V

 

En route pour le pays natal

 

Un jour de 1838 ou de 1839, au moment où Mlle Marie Jourlin s'apprêtait à quitter son village de Saint-Just-la-Pendue, dans la Loire, une mère de famille vint à elle.

« Vous partez pour Ars, lui dit cette femme. Ah ! je vous en prie, demandez donc à ce saint Curé, en qui j'ai tant de confiance, de m'apprendre si j'aurai jamais la consolation de revoir mon fils. Il y a si longtemps que ce pauvre petit ne m'a envoyé de ses nouvelles ! Un soldat, c'est si vite mort, mon Dieu ! »

Mlle Jourlin aborda M. Vianney. Elle lui parla de l'absent.

« O mon enfant, répondit le saint, il va arriver, on va le voir. »

 

Quelques jours plus tard, Marie Jourlin, revenue au village natal, accourait porter l'heureuse nouvelle. Quelle surprise lorsqu'elle aperçut auprès de sa mère le jeune soldat qui était arrivé le matin même sans s'être annoncé ! Mais le Curé d'Ars, lui, de son regard merveilleux, plus clairvoyant que le cœur d'une mère, l'avait aperçu en route vers son pays.

 

« Ce fait, note M. Ball, m'a été attesté et certifié dans le courant de l'année 1880, par Mlle Jourlin elle-même, sur la véracité de laquelle je ne puis élever le moindre doute. (1) »

 

 

(1) Documents, N° 80. – Mlle Jourlin habitait alors à Lyon, 13, rue François-Dauphin