniel nous apprend que durant les jours où se déchaînera cette effroyable persécution, labomination de la désolation trônera pleinement dans le lieu saint. « Le roi, dit‑il, agira selon quil lui plaira : « il sélèvera, il parlera avec orgueil contre tout Dieu ; il parlera insolemment contre le Dieu des dieux... Il naura aucun égard au Dieu de ses pères. et il ne se souciera daucun Dieu quel quil soit [33] ... »
En dautres termes, une fois que lhomme de péché aura fait fléchir le genre humain par ses menaces et quil laura enlacé dans les filets de ses mensonges et de ses ruses, il ne gardera plus aucune mesure, il démasquera toutes ses batteries, et procédera à visage découvert. Il ne souffrira plus que lon adore ou que lon invoque dautre Dieu que lui‑même, il se proclamera le seul maître du ciel et de la terre. Partout où il ne se trouvera pas personnellement présent, ce sera à son image ou à sa statue que les hommes seront contraints de décerner leurs hommages : Et elevabitur, magnificabitur adversus omnem Deum. Il ne tolérera plus ni la religion mosaïque, ni la religion naturelle elle-même. Il persécutera avec le même acharnement les juifs, les schismatiques, les hérétiques, les déistes, et toutes les sectes qui admettent lexistence dun être suprême, et limmortalité de la vie future. Mais Dieu, dans sa sagesse, tirera le bien du mal. Lhorrible tempête que sa justice aura laissée se déchaîner sur la terre, aura pour effet de faire disparaître les cultes faux. Elle abolira, avec le judaïsme, les restes du mahométisme, les superstitions idolâtres, et toutes les religions hostiles à lÉglise. Elle donnera le coup de grâce aux sectes de ténèbres. La franc-maçonnerie, le carbonarisme, lilluminisme et toutes les sociétés subversives disparaîtront dans le tourbillon dimpiété qui sera leur uvre, et quelles avaient préparé depuis des siècles, estimant quil serait leur triomphe décisif et suprême. Sans le vouloir, elles auront coopéré à fonder le règne de lunité annoncé par le prophète, erit unum ovile et unus pastor.
Le triomphe de limpie aura été de courte durée.
Mais les consolations qui succéderont seront universelles, abondantes, proportionnées à létendue des tribulations que lÉglise aura subies.
Un fils dIsraël, naguère converti, aujourdhui prêtre et docteur, contemplant avec ravissement le grand spectacle quoffrira lÉglise de Dieu à cette époque fortunée où juifs et gentils, assis à un même banquet, seront devenus une même famille sous la houlette dun même pasteur, sécrie avec transport : Dans la vie de Jésus‑Christ sur la terre, il y a eu deux grands jours de triomphe où il a été reconnu comme Messie et comme Roi : la fête de lÉpiphanie, qui fut en quelque sorte la fête du matin que firent à Jésus‑Christ les nations accourues et représentées dans la personne des Mages, et le jour des Rameaux qui fut la fête du soir, que fit à Jésus‑Christ Jérusalem attardée, le jour des Rameaux qui fut le jour des acclamations dIsraël.
Or voici quaprès dix‑neuf siècles de fidélité, la grande fête de lÉpiphanie est oubliée des nations et de leurs chefs, qui ont rejeté Jésus‑Christ et son Église. Laissez‑moi donc saluer, au soir de la vie de lÉglise, le grand jour des Rameaux et lexplosion inattendue des acclamations du vieux peuple de Jacob. Laissez‑moi saluer et chanter ce jour, où les portes de la synagogue souvriront avec ivresse pour lentrée triomphale du Messie, quelle a si longtemps attendu et méconnu. Laissez‑moi chanter le jour où les restes dIsraël étendront leurs vêtements sur le chemin du Christ et de son Église, et où lair sera embaumé des parfums de ce sang qui retombera cette fois en pluie damour sur Israël et sur ses enfants. Ô jour des Rameaux, lève‑toi sur lÉglise !... Jérusalem, Jérusalem, combien de fois jai voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses petits sous ses ailes ; mais cette fois tu lauras voulu, ô Jérusalem, sous les ailes tu te seras précipitée. Hosanna et gloire éternelle à Jésus‑Christ au plus haut des cieux, et à lÉglise où Israël après une longue absence a retrouvé son Messie et son Roi [34] . »
Et pourtant ce ne sera pas encore la consommation finale, car il est écrit (Apocalypse, chap. xi) : « Le septième ange sonnera en ce moment de la trompette, et le ciel retentira de grandes voix » : des voix danges, des voix de vierges, les voix des confesseurs et des saints martyrs salueront le Christ de leurs louanges et de leurs acclamations, ils rendront grâce de sa victoire sur lAntéchrist et de lextermination des impies. Tous les hommes, devenus les adorateurs dun même Dieu, professant tous une même foi, unis dans une même adoration, participant à une même table, sécrieront de concert : « Le royaume de Dieu est devenu le royaume de Notre Seigneur et de son Christ... Nous vous rendons gloire, Seigneur Dieu tout‑puissant, qui êtes, qui étiez et devez venir, parce que vous avez reçu votre grande puissance et que vous régnez [35] . »
[1]
Il Th., ii, 3, 4, 5, 6.
[2]
Bellarm., lib. 111, De pontifice.
[3]
S. Thom., lib. iii, 2, viii, 6.
[4]
Il Thsal., ii, 10, 11, 12.
[5] Apoc., xiii, 5, 8.
[6] Apoc., xiii.
[7] Personne nignore que les démons déchus de leur beauté et de leur justice originelle nont rien perdu de leur forces. Ils peuvent agir sur les éléments, condenser les nuée,; et les vapeurs, lancer les foudres, déchaîner les tempêtes... Quant aux miracles proprement dits, Dieu seul peut les opérer. Le miracle est une dérogation aux lois de la nature qui excède toute force créée, soit humaine, soit angélique. LAntéchrist ne fera donc pas de vrais miracles, mais des miracles faux et apparents. ‑ Il est dit dans le livre de Sibylla, lib. iii, Oraculorum, quil arrêtera le soleil, quil marchera sur les eaux, déplacera les montagnes. Tous ces prodiges seront de pures illusions, des soutes de mirages analogues à ceux quopèrent les démons lorsque, par le ministère de leurs magiciens et de leurs médiums, ils fascinent les hommes, leur brouillent limagination et la vue, au point de leur faire apparaître les objets tout autres quils sont.
[8]
Tim., l, 1.
[9]
Dan. vii, 25.
[10]
S. Lc, 11, 35.
[11] Apoc., xiii, 17, 18.
[12] Ce signe est appelé un caractère, parce quil sera imprimé sur la chair... LApôtre nous apprend que la bête forcera les petits comme les grands de le porter. Par les petits sont désignés les enfants qui naîtront. Car le fils de perdition et ses faux prophètes aboliront tout baptême fait au nom de la Sainte-Trinité. Ils auront soin de forcer tous les enfants et les jeunes gens des deux sexes de recevoir au front le caractère de la bête, et de rejeter le baptême institué par Notre Seigneur Jésus‑Christ. (Holzauser, Interpretat de lApocalypse, livre vi, ch. xiii.)
[13] Mt., xxiv, 21.
[14] Mt., xxiv, 24.
[15] Marc, xiii, 12.
[16] 1 Le pieux et savant Holzauser, dans son Interprétation de lApocalypse, observe que dans la langue grecque, celle dont sest servi lapôtre saint Jean, le mot (grecque) qui veut dire contraire, traduit en chiffre, correspond au nombre W. ‑ Ainsi, selon lui, le nombre 666 désignerait la qualité, la manière dêtre de lhomme de péché, et non pas son nom personnel. Il est difficile dadmettre que saint Jean ait proposé le nombre 666 comme quelque chose de profond, de mystérieux, une énigme en quelque sorte impénétrable, lorsque le sens en serait si simple et si obvie. Lapôtre naurait alors parlé que pour nous apprendre que lAntéchrist serait le contraire ou lAntéchrist. ‑ Holzauser ajoute que le nombre de la bête 666 est un nombre de mois qui font cinquante‑cinq ans et demi. Il sappuie sur cette donnée pour nous dire que lAntéchrist est né en 1855, et quil vivra cinquante‑cinq ans, et que sa persécution aura lieu vers 1908. ‑ Il faut dire que ce sont là des conjectures et des suppositions purement arbitraires. Des hommes non moins saints ni moins savants que Holzauser ont essayé souvent les mêmes calculs, et ils se sont constamment trompés. LÉglise ne nous a rien enseigné sur le temps de lavènement de lAntéchrist. ‑ Il ny a pas un seul texte de la sainte Écriture qui autorise de telles interprétations.
[17] Apoc., xiii, 16.
[18] 1 Saint Jean ne nous dit pas ouvertement que les deux témoins dont il fait mention seront Hénoch et Elie, mais il est évident, daprès le contexte, que par les deux flambeaux et les deux oliviers il nentend pas désigner deux saints ou deux prédicateurs quelconques, mais deux personnages déterminés, doués dune puissance et dune sainteté extraordinaires. Or, en pesant tous les faits et toutes les circonstances qui nous sont prédites sur la vie et la mort de ces deux personnages, en rappelant tout ce que nous disent sur eux les Écritures, notamment lEcclés., ch. 48, et le prophète Mlie sur la mission quils seront un jour appelés à remplir, Bède, saint Anselme, saint Augustin et une multitude de Pères assurent que les deux témoins dont parle lApocalypse ne sont autres quHénoch et Elie, et quils nont été miraculeusement soustraits à la mort, que pour combattre lAntéchrist, et rendre à la fin du monde témoignage à Jésus‑Christ.
[19] Cornélius à Lapide nous dit que cest une vérité certaine et presque de foi, fidei proximum, quHénoch et Elie ne sont pas morts. Tertullien, livre de la Résurrection, LVIII, les appelle les candidats de lÉternité, afin de nous faire entendre quils sont affranchis de toute misère, de toute souffrance et dans limpuissance de pécher. Saint Irénée, liv. IV, ch. v, les appelle coauspicantes immortalitatem, ce qui veut dire quils ont le présage et laugure assuré de la vie immortelle. ‑ Ni Hénoch, ni Elie ne sont encore glorifiés dans leurs corps, ils continuent à être revêtus dune chair, dont ils seront un jour, comme nous, dépouillés par la mort. ‑ Les Pères nous enseignent dHénoch quil fut transporté dans le paradis terrestre, cest aussi ce que nous apprend le Livre de lEcclésiastique, c. xliv, v. 16. Au déluge, lorsque le Paradis terrestre fut submergé. Hénoch fut transporté dans quelque région du ciel inconnue où Elie. alla le rejoindre lorsquil fut enlevé sur un char de feu. Dans le séjour quils habitent, ils vivent absorbés dans la contemplation des choses divines, dans un état qui nest pas celui de la béatitude céleste, mais où ils sont inondés des consolation divines et goûtent un inaltérable repos. ‑ Comme ils sont sortis en quelque sorte de la vie et ne sont plus soumis à létat dépreuve, ils ne sont plus susceptibles dacquérir de nouveaux mérites, ni de croître en sainteté. Mais quand ils redescendront sur la terre, à la fin des temps, ils rentreront dans les conditions de la vie présente, ils redeviendront aptes à subir les souffrances, et ils mériteront de nouveau, soit en combattant lAntéchrist, soit en rendant témoignage par leur prédication et par leur mort à Jésus‑Christ de Nazareth.
[20] Cornélius à Lapide et Holzauser disent quà la vue du triomphe dHénoch et dElie, lAntéchrist se sentira troublé dun froid glacial ; il frémira de rage et, dans lexcès de son orgueil et de sa présomption infernale, il cherchera à retenir les peuples dans lerreur par une nouvelle et plus sacrilège imposture. Aidé par les démons, il sélèvera du mont des Oliviers dans les airs avec une grande majesté et sefforcera datteindre Hénoch et Elie pour les précipiter sur la terre. Mais voilà quà ce moment solennel la vertu du Tout‑Puissant le frappera et le précipitera lui‑même dans la plus grande ignominie et confusion. ‑ Cette interprétation du vénérable Holzauser nest quune opinion, mais elle est admissible et nest pas en discordance avec le texte sacré.
[21] 1 Et convertet cor Patrum ad filios et cor filiorum ad Patres eorum. ‑ Dans ce passage, Mlie parle du même personnage désigné dans lEcclésiastique ch. xlviii. Et la similitude des termes démontre que cest réellement à Elie quil fait allusion.
[22] Rom., xi, 12.
[23] Deux opinions ont eu cours dans les premiers siècles relativement au temps de lavènement de lAntéchrist. ‑ La première est celle des commentateurs qui, se basant sur le texte dune épître apocryphe de saint Barnabé, ont soutenu que le monde devait durer six mille ans et pas un jour de moins ni de plus. Saint Barnabé aurait dit : Itaque, filii, in sex diebus, hoc est in sex annorum milibus, consummabuntur omnia, et saint Hilaire commente ce passage en disant : Quotquot enim diebus hic factus est mundus, tot et millenis annis consummatur. Observons dabord, que lÉglise ne met pas la lettre de saint Barnabé dont il est ici question au nombre des livres inspirés. ‑ Observons secondement que sans sécarter de la vérité biblique, on peut, à partir de lère actuelle, faire varier de six mille à huit mille ans lépoque où a eu lieu la création. Daprès danciens monuments très authentiques récemment découverts et de sérieuses études chronologiques faites de nos jours, il paraîtrait probable quactuellement le sixième millénaire de la création du monde, se serait écoulé depuis plusieurs siècles. Or, si nous sommes en ce moment dans le septième ou huitième millénaire depuis la création dAdam, ce serait une preuve que la prophétie contenue dans la prétendue lettre de saint Barnabé, à laquelle saint Hilaire aurait ajouté foi, serait, comme cette lettre elle‑même, erronée et apocryphe.
Une seconde opinion longtemps accréditée du iv au xe, siècle, était celle que lAntéchrist apparaîtrait aussitôt après la chute de lEmpire romain. Cette opinion se fondait sur le sens que lon donnait alors à cette parole de lApôtre Discessio. On interprétait cette expression dans le sens dune scission politique, qui briserait le sceptre de lEmpire romain, et soustrairait à jamais les peuples à sa domination. Saint Paul dit en effet, dans sa seconde épître aux Thsaloniciens, et scitis quid detineat. Plusieurs Pères et Docteurs ont enseigné que ce quid detineat signifiait lEmpire romain désigné dune manière voilée par lApôtre, afin de ne pas soulever les haines et les susceptibilités ombrageuses du pouvoir, et ils en concluaient que lavènement de lAntéchrist aurait lieu lorsque lEmpire romain aurait totalement disparu.
Saint Augustin et saint Thomas estiment quen sen tenant an sens littéral, linterprétation donnée au passage de lApôtre ne repose pas sur un fondement sérieux et solide. ‑ Tout dabord, il parait étrange que Dieu ait voulu lier les destinées de son Église aux destinées dun empire terrestre. LÉglise est appelée à conquérir tous les peuples de la terre, et à les réunir sous sa houlette et dans son giron. On ne peut admettre quelle soit réduite à demeurer circonscrite dans les limites dun empire quelconque. Ce sentiment est en outre en contradiction flagrante avec les faits. La ruine de lEmpire romain est depuis longtemps consommée. Sous Constantin, cet Empire se divisa en deux branches celle dOrient et celle dOccident. Il revécut en Europe sous Charlemagne. - A la fin du xiv siècle, apparut Vincent Ferrier, lAnge de lApocalypse ; il prédisait que le jugement dernier était proche, et quavant lexpiration de huit lustres, on verrait les signes précurseurs de la catastrophe finale. En effet, trente ans après la mort de Vincent Ferrier, Mahomet Il semparait de Constantinople et supprimait pour toujours la branche orientale de lEmpire romain. Quant au rameau occidental, il continua à languir jusquà lempereur Rodolphe, qui fut le chef de la dynastie dAugsbourg, et qui reçut son diadème du Christ par la médiation du successeur de saint Pierre. Petra dedit Petro, Petrus diadema Rodolpho.
Dans notre siècle, lEmpire romain a fini de séteindre par labolition des électorats et la renonciation au titre de Roi des Romains que Napoléon le, obtint de lempereur François Il. Toutefois, lopinion que nous combattons est vraie si lon veut linterpréter dans un autre sens et si lon applique la dénomination dEmpire romain à lÉglise catholique qui a succédé aux Césars. ‑ Alors la parole de lApôtre, nisi venerit discessio, sentendrait du divorce actuel des nations avec lÉglise, de la séparation de la politique et de la religion, de lÉglise avec lÉtat *. Daprès cette interprétation, lathéisme légal, cest‑à-dire la destruction du règne public de Jésus-Christ, lélimination du christianisme, des lois, des institutions serait le mystère diniquité annoncé par saint Paul. ‑ On ne peut nier en effet quà lheure présente tous les gouvernements naient la main à luvre pour la réalisation de cette uvre abominable dapostasie, quils ne sefforcent de bannir Jésus‑Christ de lécole, des armées, du sanctuaire même de la justice ! ‑ Sa croix, son nom adorable, ne sont‑ils pas blasphémés et signalés comme un symbole dignorance et de fanatisme ? LÉglise nest‑elle pas mise hors la loi, et exclue des conseils des gouvernements et des assemblées délibérantes ? Toutes les lois qui sélaborent ne sont elles pas marquées vis‑à‑vis delle du sceau dune intolérance odieuse et ont elles dautre but que celui damoindrir son autorité et son influence ? Le blasphème est érigé à la hauteur dun privilège et dun droit ; le Pontife romain, dépossédé de sa principauté, est depuis onze ans captif. Et parallèlement à la destruction du christianisme, on voit le paganisme reparaître sous la forme dun matérialisme abject ; il se signale par lapothéose de tout ce qui flatte les sens et la glorification des instincts les plus grossiers et les plus brutaux ; ce paganisme envahit lindustrie, les arts, la littérature, il prédomine dans toutes les institutions publiques. En même temps que le christianisme est signalé comme lennemi, le matérialisme est offert aux aspirations des peuples comme linspirateur du progrès et le Dieu de lavenir. ‑ Or, si lon ne parvient à opposer aux excès du mal une réaction prompte et vigoureuse, si la défection continue son cours, on peut prédire que cette guerre faite à Dieu doit fatalement aboutir à lapostasie totale et consommée. De la statolatrie, cest‑à‑dire de lesprit utilitaire et de ladoration du Dieu‑État, qui est le culte de notre époque, à ladoration de lhomme individu, il ny a quun faible pas à franchir. Nous y touchons presque... Et partant de ces faits et de ces observations, il faut en conclure que lopinion de lavènement prochain de lAntéchrist est plus probable que lopinion qui considère son avènement comme éloigné.
[24] Cornélius à Lapide, à une époque où il nétait pas encore question de nos grandes découvertes, affirmait que lAntéchrist aurait sous son commandement des années innombrables : ‑ Instar aren maris (Apoc., xx). ‑ Et numerus equestris exercitus vicies millies dena millia. (Apoc., ix, 16). ‑ Selon linterprétation du savant Cornélius, la cavalerie seule de lAntéchrist se composera de deux cents millions dhommes. Combien plus considérable sera le nombre de son infanterie ! (Cornélius à Lapide, Comment in Ths., p. 164.)
[25] LEurope compte 3,339,000 Juifs. LAllemagne seule en compte 1,250,000, la Roumanie 500,000. Total des Juifs existant dans le monde : six millions. ‑ Desmousseau. dans son livre de La Judaïsation des peuples chrétiens, cite une infinité de passages tirés de lUnivers et des Archives Israélites, doù il ressort que la théologie du judaïsme libéral nest autre que la doctrine et le symbolisme des société occultes et maçonniques. ‑ De là cet aveu remarquable que faisait entendre, il y a peu dannées, un premier ministre de la Grande-Bretagne, issu lui‑même de sang judaïque : « Le monde, disait‑il est conduit par de tout autres personnages que ne se limaginent ceux dont lil ne pénètre pas dans les coulisses... et la puissante révolution qui se prépare en Allemagne, où elle sera bientôt une seconde réforme plus considérable que la première et par conséquent plus destructive du catholicisme, prend son développement sous les auspices du Juif. » Le chevalier Desmousseau, qui éditait son livre en 1869, croit pouvoir affirmer que sur les neuf membres composant le conseil suprême de la Maçonnerie, cinq étaient Israélites.
[26] La Civilta cattolica, revue romaine, liv. 11, janv. 1881, cite le fait dun juif, qui se fit successivement protestant, catholique, se fit ordonner prêtre, et finalement embrassa létat religieux. ‑ Il racontait lui‑même que, lorsquil était enfant, son père lui avait inculqué la maxime que lhomme « devait vivre selon la religion du pays quil habite, et cela pour sépargner des embarras, être moins tracassé dans sa personne et dans ses affaires. » ‑ De fait, lenfant sut merveilleusement mettre cette doctrine en application. De prêtre et de religieux quil était, il se refit protestant et se maria avec une protestante; peu auparavant, il avait eu loccasion de séjourner en pays mahométan, où il avait jugé utile de vivre en pur mahométan.
[27] Gambetta est le fils dun Juif baptisé, Reinach, son secrétaire, est un Israélite de Francfort ; les députés Naquet et Sée sont unis à Gambetta par le lien de race, cest‑à‑dire par la commune origine judaïque. (Civilta cattolica, livre ler janvier 1881.)
[28] Archives israélites, xxv.
[29] Ascenderunt super latitudinem terræ et circumierunt castra sanctorum. (Apoc. xx, 8.)
[30] ii ad Th., 11
[31] Dan., ii, 37.
[32] Cité de Dieu, lib. xx.
[33] (Dan., xi, 37.) ‑ A la vérité par ces paroles le prophète se propose aussi de peindre la persécution dAntiochus et la rage dont ce prince sera animé contre le peuple du Seigneur. Mais. comme observe Suarez, Antiochus nétait que limage de lAntéchrist, et les maux quil fit subir aux Juifs fidèles sont destinés à retracer en raccourci, ceux quendureront les chrétiens des derniers jours.
[34] Abbé Lehman, Les Nations frémissantes.