XXIII

 

Tandis qu'il promenait les enfants

 

Au cours de 1849, Mme Géry, d'Annonay, dans l'Ardèche, se rendit en pèlerinage auprès de M. Vianney pour lui réclamer un miracle. Son mari avait été transporté à l'hôpital, et tellement malade, qu'elle avait tout sujet de craindre. Laissant ses deux jeunes enfants à la maison sous la garde d'une servante, elle accourait, lasse du pénible voyage, mais surtout torturée par des appréhensions trop légitimes. Retrouverait-elle son mari vivant ?... Or, au confessionnal d'Ars, elle reçut cette réponse incroyable :

« Ne craignez rien, ma bonne femme, votre mari garde ses enfants. »

Où cela, et comment ? Au plus tôt, Mme Géry s'éloigna d'Ars. Arrivée chez elle, elle demanda : « Mon mari ?... Mes enfants ?...

— Monsieur est guéri, répondit la servante, et il est allé conduire les deux petits dans votre propriété de Vernosc ».

Vernosc se trouve à six kilomètres d'Annonay.

Stupeur et attendrissement de Mme Géry... C'était pourtant vrai ! Son mari, plus que convalescent, était allé prendre l'air avec les enfants. Et l'avant-veille déjà, il se promenait, leur donnant la main, à l'heure où la mère recevait à Ars l'étonnante nouvelle que l'on sait. (1)

 

 

(1) Mme Géry, revenue à Ars en y amenant sa fille Séraphine, a raconté le fait à M. l'abbé Toccanier le 20 octobre 1864 (Documents Ball, N° 9)