III

 

La statue de Maynal

 

Mlle Maximine Goujon, ancienne institutrice, qui, en 1917, vivait retirée à Augea, commune qui dépend de la paroisse de Maynal, dans le Jura, avait conservé impérissable le souvenir d'un pèlerinage fait en sa jeunesse et où le saint Curé lui révéla des choses bien consolantes. C'est à la prière de M. l'abbé Charnier, curé de la paroisse jurassienne de Besain, que Mlle Goujon accepta de rédiger cette courte histoire, vieille de soixante-trois ans.

 

En 1854, j'ai eu le bonheur de me rendre à Ars et je me suis confessée à M. Vianney. Après cette confession tout ordinaire, dans laquelle je n'avais pas donné connaissance de mon passé, je demandai à brûle-pourpoint au saint Curé si, au cours de ma vie, j'avais commis un péché mortel. Alors, sans me poser la moindre question et sans hésitation aucune, il me répondit : « Non, mon enfant ».

 

Ensuite je lui remis les honoraires d'une messe aux intentions de mon père qui était gravement malade, afin d'obtenir sa guérison. « Votre père ne mourra pas, dit-il : faites une neuvaine à sainte Philomène. »

Comme je lui objectais que j'étais à Ars depuis quelques jours déjà, il me répondit : « Vous ferez cette neuvaine à Maynal, où vous avez une statue de sainte Philomène ».

 

Je fus extrêmement surprise de sa réponse, car je ne lui avais pas dit d'où j'étais, ni que nous avions une statue de sainte Philomène dans notre église.

Quant à sa prédiction relative à mon père, elle s'est parfaitement réalisée : il guérit et ne mourut qu'en 1883.