XII

 

Le sonneur de cloches

 

On s'imagine encore ici ou là que les vibrations des cloches sont capables d'éloigner la foudre pendant un orage. Il arrive, au contraire, en pareil cas, que des sonneurs sont victimes de leur charitable imprudence.

C'est précisément ce qui advint, le 1er juillet 1855, à un jeune homme de dix-neuf ans qui fut tué dans le clocher avec le sacristain de la paroisse. La pauvre mère, en apprenant cette mort tragique, s'évanouit. Elle demeurait inconsolable.

Peu de temps après l'accident, l'une de ses parentes qui tenait dans le village d'Ars un commerce d'objets de piété l'engagea à se rendre auprès d'elle. N'y avait-il pas là un saint curé à qui elle recourrait dans son immense peine ?

 

Elle vint. Elle épancha devant lui sa douleur. M. Vianney se recueillit, comme s'il scrutait le mystère.

« C'était bien le plus jeune des deux sonneurs qui était votre fils ? demanda-t-il après un silence.

— Oui, répondit la mère.

— Eh bien, consolez-vous. Son salut éternel est assuré. Il le doit à sa fidélité à bien remplir ses devoirs de chrétien, à la bonne habitude que vous lui avez fait prendre de s'approcher des sacrements tous les mois, ainsi qu'aux principales fêtes de la Sainte Vierge... Souvenez-vous de sa dernière confession et de sa dernière communion pour la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel, quinze jours avant sa mort... Ce cher enfant s'est conservé en grâce jusqu'à son dernier soupir. Encore une fois, tranquillisez-vous, ma pauvre dame... Cependant continuez à prier et à faire prier pour lui... Oh ! conclut le saint, que la réception fréquente des sacrements est une bonne pratique à introduire dans les familles ! » (1)

 

 

(1) Ce trait est contenu dans une relation adressée à Ars le 21 mai 1901 par le Révérendissime Père Abbé de la Trappe de Notre-Dame d'Aiguebelle. II a été rédigé par un second fils de la visiteuse de M. Vianney, devenu religieux trappiste sous le nom de Frère Jérôme

 

 

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