XI

 

Pour un vieillard

 

Ce qui suit est extrait d'une lettre de M. l'abbé Bleton, curé de Chenôves, en Saône-et-Loire, adressée au sanctuaire d'Ars en juillet 1916.

 

... Le saint Curé a montré une bonté particulière à un de mes grands-pères. Ce vieillard n'était pas hostile à la religion, mais ne la pratiquait pas depuis bien des années. Ayant entendu parler par ma mère de M. Vianney, il exprima le désir d'aller le voir. Malgré son grand âge – il avait quatre-vingts ans passés – il voulut faire à pied le voyage de Vergisson à Mâcon, c'est-à-dire onze kilomètres. Arrivé au port de Franc par bateau, il voulut encore aller à pied de là jusqu'à Ars, malgré les instances de ma mère pour prendre une voiture.

 

Il fut récompensé de sa bonne volonté. Quand il entra dans l'église, il la trouva comble. Depuis quelques instants, il se tenait derrière la foule, quand le vénérable Curé, sans sollicitation de personne, vint le chercher et l'emmena avec lui à la sacristie. Le Curé d'Ars devait toucher alors à ses dernières années : d'après ma mère, il paraissait, en traversant la foule au bras du vieillard, aussi âgé que lui.

Mon grand-père, après s'être confessé, resta quelques jours à Ars. Rentré à Vergisson, il récitait chaque jour son chapelet. Sa piété ne s'est pas démentie jusqu'à sa mort.

Quoique le fait soit minime à côté de tant d'autres, je souhaite qu'il concoure à la gloire de Dieu et à celle de son serviteur...