III

 

« Tel dimanche... à tel endroit »

 

Assez peu de temps avant la mort de M. Vianney, un père de famille qui habitait École, dans le Doubs, amena au saint Curé son petit garçon, âgé de quatre ans, en train de perdre la vue. Cet homme, bon chrétien, était capable d'entendre sans faiblir la douloureuse décision du serviteur de Dieu :

« Votre enfant restera aveugle. Ce sera votre croix, et vous la porterez jusqu'à la mort. »

Le pauvre père inclina la tête sous la main divine qui l'éprouvait. Il embrassa l'innocent comme pour dire son fiat, puis il demanda à M. le Curé de l'entendre en confession.

Son accusation terminée, le saint lui dit :

« Vous n'accusez pas tous vos péchés.

— Eh ! veuillez m'aider, mon Père.

— Eh bien ! souvenez-vous : tel dimanche (et M. Vianney indiqua lequel) vous êtes allé travailler à tel endroit (et il en fit la description exacte), sans permission et pendant la messe.

— Cela est vrai, mon Père. »

 

Souvent, dans la suite, ce brave homme, à qui le Curé d'Ars avait prodigué les paroles de consolation et d'encouragement, raconta ce qui lui était arrivé. (1)

 

 

(1) « Les contemporains qui survivent l'ont entendu, et c'est de la bouche de l'un d'eux que j'ai recueilli ces détails », écrivait en 1917 à Mgr Convert M. le Supérieur des Missionnaires diocésains d'École.